Jazz live
Publié le 20 Juil 2021

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : ROMAIN PILON

C’est lundi, on retrouve le direct de 22h sur France Musique, et aussi le concert de 20h sous les micocouliers. Avant d’aller écouter ce premier concert, un petit tour du côté du plateau de l’Amphi d’O pour assister aux préparatifs du quintette de Romain Pilon.

Nous voici sous les micocouliers, ces arbres magnifiques aux rameaux tourmentés . Sur scène, un trio rassemblé par la clarinettiste Hélène Duret. Elle était ici même en 2019 avec un quintette intitulé Synestet. La revoià en trio, avec Fur

FUR

Hélène Duret (clarinette, clarinette basse), Benjamin Sauzereau (guitare), Maxime Rouaydoux (batterie)

Montpellier, Amphithéâtre des micocouliers, 19 juillet 2021, 20h

Fur, comme dans ‘au fur et à mesure’ : fur est un vieux terme qui évoque la proportion. Et c’est finalement bien de cela qu’il s’agit : le sens de la mesure, le goût de la forme élaborée, de la construction sophistiquée. Tout cela n’oblitère pas l’expressivité, les emportements. Le timbre de la clarinette nous offre tout un jeu de couleurs entre le grave et l’aigu, rondeur qui donne le frisson, comme un violoncelle, ou acuité presque acide. L’interaction entre les trois membres du groupe est intense. Les thèmes sont sinueux, rêveurs, on pense à Jimmy Giuffre, mais aussi à Paul Motian, ou à Bill Frisell. C’est parfois minimaliste en apparence, mais ça fourmille d’événements, de nuances. Il y a le goût de déconstruire aussi, avec audace et humour. On navigue de la lenteur presque processionnelle à quelques éclats transgressifs. La clarinette basse s’y emploie. C’est une très belle musique, exigeante et pourtant accessible. Le public ne s’y est pas trompé.

Nous voici de retour à l’Amphi d’O. Le public se presse. La sono diffuse France Musique, car ce sera en direct dans quelques minutes

ROMAIN PILON «Copper»

Romain Pilon (guitare), Adrien Sanchez (saxophone ténor), Leonardo Montana (piano), Tony Paeleman (piano électrique, synthétiseur basse, effets), Fred Pasqua (batterie)

Montpellier, Amphithéâtre du Domaine d’O, 19 juillet 2021, 22h

Ce groupe est celui rassemblé par le guitariste pour un disque paru en 2018. Le quintette devait être à l’affiche 2020, annulée pour cause de pandémie. Le voici enfin. Sur le disque, le saxophone était tenu par l’Américain Seamus Blake : Romain Pilon a étudié, et travaillé, aux États-Unis. Il y retourne encore régulièrement pour jouer. Le pianiste du disque était Pierre de Bethmann, prévu jusqu’à peu. Un contretemps l’a contraint à déclarer forfait tout récemment. Leonardo Montana a eu deux semaines pour assimiler le répertoire, qu’il a tellement bien intégré qu’il joue sans partitions. Pourtant c’est une musique avec des pièces longues, et des constructions très élaborées. Le projet de Romain Pilon pour ce répertoire, c’est un peu la traversée des langages musicaux : jazz de stricte obédience bien sûr, mais aussi jazz fusion, pop, rock…. Tony Paeleman se partage souvent en trois entités : main gauche pour le synthé basse, avec des lignes très élaborées ; main droite pour le piano électrique, les oreilles (et les mains qui lui restent) pour l’architecture sonore avec ses machines. Au début c’est plutôt jazz et fusion, avec des solos riches, un gros soutien de la guitare et de la batterie pour porter le sax, le piano, au mieux de l’expression. Les lignes de synthé basse sont souterraines mais très pulsatoires. Le troisième morceau a été inspiré au guitariste par son goût pour Pink Floyd et «Dark Side of the Moon» (1973), qu’il a découvert à l’adolescence, des années plus tard donc. Le chroniqueur, qui fut jeune dans les années soixante, a décroché après «Atom Heart Mother». C’est probablement pour cela qu’il n’a pas su goûter ce moment du concert. Conquis fut il en revanche par le solo inspiré et funambule de Romain Pilon sur le titre suivant, et par un solo virulent d’Adrien Sanchez sur ce même thème. D’autres beaux moments, que je ne vais pas détailler pour vous laisser le plaisir de découvrir ce concert sur France Musique par le lien de réécoute ICI.

Xavier Prévost