Jazz live
Publié le 29 Déc 2021

SARA LAZARUS au Sunside : grande classe !

Première soirée de retrouvailles : la chanteuse n’était pas revenue sur scène avec son trio favori depuis le début de la pandémie. Le chroniqueur ne voulait pas manquer cet événement, même si les aléas des transports en commun l’ont contraint (comme souvent depuis un peu plus de deux ans) à quitter le club après le premier set pour regagner sa lointaine banlieue (détails des galères en fin de chronique)

SARA LAZARUS Quartet featuring ALAIN JEAN-MARIE

Sara Lazarus (voix), Alain Jean-Marie (piano), Gilles Naturel (contrebasse), Philippe Soirat (batterie)

Paris, Sunside, 28 décembre 2021, 20h30

Les festivités des 40 ans du Sunset (la maison-mère, le club du sous-sol, ouvert en 1982) ont commencé le 17 décembre, pour durer jusqu’à la fin de janvier, avec un grand concert le 28 janvier au Châtelet. Le club accueille chaque soir des artistes qui ont joué sur les scènes du Sunset et du Sunside depuis 4 décennies. Pour la chanteuse américaine, parisienne depuis une trentaine d’années, revenir dans ce club où elle s’est souvent produite est manifestement un plaisir.

Comme souvent, Sara Lazarus, plutôt que de nous livrer les standards attendus (et parfois trop ressassés), nous offre un programme rare, et qui commence avec The Music Is The Magic, merveilleux programme pour toute la soirée…. Sara est, comme Abbey Lincoln qui avait signé la musique et les paroles de cette chanson, une jazzwoman et une interprète. Le texte ici parle de toute son intensité, et la liberté de phrasé nous plonge dans le jazz. La chanson suivante, Jitterbug Waltz (de Fats Waller) a également été chantée par Abbey Lincoln, mais comme précédemment la version de Sara Lazarus est pleinement originale, marquée par sa liberté d’interprétation. Puis c’est un blues, Ain’t No Use (immortalisé par Joe Williams), et ensuite une chanson du répertoire de Billie Holiday, I’m Through With Love, là encore traitée de manière très personnelle. Pour Chega de Saudad, de Tom Jobim et Vinicius de Moraes, la chanteuse, malgré son étude assidue via internet de la langue portugaise du Brésil, a choisi la version anglophone : No More Blues. Ce qui nous vaudra une variation improvisée, façon harangue ou preaching, qui restera dans ma mémoire d’auditeur enthousiaste. D’ailleurs tout au long du set Sara Lazarus fera preuve d’une grande inventivité, autant musicale que lexicale, improvisant ses textes en anglais comme en français. Un petit tour du côté de Tony Bennett avec It Amazes Me, avant un retour à Billie avec I Can’t Believe That You’re In Love With Me, swing et expression indissociables, avec de bondissants échanges de 4 mesures entre Gilles Naturel et Philippe Soirat. Et la fin du premier set sera torride, avec Swing Brother Swing, dans l’arrangement vertigineux de Betty Carter : scat d’enfer, envol d’Alain Jean-Marie, aussi souverain dans les nuances que dans les cavalcades. C’est à regret que le chroniqueur quitte le club avant la seconde partie de soirée.

Xavier Prévost

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Sur France Musique, cinq émissions ‘Open Jazz’ d’Alex Dutilh, avec Stéphane Portet en invité, pour se replonger dans l’histoire du Sunset-Sunside (ci-dessous le lien de réécoute vers la première émission. Les autres liens sur le site)

https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/les-40-ans-du-sunset-les-stars-1-5

 

ALÉAS DES TRANSPORTS PUBLICS ET GALÈRES DU CHRONIQUEUR

C’est que les temps sont durs, depuis deux ans et plus, pour les transports en commun de Paris et Banlieue. Ce soir, comme depuis des mois, et pour la majorité des jours de décembre, pas de RER ‘E’ après 23h.

Il m’aurait fallu prendre la ligne 5 du métro jusqu’à Bobigny, puis un bus (parfois hypothétique : je me suis retrouvé ‘en rade’ plusieurs fois après minuit….). Et encore pour cela, il me faudrait rejoindre la Gare de l’Est ou la Gare du Nord : mais du lundi au jeudi, la ligne 4 est en travaux dès 22h30…. Donc nécessité d’aller chercher le RER ‘B’ un peu plus loin pour rallier la ligne 5. Bref, vous l’aurez compris, le jazzfan qui a en poche un pass Navigo en bonne et due forme est plutôt mécontent, et peu disposé à dépenser 40€ de taxi pour rallier ses pénates à un horaire où, normalement, l’abonnement dûment acquitté (et par avance….) devrait lui assurer le retour !

La pénurie de conducteurs liée ces jours-ci à la nouvelle vague du Covid n’arrange rien. Après plusieurs réclamations depuis 2019 auprès du Conseil Régional (qui chaque année subventionne à des hauteurs colossales les transports publics intra et extra muros -se reporter aux lignes budgétaires de la région), Transilien SNCF consent à me répondre. Il y en a presque trois pages. Je vous en livre un extrait, qui ne résout pas mon problème et ne consolide guère les ‘itinéraires de substitution’…. «Les raisons des retraits anticipés des trains en soirée, s’expliquent par les travaux qui sont programmés sur la ligne. Mais des itinéraires de substitution sont toujours proposés par nos services». Il me reste à espérer qu’un jour ces travaux prendront fin et, qu’avant de mourir, j’aurai le loisir d’assister jusqu’à la fin du deuxième set à un concert en semaine dans les clubs parisiens, et sans risquer le naufrage logistique du banlieusard…

Xavier Prévost