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Publié le 11 Jan 2024

Michel par Petrucciani, épisode 6

Michel Petrucciani nous a quittés le 6 janvier 1999. Chaque jour jusqu’au 25 janvier, date de la sortie du nouveau numéro de Jazz Magazine dont il fera la Une, retrouvez en vingt épisodes la vie incroyable de ce pianiste hors norme, telle qu’il l’avait racontée à Fred Goaty à l’été 1998.

« Je n’ai jamais vraiment vécu à Paris, mais j’ai fait beaucoup d’allers et retours entre chez moi et la capitale. Pas pour la musique, mais pour une fille dont j’étais amoureux. J’allais la voir souvent, mais pour elle ce n’était pas aussi sérieux. Elle avait 8 ans de plus que moi. Je la vois toujours, elle est restée une amie. Ç’a été mon premier amour. Je montais donc à Paris pour elle, mais la musique était un prétexte pour que mes frères m’y emmènent. Car je n’avais pas toujours des gigs. Je suis très tenace ! Quand j’ai envie de faire quelque chose, je le fais ! Je suis un battant. La musique, c’est ma vie. Mais si demain, pour une raison ou une autre, je ne l’ai plus, je serai très malheureux, bien sûr, mais j’arriverai à faire autre chose, je me battrai ailleurs, pour une école, une association, ou je m’occuperai d’autres artistes. Ça fait partie de mon caractère : c’est un tour de force d’avoir accompli ce que j’ai accompli, me balader dans le monde entier, avec mon handicap, ne pas dormir, faire tout ce que je fais… Ce n’est pas toujours facile. Ça l’est d’ailleurs de moins en moins… Depuis que je suis tout petit, j’ai envie d’aller voir ailleurs, de voyager, de découvrir, de faire des expériences, de manger autre chose. J’ai tout essayé, tout, sauf ce qui serait très dangereux pour ma santé, ma vie : je n’ai pas essayé les drogues dures par exemple, mais j’ai fait des expériences sexuelles. Si je pouvais sauter en élastique, je le ferais. En parachute aussi. Je voulais faire du ballon dirigeable, mais on m’a dit que l’atterrissage était assez violent, alors… Je suis un homme d’expériences, même si j’ai la trouille. Je crois par ailleurs que le seul don que j’ai, c’est d’aimer éperdument la musique et le piano. » (À suivre.)