Jazz live
Publié le 22 Mar 2014

Elodie Alice + Affinity Trio au "Bistrot Bohème" (Bordeaux)

On souhaite d’abord – car on est aussi lecteur de ce blog – bonne chance à Franck Bergerot dans son juste combat vis à vis de la place du jazz et des musiques affines au jazz sur France Culture. En particulier dans l’émission dite « La Dispute », qui pourrait quand même de temps en temps (trois à quatre fois l’an ?) faire une place à nos musiques autrement que sous l’angle le plus désinformé qui soit. Et, allons-y, faire aussi une place dans le même temps à quelque journaliste spécialisé, en lieu et place des éternels même partenaires qui affectent de tout connaître sans rien savoir vraiment. C’est dit. Et rien à voir avec ce qui advenait hier soir dans un bistrot du quartier des Chartrons, à Bordeaux, par le truchement d’un trio de vieux et excellents briscards de la chose, au service du jeune talent d’Elodie Alice, une chanteuse que l’on peut désormais entendre souvent sous nos climats, et qu’il ne faut pas manquer d’aller applaudir.

 

 

IMG 6668

Guillermo Roatta (dm), Dominique Bonadeï (el-b)

Francis Fontès (p), Elodie Alice (voc)

 

« Affinity » c’est d’habitude un quartet, avec Philippe Valentine à la batterie et Hervé Fourticq au saxophone ténor (et soprano). On ne dira pas depuis combien d’années ces quatre là, qui ont par ailleurs un métier, jouent à se (et nous) faire plaisir, au point qu’on a toujours regretté qu’ils ne franchissent jamais le pas vers la profession. Ce sont des sages, ils peaufinent leur manière, trouvent en Guillermo Roatta (encore un batteur ancestral de la région !) un autre compagnon idéal quand Valentine est occupé ailleurs. Hier, la mise en place n’a pas été difficile, ils ont seulement intégré d’abord les tempos voulus par la chanteuse, et au bout de deux sets sans égratignures, tout le monde écoutait dans le bistrot : fourchettes et mandibules avaient accepté de remiser leur action souvent bruyante. Elodie Alice a, entre autres qualités, celle de la simplicité dans sa présentation : pas la moindre grimace, pas une seule de ces plaisanteries affectant la décontraction et qui signent la plupart du temps l’inverse, une sorte de classe discrète, qui finit par obtenir l’écoute sans avoir l’air de la demander.

 

Et puis elle a un joli répertoire, pas excessivement original, mais quand même marqué ici ou là d’une vraie culture des « standards ». Lullaby Of Birdland est chanté dans la version française de Jean Constantin – on en parle à la pause en évoquant les « Blue Star », Jacqueline François, et même l’épouse de Jean Constantin, Lucie Daulène. Et sinon j’ai relevé enre autres Between The Devil And The Deep Blue Sea, Love For Sale, Squeeze Me, I’m Begining To See The Light, Embraceable You, Waltz For Debby. Elodie Alice a un timbre bien à elle, très identifiable, marqué par ce que j’appelerais une sorte de gouaille sous jacente qui en fait la marque, le charme, et qui la distingue de tant d’autres, trop identifiées aux figures historiques du « jazz vocal ». Elle n’ose pas encore assez projeter sa voix, desservie il est vrai par une sonorisation légère qui ne la met pas en avant, elle aura intérêt à faire un pas en ce sens. Sinon par cette discrétion, cette retenue, qui finit par révéler en filigrane un vrai tempérament, elle sait prendre et retenir un public. 

 

Roatta s’attire des bravos par de brefs et intenses solos menés aux balais, Bonadeï arrache quelques belles figures ascendantes et descendantes à la basse électrique, Fontès est bien l’un des meilleurs pianistes de jazz de la région depuis quarante ans dans les registres bop, hard-bop et assimilés. On ne s’y trompe pas. Dehors, la pluie a fait son grand retour. Il est vrai que c’est le printemps et que Bordeaux ne saurait manquer d’être ce « pot de chambre » de la facade atlantique qu’on connaît, qui lui permet par ailleurs d’abriter le plus beau vignoble du monde. Alors, Elodie Alice, Spring Is Here ?

 

Philippe Méziat

 

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On souhaite d’abord – car on est aussi lecteur de ce blog – bonne chance à Franck Bergerot dans son juste combat vis à vis de la place du jazz et des musiques affines au jazz sur France Culture. En particulier dans l’émission dite « La Dispute », qui pourrait quand même de temps en temps (trois à quatre fois l’an ?) faire une place à nos musiques autrement que sous l’angle le plus désinformé qui soit. Et, allons-y, faire aussi une place dans le même temps à quelque journaliste spécialisé, en lieu et place des éternels même partenaires qui affectent de tout connaître sans rien savoir vraiment. C’est dit. Et rien à voir avec ce qui advenait hier soir dans un bistrot du quartier des Chartrons, à Bordeaux, par le truchement d’un trio de vieux et excellents briscards de la chose, au service du jeune talent d’Elodie Alice, une chanteuse que l’on peut désormais entendre souvent sous nos climats, et qu’il ne faut pas manquer d’aller applaudir.

 

 

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Guillermo Roatta (dm), Dominique Bonadeï (el-b)

Francis Fontès (p), Elodie Alice (voc)

 

« Affinity » c’est d’habitude un quartet, avec Philippe Valentine à la batterie et Hervé Fourticq au saxophone ténor (et soprano). On ne dira pas depuis combien d’années ces quatre là, qui ont par ailleurs un métier, jouent à se (et nous) faire plaisir, au point qu’on a toujours regretté qu’ils ne franchissent jamais le pas vers la profession. Ce sont des sages, ils peaufinent leur manière, trouvent en Guillermo Roatta (encore un batteur ancestral de la région !) un autre compagnon idéal quand Valentine est occupé ailleurs. Hier, la mise en place n’a pas été difficile, ils ont seulement intégré d’abord les tempos voulus par la chanteuse, et au bout de deux sets sans égratignures, tout le monde écoutait dans le bistrot : fourchettes et mandibules avaient accepté de remiser leur action souvent bruyante. Elodie Alice a, entre autres qualités, celle de la simplicité dans sa présentation : pas la moindre grimace, pas une seule de ces plaisanteries affectant la décontraction et qui signent la plupart du temps l’inverse, une sorte de classe discrète, qui finit par obtenir l’écoute sans avoir l’air de la demander.

 

Et puis elle a un joli répertoire, pas excessivement original, mais quand même marqué ici ou là d’une vraie culture des « standards ». Lullaby Of Birdland est chanté dans la version française de Jean Constantin – on en parle à la pause en évoquant les « Blue Star », Jacqueline François, et même l’épouse de Jean Constantin, Lucie Daulène. Et sinon j’ai relevé enre autres Between The Devil And The Deep Blue Sea, Love For Sale, Squeeze Me, I’m Begining To See The Light, Embraceable You, Waltz For Debby. Elodie Alice a un timbre bien à elle, très identifiable, marqué par ce que j’appelerais une sorte de gouaille sous jacente qui en fait la marque, le charme, et qui la distingue de tant d’autres, trop identifiées aux figures historiques du « jazz vocal ». Elle n’ose pas encore assez projeter sa voix, desservie il est vrai par une sonorisation légère qui ne la met pas en avant, elle aura intérêt à faire un pas en ce sens. Sinon par cette discrétion, cette retenue, qui finit par révéler en filigrane un vrai tempérament, elle sait prendre et retenir un public. 

 

Roatta s’attire des bravos par de brefs et intenses solos menés aux balais, Bonadeï arrache quelques belles figures ascendantes et descendantes à la basse électrique, Fontès est bien l’un des meilleurs pianistes de jazz de la région depuis quarante ans dans les registres bop, hard-bop et assimilés. On ne s’y trompe pas. Dehors, la pluie a fait son grand retour. Il est vrai que c’est le printemps et que Bordeaux ne saurait manquer d’être ce « pot de chambre » de la facade atlantique qu’on connaît, qui lui permet par ailleurs d’abriter le plus beau vignoble du monde. Alors, Elodie Alice, Spring Is Here ?

 

Philippe Méziat

 

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On souhaite d’abord – car on est aussi lecteur de ce blog – bonne chance à Franck Bergerot dans son juste combat vis à vis de la place du jazz et des musiques affines au jazz sur France Culture. En particulier dans l’émission dite « La Dispute », qui pourrait quand même de temps en temps (trois à quatre fois l’an ?) faire une place à nos musiques autrement que sous l’angle le plus désinformé qui soit. Et, allons-y, faire aussi une place dans le même temps à quelque journaliste spécialisé, en lieu et place des éternels même partenaires qui affectent de tout connaître sans rien savoir vraiment. C’est dit. Et rien à voir avec ce qui advenait hier soir dans un bistrot du quartier des Chartrons, à Bordeaux, par le truchement d’un trio de vieux et excellents briscards de la chose, au service du jeune talent d’Elodie Alice, une chanteuse que l’on peut désormais entendre souvent sous nos climats, et qu’il ne faut pas manquer d’aller applaudir.

 

 

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Guillermo Roatta (dm), Dominique Bonadeï (el-b)

Francis Fontès (p), Elodie Alice (voc)

 

« Affinity » c’est d’habitude un quartet, avec Philippe Valentine à la batterie et Hervé Fourticq au saxophone ténor (et soprano). On ne dira pas depuis combien d’années ces quatre là, qui ont par ailleurs un métier, jouent à se (et nous) faire plaisir, au point qu’on a toujours regretté qu’ils ne franchissent jamais le pas vers la profession. Ce sont des sages, ils peaufinent leur manière, trouvent en Guillermo Roatta (encore un batteur ancestral de la région !) un autre compagnon idéal quand Valentine est occupé ailleurs. Hier, la mise en place n’a pas été difficile, ils ont seulement intégré d’abord les tempos voulus par la chanteuse, et au bout de deux sets sans égratignures, tout le monde écoutait dans le bistrot : fourchettes et mandibules avaient accepté de remiser leur action souvent bruyante. Elodie Alice a, entre autres qualités, celle de la simplicité dans sa présentation : pas la moindre grimace, pas une seule de ces plaisanteries affectant la décontraction et qui signent la plupart du temps l’inverse, une sorte de classe discrète, qui finit par obtenir l’écoute sans avoir l’air de la demander.

 

Et puis elle a un joli répertoire, pas excessivement original, mais quand même marqué ici ou là d’une vraie culture des « standards ». Lullaby Of Birdland est chanté dans la version française de Jean Constantin – on en parle à la pause en évoquant les « Blue Star », Jacqueline François, et même l’épouse de Jean Constantin, Lucie Daulène. Et sinon j’ai relevé enre autres Between The Devil And The Deep Blue Sea, Love For Sale, Squeeze Me, I’m Begining To See The Light, Embraceable You, Waltz For Debby. Elodie Alice a un timbre bien à elle, très identifiable, marqué par ce que j’appelerais une sorte de gouaille sous jacente qui en fait la marque, le charme, et qui la distingue de tant d’autres, trop identifiées aux figures historiques du « jazz vocal ». Elle n’ose pas encore assez projeter sa voix, desservie il est vrai par une sonorisation légère qui ne la met pas en avant, elle aura intérêt à faire un pas en ce sens. Sinon par cette discrétion, cette retenue, qui finit par révéler en filigrane un vrai tempérament, elle sait prendre et retenir un public. 

 

Roatta s’attire des bravos par de brefs et intenses solos menés aux balais, Bonadeï arrache quelques belles figures ascendantes et descendantes à la basse électrique, Fontès est bien l’un des meilleurs pianistes de jazz de la région depuis quarante ans dans les registres bop, hard-bop et assimilés. On ne s’y trompe pas. Dehors, la pluie a fait son grand retour. Il est vrai que c’est le printemps et que Bordeaux ne saurait manquer d’être ce « pot de chambre » de la facade atlantique qu’on connaît, qui lui permet par ailleurs d’abriter le plus beau vignoble du monde. Alors, Elodie Alice, Spring Is Here ?

 

Philippe Méziat

 

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On souhaite d’abord – car on est aussi lecteur de ce blog – bonne chance à Franck Bergerot dans son juste combat vis à vis de la place du jazz et des musiques affines au jazz sur France Culture. En particulier dans l’émission dite « La Dispute », qui pourrait quand même de temps en temps (trois à quatre fois l’an ?) faire une place à nos musiques autrement que sous l’angle le plus désinformé qui soit. Et, allons-y, faire aussi une place dans le même temps à quelque journaliste spécialisé, en lieu et place des éternels même partenaires qui affectent de tout connaître sans rien savoir vraiment. C’est dit. Et rien à voir avec ce qui advenait hier soir dans un bistrot du quartier des Chartrons, à Bordeaux, par le truchement d’un trio de vieux et excellents briscards de la chose, au service du jeune talent d’Elodie Alice, une chanteuse que l’on peut désormais entendre souvent sous nos climats, et qu’il ne faut pas manquer d’aller applaudir.

 

 

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Guillermo Roatta (dm), Dominique Bonadeï (el-b)

Francis Fontès (p), Elodie Alice (voc)

 

« Affinity » c’est d’habitude un quartet, avec Philippe Valentine à la batterie et Hervé Fourticq au saxophone ténor (et soprano). On ne dira pas depuis combien d’années ces quatre là, qui ont par ailleurs un métier, jouent à se (et nous) faire plaisir, au point qu’on a toujours regretté qu’ils ne franchissent jamais le pas vers la profession. Ce sont des sages, ils peaufinent leur manière, trouvent en Guillermo Roatta (encore un batteur ancestral de la région !) un autre compagnon idéal quand Valentine est occupé ailleurs. Hier, la mise en place n’a pas été difficile, ils ont seulement intégré d’abord les tempos voulus par la chanteuse, et au bout de deux sets sans égratignures, tout le monde écoutait dans le bistrot : fourchettes et mandibules avaient accepté de remiser leur action souvent bruyante. Elodie Alice a, entre autres qualités, celle de la simplicité dans sa présentation : pas la moindre grimace, pas une seule de ces plaisanteries affectant la décontraction et qui signent la plupart du temps l’inverse, une sorte de classe discrète, qui finit par obtenir l’écoute sans avoir l’air de la demander.

 

Et puis elle a un joli répertoire, pas excessivement original, mais quand même marqué ici ou là d’une vraie culture des « standards ». Lullaby Of Birdland est chanté dans la version française de Jean Constantin – on en parle à la pause en évoquant les « Blue Star », Jacqueline François, et même l’épouse de Jean Constantin, Lucie Daulène. Et sinon j’ai relevé enre autres Between The Devil And The Deep Blue Sea, Love For Sale, Squeeze Me, I’m Begining To See The Light, Embraceable You, Waltz For Debby. Elodie Alice a un timbre bien à elle, très identifiable, marqué par ce que j’appelerais une sorte de gouaille sous jacente qui en fait la marque, le charme, et qui la distingue de tant d’autres, trop identifiées aux figures historiques du « jazz vocal ». Elle n’ose pas encore assez projeter sa voix, desservie il est vrai par une sonorisation légère qui ne la met pas en avant, elle aura intérêt à faire un pas en ce sens. Sinon par cette discrétion, cette retenue, qui finit par révéler en filigrane un vrai tempérament, elle sait prendre et retenir un public. 

 

Roatta s’attire des bravos par de brefs et intenses solos menés aux balais, Bonadeï arrache quelques belles figures ascendantes et descendantes à la basse électrique, Fontès est bien l’un des meilleurs pianistes de jazz de la région depuis quarante ans dans les registres bop, hard-bop et assimilés. On ne s’y trompe pas. Dehors, la pluie a fait son grand retour. Il est vrai que c’est le printemps et que Bordeaux ne saurait manquer d’être ce « pot de chambre » de la facade atlantique qu’on connaît, qui lui permet par ailleurs d’abriter le plus beau vignoble du monde. Alors, Elodie Alice, Spring Is Here ?

 

Philippe Méziat