Jazz live
Publié le 2 Déc 2022

Les VINGT ANS de JAZZ MIGRATION à la Dynamo

L’AJC (Association Jazzé Croisé), qui prolonge depuis 2013 l’AFIJMA (créée en 1993), célébrait cette semaine les vingt ans de Jazz Migration. En effet, durant toute cette période, l’association a choisi de jeunes groupes afin de les programmer dans les festivals, clubs et autres diffuseurs (87 aujourd’hui !) membres de l’association, en France et aussi ailleurs en Europe. Des rencontres professionnelles ont eu lieu (durant trois jours) : à la Cité des Arts, à Paris, et à La Dynamo des Banlieues Bleues à Pantin, où un premier concert le 29 novembre accueillait 4 groupes de la promotion #8, avec en invité.e.s des artistes issu.e.s du ‘canal historique’. Ce concert a été enregistré par le ‘Jazz Club’ de France Musique, et on en retrouvera des extraits dans cette émission au cours des prochains mois.

Et l’émission ‘Open Jazz’ s’est déroulée en public à La Dynamo, de 18h à 19h, le 29 et le 30 novembre. Le ‘Jazz Club’ diffusera la première, puis la seconde partie, du concert de la soirée des 20 ans, celui du 30 novembre, dans les émission des samedis 3 et 17 décembre, à 19h.

De ma banlieue voisine, j’arrive pour 19h30, comme indiqué sur l’invitation : en fait c’est un raout convivial, avec buffet, boissons, les membres de l’AJC, les artistes qui joueront ce soir, et d’autres des groupes Jazz Migration qui viennent écouter leurs partenaires. Et, en plus des ‘professionnels de la profession’, le ‘vrai’ public qui s’est inscrit pour bénéficier de cette invitation à titre gracieux

La communication passe par un kit complet des 20 ans : un bière cuvée spéciale brassée en Seine-Saint-Denis, l’indispensable sous bock à l’effigie des artistes de ce soir pour déguster la cervoise, et le sac pour transporter le tout…. En écrivant ces lignes, je déguste cette bière aux arômes légèrement citronnés, un régal : à votre santé !

C’est l’heure du concert : Philippe Ochem, président de l’AJC, présente la soirée, les artistes, l’aventure de Jazz Migration, et remercie comme il se doit les nombreux partenaires qui permettent à cette très belle initiative d’exister

LA SOIRÉE des 20 ANS

Benjamin Flament (coordination artistique)

et, par ordre alphabétique : Aymeric Avice (trompette), Laurent Bardainne (saxophone), Morgane Carnet (saxophone, clarinette basse), Théo Ceccaldi (violon), Maëlle Desbrosses (alto), Héloïse Divilly (batterie), Bruno Ducret (violoncelle), Hélène Duret (clarinette), Fidel Fourneyron (trombone), Christophe Girard (accordéon), Christophe Hache (contrebasse), Clément Janinet (violon), Paul Jarret (guitare), Antonin Leymarie (batterie), Leïla Martial (voix), Sébastien Palis (piano), Émile Parisien (saxophone), Raphaël Quenehen (saxophone), Anne Quillier (claviers), Jean-François Riffaud (guitare basse)
Pantin, La Dynamo, 30 novembre 2022, 20h

Concert debout, public très nombreux, la musique commence, sur la grande scène centrale. Elle se joue dans un esprit très collectif : cela se mesure au fait que, lorsque des solistes en introduction improvisent en guettant l’horizon du tutti, toutes et tous sont tout ouïe, pour plonger dans l’effusion commune

Photo Maxim François, Les Rencontres AJC 2022

Et l’on va parcourir tous les territoires du jazz, et au-delà : intro ‘à la contemporaine’, jazz progressif qui fleure bon la mémoire du rock du même nom, funk ravageur sous un chorus digne des grandes envolées du free jazz, pour atterrir dans une musique tendue, très harmonisée, dans un esprit presque post-romantique. Quel voyage !

Puis ça enchaîne, sans crier gare, sur la petite scène, dans les lointains du côté jardin

Plusieurs artistes se sont déplacés de ce côté pour jouer une musique de tous les mondes : le voyage continue…. Et ça repart sur le grande scène : c’est incisif, lancinant, et l’impro collective débouche sur un tutti-mystère, avant que l’orchestre, tiré par la guitare, ne bascule dans la musique hawaïenne…. Et on repart vers la petite scène, où Leïla Martial va nous offrir, avec un humour décapant, une variation vocale vertigineuse sur le thème des artistes ‘émergents’, brocardant en virtuose ce tic de langage dont se délectent le ministère de la culture et les notables de la chose artistique (et musicale). Phrasé syncopé sur tempo d’enfer, sur une valse jazz propulsée à tombeau ouvert par l’accordéon de Christophe Girard : on vibre, comme à l’écoute de Lubat et/ou Minvielle. Puis sur la grande scène c’est une relecture très libre, ré-instrumentée et infiniment musicale, d’un quatuor de Guillaume de Machaut.

Après l’entracte c’est reparti pour la folle dérive, d’un solo de clarinette à une impro collective, de tutti flamboyants qui me rappellent la folle aventure de Centipède à une chanson bolivienne tirée vers le Sud-Est Asiatique pour finir dans un climat de bande originale de western à l’ancienne. L’orchestre s’amuse, jubile, se pâme de plaisir

Photo Maxim François, Les Rencontres AJC 2022

Nouvelle escapade vers la petite scène pour un époustouflant duo de Théo Ceccaldi (d’abord en pizzicati, puis à l’archet) avec Émile Parisien. C’est intense et flamboyant. En les écoutant j’ai l’impression qu’Émile vient d’inventer le saxophone soprano tzigane…. Retour à la grande scène, la fête continue…. Mais le dernier RER qui doit rapatrier le chroniqueur vers ses pénates (toujours les suppressions de trains en soirée !) va quitter la gare de Pantin dans une vingtaine de minutes. Il faut s’extraire, c’est une souffrance : mais bon sang, quelle soirée !!! Vous le constaterez en écoutant la première partie de ce concert qui sera diffusée sur France Musique dans l’émission ‘Jazz Club’ le samedi 3 décembre à 19h (lien de réécoute ici)

Xavier Prévost