Jazz live
Publié le 24 Août 2025

SERRE CHEVALIER SUMMER JAZZ FESTIVAL 22 août 2025

SERRE CHEVALIER SUMMER JAZZ FESTIVAL

22 août 2025

La dernière soirée de ce festival bien-aimé a eu lieu dans la spacieuse église du Monêtier-les-Bains (200 places) pour un double plateau de grande qualité, avec pour commencer le Duo Monk composé du pianiste François Raulin et du guitariste Richard Bonnet.

C’est toujours un véritable challenge de jouer avec deux instruments harmoniques, sans support rythmique, surtout quand le répertoire est consacré à des relectures de compositions de Thelonious Monk. Même s’ils n’ont pas encore enregistré d’album sur ce répertoire, François Raulin et Richard Bonnet se connaissent bien et maitrisent parfaitement leur sujet, vouant une grande admiration au pianiste et compositeur, natif de Rocky Mount en Caroline du Nord.

Les compositions de Monk, fiévreuses et exigeantes, sont prétextes à un formidable terrain de jeu, où nos deux compères entrelacent leurs instruments avec bonheur, en tissant ensemble un son orchestral riche et savoureux, à travers des unissons acrobatiques et des improvisations jouissives. Le jeu de piano de François Raulin, léger et perlé, n’a rien à voir avec celui de Monk, où foisonnaient les notes piquées et rythmiques, ce qui rend passionnant son interprétation, tandis que la guitare acoustique à sept cordes de Richard Bonnet (fabriqué spécialement pour lui par un luthier) propose un son clair et moelleux, où ses cordes métalliques sonnent comme si elles étaient en nylon !

Beaucoup d’humour dans le choix des titres où Misterioso devient Mister Ozu et Little Rootie Tootie : Little Rôti. Et puis le duo s’est fait plaisir en composant de superbes morceaux en hommage à Monk, comme Rocky Mount de Richard Bonnet et Too Much Monkish de François Raulin.

La deuxième partie de ce concert de clôture a permis à Louis Sclavis de présenter au public son nouveau répertoire « India » en avant-première, puisque l’album sortira le 17 octobre sur le label Yolk. Petite différence avec l’album, Sclavis a interprété ce nouveau projet en quartet, alors qu’il l’a enregistré en quintet, se privant de son batteur Christophe Lavergne pour ce concert acoustique donné dans le chœur de l’église.

Ses fidèles compagnons étaient présents, comme le pianiste Benjamin Moussay et la contrebassiste Sarah Murcia, tandis qu’un nouveau venu fait son apparition, en la personne du talentueux trompettiste Olivier Laisney.

De très belles compositions, inspirées par de lointains souvenirs de voyages en Inde, transformés en songes, comme ceux  lié à un théâtre sur les docks de Calcutta, un long train dans la campagne, une nuit à Kali Temple, ou une fanfare pendant les fêtes de Ganesh.

Une musique fort bien écrite avec des unissons aux cordeaux entre la clarinette de Sclavis et la trompette de Laisney et une grande liberté laissée aux musiciens, où chacun peut s’exprimer pleinement, comme de très beaux passages en duo piano- contrebasse, ou des chorus très inspirés des deux soufflants.

Lionel Eskenazi

Photo : Isabelle Delfourne