Jusqu’au 14 novembre, les grandes formations de France font leur traditionnelle rentrée avec un programme XXL. Suivez le guide !

Avec plus de 60 concerts de jazz et de musiques improvisées en France, en Europe et au delà, la scène des grands orchestres de France, qui comptent parmi les plus nombreux, créatifs et actifs au monde seront à l’honneur.

Parmi les concerts de cette rentrée très spéciale, un événement à retenir tout spécialement : trois jours immanquables à Nantes, dans les lieux emblématiques du jazz et des musiques créatives que sont le Pannonica, La Soufflerie et le Conservatoire de Nantes, avec des concerts de l’Acoustic Large Ensemble de Paul Jarret, du Moger Orchestra et de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, sans oublier en marge des événements live, des activités pédagogiques, des rencontres avec les professionnels du secteur, des jam sessions pour échanger librement et de nombreuses autres occasions de se retrouver.

D’ici là et par la suite, vous aurez forcément l’occasion d’assister à l’un des concerts de formations telles que L’Oeuf Big Band, Jean-Marie Machado Orchestre Danzas, FUR, Tous Dehors, Papanosh, Le Sonart, Q-Some Big Band, Discobole Orchestra, Magic Malik Fanfare XP, Fuchsthone Orchestra, Àbájade, The Very Big Experimental Toubifri Orchestra, et beaucoup d’autres à (re)découvrir dans les semaines à venir !

Toutes les informations pratiques et le calendrier des concerts jour par jour sur le site de Grands Formats à retrouver ici. Bonne rentrée !

Le 6 octobre au célèbre club parisien, un aréopage d’instrumentistes se réunissent rue des Petites Ecuries pour honorer la mémoire du grand guitariste qui nous a quittés le 13 mai dernier.

A partir de 19h, ce concert exceptionnel à l’initiative de Raphaël Escoudé, fils de Christian, et dont la coordination musicale a été est assurée par le guitariste Jean-Baptiste Laya, réunira des compagnons de route et des amis de Christian Escoudé. Sont attendus entre autre Philip Catherine, Stephy Haïk, Florin Niculescu, Sanseverino, Simon Goubert, Ludivine Issambourg, Anne Paceo, André Villéger, François Janneau, Hugo Lippi, Noé Reinhardt, Rocky Gresset,Boulou & Elios Ferre, Marcel Loeffler, Olivier Hutman ou encore Jean-Marc Jafet…

Cliquez ici pour réserver !

Photo © Jean-Baptiste Millot

Du 4 au 21 octobre se tiendra la 21ème édition de cette manifestation qui brasse mille et unes nuances de jazz et de musiques du monde, reliant la Bretagne aux musiques du Brésil. Jazz Magazine est partenaire de l’événement.

Point culminant de trois années de collaboration et d’échanges intenses entre la ville de Brest et Sao Paulo au Brésil, l’Atlantique Jazz Festival propose une programmation haute en couleurs et riche en contrastes pour refléter l’incroyable diversité de pratiques et de styles qui se déploient dans cette capitale Sud-Américaine de la musique. Du 4 au 13 octobre, au cours de l’AJF Tour, Alessandra Leão & Sapopemba sillonera toute la Bretagne pour donner une série de concerts en duo voix-percussions (direction artistique Paula Rocha), entre musiques traditionnelles et ouvertures vers l’avenir d’un art brésilien en constant renouvellement.
Et du 15 au 20 octobre, à Brest, avec des des artistes aussi divers que Carla Borregas et Mbé, Kenya 20HZ & Morgane Carnet, Paal Nilsen ou encore Marcel Powell, se déploie le champ des possibles, du jazz à l’electro en passant par le coco, le maracatu et le forró.

Retrouvez toute cette riche programmation et réservez dès à présent sur le site du festival !

La saxophoniste londonienne, figure de sa génération, vient de publier le superbe “Odyssey”, un troisième album qui s’impose comme son meilleur. Nous l’avons rencontrée pour parler du jazz anglais d’hier et d’aujourd’hui et de sa propre musique.

NUBYA GARCIA Quand vous le dites comme ça on dirait que c’est terminé mais j’espère que ça continue ! C’était une période très intéressante, personne ne l’avait prédite et on se sentait vraiment soutenus, ce qu’on attendait depuis longtemps. Ça nous a donné beaucoup d’opportunités et de latitude. Je pense que ça continue mais c’est un peu moins nouveau maintenant, on est plus installés, ce qui est très positif. En voyant tout ça de l’intérieur, et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de préjugées et de plafonds de verre en place pour toutes sortes de genre musicaux et dans toutes sortes de domaines. Quand l’underground sort du bois, c’est surtout une opportunité de tisser des liens avec le public, et ce rassemblement était très beau et positif.

C’est en effet quelque chose qui a pu arriver. J’étais au cœur de tous ses événements, et parce qu’on a beaucoup tourné et eu plein d’opportunités – dont beaucoup pensaient qu’on ne les aurait jamais en tant qu’artistes de musique instrumentale formés à travers le jazz – j’étais plus déterminée encore à atteindre mon but, et je le suis toujours. Je sais que j’aime la musique et en faire avec les gens avec qui je joue, pour moi c’est déjà un succès et je me dis que les musiciens ne devraient pas se concentrer sur les opinions et perceptions externes, mais plutôt essayer d’être les meilleurs possible, de vivre dans l’instant. C’est un grand privilège de faire de la musique qui parle aux gens et c’est ça qui compte. Ça nous a tous demandé beaucoup de temps et de travail mais je suis très fière de ce qu’on a fait et de ce qu’on continue à réaliser.

Je l’ai beaucoup fait car j’adore jouer, et pas seulement quand c’est moi qui ai composé ou qui dirige. Être sidewoman est très différent qu’être leader, il faut relever d’autres défis et ça permet d’essayer d’autres choses. Je n’ai jamais voulu choisir entre les deux, et ça me permet de collaborer avec des gens merveilleux qui enrichissent ce que je fais. La collaboration est le ciment d’une communauté. Je crois aussi que les meilleures musiques proviennent d’une multitude de sources et j’ai donc collaboré à de nombreux groupes dès le début. C’est excitant, ça permet d’exister de plusieurs façons au sein d’une génération, et ça doit être très dur de ne jouer que dans sa propre formation ! Ce serait comme ne parler qu’une seule langue alors que je veux parler de plein de façons différentes.

Crédit : Courtney Campbell

Oui absolument. Je joue avec certaines personnes depuis que j’ai 17 ans, [elle en a aujourd’hui 33, NDLR]c’est presque la moitié de ma vie ! Si de jeunes musicien.nes nous lisent, je pense que c’est très important de se souvenir que les gens qu’on rencontre à chaque étape de sa vie peuvent, s’ils sont sur la même longueur d’onde, devenir ceux qui vous portent, vous encouragent, jouent et tournent avec vous, vous font découvrir de la musique… Au fond il s’agit d’amitié, de soutenir vos copains musiciens et de les aider à concrétiser leur vision, bien plus que de succès matériel, même s’il faut bien payer ses factures !

C’est difficile à dire car j’étais un bébé à cette époque ! Je sais qu’ils ont tourné à travers le monde et qu’aujourd’hui, à chaque fois que je vais aux Etats-Unis, les musiciens de cette génération me demandent des nouvelles de Courtney Pine par exemple. Son nom circule toujours à New York et c’était déjà le cas, il y a dix ou douze ans, quand j’y était allé pour la première fois, alors que j’étais encore étudiante. Notre génération a énormément bénéficié du travail de gens comme Courtney Pine, Steve Williamson, le groupe Jazz Jamaica et tant d’autres. Les Jazz Warriors ont directement permis aux programme éducatif Tomorrow’s Warriors [créé en 1991], dont j’ai fait partie, d’exister, et on n’aurait pas pu avoir un tel programme de formation musicale, gratuitement, à Londres, avec des gens qui nous ressemblent, ça n’aurait pas existé. Je ne dirais pas qu’ils ont vraiment la reconnaissance qu’ils méritent mais ils ont fait beaucoup pour faire connaître Londres et la Grande-Bretagne dans le monde du jazz, et ça n’a vraiment pas dû être facile du tout dans les années 1980 et 90.

Je dirais que je ne cherche pas à impressionner les gens et que j’essaye de me mettre au service de la musique. Il y a plein de façons de faire ça et je peux sonner très différemment d’un jour à l’autre, sur scène ou en studio. Mais j’essaye de ne pas “surjouer”. A quoi bon ? Non pas qu’on n’ait pas le droit d’être virtuose, mais chaque morceau se prête à une certaine façon de jouer, et je m’adapte en fonction de ça et de ce que je ressens ce jour-là. J’ai envie d’être en osmose avec mon instrument, pas de me battre contre lui où d’avoir l’impression que les gens vont mieux me considérer si je joue d’une certaine façon. Je doute que ça me rendrait très heureuse !

C’était un défi de réaliser ces arrangements, de trouver ma voix en tant que compositrice plus que d’intégrer les cordes à mon groupe d’ailleurs, car je n’avais jamais fait ça avant. Je ne voulais surtout pas plaquer des cordes sur des morceaux déjà écrits, et j’ai passé beaucoup de temps à peaufiner ces arrangements. J’ai beaucoup douté mais ça m’a permis de trouver ma propre façon d’écrire. Je ne suis pas très académique, j’ai besoin de créer pour apprendre plutôt que de lire des livres et j’ai justement évité de trop étudier des arrangements similaires chez d’autres, même s’il y a plein d’excellents exemples, avant d’avoir terminé mon travail, pour progresser encore la prochaine fois. J’ai vraiment l’impression que ces cordes sont les miennes, je m’en suis servi comme une sorte de texture, mais je ne savais pas que j’arriverais à un tel résultat quand j’ai commencé à travailler. J’ai débuté mon apprentissage musical par les cordes à 3 ou 4 ans, mais je n’y vais plus touché depuis très longtemps et j’avais vraiment envie de m’y remettre. J’ai hâte de continuer sur cette voie ! Au micro : Yazid Kouloughli / Photo : Danika Lawrence

Album « Odyssey » (Concord Jazz / Universal, 4 étoiles Jazz Magazine)

Concerts Le 14 février 2025 à Bordeaux (Rocher de Palmer), le 15 février à Paris (La Cigale).

Vendredi 4 octobre, 20h30, à la Maison de la radio et de la musique à Paris, un ensemble unique en son genre mettra à l’honneur les racines fondamentales de la musique noire.

Jazz Magazine est partenaire de cet événement réunissant 120 chanteurs lyriques du Chœur Philharmonique International (artiste de l’UNESCO pour la paix) dirigé par Yanis Benabdallah, un quintette de jazz et des comédiens pour un spectacle hors-norme en deux parties (Héritages : 200 ans de musiques africaines inspirées de l’Europe et Rhapsody in Black : 200 ans de poésie afro-descendante, sur une musique originale de la pianiste et compositrice Leïla Olivesi). Ensemble, ils rendront hommage, par-delà les styles et les époques, à deux siècles de musiques africaines inspirées de celles d’Europe et mettra en musique des poèmes d’auteurs afro-descendants comme David Diop, Aimé Césaire ou Léopold Sédar Senghor. En somme, une célébration de cette valeur de résilience, indissociable des musiques noires, qui du gospel à la biguine en passant par le blues et le jazz seront toutes essentielles à cette soirée.

Avec Yete Queiroz (mezzo-soprano), Bernard Arrieta (baryton), Jacques Martial (lectures des poèmes) Marion Frère (violoncelle), Leïla Olivesi (piano), Donald Kontomanou (batterie), Sophie Alour (saxophone), Yoni Zelnik (contrebasse)et Marie-Claude Papion (piano).

Retrouvez le programme détaillé sur le site de La Maison de la Radio et de la Musique. Réservations ici

Le 16 septembre, rendez-vous sur Culturebox pour vivre comme si vous étiez la grande cérémonie des Victoires du jazz 2024, enregistrée il y a quelques jours, et dont voici le palmarès.

Notre partenaire Culturebox a minutieusement immortalisé ce grand moment de reconnaissance et de célébration de celles et ceux qui ont enchanté l’actualité du jazz l’année passée. Jeunes groupes tout juste révélés, vétérans toujours créatifs, voix inimitables : si vous souhaitez vous garder la surprise de la découverte du palmarès 2024 des Victoires du jazz, ne ratez pas la diffusion de la cérémonie en “prime time” à 21h lundi prochain, présentée par Manu Katché !

Si vous ne pouvez pas attendre, voici la liste des heureux élus :

Artiste instrumental(e)
Pierre de Bethmann

Artiste vocal(e)
Sandra Nkaké

Révélation
(Prix Frank Ténot)
Monsieur Mâlâ

Album jazz de l’année
« Let Them Cook » Émile Parisien Quartet (Act)

Concert
« Les Égarés » Sissoko, Segal, Parisien, Peirani (Anteprima Productions/Mad Minute/Yes Les Guyzz/Molpé Music)

Album de musiques du monde
« Bleu » Ann O’aro (Cobalt)

Grand fan de Prince, Ersin Leibowitch retrace dans Prince Xperience : dans la tête du génie la vie de cet artiste inclassable de ses débuts jusqu’à sa disparition brutale en avril 2016 à seulement 57 ans.

Plus qu’un récit ou une monographie au sens habituel, Prince Xperience (Ed. Hors Collection, 320 pages, 18€) est plutôt une enquête. Pour comprendre comment cet artiste total, dévoué corps et âme à la création (de nombreuses anecdotes de ses collaborateurs laissent penser qu’il ne consacrait pas beaucoup de temps au sommeil), réputé pour son sérieux à toute épreuve, a pu connaître une fin aussi sombre et brutale, Ersin Leibowitch remonte aux origines de la magnifique folie créatrice de Prince, dans son enfance, alors qu’il commence l’apprentissage d’une myriade d’instruments et de musiques qui lui permettront plus tard de briller à tous les postes, qu’il soit seul aux manettes comme sur son premier album “For You” ou qu’il s’entoure d’un groupe sur-mesure avec tout ce que l’Amérique compte de meilleurs choristes, batteurs, guitaristes ou claviéristes. Dès le départ, Ersin Leibowitch explore à la fois le côté très concret et technique de la création musicale, des techniques de studio aux instruments et jusqu’aux rouages du monde impitoyable de l’industrie musicale, et tout l’aspect intérieur, émotionnel voire psychologique, de sa Majesté Violette, mon tout avec un langage toujours simple et accessible, et sur le ton d’un vaste article de presse, méticuleux et érudit mais qui jamais ne laisse le lecteur non spécialiste sur le côté. Un ouvrage passionné et passionnant, comme on voudrait en lire sur tous les artistes qu’on aime. Yazid Kouloughli


Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Pandemonium”
The Time
Paisley Park / Reprise

1990

Notre premier Disquindispensable du week-end serait-il l’un des albums les plus outrageusement funky des nineties, voire des trente-quatre dernières années ? Il me semble que la réponse est oui. Comme dans les trois albums précédents du groupe – six ans s’étaient écoulés depuis “Ice Cream Castle”, une  éternité à cette époque –, Prince était très impliqué, mais il avait tout de même laissé cette fois  une place de choix aux membres du groupe : Morris Day (chaud comme la braise), Jesse Johnson (en feu), Monte Moir, Jellybean Johnson, Jerome Benton, Jimmy Jam et Terry Lewis (en mission).
Dans la musette princière, tout de même, cinq chansons : Chocolate, Jerk Out, My Summertime Thang, Data Bank et Donald Trump (Black Version) – l’Agent Orange l’a-t-il déjà écoutée ? Peu probable…
Prince, comme de coutume, n’est crédité nulle part, si ce n’est dans les special thanks, juste avant… son alter ego Jamie Starr !
Jerk Out, au passage, est à ce jour le plus gros succès de The Time dans les charts, et l’on se rua évidemment sur le CD single et ses Sexy Mix, Sexy Edit, A Cappella, Sexy Dub et Sexy Instrumental – quelques mois plus tard, ce fut le tour du CD single de Chocolate : fondait-il dans les oreilles et pas dans la main ? Hmm, rien, en l’occurrence, ne pouvait dépasser les versions album.
Passée l’intro drôlatique, Dreamland, l’enchaînement-déchaînement de Pandemonium, Sexy Socialites et Jerk Out est absolument irrésistible, une leçon de funk made in Minneapolis.
Plus loin, Skillet et sa saynète en intro (Cooking Class), permet encore à Jesse Johnson de casser la baraque – et tout le monde se souvient que cette chanson servit de générique à une émission vraiment Nuls ? J’adore, aussi, cette mention dans le livret : « Mixed in the skillet for more sizzle, pure hiss and true distorsion. »
Hey guys, how about a reunion of The Time ? Time flies, it’s time !

Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Synchronicity”
The Police
A&M Records

1983

Ainsi quarante années ont passé depuis “Synchronicity” est directement entré dans mon Panthéon Décousu, classique instantané d’un trio qui fut un peu, beaucoup, passionnément, à la folie nos Beatles à nous, enfants des années 1980. On ne le savait évidemment pas encore quand le disque a commencé de tourner et que la puissance tellurique de Synchronicity I nous fit tomber de notre chaise, mais deux ans plus tard Sting voguerait solo entouré des meilleurs jazzmen afro-américains du moment – parmi eux, le futur bassiste des Rolling Stones (celui qu’on ne verra jamais sur les photos du groupe).
Passé Synchronicity I, Walking In Your Footsteps nous emportait dans une jungle étrange (« Y font du Talking Heads Police maintenant ? » m’étais-je dis), Oh My God groovait sévèrement (Stewart Copeland était décidément un batteur fantastique), Mother, signé Andy Summers, fit d’emblée criser certains (petit malin, j’avais vite décelé la filiation avec King Crimson, vu que je m’étais offert peu de temps avant le disque de Summer avec Robert Fripp), Miss Gradenko était une friandise sympa, et la première face se terminait par une superbe variation de Synchronicity I, Synchronicity II.
Et puis l’on découvrit la seconde face.

Révélée dans sa géniale évidence. Dès la première écoute. Si, si.

Sting a ponctué ses albums solos de moult merveilles, mais l’enchaînement Every Breath You Take, King Of Pain, Wrapped Around Your Finger et Tea In Sahara nous avait laissé – et nous laisse toujours – pantois, chancelant, abasourdi, sidéré. Les mélodies et les paroles de Sting sont habitées, sa voix solaire, hyper-émotionnelle ; Andy Summers joue comme personne ; et Stewart Copeland n’a peut-être jamais aussi bien sonné sur disque, rivalisant d’invention à chaque mesure. Le mot “chef-d’œuvre” est à employer avec précaution, mais là, il me semble que…
PS : “Synchronicity” vient d’être réédité en version Super Deluxe.


Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Provision”
Scritti Politti
Virgin Records

1988

Trois ans après le formidable “Cupid & Psyche 85”, onze ans (!) avant le méconnu “Anomie & Bonhomie”, Green Gartside et David Gamson, alias Scritti Politti – aaah, les duos pop hyper créatifs des glorieuses années 1980 : Peter Cox + Richard Drummie = Go West, Roland Orzabal + Curt Smith = Tears For Fears… – avaient illuminé l’an de grâce 1988 avec “Provision”, sur lequel je m’étais précipité le jours de sa sortie parce que je savais qu’un certain Miles Davis jouait dessus, lui qui avait repris presque sans rien y changer Perfect Way dans “Tutu”, deux ans plus tôt (“Tutu” a d’ailleurs failli s’appeler “Perfect Way”).
Miles joue magnifiquement – comme d’habitude – sur Oh Patti (Don’t Feel Sorry For Loverboy), mais il y a évidemment moult autres chansons mémorables dans “Provision”, qui trente-six ans après passent toujours subtilement à travers les mailles du filet – à “Provision” bien sûr : ok je sors – stylistique, entre pop, soul et funk. Marcus Miller y fait généreusement claquer sa basse électrique (Bam Salute), ce qui n’est pas rien ; la production est une merveille d’équilibre sonore, les claviers sont en technicolor, les beats en ébullition : ça groove délicieusement, mais le songwriting n’est pas négligé pour autant.
À cette époque, G.G. & D.G. avaient c’est le moins qu’on puisse dire le vent en poupe. On lisait leur nom sur d’autres disques qu’on avait appris par cœur : “L Is For Lover” d’Al Jarreau et “Destiny” de Chaka Khan par exemple. (Plus tard, Gamson contribuera à deux chefs-d’œuvre de Meshell Ndgeocello, mais c’est une autre histoire.)

Et puis dis donc, il y a aussi l’incomparable Roger Troutman, qui fait groover sa talk box dans Boom ! There She Was et dans Sugar And Spice, et c’est aussi inoubliable que le solo de Miles Davis dans Oh Patti (Don’t Feel Sorry For Loverboy). On était gâté quand même…