Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compteInstagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.
“Dialogues”
Charlie Haden / Carlos Paredes
Polydor
1990
Tandis qu’il se produisait à l’Avanti Festival de Lisbonne, le contrebassiste Charlie Haden fut invité un soir à jouer dans un club local avec le légendaire guitariste portugais Carlos Paredes, apôtre du fado. Instantanément fasciné par sa complicité avec l’autre guitariste qui l’accompagnait – ils jouaient, dit-il, « comme un seul homme » –, son approche de la musique si originale lui rappela celle d’un autre musicien avec lequel il avait souvent joué : Ornette Coleman.
Douze ans plus tard, à l’initiative de Jean-Philippe Allard, qui signait là l’une de ses toutes premières productions pour Polydor / PolyGram Jazz, Charlie Haden retrouva Carlos Paredes au Studio Acousti d’Alain Cluzeau, rue de Seine à Paris, les 28 et 29 janvier 1990.
Neuf morceaux furent gravés, pour la plupart des compostions de Carlos Paredes, à l’exception du célèbre Song For Che de Charlie Haden (créé en 1969 avec le Liberation Music Orchestra, et qu’Haden jouera régulièrement par la suite, souvent en duo, avec Pat Metheny, Jim Hall, Gonzalo Rubalcaba…).
C’est peu dire que ce bien nommé “Dialogues” est l’un des plus beaux duos enregistrés par Charlie Haden, un disque magique, au-delà des styles qui, comme disait l’autre, est une manière d’aller simple « dans la région du cœur ».
Si d’aventure vous ne le connaissez pas encore, dites-vous bien que ce sera sans doute pour la vie. Merci Carlos, merci Charlie, merci Jean-Phi.
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“Heavy Weather”
Weather Report
Columbia
1977
L’avantage, avec les chefs-d’œuvre, c’est que vous avez beau les avoir déjà écouté dix, vingt, cent ou peut-être mille fois, qui sait, ils ne sonnent jamais de la même manière et vous révèlent toujours quelque chose qui, jusque-là, vous avait échappé. Prenons, ce matin, notre second Disquindispensable du week-end, “Heavy Weather”, le premier album de WeatherReport dans lequel Jaco Pastorius jouait sur (presque) tous les morceaux – Rumba Mama est une petite folie percussive jouée en duo par Manolo Badrena et Alex Acuña.
C’est à se demander, parfois, si ce disque magique et éternellement changeant n’est pas un “best of”, et quelles étaient les mystérieuses forces gravitationnelles qui avaient alignées ces trois hommes-planètes nommés Joe Zawinul, Wayne Shorter et, donc, Jaco Pastorius.
Souvenons-nous, une fois de plus – car on le sait depuis longtemps : ne s’en lassera jamais – que ces trois compositeurs de génie avaient ici touché à une sorte de perfection absolue dans le fond et la forme. Des mains de Zawinul étaient tombés Birdland, A Remark You Made et The Juggler ; de celle de son brother Wayne Harlequin et Palladium ; Pastorius, lui, était venu avec Teen Town et Havona.
Non mais vous vous rendez compte ?! “Heavy Weather”, c’est un système solaire au centre duquel brille l’astre de la création pure, à même de donner l’inspiration divine à ceux qui osent le regarder en face ne serait-ce que quelques nanosecondes. Comment ça j’exagère ? À peine. Réécoutez l’intro de Birdland et ces premières notes de synthé destinées, sans doute, à établir un lien avec des êtres venus d’ailleurs, comme dans Rencontre du troisième type ; réécoutez le chant de Shorter dans A Remark You Made et ne séchez pas vos larmes ; réécoutez Teen Town et pleurez encore (de joie) ; et ces accords stellaires dans Harlequin, on en parle ? et Jaco qui joue des steel drums dans Palladium, hein ? The Juggler ? Encore une intro magique… Havona ? Comme si on faisait le tour du monde en un jour. Météo d’un jour, météo pour toujours : beau fixe.
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“Sleeping Gypsy”
Michael Franks
Warner Bros. Records
1977
Le titre de notre premier Disquindispensable du week-end est inspiré par La Bohémienne Endormie, tableau d’Henri Rousseau peint quatre-vingts ans avant que la pochette ensoleillée de “Sleeping Gypsy” n’illumine les facings de nos disquaires favoris. Quelle merveille que ce disque, qui démarre par l’un des chefs-d’œuvre du songbook de Michael Franks, The Lady Wants To Know – Pépite du jour il y a deux ans –, suivi de sept chansons défilant comme dans un rêve éveillé.
Cela arrive assez souvent ici, mais rien que d’écrire les noms des musiciens que l’on croise dans ce disque nous file des frissons : Joe Sample, Wilton Felder, Larry Carlton, John Guerin, Ray Armando, Michael Brecker, David Sanborn, Joao Donato, Joao Palma et Helio Delmiro (B’Wana – H No Home et Down To Brazil ont été enregistrées à Rio De Janeiro), sans oublier les arrangements de Claus Ogerman et – que Philippe Poudensan se rassure ! – Tommy LiPuma, qui signait là l’une de ses productions les plus mémorables. Mention, aussi, à l’ingénieur du son Al Schmitt.
Une dream team au service d’un auteur-compositeur en état de grâce, chanteur au timbre diaphane et au phrasé alangui qui depuis des lustres ajoute sa douce part de rêve à la dure réalité du monde – nous avons besoin de poètes comme Michael Franks.
Oui oui, je n’oublie pas Chain Reaction de Joe Sample, que les Crusaders avaient enregistréedeux ans plus tôt en version instrumentale, et sur laquelle Michael Franks avait posé ses mots d’amour.
Don’t Be Blue ? Comme vous, j’adore. (Sanborn au top, Guerin en feu.) Antonio’s Song / The Rainbow, dédiée à Antonio Carlos Jobim ? Sublime bien sûr, rien que pour le solo de piano de Sample et les percussions d’Armando.
Et pour boucler la boucle, revenons à The Lady Wants To Know pour se délecter de la guitare féline de Carlton et du solo de saxophone ténor de Brecker…
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“Paris 1919”
John Cale
Reprise
1973
La seule fois où j’ai fait une conférence dans la ville (d’une partie) de mes ancêtres, Marseille, c’était dans l’une des salles de l’Espace Julien ; John Cale y jouait le soir même, et vers la fin de ma conférence, on pouvait l’entendre faire son soundcheck.
Bon, revenons à notre second Disquindispensable du week-end, “Paris 1919” du même John Cale, dont on ne vous fera évidemment pas l’injure de vous dire qu’il fut membre du Velvet Underground, ce groupe que j’ai mis longtemps à aimer, mais qui a fini par entrer dans mon Panthéon Décousu à l’aube des années 1990. (Yep, je les ai vus à l’Olympia en 1993.)
Quant à “Paris 1919”, il est entré dans ma compactothèque en 2006, année de sa réédition Rhino, enrichie de onze bonus tracks très intéressantes. Ce qui est très intéressant, aussi, dans ce disque mélodique, apaisé et doux que les spécialistes jugent un rien “beatlesque” (pas faux, surtout quand on écoute la chanson titre), c’est son personnel : outre Cale (voix, guitare, claviers), deux musiciens de Little Feat sont là, Lowell George à la guitare et Richie Hayward à la batterie, ainsi que le bassiste des Crusaders, Wilton Felder. Sans oublier l’UCLA Symphony Orhestra et la “patte” du grand producteur anglais Chris Thomas, connu pour son travail avec, tiens, tiens, les Beatles, Procol Harum (leur “Grand Hotel” fut enregistré quasiment en même temps que “Paris 1919”), Pink Floyd, Roxy Music, Badfinger, les Sex Pistols, les Pretenders et Elton John.
“Paris 1919” est un disque lumineux hanté par certaine noirceur. Je l’aime autant, et peut-être même encore plus que “Vintage Violence”, qui est aussi un grand cru.
#lapepitedujour #lesdisquindispensablesduweekend #johncale #lowellgeorge #wiltonfelder #richiehayward #christhomas
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“Total Eclipse”
Billy Cobham
Atlantic
1974
Après les flamboyants “Spectrum” (1973) et “Crosswinds” (1974), le grand Billy Cobham, qui soufflera très bientôt ses 80 bougies, restait dans les mêmes hauteurs créatives avec ce “Total Eclipse”, notre premier Disquindispensable du week-end, que j’ai eu envie d’extraire de ma compactothèque suite à l’avalanche de posts Instagram consacrés à l’éclipse totale du soleil – visiblement digne de celle observée dans Le Temple du Soleil de Tintin – à laquelle nos amis nord-américains ont eu la chance d’assister.
Enregistré à New York, produit par Ken Scott, connu pour son travail avec David Bowie, Elton John, The Mahavishnu Orchestra ou Supertramp, “Total Eclipse” est une réussite totale qui n’éclipse en rien – ok, je sors… – les deux albums précédents du maestro aux baguettes de feu, tant son contenu s’en distingue, via l’excellence des compositions et des arrangements, marqués du sceau de ce jazz-rock sérieusement funky dont c’était alors l’âge d’or.
Qui louer dans ce disque ? Hormis le patron, dont chaque groove, chaque break et chaque roulement nous fait lâcher un « Et la lumière fûts ! », saluons le claviériste Milcho Leviev, le bassiste Alex Blake, le tromboniste Glenn Ferris, et, last but not least, le merveilleux John Abercrombie à la guitare et les fantastiques frères Brecker (l’aîné Randy à la trompette, lecadet Michael au saxophone).
“Total Eclipse” est très homogène, mais pourtant chaque morceau est différent ; les suites à tiroirs toutes en reliefs sonores (Solarization, Sea Of Tranquility) contrastent avec les titres plus courts (Lunarputians, Bandits et sa géniale boîte à rythmes mâtinée de tympanis en intro), sans oublier le grand classique Moon Germs (avec Cornell Dupree à la six-cordes en invité spécial), le lumineux duo Randy Brecker-Milcho Leviev sur The Moon Ain’t Made Of Green Cheese et Last Frontier, où Bilham Cobly (le nom de sa boîte de prod’…) s’offre un long solo que Simon Phillips dû apprendre par cœur dans sa jeunesse.
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“Exodus”
NPG
NPG Records
1995
Bon, on se sentait un peu seul en 1995 et, souvent, les mêmes questions fusaient : « Dis Fred, il fait encore des disques Prince ? Il ne s’appelle plus Prince, c’est ça ? C’est comment son nom déjà ? »
En 1995, Prince n’était pas encore mort, loin de là, mais c’était tout comme, ou presque. “1958-1993” sur la tranche de “Come” puis, dans le livret de notre second Disquindispensable du week-end, un message aussi clair : « This album is dedicated to the memory of His Royal Badness ».
Déterminé à se réinventer de la tête aux pied (et au nez et à la barbe de sa maison de disques), Prince / O(+> avait cette fois choisi de n’être qu’un des membres de son groupe, The New Power Generation. Pseudo du jour : Tora, Tora.
Mais ces jeux de masque ne trompaient personne : tout, dans “Exodus”, sonnait comme du Prince, certes passé à la moulinette P-Funk.
Sa voix se mêlait subtilement à celle de son bassiste, Sonny Thompson (le méchamment funky Return Of The Bump Squad), parfois “cachée” dans les chœurs (mais si facile à reconnaître) ou bien très en avant, comme dans Big Fun ou Cherry, Cherry. Ou, encore,altérée/descendue dans le fantastique The Exodus Has Begun, sorte de funk-gospel préfigurant ce qu’on entendra six ans plus tard dans “The Rainbow Children”.
Ok, il y avait peut-être un peu trop de segues, ces saynètes coquines entre les morceaux, mais pas de problème : on pouvait les zapper sur le Discman. Et comme d’habitude on se ruait sur le moindre CD-single ; ceux de Get Wild et de The Good Life nous réservèrent de belles surprises.
Non, pas d’extrait de 90 secondes pour illustrer notre freestyle matinal : “Exodus” est toujours absent des plateformes de streaming. Il mériterait pourtant d’y être, et même d’être réédité en version Super Deluxe. On peut toujours rêver.
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“Vibes From The Tribe”
Phil Ranelin
Tribe
1976
Mairie de Détroit, Michigan, janvier 1972 : le saxophoniste Wendell Harrison et le tromboniste Phil Ranelin déposent le nom de Tribe et lancent leur label indépendant et communautaire dédié à un jazz post-bop / post-free typique des années 1970, proche de celui dont nous parlions à propos de Black Jazz, le label de notre Disquindispensable d’hier, “The Skipper” d’Henry Franklin.
Tribe est à la fois le nom d’un label, d’un groupe et d’un magazine dédié à la culture afro-américaine qui ont existé entre 1972 et 1976.
Notre Disquindispensable d’aujourd’hui, “Vibes From The Tribe”, est peut-être le meilleur paru sur Tribe, même si les autres – ceux de Wendell Harrison, Doug Hammond, Marcus Belgrave… – valent plus que le détour. Il me semble que c’est même un disque culte très, très recherché – il y a deux exemplaires du 33-tours original actuellement en vente sur Discogs : l’un à 1462,39 €, l’autre à… 3220 € !
“Vibes From The Tribe” est un vrai disque à deux faces. Sur la première, cinq morceaux tous aussi réussis les uns que les autres, portés par des grooves singuliers, des mélodies finement ciselées et la voix de Phil Ranelin, excellent chanteur s’il en est, et bien sûr très bon tromboniste, au son et au phrasé très expressif.
On notera la présence, sur Wife notamment (un morceau chanté qui m’a toujours fait l’effet d’être un mélange savamment dosé de Gil Scott-Heron et de Frank Zappa !) du bassiste Ralphe Armstrong, connu pour ses contributions majeures à des disques de Jean-Luc Ponty et du Mahavishnu Orchestra.
PS : Pour avoir une très bonne vue d’ensemble de Tribe, procurez-vous la compilation “Message From The Tribe” publiée par Universal Sound en 1996 (puis en 2010).
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“Minneapolis”
Michel Portal
Universal Music Jazz France
2000
30 août 2000, aéroport Paris-Charles de Gaulle, 10h30 : ça y est, notre avion décolle, direction Minneapolis.
Michel Portal avec Tony Hymas (le claviériste de Jack Bruce, Duncan Browne, Jeff Beck, Ph.D, Ursus Minor…) et la phénoménale section rythmique du NPG de Prince : Sonny Thompson, basse, Michael Bland, batterie. Special guest : le guitariste de Living Colour, Vernon Reid.
C’est tout ce beau monde que l’on retrouve quelques heures plus tard au studio Creation Audio de Steve Wiese, en train d’enregistrer sous la direction du producteur Jean Rochard et avec la bénédiction de Daniel Richard.
Si j’étais comme dans un rêve ? À votre avis ?
Je me souviens comme si c’était hier de ce séjour-reportage d’une semaine. Et à chaque fois que j’écoute ce disque dont j’avais soufflé le titre lors d’une conversation entre amis en forme de brainstorming – « Pourquoi pas, tout simplement, “Minneapolis” ? – Mais oui ! » –, un kaléidoscope de sons et d’images se met à tourner : Sonny Thompson en train de rapper sur M.P. On The Run (Portal inquiet, pléonasme : « Mais Jean, tu crois que les journalistes vont aimer ça ? – Ils sont là les journalistes ! – Pas tous… »), le solo “tommybolinien” (façon Quadrant 4) de Vernon Reid dans Goodbye Pork Pie Hat, ces thèmes si “portaliens” (On Nicollet Avenue, Judy Garland)… La liste des inoubliables est trop longue.
Que Michel Portal parte faire son nouveau disque aux États-Unis, c’était une sacrée affaire, et quand quelques mois plus tard, le 10 février précisément, il créa ce nouveau répertoire sur scène à Sons d’Hiver entouré de la même équipe (Vernon Reid fut ensuite remplacé par Jef Lee Johnson), on se dit qu’il avait vraiment fait quelque chose de fort, “là-bas”, de l’autre côté de l’océan.
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“The Many Facets Of Roger”
Roger
Warner Bros. Records
1981
Quel formidable disque que voici. Le premier en “solo” de Roger Troutman – guillemets d’usage parce qu’en réalité la famille Zapp, son groupe de toujours, est dans la place : Lester à la batterie, et Larry Troutman, qui coécrit tout avec son frère Roger, Carl Cowen, Greg Jackson…
Reste que la tonalité, si elle reste outrageusement funk – notamment dans Do It Roger et la reprise de I Heard It Through The Grapevine dont nous allons parler dans quelques secondes –, s’échappe avec une classe folle aux confins du jazz et du blues.
Car si la marque de fabrique de Roger est évidemment la fameuse talk box popularisée à l’échelle planétaire par Peter Frampton via son légendaire “Frampton Comes Alive”, il fait ici subtil étalage de ses talents de guitariste : écoutez l’irrésistible et georgebensonien A Chunk Of Guitar et le bbkingesque Blue (A Tribute To The Blues) pour vous en convaincre.
Et, donc, il y a cette reprise absolument géniale du tube Motown de Marvin Gaye et de Gladys Knight & The Pips coécrit par Norman Whitfield et Barrett Strong. Comme souvent, Roger y insuffle un côté jubilatoire et ce je-ne-sais-quoi de spleen urbain. Et sa maestria à la talk box reste inégalée à ce jour – et pour toujours. Au gré de ses albums suivants, il se fera une spécialité que de “rogéïfier” des classiques soul-funk, de Papa’s Got A Band New Bag de James Brown à Midnight Hour de Wilson Pickett en passant par Living For The City de Stevie Wonder.
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“Robbie Robertson”
Robbie Robertson
Geffen
1987
En 1987, je n’étais pas encore familier de la musique de The Band. (Je vous rassure, je suis devenu depuis un immense admirateur de ce groupe.) Ce n’était donc pas parce que feu Robbie Roberton en était le principal songwriter que j’avais acheté le premier opus de sa carrière solo, dans laquelle il avait pris le temps de se lancer – il avait déjà 44 ans (!), et quitté The Band dix ans plus tôt.
C’est donc pour d’autres raisons : sa réputation (ben oui, ça compte aussi), le même producteur que “So” de Peter Gabriel (Daniel Lanois), mais aussi la présence de musiciens qui depuis des lustres font partie de mon Panthéon Décousu : Tony Levin, Peter Gabriel, Manu Katché (en état de grâce, notamment sur le sublime Somewhere Down The Crazy River et Sonny Got Caught In The Moonlight, où il fait la paire avec Tony Levin, comme chez Pete Gab’) et même Gil Evans, qui signe les arrangements de la chanson qui donnera son titre à l’autobiographie de Robbie Robertson, Testimony.
Bref, un casting de rêve pour un Disquindispensable de rock pas comme les autres (il se permet même le luxe d’avoir U2 comme backing band sur Sweet Fire Of Love et la chanson titre !), toujours à portée de main depuis plus de trente-cinq ans.