Jazz live
Publié le 21 Juil 2021

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : YONATHAN AVISHAI

Avant d’aller écouter à 20h le septette Ethioda à l’Amphi des micocouliers, un petit crochet par le plateau de l’Amphi d’O pour saluer le trio de Yonathan Avishai au moment où les équipes techniques de Radio France peaufinent le son, sur le plateau pour le confort des artistes, dans l’Amphi d’O pour le public présent, et à l’antenne pour l’auditoire de France Musique.

Sous les micocouliers c’est Ethioda. Comme son nom peut le laisser deviner, c’est un groupe dont la musique a été inspirée au pianiste Daniel Moreau par un voyage en Éthiopie.

La musique d’Ethioda est un étonnant mélange de jazz ‘à l’Éthiopienne’, hérité des années 60-70 et tel qu’il s’est popularisé ces dernières années sous nos latitudes, avec d’autre composantes musicales : un rock’n’roll parodique rythmé par un son corny d’orgue Farfisa, une variation ludique sur la rythme de Take Five, et de solides solos de trombone, sax et guitare. Et puis, plus insolite, un vocaliste-diseur-conteur-auteur et poète syncopé dont les interventions ponctuent le concert. Le public a réservé un accueil chaleureux à ce joyeux cocktail.

 

©David Abécassis

 

YONATHAN AVISHAI TRIO

Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie)

Montpellier, Amphithéâtre du Domaine d’O, 20 juillet 2021, 22h

©David Abécassis

22h pile : l’Ami Arnaud Merlin, qui officiait pour le concert classique en direct de l’Opéra Berlioz du Corum, passe le relais sur l’antenne de France Musique à Alex Dutilh, qui va préparer le public présent et les auditeurs à goûter le singularité de ce trio d’une cohésion remarquable.

©David Abécassis

Le concert commence sur la pointe des pieds, par un trait de blues, ruminé collectivement. La communication entre les trois musiciens est télépathique. On croirait qu’ils viennent d’inventer cette musique. Le thème suivant reste dans les mêmes parages, tendance funky blues. Cela me remue toujours, moi qui jubilais vers l’âge de 10 ans en écoutant Bobby Timmons au sein des ‘Jazz Messengers’ dans l’émission ‘Pour ceux qui aiment le jazz’ sur Europe N° 1 (Je dois avouer que n’étais pas encore ce suppôt du service public que je deviendrais ensuite, d’abord comme auditeur, puis comme professionnel). Au fil de l’improvisation, une variation discrète sur, me semble-t-il, It Ain’t Necessarily So (Porgy and Bess), et plus loin des phrases épurées qui me rappellent John Lewis. Après les applaudissements, Yonathan Avishai prend le micro pour dire, très simplement mais avec émotion : «Nous sommes heureux…. Masqués mais heureux». Nous, public, sommes masqués, mais fort heureusement les artistes échappent à cette contrainte. Le pianiste annonce ensuite So In Love, de Cole Porter. Le pianiste et le bassiste font chanter les harmonies du thème et le batteur, aux balais, complète le récit. Puis c’est une envolée, en doublant le tempo, et en transgressant légèrement le cadre harmonique, avant un retour recueilli à la mélodie. Puis c’est un détour du côté de la célébration du Blues par Duke Ellington dans Black, Brown and Beige. Une sorte de prière profane aux divinités de la musique afro-américaine, prière qui va s’enflammer, puis se consumer doucement dans la coda. C’est Magnifique ! Comme tout le concert, qui va durer plus d’une heure et demie, et que vous pouvez retrouver intégralement sur France Musique en suivant ce lien.

Xavier Prévost