Années 1980 : Choses vues sur la scène du jazz français et alentours… / Film #2-2 - Jazz Magazine
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Publié le 8 Déc 2025

Années 1980 : Choses vues sur la scène du jazz français et alentours… / Film #2-2

Ce jour-là, le 17 janvier 1981, après une première partie consacrée au quartette de Jean-Claude Fohrenbach, le Cim accueillait un orchestre italien, le trio de Gianluigi Trovesi.

Figure centrale d’une scène italienne en plein développement qui se fédérerait dans les années 1990 au sein de l’Italian Instabile Orchestra, le clarinettiste Gianluigi Trovesi, encore peu connu en ce début d’années 1980, se faisait remarquer par son intérêt pour le folklore italien et les musiques anciennes, tout en se réclamant du néo-classicisme d’Igor Stravinsky. Une approche qui n’était pas sans interpeler mon goût pour les musiques traditionnelles. Entouré du contrebassiste Paolo Damiani et du batteur Gianni Cazzola, il improvisait sur la saltatrelle et autres danseries. Je découvrai ce jour-là l’intérêt de me placer dans l’encadrement de porte du local qui s’ouvrait côté jardin, une position libre de spectateurs qui m’offrait une relative proximité avec l’orchestre sans gêner le public.

Je me souviens, ce jour-là, avoir flashé sur le batteur Gianni Cazzola. Né en 1938, c’était l’aîné du groupe (Trovesi était de 1944 et Damiani de 1952). Il avait cette décontraction un peu cabotine que confère le métier pratiqué à travers les différents âges du jazz, un détachement comparé à la concentration de ses cadets qui conférait une certaine distinction à son geste. M’ayant aperçu à l’œuvre derrière mon boîtier, il ne manqua pas de cabotiner à mon intention avec un gaité digne de la comedia dell’arte. D’où je me trouve, mon objectif ne manquait rien de ce qu’il jouait, mais le manque de lumière ne facilitait pas la mise au point,  ce qui fait qu’il n’en reste pas grand’chose à montrer de lui sur mon film.

Ce jour-là, j’aurais pu aller écouter Herve Bourde, Jacques Bougnard et Jean-Paul Celea à la Brasserie Bofinger (mais mes moyens ne me l’aurait probablement pas permis et sachant que Celea était également annoncé avec Michel Portal, François Couturier et Aldo Romano à Saint-Michel-sur-Orge, ça pouvait laisser perplexe), Gérard Badini Swing Machine Trio au Caveau de la Montagne (où j’étais toujours bienvenu), Memphis Slim au Dreher (mais ça n’était pas pour moi une urgence), Arthur Dooyle, Jean-Jacques Avenel et King Mock (mais à part Avenel, ces noms ne me disait pas grand-chose), Bernard Lubat se produisant quant à lui en solo à Verrières-le-Buisson. Mais sitôt le concert du Cim terminé, c’est vers Chatou que je filais pour aller écouter le duo Didier Large / Rémy Froissart. (à suivre)