PIERRICK PÉDRON 4tet : Résurrection de la musique au Sunside

Après 8 mois de confinement, retour au club pour une chaleureuse reprise. Le club a fait peau neuve : nouveau décor, nouveaux éclairages, moyens de captation vidéo…

Un petit tour au sous-sol, dans l’historique Sunset, ce qui nous rajeunit de quelques décennies….

Hasse Poulsen donne la réplique à son compatriote le trompettiste Thomas Fryland. Eux aussi fêtent la sortie d’un CD, «Dream a world» publié tout récemment par Das Kapital Records

PIERRICK PÉDRON Quartette

Pierrick Pédron (saxophone alto), Carl-Henri Morisset (piano), Florent Nisse (contrebasse), Élie Martin-Charrière (batterie)

Paris, Sunside, 10 juin 2021, 20h30

Chaude ambiance de retrouvailles : les ami.e.s sont là, dans un public nombreux que l’on sent stimulé, s’il en était besoin, par cette longue privation de musique ‘sur le vif’. Le groupe célèbre la sortie du premier volet d’un double disque intitulé «Fifty-Fifty» (Gazebo/ l’autre distribution, ‘Choc’ Jazz Magazine en mars 2021) pour les 50 ans du saxophoniste. Ce premier CD, sous-titré ‘New York Sessions’, était en compagnie de Sullivan Fortner, Larry Grenadier & Marcus Gilmore. En attendant «Paris Sessions», qui paraîtra à l’automne, avec encore un autre groupe (voir l’entretien avec l’artiste dans Jazz Magazine d’avril 2021), voici le programme du disque de New York par ce formidable quartette d’ici. Le concert commence par le titre 2 du CD, Be Ready. Nous sommes prêts ; et les musiciens Ô combien plus que nous encore ! Exposé bille en tête, sax inspiré, et très vite Carl-Henri Morisset donne libre cours à ce vertige instrumental qui nous entraîne très loin de nos repères. Le fil est renoué, comme si le gouffre d’un silence de 8 mois n’avait pas existé. Quel groupe ! Florent Nisse et Élie Martin-Charrière sont en implication maximale. Tout au long du concert le saxophoniste et le pianiste vont prendre tous les risques, et tout le monde sera au rendez-vous rythmique, là où le temps déchiré se répare provisoirement, avant un nouvel essor de folie collective. Sur tempo lent, les volutes du sax rappellent les aventures du passé, fixées par les grands précurseurs autour de Body and Soul ou de Lover Man. Pierrick Pédron a signé tout ce répertoire, et le set va se conclure avec Mr Takagi, titre dédié à un vieil amateur qui ne manque aucun des concerts du saxophoniste au Japon. Pierrick nous a expliqué l’enthousiasme palpable de cet auditeur, au premier rang des concerts. Il nous a dit aussi leur émotion collective à retrouver ainsi la scène après une aussi longue absence. Ce moment de musique fut d’une intensité rare. Le chroniqueur, rappelé à la dure réalité des transports en commun et des sempiternels travaux de la ligne ‘E’ du RER va devoir lever le camp, comblé par ce bonheur d’écoute. Il faudra contempler dans le train le crépuscule de banlieue pour revivre, mentalement, ce magnifique début de soirée….

Xavier Prévost