Jazz live
Publié le 11 Déc 2015

Solal-Liebman au Sunside : naissance et renaissance

Après de longs mois de silence pianistique, Martial Solal est revenu à la scène, et qui plus est en club, pour un duo inédit avec le saxophoniste Dave Liebman. Pour que ce bonheur nous soit offert, il aura fallu le désir de Martial de remonter sur les planches ; la passion musicale du saxophoniste Jean-Charles Richard pour suggérer une rencontre avec Dave Liebman, lequel se montra dès l’abord enchanté d’un tel projet ; l’amour plein d’admiration de sa femme Anna et de sa fille Claudia pour achever de convaincre le pianiste ; l’entregent professionnel, amical et totalement engagé de Martine Palmé pour assurer la logistique; et l’enthousiasme de Stéphane Portet pour accueillir cet événement dans son club.

Dave Liebman et Martial Solal, au sous-sol du Sunside, quelques minutes avant le début du concert de 21h30

Dave Liebman (saxophones ténor & soprano, flûte traditionnelle), Martial Solal (piano)

Paris, Sunside, 10 décembre 2015, 21h30

Un concert privé avait préludé au retour du pianiste dans la sphère publique : le 12 octobre, à Paris, chez les parents du pianiste Dan Tepfer, il avait joué en duo avec Lee Konitz. J’étais ce jour-là à New York, où je chroniquais pour vous un concert de la saxophoniste Jane Ira Bloom, mais quelques amis présents m’avaient relaté la joie de ce retour officieux. Ce soir, c’est le rentrée officielle, au Sunside, pour deux jours : deux concerts d’un set chaque soir, à 19h30 & 21h30. Les admirateurs des deux musiciens sont dans la salle, parmi eux beaucoup d’amis et de musiciens.

C’est comme une cérémonie secrète. Au second set, le programme est, m’a-t-on dit, de la même teneur qu’au premier, mais dans un ordre différent. Dans l’un et l’autre cas, alternance de standards et de compositions personnelles des deux protagonistes. À l’issue du premier standard, What is this thing called love, Dave Liebman dira au public son bonheur d’être là, et le plaisir que lui a procuré le set de 19h30. Sur ce premier standard il a joué du ténor, ouvrant le ban en solo par une intro mystère, avant que le thème ne se dévoile. Le dialogue est en marche : Liebman d’abord prudent, en phase d’expectation, et Solal totalement investi, bifurquant à tous les carrefours harmoniques ou mélodiques. Un round d’observation, en quelque sorte. Puis vient Isocèle, une composition du pianiste issue des séances en trio avec Peter Erskine et Marc Johnson, en 1995 : un thème anguleux, segmenté, où Dave Liebman, passé au soprano, va se libérer dans un épisode modal. Et standard à nouveau, où le dialogue se tisse dans le rituel du concert : quand on croirait que le piano  accompagne une improvisation de sax soprano, c’est en fait un chassé-croisé de phrases et d’harmonies improvisées. Ça fuse, et parfois cela déconcerte le saxophoniste autant que le public. On est au cœur de l’univers solalien, c’est à dire au cœur du jazz, dans l’échange, la surprise, l’intensité de l’instant.

Après une composition de Liebman en hommage aux frères Gershwin, Martial amorce sur Solar un chorus polytonal, qui va plonger, pour une fraction de seconde, le saxophoniste dans la perplexité ; une seconde seulement, car le ténor reprend sa place dans le jeu. Jouer, c’est décidément le maître-mot, qu’il s’agisse de fractionner à l’extrême les unissons d’Oleo, ou de tourner autour du thème de Lover Man , en s’écartant de sa littéralité (sauf peut-être dans le pont, et encore….). Ici le piano s’aventure dans les graves, et l’on croirait aussi entendre les accords mystiques de Scriabine. Le thème revient, en paraphrase au ténor, puis s’évanouit dans une coda impromptue. Le bonheur est parfait, suspendu. Jusqu’à demain, c’est à dire ce soir quand j’écris ces lignes : premier concert à 19h30 ; second, et ultime pour cette fois, à 21h30. On rêve déjà de voir les organisateurs de festivals se précipiter pour offrir à nouveau, à de larges publics, un tel événement.

Xavier Prévost

Une sélection des meilleurs moments de deux sets de la seconde soirée a été diffusée sur France Musique le vendredi 1er janvier, à 22h30, dans l’émission « Jazz Club » d’Yvan Amar. On peut la réécouter jusqu’en septembre 2018 en suivant ce lien

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/martial-solal-et-dave-liebman-au-sunside-01-01-2016-22-30

 

 |Après de longs mois de silence pianistique, Martial Solal est revenu à la scène, et qui plus est en club, pour un duo inédit avec le saxophoniste Dave Liebman. Pour que ce bonheur nous soit offert, il aura fallu le désir de Martial de remonter sur les planches ; la passion musicale du saxophoniste Jean-Charles Richard pour suggérer une rencontre avec Dave Liebman, lequel se montra dès l’abord enchanté d’un tel projet ; l’amour plein d’admiration de sa femme Anna et de sa fille Claudia pour achever de convaincre le pianiste ; l’entregent professionnel, amical et totalement engagé de Martine Palmé pour assurer la logistique; et l’enthousiasme de Stéphane Portet pour accueillir cet événement dans son club.

Dave Liebman et Martial Solal, au sous-sol du Sunside, quelques minutes avant le début du concert de 21h30

Dave Liebman (saxophones ténor & soprano, flûte traditionnelle), Martial Solal (piano)

Paris, Sunside, 10 décembre 2015, 21h30

Un concert privé avait préludé au retour du pianiste dans la sphère publique : le 12 octobre, à Paris, chez les parents du pianiste Dan Tepfer, il avait joué en duo avec Lee Konitz. J’étais ce jour-là à New York, où je chroniquais pour vous un concert de la saxophoniste Jane Ira Bloom, mais quelques amis présents m’avaient relaté la joie de ce retour officieux. Ce soir, c’est le rentrée officielle, au Sunside, pour deux jours : deux concerts d’un set chaque soir, à 19h30 & 21h30. Les admirateurs des deux musiciens sont dans la salle, parmi eux beaucoup d’amis et de musiciens.

C’est comme une cérémonie secrète. Au second set, le programme est, m’a-t-on dit, de la même teneur qu’au premier, mais dans un ordre différent. Dans l’un et l’autre cas, alternance de standards et de compositions personnelles des deux protagonistes. À l’issue du premier standard, What is this thing called love, Dave Liebman dira au public son bonheur d’être là, et le plaisir que lui a procuré le set de 19h30. Sur ce premier standard il a joué du ténor, ouvrant le ban en solo par une intro mystère, avant que le thème ne se dévoile. Le dialogue est en marche : Liebman d’abord prudent, en phase d’expectation, et Solal totalement investi, bifurquant à tous les carrefours harmoniques ou mélodiques. Un round d’observation, en quelque sorte. Puis vient Isocèle, une composition du pianiste issue des séances en trio avec Peter Erskine et Marc Johnson, en 1995 : un thème anguleux, segmenté, où Dave Liebman, passé au soprano, va se libérer dans un épisode modal. Et standard à nouveau, où le dialogue se tisse dans le rituel du concert : quand on croirait que le piano  accompagne une improvisation de sax soprano, c’est en fait un chassé-croisé de phrases et d’harmonies improvisées. Ça fuse, et parfois cela déconcerte le saxophoniste autant que le public. On est au cœur de l’univers solalien, c’est à dire au cœur du jazz, dans l’échange, la surprise, l’intensité de l’instant.

Après une composition de Liebman en hommage aux frères Gershwin, Martial amorce sur Solar un chorus polytonal, qui va plonger, pour une fraction de seconde, le saxophoniste dans la perplexité ; une seconde seulement, car le ténor reprend sa place dans le jeu. Jouer, c’est décidément le maître-mot, qu’il s’agisse de fractionner à l’extrême les unissons d’Oleo, ou de tourner autour du thème de Lover Man , en s’écartant de sa littéralité (sauf peut-être dans le pont, et encore….). Ici le piano s’aventure dans les graves, et l’on croirait aussi entendre les accords mystiques de Scriabine. Le thème revient, en paraphrase au ténor, puis s’évanouit dans une coda impromptue. Le bonheur est parfait, suspendu. Jusqu’à demain, c’est à dire ce soir quand j’écris ces lignes : premier concert à 19h30 ; second, et ultime pour cette fois, à 21h30. On rêve déjà de voir les organisateurs de festivals se précipiter pour offrir à nouveau, à de larges publics, un tel événement.

Xavier Prévost

Une sélection des meilleurs moments de deux sets de la seconde soirée a été diffusée sur France Musique le vendredi 1er janvier, à 22h30, dans l’émission « Jazz Club » d’Yvan Amar. On peut la réécouter jusqu’en septembre 2018 en suivant ce lien

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/martial-solal-et-dave-liebman-au-sunside-01-01-2016-22-30

 

 |Après de longs mois de silence pianistique, Martial Solal est revenu à la scène, et qui plus est en club, pour un duo inédit avec le saxophoniste Dave Liebman. Pour que ce bonheur nous soit offert, il aura fallu le désir de Martial de remonter sur les planches ; la passion musicale du saxophoniste Jean-Charles Richard pour suggérer une rencontre avec Dave Liebman, lequel se montra dès l’abord enchanté d’un tel projet ; l’amour plein d’admiration de sa femme Anna et de sa fille Claudia pour achever de convaincre le pianiste ; l’entregent professionnel, amical et totalement engagé de Martine Palmé pour assurer la logistique; et l’enthousiasme de Stéphane Portet pour accueillir cet événement dans son club.

Dave Liebman et Martial Solal, au sous-sol du Sunside, quelques minutes avant le début du concert de 21h30

Dave Liebman (saxophones ténor & soprano, flûte traditionnelle), Martial Solal (piano)

Paris, Sunside, 10 décembre 2015, 21h30

Un concert privé avait préludé au retour du pianiste dans la sphère publique : le 12 octobre, à Paris, chez les parents du pianiste Dan Tepfer, il avait joué en duo avec Lee Konitz. J’étais ce jour-là à New York, où je chroniquais pour vous un concert de la saxophoniste Jane Ira Bloom, mais quelques amis présents m’avaient relaté la joie de ce retour officieux. Ce soir, c’est le rentrée officielle, au Sunside, pour deux jours : deux concerts d’un set chaque soir, à 19h30 & 21h30. Les admirateurs des deux musiciens sont dans la salle, parmi eux beaucoup d’amis et de musiciens.

C’est comme une cérémonie secrète. Au second set, le programme est, m’a-t-on dit, de la même teneur qu’au premier, mais dans un ordre différent. Dans l’un et l’autre cas, alternance de standards et de compositions personnelles des deux protagonistes. À l’issue du premier standard, What is this thing called love, Dave Liebman dira au public son bonheur d’être là, et le plaisir que lui a procuré le set de 19h30. Sur ce premier standard il a joué du ténor, ouvrant le ban en solo par une intro mystère, avant que le thème ne se dévoile. Le dialogue est en marche : Liebman d’abord prudent, en phase d’expectation, et Solal totalement investi, bifurquant à tous les carrefours harmoniques ou mélodiques. Un round d’observation, en quelque sorte. Puis vient Isocèle, une composition du pianiste issue des séances en trio avec Peter Erskine et Marc Johnson, en 1995 : un thème anguleux, segmenté, où Dave Liebman, passé au soprano, va se libérer dans un épisode modal. Et standard à nouveau, où le dialogue se tisse dans le rituel du concert : quand on croirait que le piano  accompagne une improvisation de sax soprano, c’est en fait un chassé-croisé de phrases et d’harmonies improvisées. Ça fuse, et parfois cela déconcerte le saxophoniste autant que le public. On est au cœur de l’univers solalien, c’est à dire au cœur du jazz, dans l’échange, la surprise, l’intensité de l’instant.

Après une composition de Liebman en hommage aux frères Gershwin, Martial amorce sur Solar un chorus polytonal, qui va plonger, pour une fraction de seconde, le saxophoniste dans la perplexité ; une seconde seulement, car le ténor reprend sa place dans le jeu. Jouer, c’est décidément le maître-mot, qu’il s’agisse de fractionner à l’extrême les unissons d’Oleo, ou de tourner autour du thème de Lover Man , en s’écartant de sa littéralité (sauf peut-être dans le pont, et encore….). Ici le piano s’aventure dans les graves, et l’on croirait aussi entendre les accords mystiques de Scriabine. Le thème revient, en paraphrase au ténor, puis s’évanouit dans une coda impromptue. Le bonheur est parfait, suspendu. Jusqu’à demain, c’est à dire ce soir quand j’écris ces lignes : premier concert à 19h30 ; second, et ultime pour cette fois, à 21h30. On rêve déjà de voir les organisateurs de festivals se précipiter pour offrir à nouveau, à de larges publics, un tel événement.

Xavier Prévost

Une sélection des meilleurs moments de deux sets de la seconde soirée a été diffusée sur France Musique le vendredi 1er janvier, à 22h30, dans l’émission « Jazz Club » d’Yvan Amar. On peut la réécouter jusqu’en septembre 2018 en suivant ce lien

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/martial-solal-et-dave-liebman-au-sunside-01-01-2016-22-30

 

 |Après de longs mois de silence pianistique, Martial Solal est revenu à la scène, et qui plus est en club, pour un duo inédit avec le saxophoniste Dave Liebman. Pour que ce bonheur nous soit offert, il aura fallu le désir de Martial de remonter sur les planches ; la passion musicale du saxophoniste Jean-Charles Richard pour suggérer une rencontre avec Dave Liebman, lequel se montra dès l’abord enchanté d’un tel projet ; l’amour plein d’admiration de sa femme Anna et de sa fille Claudia pour achever de convaincre le pianiste ; l’entregent professionnel, amical et totalement engagé de Martine Palmé pour assurer la logistique; et l’enthousiasme de Stéphane Portet pour accueillir cet événement dans son club.

Dave Liebman et Martial Solal, au sous-sol du Sunside, quelques minutes avant le début du concert de 21h30

Dave Liebman (saxophones ténor & soprano, flûte traditionnelle), Martial Solal (piano)

Paris, Sunside, 10 décembre 2015, 21h30

Un concert privé avait préludé au retour du pianiste dans la sphère publique : le 12 octobre, à Paris, chez les parents du pianiste Dan Tepfer, il avait joué en duo avec Lee Konitz. J’étais ce jour-là à New York, où je chroniquais pour vous un concert de la saxophoniste Jane Ira Bloom, mais quelques amis présents m’avaient relaté la joie de ce retour officieux. Ce soir, c’est le rentrée officielle, au Sunside, pour deux jours : deux concerts d’un set chaque soir, à 19h30 & 21h30. Les admirateurs des deux musiciens sont dans la salle, parmi eux beaucoup d’amis et de musiciens.

C’est comme une cérémonie secrète. Au second set, le programme est, m’a-t-on dit, de la même teneur qu’au premier, mais dans un ordre différent. Dans l’un et l’autre cas, alternance de standards et de compositions personnelles des deux protagonistes. À l’issue du premier standard, What is this thing called love, Dave Liebman dira au public son bonheur d’être là, et le plaisir que lui a procuré le set de 19h30. Sur ce premier standard il a joué du ténor, ouvrant le ban en solo par une intro mystère, avant que le thème ne se dévoile. Le dialogue est en marche : Liebman d’abord prudent, en phase d’expectation, et Solal totalement investi, bifurquant à tous les carrefours harmoniques ou mélodiques. Un round d’observation, en quelque sorte. Puis vient Isocèle, une composition du pianiste issue des séances en trio avec Peter Erskine et Marc Johnson, en 1995 : un thème anguleux, segmenté, où Dave Liebman, passé au soprano, va se libérer dans un épisode modal. Et standard à nouveau, où le dialogue se tisse dans le rituel du concert : quand on croirait que le piano  accompagne une improvisation de sax soprano, c’est en fait un chassé-croisé de phrases et d’harmonies improvisées. Ça fuse, et parfois cela déconcerte le saxophoniste autant que le public. On est au cœur de l’univers solalien, c’est à dire au cœur du jazz, dans l’échange, la surprise, l’intensité de l’instant.

Après une composition de Liebman en hommage aux frères Gershwin, Martial amorce sur Solar un chorus polytonal, qui va plonger, pour une fraction de seconde, le saxophoniste dans la perplexité ; une seconde seulement, car le ténor reprend sa place dans le jeu. Jouer, c’est décidément le maître-mot, qu’il s’agisse de fractionner à l’extrême les unissons d’Oleo, ou de tourner autour du thème de Lover Man , en s’écartant de sa littéralité (sauf peut-être dans le pont, et encore….). Ici le piano s’aventure dans les graves, et l’on croirait aussi entendre les accords mystiques de Scriabine. Le thème revient, en paraphrase au ténor, puis s’évanouit dans une coda impromptue. Le bonheur est parfait, suspendu. Jusqu’à demain, c’est à dire ce soir quand j’écris ces lignes : premier concert à 19h30 ; second, et ultime pour cette fois, à 21h30. On rêve déjà de voir les organisateurs de festivals se précipiter pour offrir à nouveau, à de larges publics, un tel événement.

Xavier Prévost

Une sélection des meilleurs moments de deux sets de la seconde soirée a été diffusée sur France Musique le vendredi 1er janvier, à 22h30, dans l’émission « Jazz Club » d’Yvan Amar. On peut la réécouter jusqu’en septembre 2018 en suivant ce lien

http://www.francemusique.fr/emission/jazz-club/2015-2016/martial-solal-et-dave-liebman-au-sunside-01-01-2016-22-30