La première partie de cet entretien au long cours du contrebassiste Charles Mingus au micro de Philippe Carles, parue à l’origine dans notre n°207, vient d’être republiée dans notre numéro daté décembre 2023-janvier 2024. Chose promise, chose dûe : en voici la suite. Charles Mingus sortait tout juste de scène au festival de Châteauvallon. Photo : Mingus à New York le 4 juillet 1976 (Tom Marcello / Wikimedia).

Aujourd’hui encore, Charles  il vous arrive de jouer Fables Of Faubus. Treize ans après que vous l’ayez enregistrée pour la première fois, que représente pour vous cette composition ?

Je joue encore Fables Of Faubus parce que, surtout, c’est une de mes compositions où je m’impose le moins aux gars qui jouent. Il y a une séquence avec un peu d’atonalité, de liberté. Les musiciens peuvent faire ce qu’ils veulent même ne pas jouer “libre”. C’est évident quand on écoute l’enregistrement avec Eric Dolphy, Clifford Jordan et John Coltrane… Non, pas John Coltrane… Johnny Coles ! Ça n’a jamais été publié en disque, mais je vais essayer de le publier moi-même. Là, on se rend compte que dans certaines séquences les gars au moins essayaient… Je ne condamne pas pour autant ceux qui, jouant avec moi, ne veulent pas aller dans ce sens. Peut-être ont-ils l’impression que ça va trop loin. Ce qui est complexe rend les gens méfiants. Ou alors ils se disent que c’est une sorte de mensonge – un type ne peut pas vraiment jouer do-si-la-sol-fa-mi-ré-do s’il en a envie. Ce qu’ils ignorent, c’est que même le Pape ne pourrait pas jouer ça. Encore qu’il aurait peut-être le feeling. C’est cela qu’ils injectaient… Il suffit qu’un type puisse l’exprimer… Je sais de quoi je parle, je suis un musicien qui a étudié, j’en ai entendu de ces types dits “amateurs” qui ne savent même pas la moitié de ce que McPherson et moi nous savons… A propos de cette composition, je ne suis pas exigeant. J’essaie de leur faire comprendre ce qu’il faut faire et ils ne le font pas. Pour vous dire la vérité, les choses que je voudrais faire – pas toutes, mais quelques-unes – ressembleraient beaucoup à cela. Aussi en un sens, c’est comme si l’on m’avait fait un compliment, comme si l’on m’avait dit : « Nous vous avons entendu. » Quand j’écoute certains types aujourd’hui, je me souviens de l’époque où j’étais avec Teo Macero, Teddy Charles, Eric Dolphy… Même Buddy Collette jouait ce que l’on appelle aujourd’hui “musique libre”… Je n’aime pas faire mention de musiciens blancs, je sais que mes amis m’en voudront pour cela, mais il faut que je parle de Teo Macero. Au saxophone, il pouvait tout jouer. Les accords, les harmoniques, plusieurs notes en même temps… Et il pouvait le faire chaque fois, le lire et l’écrire… Il pouvait transcrire ce qu’il jouait.

Ce n’était jamais par hasard. Il savait ce qu’il disait. Maintenant, vous pourriez me dire que ça n’a rien à voir avec le soul, mais je suis certain que les Egyptiens ou les Indiens, qui font une musique méditative, procèdent ainsi, mais à leur façon. Leur démarche spirituelle, créative, a le même but. Quand ils arrivent à faire ce qu’ils veulent, ils en ont conscience… Mais je ne veux pas mentir. Je ne dis pas que j’ai envie d’entendre toutes leurs musiques, même si j’aime beaucoup cela. Ne le dites à personne… J’aime ça parce que pour moi, maintenant, c’est quelque chose de sacré. J’aimerais trouver des gars qui pourraient m’aider à réaliser ce que je veux dans cette direction. Je suis un de ceux qui ont commencé à jouer comme ça… Ou alors nous jouons comme Jelly Roll Morton.

Cela me rappelle un truc drôle. Un jour, j’avais fait un travail sur le blues. Je suis rentré chez moi et j’ai improvisé pour des copains. Ils m’ont dit : « On croirait du Monk.» Ils ont été assez surpris quand je leur ai dit que j’avais emprunté ça à Jelly Roll Morton les dernières mesures d’un de ses thèmes. Monk avait peut-être écouté Jelly Roll. Comme je n’étais pas à New York, je ne le connais pas assez bien… Les jeunes qui ne connaissent pas l’Histoire ne veulent pas admettre ce genre de choses. Pourtant, quand je regarde où ils en sont… Voilà du Jelly Roll Morton, et quand on le joue ça ressemble à du Monk ! C’était pourtant Jelly Roll, en 1923 je crois… C’est votre faute si je parle autant… Ce qui est important c’est d’isoler les souffleurs dans un orchestre – un tout seul, puis deux ensemble puis trois, puis aucun, juste le silence. Voilà ce que je n’arrive pas à apprendre à mes gars, voilà ce que ça devrait être… La musique comporte des moments d’accalmie. De même, vous pourriez faire une interview où ce serait moi qui vous écouterais…

Mais si je veux cette fille, ou cette femme, je ne vais pas faire de baratin. Il vaut mieux l’écouter pour savoir ce qu’elle veut, ou alors je ne l’aurai pas. Mais la musique ne se fait pas ainsi, ou ce n’est pas de la musique… C’est une chance que nous ayons joué le blues ce soir. Sinon nous n’aurions eu aucun succès.

[Écoutant les applaudissements qui saluent le Michel Portal Unit.] Vous savez ce qu’aurait fait Charlie Parker s’il avait été là ? Il serait allé sur scène, aurait souri et demandé aux gens d’applaudir encore plus fort. Oui il était comme ça… Mais ces gosses, ceux qu’on appelle “la nouvelle génération” et qui pensent être de ma tribu, avec eux il n’y a pas d’autre voie : « C’est mauvais, ce n’est pas bon. » Comment le savent-ils ? Surtout s’ils ne connaissent même pas la gamme diatonique et sont incapables de dire ce que fait ce type. J’ai le sentiment qu’il y a là beaucoup plus que ce qui est écrit. Ce n’est pas seulement du free calculé. C’est bien organisé. Il s’agit-là de bons musiciens, de bons compositeurs. Je ne les connais pas, mais je sais que ce sont des compositeurs. Je n’en suis pas certain, mais je le sens. Même pendant que je vous parlais j’écoutais, parce que je suis deux personnes à la fois. Au moins deux. Un jour les gens écouteront ça. Mais il ne faut pas que tout le monde soit comme ça. C’est ce qui n’allait pas chez Stravinsky, mais il s’est repris ensuite. Quand il a été plus âgé, il est revenu en arrière et a fait des choses différentes. Alors que quand il avait 20 ans, tout était contestation, tout était presque atonal… La jeunesse est toujours ainsi. Ils trouvent un petit truc et disent « Me voici, regardez-moi » Pensez plutôt à Duke Ellington, même à propos d’atonalité ou d’avant-garde. Il serait capable de faire du très bon boulot. Il était déjà drôlement difficile à comprendre pour son époque ! Je suis certain que Duke, s’il était ici, pourrait transcrire tout ça. Il dirait : « Oh, c’est très bien ! » Puis il rentrerait chez lui et ferait encore mieux. Même chose pour Teo Macero. Je sais qu’il pourrait le faire… Stravinsky, Duke …

Avez-vous rencontré Stravinsky ?

Non, pas au sens où les gens l’entendent… Peut-être avez-vous entendu parler d’un gars nommé Boyd Raeburn… En Californie, il y avait un arrangeur qui s’appelait Jimmy…Ou John… John Handy. En tout cas il s’appelait Handy. Vous connaissez le disque “Boyd Meets Strawinsky” ? Eh bien, Stravinsky avait écrit une composition. Je ne sais pas s’ils l’ont jamais enregistrée, mais quand il l’a apportée j’assistais à la répétition… Boyd m’avait demandé d’écrire quelque chose pour son orchestre. A cette époque, quand j’écrivais pour un orchestre comme celui de Boyd, j’écrivais déjà ce que je sentais, ce que je savais de la vie… En ce qui concerne le jazz, ma musique venait directement de l’église… Et les gars n’arrivaient pas à la jouer. C’était très difficile. En fait, j’étais moi-même incapable de la jouer ! Imaginez deux mesures ensemble. Ce n’est pas qu’il y avait beaucoup de notes, c’est plutôt qu’ils n’arrivaient pas à entendre les intervalles. Donc ça ne collait pas, et je le savais. Je suis allé trouver un musicien. Il m’a dit : « Quelles notes as-tu en mi ? » J’ai dit: « Nous sommes en mi dièse, j’ai un ré et un sol. » Il a voulu m’expliquer : « Minute, mon vieux. Si tu veux que ça colle, enlève le ré. » Voilà comment ça n’a jamais marché avec Boyd Raeburn. Quant à Handy… C’était George Handy… Qu’est-il devenu ?  Il était pourtant la vedette de “l’avant-garde”.

Il avait écrit un arrangement de Body And Soul où il y avait une fille qui chantait… j’ai oublié son nom… [“Boyd Meets Stravinsky” (Savoy Mg-12040) enregistré à New York (1945-47) par divers grands orchestres dirigés par le saxophoniste Boyd Raeburn. La chanteuse était la femme de Raeburn, Ginnie Powell, NDR] Tout le monde avait l’impression que c’était faux, que ce n’était pas ça… C’est vrai, c’était faux, mais seulement parce qu’elle n’était pas à la répétition. Finalement, quand elle est venue et qu’elle a chanté la mélodie, les gars ont tous dit : « Eh, attends un peu… C’est vraiment Body And Soul. » C’était très beau.

Vous disiez récemment que vous aimeriez utiliser des contrebasses à la place d’une section d’anches…

Non, pas exactement. Je ne veux pas utiliser de basses “à la place” d’une section d’anches, mais à côté, en plus… Je pense que ça sonnerait bien, j’ai ce son en tête. Je connais déjà l’utilisation de la basse entre les sections. Il faudrait au moins deux basses. Une qui serait jouée avec l’archet… J’ai enseigné à des musiciens d’orchestre symphonique qui venaient de différentes régions, et j’écrivais pour eux. Il fallait noter le plus précisément possible ce qui constitue l’aspect dynamique de la musique, et aussi tous les embellissements… Avant d’écrire, je le jouais. Eh bien, pour vous dire la vérité, ils m’écrasaient. Je le savais, et eux aussi. Il y en avait un, j’ai oublié son nom et d’où il venait, je vous le dirai la prochaine fois que je vous verrai – qui me demandait toujours de lui jouer ces trucs. Je lui envoyais des bandes et il me les renvoyait… Cela m’a permis de me rendre compte d’une chose les gens ne savent pas : que le violon et les autres instruments à cordes peuvent swinguer autant et de la même facon que Charlie Parker. Il suffit que ce soit écrit comme il faut… Évidemment, quand on joue sans tenir compte des règles techniques, quand on déborde les lignes et le rythme, c’est une autre affaire. Il est très difficile d’écrire la liberté sur un rythme précis ce que l’on appelle le “swing”. Si je voulais appliquer cela, le violon serait par exemple en 12/8 sur du 4/4. Mais en plus il y aurait toutes les notes d’ornement. S’il n’y a pas cela, s’il n’y a pas le rythme, le violon sonne de façon ridicule. Surtout s’ils essaient de jouer du jazz. Ils n’en ont pas l’habitude… Tiens, où est l’étoile polaire ? On ne la voit pas cette nuit…

Avez-vous entendu le disque de Charlie Haden “Liberation Music Orchestra” ?

C’est un bassiste ?Je le connaissais bien. Il n’est pas mort ?

Non. Il a fait un disque que l’on a comparé à votre album “The Black Saint and the Sinner Lady”…

Ah, ce n’est pas le même. C’est drôle, je pensais à un autre Haden, qui est contrebassiste… un type de couleur… En tout cas, je n’ai pas entendu ce disque. Je n’ai ni tourne-disque, ni télévision. On m’a tout volé, et pas qu’une fois… Finalement, j’ai réussi à avoir à nouveau un piano. Mais peut-être qu’il ne sera plus là à mon retour… Quoi qu’il en soit, si le disque dont vous parlez rappelle le mien, c’est sans doute que ce type m’aime bien. Il faudrait savoir ce qu’il en pense… Je crois que c’est un compliment. On essaie toujours de prendre ce qu’on aime. Quand j’étais gosse, avant même d’être contrebassiste et de pouvoir participer aux jam sessions, je me souviens que tous les bassistes devaient jouer comme Jimmy Blanton. Avant lui, c’était Slam Stewart, et avant Slam, Walter Page. Si vous jouiez One O’Clock Jump, vous deviez apprendre son solo par cœur. Pas seulement les notes, mais aussi le feeling, le rythme… C’est en suivant de tels exemples que l’on apprenait à swinguer. Comme les musiciens classiques qui doivent étudier Bach et analyser ses œuvres… On vous demandait de jouer le solo de Slam Stewart, ensuite on vous vidait de la scène et on passait au suivant.

Joe Comfort [Joseph G. Comfort, dit “Joe”. Bassiste, il jouait aussi de la trompette, du trombone et du bugle baryton. Il est né à Los Angeles en 1919. A travaillé avec Lionel Hampton, Nat King Cole, Perez Prado, Harry James, Billy May et Nelson Riddle, NDR] connaissait ce solo par cœur. De plus, il avait une justesse parfaite. Il jouait avec Nat Cole… Il était bien meilleur que moi. Finalement j’ai réussi à le dépasser. Vous pouvez le lui demander… Ça m’a pris du temps, car Joe était un musicien-né. Quelle oreille !

Moi, il m’a fallu travailler. Je n’étais pas né avec la même oreille… La mienne était accordée sur autre chose… En fait, quand je joue, je sais ce que j’entends, mais si je n’ai pas mon instrument avec moi je n’ai pas envie de savoir de quelle note il s’agit. Pendant un temps, j’ai eu dans l’oreille un certain timbre. Pour ne pas devenir fou, j’ai cherché à retrouver, à identifier ce son au piano. C’était un ré. Ensuite j’étais très heureux quand ce son apparaissait, car ainsi je pouvais identifier n’importe quelle autre note. Je me disais « Bon, par rapport à ce ré c’est un la, ou un si bémol. » Plus tard, j’ai été très malheureux le jour où j’ai entendu un autre son, une sorte de grincement sans hauteur précise. J’ai essayé de le retrouver avec mon pianiste qui avait une oreille parfaite. Ça l’a angoissé encore plus que moi…

Mais comment en sommes-nous venus à parler de ça ? Ah oui, à propos de ce type qui aime ma musique… C’est comme Duke Ellington, il ne s’est jamais fâché et n’a jamais dit que je l’imitais. Il faut dire qu’avant de rencontrer Duke je ne savais pas que je jouais sa musique. Quand je m’installe au piano, je ne joue que moi-même. Quand je dis que je ne sais pas si j’ai écouté en disque Sophisticated Lady, les gens trouvent ça drôle. Bien sûr, maintenant, je suis conscient de ce que je fais. Ce qui s’est passé, c’est qu’en passant devant un juke-box j’ai entendu ça et j’ai aimé… Tout le monde est comme ça, tout le monde a un musicien favori… On m’a fait écouter Count Basie, mais je ne l’ai jamais aimé autant que Duke. J’ai entendu Lunceford, mais je ne l’ai jamais aimé autant que Duke, malgré les typesquime disaient « Lunceford est meilleur que Duke.» C’était vrai de leur point de vue. C’était toute leur vie, et il n’est pas question de la détruire… De même, j’aime Stravinsky, mais d’abord il y a Debussy. Puis quelqu’un m’a dit « Laisse tomber, écoute plutôt Ravel. Ça, c’est quelqu’un. » J’ai dit « Bon, d’accord. » Mais en moi-même j’ai dit « non ». Pour moi, c’était toujours Debussy, et puis aussi Richard Strauss pour deux ou trois choses qui m’ont accroché. Il y a aussi la musique de ce film italien, une histoire de cirque, avec un acteur mexicain-américain qui joue le rôle d’un Italien… Il a une femme qu’il fait travailler comme clown…

La Strada ?

Oui, c’est ça, Fellini. Eh bien, celui qui a composé ce truc pour trompette est vraiment un musicien. Tout le monde ne sera peut-être pas de mon avis, mais ce type, sans copier qui que ce soit et avec des possibilités très restreintes au niveau de l’orchestre a trouvé quelque chose de très pur, de très ingénieux. Peut-être a-t-il composé des millions de choses, mais ce thème suffirait à prouver son génie [Il s’agit de Nino Rota, NDR]. Sans doute n’est-il pas aussi célèbre que Beethoven, Bach ou Brahms, mais j’aime ça. Sans parler de Charlie Parker… Mais je vous ai déjà dit quels musiciens j’aime, je l’ai même écrit… Quant à vous parler de ceux que je n’aime pas et pour quelles raisons, ça pourrait faire l’objet d’une autre interview… Je vous l’ai dit, j’aime beaucoup Beethoven, mais pas tout. Je n’ai jamais aimé sa façon d’écrire pour l’orchestre, c’est trop rigide. Je préfère ses quatuors à cordes, surtout les numéros 7, 8, 9 et 12.

N’avez-vous jamais eu envie de faire un opéra ?

C’est mon rêve. Je voudrais faire un opéra-ballet. J’espérais pouvoir le faire avant la mort de Baby Lawrence. Je prévoyais ce ballet comme un portrait de la société où j’ai vécu. Ce n’était pas seulement pour montrer un spectacle de danse. Baby Lawrence allait au-delà. Il faisait partie de ces types qui jouent la mélodie avec leurs pieds. Beaucoup de gens l’ignorent, mais souvent les musiciens ont piqué des figures rythmiques aux danseurs à claquettes. Il m’est arrivé d’entendre des airs joués par des danseurs, des airs que je connaissais en version orchestrale, très syncopés… A l’époque où je travaillais avec Baby Lawrence, je me souviens qu’un jour le batteur était en retard. C’était Dannie Richmond. Baby a dit : « Allez-y, je jouerai la partie de batterie. » Et il a remplacé la batterie avec ses pieds. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était mieux que la batterie, mais en tout cas il nous a fait swinguer. Il a même pris un solo. Quand j’ai raconté cette histoire, on ne m’a pas cru. C’est assez proche de ce que je fais quand je frappe sur le bois de ma contrebasse. Je joue la mélodie, ou plutôt la trame rythmique de la mélodie, sans rien faire avec la bouche. Mais les gars reconnaissent rarement. C’est trop loin pour eux, ils ne savent pas qu’à l’origine il n’y a pas que la mélodie. Il y a aussi le battement… Tant qu’un musicien ne sait pas ça, il n’est pas prêt. Quand je demandais à Baby Lawrence « Que jouons-nous », il ne me disait jamais le titre. Par exemple Now’s The Time ou Salt Peanuts… Il indiquait le titre en dansant la mélodie. Quand il dansait dans un nouvel endroit, les gens croyaient qu’il était fou. Il frappait sur les tables, le mur, le plancher… En fait, il s’exerçait comme un type qui essaie le clavier d’un piano qu’il ne connaît pas.

Il appelait cela “répéter”… C’est toute une partie de ma vie, ça. Je crois que j’ai assez parlé.

Transcription : Charlotte Coleman.

Le contrebassiste publiait il y a peu un superbe album inspiré par Marcel Proust. Il le présentera le jeudi 23 novembre à Paris, au Bal Blomet.

Fidèle à son tempérament d’explorateur et à son goût pour les projets originaux, le contrebassiste a imaginé un album hors du commun à partir de l’œuvre de cette figure majeure de la littérature française et entouré d’un quartette cinq étoiles, celui-là même qui l’accompagnera sur scène : David El-Malek (saxophone ténor), Quentin Ghomari (trompette) et Franck Agulhon (batterie).

“Le Temps suspendu” (Trebim Music / L’Autre Distribution) est Choc Jazz Magazine (lire la chronique d’Yvan Amar dans notre n°763) et si l’émotion était grande sur disque, il faut voir sur scène ce groupe lié par une complicité de longue date interpréter ces compositions du contrebassiste.

Rendez-vous est donc pris au Bal Blomet le 23 novembre à 20h : nous y serons et espérons vous y voir nombreuses et nombreux ! Réservez en cliquant ici !

Photo © X DR / Diegoimbert.com

Le 19 novembre, le collectif qui rassemble les plus grands instrumentistes de jazz actuel et embrasse toutes les sensibilités des musiques afro-américaines et caribéennes passe par la célèbre salle parisienne pour un concert majeur.

Un orchestre superlatif pour une initative historique : Black Lives, qui se fait une mission de représenter en musique, dans toute sa richesse et sa diversité l’expérience noire à travers le monde, est l’une des grandes formations les plus fascinantes a avoir émergé ces dernières années. Créé à l’initiative de Stefany Calembert de Jammin’ Colors, ce supergroup est attendu à Paris pour une étape incontournable de leur tournée en cette fin d’année.

Avec : Reggie Washington, basse, Jacques Schwarz-Bart, saxophone, Pierrick Pédron, saxophone, Grégory Privat, piano, Federico Gonzalez Peña, clavier, Jean-Paul Bourelly, guitare & chant, Adam Falcon, guitare & chant, David Gilmore, guitare, Gene Lake, batterie, Marque Gilmore, batterie & électroniques, Sonny Troupé, batterie, Tutu Puoane, chant, Christie Dashiell, chant, Sharrif Simmons, spoken word, DJ Grazzhoppa, platines.

Avant ce concert à ne surtout pas manquer, le quartette du guitariste Hervé Samb (Olivier Temime, saxophone, Reggie Washington, basses, Sonny Troupé, batterie et ka) assurera la première partie.

La star de la basse électrique passe par la célèbre salle parisienne le 15 novembre.

Que vous l’ayez déjà vu à la grande époque de ses aventures avec Miles Davis, Eric Clapton, George Benson, Aretha Franklin, Brian Ferry, Wayne Shorter, Al Jarreau, Herbie Hancock, ou au cours de l’une des nombreuses tournées qui l’ont mené en France ces dernières années, un concert de Marcus Miller est toujours un rendez-vous majeur dans l’actualité des concerts.

Le héros de la basse est annoncé pour cette tournée française avec un nouveau groupe. Au programme : des morceaux de son plus célèbre employeur, Miles Davis, mais aussi des morceaux inédits.

Rendez-vous est donc pris à 20h le 15 novembre au Grand Rex à Paris pour profiter encore de l’art de de la manière de ce leader hors-norme, maître du slap doublé d’un compositeur de renom.

Photo © Bengt Nyman / Wikimedia

Notre grand entretien avec Marcus Miller lors de la sortie de son dernier album en date, c’est ici !

Le label qui fait référence dans la découverte de talents va souffler ses vingt bougies avec trois soirées exceptionnelles à Paris (Sunset) et un superbe album inédit de Geri Allen & Kurt Rosenwinkel. Jazz Magazine est partenaire de cet événement.

C’est presque certain : il y a parmi celles et ceux qui vous ont le plus marqué ces dernières années un ou plusieurs artistes qui ont commencé le label fondé par Jana Herzen. Motéma a donné sa chance au chanteur Gregory Porter, qui est peut-être aujourd’hui la plus grande star internationale du jazz, mais aussi à la saxophoniste Lakecia Benjamin ou au pianiste Joey Alexander. L’aventure continue !

Motéma en live à Paris

Trois dates à ne pas rater en novembre : d’abord le concert d’un trio unique, Flamenkora (avec Volker Goetze, trompette, Ali Boulo Santo Cissoko, chant et kora, et le guitariste flamenco Alejandro Moreno) et le tout premier concert à Paris d’une pianiste de 25 ans en laquelle le label place beaucoup d’espoirs, Shuteen Erdenebaatar, originaire d’un pays dont le monde du jazz entend encore peut parler : la Mongolie. Elle vient de publier son premier disque sous son nom, en quartette (Anton Mangold, sax et flûte, Nils Kugelmann, contrebasse, Valentin Renner, batterie), qui s’intitule « Rising Sun ». Rendez-vous les 2 et 3 novembre à 20h au Sunset !

Code promos exclusifs : des places à 16€ au lieu de 25€ : 9FS0211 (soirée du 2 novembre) 9FS0311 (soirée du 3 novembre)

Evénement dans l’événement, le concert d’un duo d’exception formé par Kurt Rosenwinkel et le pianiste Gerald Clayton pour un hommage qui s’annonce grandiose à Geri Allen le 4 novembre, 19h30 et 21h30. Une date clé de la programmation du Sunset et un concert qui s’annonce déjà culte.

En bonus, la fondatrice du label Jana Herzen se produira elle aussi pour un set spécial anniversaire en deuxième partie de chaque soirée !

Geri Allen & Kurt Rosenwinkel, l’album inédit qu’il faut avoir

Le dernier événement de cette célébration anniversaire sera phonographique. Capté à la Philharmonie de Paris en 2012, ce duo piano-guitare est un modèle du genre qui propose d’entendre, dans une intimité partagée avec le public, deux maîtres de leurs instruments, la regrettée pianiste Geri Allen et l’un des guitaristes incontournables de sa génération, Kurt Rosenwinkel. « A Lovesome Thing » sort le 24 novembre, et c’est l’un des plus beaux disques de l’année.

Tous les événements live sur notre agenda

La pochette de l’album de ce duo immortalisé dans un grand soir.
Whitesnake - The Purple Album

Joie : “The Purple Album”, le meilleur album de Whitesnake depuis “Slip Of The Tongue” est réédité en “Special Gold Edition”, double CD + blu-ray ou double LP, au choix. « You know we had no time / We could not even try / You know we had no tiiiiime » : ça vous dit quelque chose n’est-ce pas ?

Si on nous avait dit en 1984, l’année de “Perfect Strangers” de Deep Purple et de “Slide It In” de Whitesnake, que trente-et-un plus tard le groupe de David Coverdale enregistrerait un album de reprises du groupe de Ritchie Blackmore & Co, on aurait levé les yeux au ciel et répondu quelque chose comme : « Improbable, impensable, impossible. » Il est vrai que l’idée est presque sacrilège : certes, tout le monde peut reprendre du Deep Purple, mais que Whitesnake le fasse a quelque chose d’un brin incestueux. Après tout, David Coverdale est un enfant de Deep Purple, et son combo l’est tout autant.
Et pourtant…
“The Purple Album”, né en 2015 d’une réunion tuée dans l’œuf entre David Coverdale et Ritchie Blackmore afin de rendre hommage à l’organiste de Deep Purple Jon Lord, était tout simplement le meilleur album de Whitesnake depuis “Slip Of The Tongue”. Pourquoi ? Parce que même si tous les disques qu’ils ont publiés ensuite sont dignes d’intérêt, aucun ne contient de classiques instantanés comparables à ceux de leur songbook des années 1978-1989. Quant aux chansons du Deep Purple Mark III, époque “Burn” et “Stormbringer”, et Mark IV (“Come Taste The Band”, sans Blackmore, remplacé par Tommy Bolin), elles sont encore plus profondément ancrées dans la mémoire des fans. Des deux groupes.
À ses débuts, pour étoffer sa set list, Whitesnake reprenait deux chansons de “Burn”, Mistreaded et Might Just Take Your Life. Par la suite, le groupe du natif de Saltburn-By-The-Sea avait su se bâtir un répertoire suffisamment fort pour remiser au rayon souvenir les classiques vintage de Deep Purple, aussi exceptionnels soient-ils.

WHITESNAKE CD

Seulement voilà : le temps qui passe – en 2015, David Coverdale avait déjà 64 ans – donne parfois envie d’appuyer sur la touche rewind histoire de retrouver des émotions d’antan. Alors, quand la perspective de chanter à nouveau aux côtés de Ritchie Blackmore a fini par s’éloigner après quelques emails échangés entre managements, le flamboyant chanteur s’est approprié cette idée et a décidé de réenregistrer quinze chansons puisées dans les trois classic albums de Deep Purple cités plus haut.
Et ce qui ressemblait de prime abord à une idée incongrue s’est révélée être une excellente initiative. Car avec ses guitaristes Reb Beach et Joe Hoekstra, son bassiste Michael Delvin et son inamovible batteur Tommy Aldridge, Coverdale a réinjecté dans ces classiques old school l’“énergie du bel espoir” : celui de se dire que le hard-rock bluesy est le plus efficace des élixirs de jouvence, et que rechanter BurnLady Double DealerLove ChildHoly Man ou You Fool No One avec de nouveaux arrangements rétro-modernes valait sans doute le coup. Well done, lads : tout cela était magnifique en 2015, et l’est encore en 2023. Comme dirait Coverdale, ça valait le coup de les « snake ’em up » ces grandes chansons de Deep Purple.

WHITESNAKE-DOUBLE LP

Surtout que cette “Special Gold Edition” Revisited (l’ordre des chansons a été changé), Remixed et Remastered réserve de chouettes surprises, sous la forme de nombreux bonus : remixes (Stormbringer Punch In The Nuts Mix, tout un programme), versions live ou alternatives, telle le touchant remake de Soldier Of Fortune Featuring The Hook City String
Autres pépites : la cassette retrouvée chez feue la maman de David C. avec les cinq morceaux que les lads de Purple avaient reçu en 1973 – après l’avoir écoutée, Ian Paice avait appelé son pote Ritchie pour lui dire qu’ils avaient peut-être trouvé le chanteur susceptible de remplacer Ian Gillan. D’autant plus qu’à cette cassette désormais légendaire avait été ajoutée une photo de David C. en… boy scout ! Avec la mention suivante : « Comme vous pouvez le voir, je suis toujours prêt. » Good Lord ! Quelques mois plus tard, Coverdale faisait cependant ses débuts fracassants dans l’album “Burn”, and the rest is history
Quant au blu-ray, il déborde évidemment de vidéos et d’un documentaire Behind The Scenes. Spécial bonus : David Coverdale parle de chaque chanson et livre quelques savoureuses anecdotes.
Enfin, saluons l’élégance de David Coverdale, qui dédicace You Fool No One ainsi : « In loving memory of Jeff Beck. »

CD/BLU-RAY/LP Whitesnake : “The Purple Album” (Rhino / Warner).
Photos : X/DR (Rhino).

Pour la première fois, les quatre albums de Van Halen publiés entre 1986 et 1995 avec Sammy Hagar au micro sont remasterisés et réédités en coffret LP ou CD, avec un disque supplémentaire de huit titres.
Par Fred Goaty

Vous auriez vu nos têtes le jour où l’on apprit que David Lee Roth avait claqué la porte de Van Halen ! Cela dit, vu le succès phénoménal de son EP “Crazy From The Heat” en 1985, on la sentait venir cette séparation. La craignait-on ? Oui et non, car on savait le garçon capable de voguer solo, surtout s’il trouvait le guitar hero capable non pas de faire oublier Edward Van Halen – ça, c’était impossible – mais d’entrer en osmose avec lui. Ce fut le cas avec Steve Vai, qui avait déjà fait des miracles au sein d’Alcatrazz, aux côtés du chanteur Graham Bonnet.
Ainsi, le classique instantané “Eat ’Em And Smile” sortit en juillet 1986, sous nos applaudissements.
Mais c’était sans compter sans les ex-camarades du sémillant David qui, eux aussi, n’avaient pas tardé à s’inventer un avenir avec Sammy Hagar en publiant “5150” trois mois plus tôt, en mars de la même année. Pour la petite histoire, le producteur Ted Templeman, avait songé à embaucher Hagar peu de temps après avoir découvert Van Halen en 1977, guère convaincu par les capacités vocales de leur frontman. Mais le natif de Monterey attendra finalement huit ans – ce qui paraît bien peu aujourd’hui – avant de devenir officiellement le second chanteur de Van Halen, vite rebaptisé Van Hagar par ceux qui ne faisaient pas à l’idée de continuer à aimer leur groupe chéri avec un autre chanteur que Diamond Dave.

Michael Anthony (basse), Sammy Hagar (chant), Edward Halen (guitare) et Alex Van Halen (batterie), alias Van Halen, photographiés par Ieka Aoshima (Warner Music Group).

Tant que Steve Vai resta aux côtés de David Lee Roth, tout se passa très bien pour l’inénarrable showman au look bariolé ; mais dès que le guitariste plia bagage pour se consacrer à sa carrière solo – non sans accepter d’abord une petite pige sympa pour un disque et une tournée mondiale avec Whitesnake –, la machine se grippa, et D.L.R. ne retrouva jamais la formule magique, tandis que ses ex-compères alignaient les disques de platine : de “5150” à “Balance”, en 1995, en passant par “OU812” en 1988 et “For Unlawful Carnal Knowledge” en 1991, ce sont plus de seize millions d’albums qu’ils écoulèrent, sans compter des tournées toutes aussi sold out et lucratives les unes que les autres.
C’est donc cette période non moins faste que la première qui a les honneurs du coffret – cinq LP et/ou cinq CD pour la première fois remasterisés – “The Collection II Van Halen 1986-1996 Studio Albums & Rarities” (Warner Records). Pour info, nous avons pu approcher, manipuler et écouter le coffret LP : l’objet est magnifique, les pressages de grande qualité, l’impression des pochettes itou. Ce qui n’enlève rien au coffret CD. Chacun son support, pas de jaloux ! [On vient de nous confirmer en revanche que “The Collection II Van Halen 1986-1996 Studio Albums & Rarities” ne sortira pas en cassette, NDR.]

On le sait, les pro-Roth et les pro-Hagar se crêpent le chignon depuis trente-sept ans et mourront certainement avec leurs convictions. Alors essayons d’être un peu plus mesurés qu’eux. Le Van Halen featuring David Lee Roth est incontestablement le plus historique et culte. Les chansons, les instrumentaux, les reprises les plus populaires (EruptionYou Really Got MeDance The Night AwaySpanish FlyUnchainedPretty WomanJumpHot For Teacher…) et les solos de guitare d’Edward Van Halen entrés dans la mémoire collective ont tous été gravés entre 1978 et 1984. Et il faut bien avouer que Van Halen sans David Lee Roth n’était plus tout à fait le vrai Van Halen, mais un autre Van Halen ; et c’est d’ailleurs ce qui pouvait arriver de mieux à Edward, son frère Alex et Michael Anthony : prendre une nouvelle direction avec un chanteur très différent du précédent.
Si le Van Halen featuring Sammy Hagar n’a jamais rallié tous les suffrages – du moins en Europe – et suscite beaucoup moins de nostalgie que sa première incarnation, c’est sans doute parce que Sammy Hagar était déjà très connu aux États-Unis, grâce au maousse premier album de Montrose paru en 1973 (et produit, tiens, tiens, par Ted Templeman), sa carrière solo, qui avait atteint des sommets en 1983 grâce à la chanson-manifeste I Can’t Drive 55, sans oublier l’éphémère super group HSAS avec Neal Schon à la guitare, Kenny Aronoff à la batterie et Michael Shrieve à la batterie. Ainsi, son arrivée dans Van Halen ressemblait pour beaucoup à un “coup” presque marketing ; nombre de fans se dirent : « Ça ne durera pas. » Résultat : neuf ans d’histoire commune et, donc, un tombereau de disques de platine à la clé.

Musicalement parlant, le Van Halen des années 1986-1995 perdit en fantaisie et en originalité ce qu’il gagna en redoutable efficacité. Sans rien renier de leur ADN hard-rock, Sammy, Edwar, Michael et Alex entrèrent dans une sorte de mainstream, et furent l’un des rares groupes des années 1970-1980 à ne pas souffrir de la déferlante grunge des années 1990.
Sammy Hagar n’est sans doute pas le chanteur le plus sensuel qui soit, et côté lyrics, on est loin de Bob Dylan, même si une certaine forme de poésie virile affleure parfois au détour de certaines paroles – si on plaisante ? Allez savoir… En revanche, sa puissance, sa technique, son énergie contagieuse et sa folie savamment canalisée allaient comme un gant aux hard-rock toujours plus heavy prodigué par ses collègues de travail. Quant au magicien de la six-cordes, si ses riffs n’avaient peut-être plus tout à fait l’implacable évidence de ceux distillés entre 1978 et 1984, il resta tout de même au top, et réécouter aujourd’hui avec le tout le recul nécessaire – doublé, hélas, d’un triste sentiment de manque – la manière dont son imagination était encore au pouvoir impose le respect.

Aux quatre classic albums cités plus haut a été ajouté “Studio Rarities 1989-2004”. Hmm, rarities, vraiment ? A Apolitical Blues de Lowell George (une reprise plutôt fidèle de Little Feat extraite de leur album de 1972, “Sailin” Shoes”, produit par, toujours lui, Ted Templeman) et l’instrumental Baluchitherium figuraient respectivement dans les versions CD de “OU812” et “Balance” (mais certes pas sur les versions LP…), Crossing Over dans le CD single de Can’t Stop Loving YouHumans Being et l’instrumental Respect The Wind dans le CD de la BO de Twister de Jan de Bont et, enfinIt’a About TimeUp For Breakfast et Learning To See dans la compilation “The Best Of Both Worlds” parue en 2004. Pas de vrais raretés et encore moins d’inédits donc, mais un simple regroupement de chansons et d’instrumentaux épars. Je sens que quelques hardcore fanatics vont ronchonner.
Espérons pour eux – et pour nous – que dans les prochaines années des versions “Super Deluxe” ou, qui sait, un mirifique coffret étancheront toutes les soifs d’unreleased tracksouttakes et autres demos – sans oublier les non moins indispensables livrets truffés de liner notes, memorabillia et photos rares (on l’aura compris : il n’y a pas de livret non plus dans notre coffret du jour).
Reste que la (re)découverte de ces albums de Van Hag…, pardon, Van Halen, remasterisés avec un soin qu’on imagine maniaque par Bernie Grundman nous renvoie à une époque joyeusement décomplexée qui semblera certes lointaines aux moins de 40 ans, et nous rappelle si besoin était que Van Halen, depuis que l’âme du groupe s’est envolée le 6 octobre 2020 – trois ans déjà… –, est désormais dans l’incapacité absolue de se reformer, et ça, c’est bien triste. Pourvu, donc, que les ayants-droit du regretté guitariste – Wolgang, si tu nous lis… – entretiennent la mémoire et fassent intelligemment fructifier l’héritage en puisant dans les archives du home studio d’Edward, le fameux 5150, qu’on sait riches en trésors. En attendant, “The Collection II Van Halen 1986-1996 Studio Albums & Rarities” entretient la flamme.

COFFRET “The Collection II Van Halen 1986-1996 Studio Albums & Rarities” (LP ou CD, Warner Records, dans les bacs le 6 octobre).

Ce festival récemment créé qui met à l’honneur toute un pan de la scène créative du jazz d’Ile-de-France se déroulera du 13 au 15 octobre. Demandez le programme !

Vendredi 13 octobre, à partir de 20h

Linda Oláh Solo

La chanteuse suédoise est l’invitée spéciale de cette édition 2023 du festival. Elle s’est fait une spécialité de mêler l’électronique et la composition en temps réel à son répertoire.

Les Rugissants invitent Leïla Martial,

Avec Grégoire Letouvet (piano, compositions), ce tentette qui évolue entre jazz et classique a convié celle qui s’est imposée comme l’une des vocalistes les plus originales de sa génération.

Samedi 14 octobre

A.L.E, 18h

Cette création inédite du guitariste Paul Jarret avec les 14 musicien.ne.s du Acoustic Large Ensemble mêle jazz et musiques improvisées au sens large.

Sweet Dog on The Moon, 20h30

Autre création inédite, le trio Sweet Dog (Paul Jarret à la guitare, Julien Soro au saxophone ténor et Ariel Tessier à la batterie) avec la participation d’Emilie Lesbros (voix) et Catherine Delaunay (clarinettes).

Pégazz Loto Jazz, 22H15

After Party entre concert et jeu de hasard avec la participation du public avec en son centre l’improvisation libre : à vous de jouer !

Dimanche 15 octobre

Gonam City for Kids, 15h30

Concert puis goûter en compagnie de deux instrumentistes d’exception qui savent parler aux enfants : c’est Gonam !

Schwab Soro, 17H15

L’illustrateur Quentin Schwab illustrera la musique du duo formé par les très complices Raphaël Schwab (contrebasse) et Julien Soro (saxophone).

Prepare for Dowland, 18H

Pour cette création inédite, Delphine Deau (piano préparé) a resongé des compositions du luthiste anglais John Dowland.

Pour réserver vos places et prendre connaissance de toutes les infos pratiques, c’est ici !

Quelques jours avant son concert au Bal Blomet le 19 octobre prochain pour présenter son nouvel album “Vishuddha”, le saxophoniste et chanteur de flamenco enfin en passe d’être reconnu à sa juste valeur en France revient en exclusivité pour Jazz Magazine sur cinq de cinq albums de chevet.

Kenny Garrett

Pursuance: The Music Of John Coltrane

Warner Bros., 1996

J’adore cet album. Kenny est l’un des saxophonistes qui m’a le plus influencé et il joue ici de manière incroyable. Pat Metheny génère des atmosphères super spirituelles et très personnelles. Et Brian Blade est aussi l’un de mes batteurs préférés. Ces trois-là, accompagnés de Rodney Whitaker à la basse font de cet album une chef d’oeuvre.

John Coltrane

Ballads

Impulse, 1963

Il est difficile de choisir un disque de John Coltrane comme favori, car il est passé par plusieurs étapes, et dans chacune d’elles il nous a laissé des choses remarquables, mais sur cet album il y a quelque chose de spécial. On retrouve son quartette avec MacCoy Tyner, Roy Harrison et Elvin Jones, et l’album a un arôme, évoque une paix, un sentiment qui le rend vraiment agréable à écouter et invite en même temps à une réflexion profonde et à une rencontre avec soi-même.

Vous n’avez pas encore vos places pour le concert d’Antonio Lizana au Bal Blomet ? Réservez Ici !

Cannonball Adderley

Somethin’ Else

Blue Note, 1958

Un autre de mes saxophonistes préférés, avec la collaboration de Miles Davis, Hank Jones, Sam Jones et Art Blakey. Cannonball enchaîne des solos qui relèvent du pur génie, la section rythmique avance comme un train, et Miles Davis ajoute la cerise sur le gâteau… un summum d’excellence.

Jorge Pardo y Chano Domínguez

10 de Paco

Milestone, 1995

Dans cet album, Jorge Y Chano, accompagnés d’un merveilleux groupe de musiciens, revisitent dix chansons de Paco de Lucía et réalisent peut-être plus que dans tout autre disque, une rencontre parfaite entre le jazz et le flamenco. D’un côté nous avons les compositions de Paco, et de l’autre, les arrangements et improvisations de Jorge et Chano, qui élèvent cette musique à son apogée. Cet album est, depuis sa sortie en 1994, un de mes préférés du genre.

Camarón De la Isla

Viviré

Philipps, 1984

Camarón De la Isla est le chanteur de flamenco le plus influent de tous les temps. Je suis né dans la même ville que lui, à San Fernando, ce qui fait que sa carrière me semble très proche et qu’il m’a vraiment influencé. Sur cet album il chante à merveille, Paco de Lucía l’accompagne merveilleusement bien et ajoute quelques parties instrumentales qui sont aujourd’hui devenues des sortes d’hymnes dans le monde du flamenco. Un chef-d’œuvre de A à Z. Au micro : Yazid Kouloughli (Merci à Vincent Thomas). Photo : DR / Cristal Records.

En ce mois d’octobre, le bassiste électrique le plus célèbre du jazz donnera deux concerts de grande envergure dans nos contrées : le 20 au Mans, et le 21 à Tours.

Que vous l’ayez déjà vu à la grande époque de ses aventures avec Miles Davis ou au cours de l’une des nombreuses tournées qui l’ont mené en France ces dernières années, un concert de Marcus Miller est toujours un rendez-vous majeur dans l’actualité des concerts.

Rendez-vous est donc pris à 20h30 le 20 octobre au Palais des Congrès et de la Culture du Mans puis le 21 octobre à Tours (Le Vinci-Palais des Congrès) pour profiter encore de l’art de de la manière de ce leader hors-norme, maître du slap doublé d’un compositeur de renom.

Photo © Bengt Nyman / Wikimedia

Notre grand entretien avec Marcus Miller lors de la sortie de son dernier album en date, c’est ici !