Années 1980 Choses vues sur la scène du jazz français et alentours… / Film #4-1 - Jazz Magazine
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Publié le 17 Déc 2025

Années 1980 Choses vues sur la scène du jazz français et alentours… / Film #4-1

La Pinte le 23 février 1981 avec Jean-Claude Fohrenbach et Michel Valéra 

Je n’ai qu’un souvenir très vague de la Pinte au Carrefour de l’Odéon, sinon d’une odeur de bière, d’une obscurité peu propice à la photo sans flash dont je m’interdisais l’usage, et d’un inconfort d’écoute à peine moindre que l’inconfort qu’affrontait l’artiste. J’allais oublié la fumée, mais ça c’était partout. Et peut-être mon souvenir, lointain, en a-t-il exagéré l’inconfort, voire l’insalubrité, par rapport à ce qui se pratiquait dans d’autres lieux. J’ai surtout le souvenir que, pour un musicien, c’était le bas de l’échelle, et plus lieu de convivialité pour amateurs de bière qu’un rendez-vous d’amateur de jazz. Voir ci-après l’avis des musiciens à une première publication de cette “chose vue” sur facebook.

Combien de fois m’y suis-je rendu ? Ça doit se compter sur les doigts d’une main. Jean-Claude Fohrenbach s’y produisait ce soir-là – avec sa philosophie habituelle… il en avait vu d’autres et, faute de mieux, il ne rechignait pas devant une soirée à la Pinte – fidèlement accompagné par Michel Valera devant lequel il dépliait des kilomètres de partitions quasi symphoniques. Pour ajouter à l’inconfort, “Fofo” se refusait à tout entretien de son saxophone autre que ses propres bricolages et il n’était pas rare qu’un tampon reste collé ou tombe, qu’un ressort casse ou qu’un liège se décolle. Il semblait attendre ce moment avec délectation, comme une occasion de pimenter la soirée en commentant pour le public la cause de l’incident et les solutions possibles, briquet, pince, élastiques voire rouleau de scotch en main. C’était très pittoresque… les premières fois. Et lui qui pouvait avoir une très élégante sonorité n’en faisait souvent preuve qu’après un certain nombre de morceaux, le temps que l’anche s’humecte et que les tampons se gonflent d’humidité. Les tampons aux vapeurs de bière! Pour qui l’aimait, c’était rageant. Pour les autres, je n’ai pas souvenir que le public de la Pinte ait été très attentif.

Parfois, Jean-Claude se mettait au piano tel qu’ici où il est photographié comme je pouvais d’où je me trouvais coincé, le faisant apparaître manchot. Quant à Michel Valera, qui devait bien bénéficier d‘une loupiote pour éclairer ses partitions, il devait être totalement hors de mon champ de visée… ou peut-être dissimulé derrière la littérature du Docteur Fohrenbach qui pouvait nécessiter plusieurs pupitres.

Les musicien se souviennent.

Patrick Fradet (guitariste) : Ah oui la Pinte Souvenir d’aller faire des Jam et d’y être programmé à 150 francs en semaine et 200 le samedi. Faisait partie des passages obligés des années 80 pour tout jeunes musiciens sur Paris. Enfumé et irrespirable mais lieu de rencontre.

Frédéric Loiseau (guitariste) : Tout fraichement arrivé de ma Touraine natale, je découvrais ce qu’était cet endroit rive gauche à Odeon où l’escalier qui descendait à la cave remontait au moins au XII siecle. J’y ai joué plusieurs fois avec notre regretté Pierre Tiboum Guignon et fait de si belles rencontres. Beau souvenir avec Franck Tortiller Perso, Yves Rousseau ! C’etait également une époque où tu pouvais circuler et te garer en voiture à la vitesse de l’éclair et sans prune!! C’est surtout le club rendu célèbre par ses nombreuses versions de « Pinte Up House »

Jaco Parmentier (pianiste). Oui, je me souviens de La Pinte, un endroit où l’on pouvait faire ses premières armes… On y entendait malgré tout aussi des musiciens déjà d’un très bon niveau, comme Louis Winsberg que je me souviens avoir entendu là-bas…

Michel El Malem (saxophoniste) : j’ai eu la chance de côtoyer Jean-Claude Fohrenbach dans ses dernières années ; un maître , un être humain profond sensible et plein d’humour, j’aurais aimé le connaître bien plus longtemps. Mais c’était déjà génial. Paix son âme de vrai musicien.

Joseph Bennaroch, dit Monsieur Jo (saxophoniste, animateur du groupe du Cim sur Facebook : FOFO … For Ever.

Il y aura d’autres photos de Jean-Claude Fohrenbach, dit “Fofo”. Pas toujours terribles, mais beaucoup de bon souvenirs.