“Hejira” (1976), “Don Juan’s Reckless Daughter” (1977), “Mingus” (1979) et “Shadows And Light” (1980) : le superbe coffret CD ou LP “The Asylum Albums (1976-1980)” réunira le 21 juin ces œuvres essentielles de la géniale chanteuse, guitariste, autrice et compositrice canadienne.
Par
Fred Goaty

On reçoit de plus en plus souvent, au Salon de Muziq comme à Jazz Magazine, des dossiers de presse assez baroques rédigés par des poètes du dimanche qui oublient l’essentiel : nous informer . Alors quand l’un d’entre eux se distingue de la masse et nous en apprend de belles sur événement phonographique à venir, autant le citer dans les grandes largeurs. C‘est le cas de celui consacré au nouveau coffret de Joni Mitchell, “The Asylum Albums (1976-1980)”. Alors ouvrons les guillemets, non sans avoir effectué quelques discrètes modifications “maison” :
« Après la fin de la tournée “The Hissing Of Summer Lawns”, Joni Mitchell s’était installée dans la maison en bord de mer de Neil Young pour se reposer. Poussée par l’envie de voyager, mais sans véritable idée de destination, elle s’était embarquée à l’improviste dans un road trip à travers l’Amérique en compagnie de quelques amis. Elle effectuera ainsi trois voyages entre 1975 et 1976, une période marquée par la notion de mouvement, tant dans ses pérégrinations géographiques qu’à l’intérieur de ses explorations musicales. Cette phase de mutation constitue l’élément central de “The Asylum Albums (1976-1980)”, la nouvelle parution des “Archives Series” de Joni Mitchell.
“The Asylum Albums (1976-1980)” concentre la facette la plus aventureuse de Joni Mitchell avec “Hejira” (1976), “Don Juan’s Reckless Daughter” (1977), “Mingus” (1979) et le double album live “Shadows And Light” (1980). L’ingénieur du son réputé Bernie Grundman a remasterisé les quatre albums inclus dans ce coffret à partir des flat masters analogiques originaux.
La pochette de “The Asylum Albums (1976-1980)” est illustrée par un détail d’une toile originale de Joni Mitchell. Les fans pourront découvrir l’intégralité de ce paysage abstrait dans l’insert inclus dans les coffrets CD et 33-tours.

Au cours de cette période, Joni Mitchell avait courageusement déclaré qu’elle passait du « département des hits » au « département artistique ». Les critiques ont mis du temps à s’y faire, alors que sa créativité avait atteint son zénith. Après avoir employé de remarquables musiciens de séance, elle avait commencé à enregistrer avec des jazzmen virtuoses comme Larry Carlton et Pat Metheny (guitare), Michael Brecker (saxophone), Herbie Hancock (claviers), Don Alias (percussions) et plusieurs membres de Weather Report, dont Jaco Pastorius (basse), Wayne Shorter (saxophone) et Manolo Badrena (percussions). 
Un vibrant essai rédigé par l’actrice Meryl Streep, fan de longue date de l’œuvre de Joni Mitchell, accompagne ce coffret. Elle écrit : “Joni ne nous a pas seulement donné des artefacts – de la musique et des paroles. Son art nous a changé. Elle a déplacé des choses en nous, et c’est de cette manière que les artistes changent le monde.”

“Hejira” témoigne avec force de l’évolution artistique de Joni Mitchell. Ses instrumentations nuancées, couplées à ses textes introspectifs, ont donné lieu à des titres intemporels comme Coyote, avec Jaco Pastorius à la basse, et Furry Sings The Blues, avec Neil Young à l’harmonica. Joni Mitchell avait déclaré : “Je pense que beaucoup d’artistes auraient pu écrire un grand nombre de mes autres chansons, mais celles d’“Hejira” ne pouvaient venir que de moi.”
Son voyage s’est prolongé avec “Don Juan’s Reckless Daughter”, un double-album de musique principalement expérimentale. Il contient Paprika Plains, un morceau de piano accompagné d’arrangements orchestraux qui remplit une face entière de l’album. Ce titre a captivé des aventurers de la musique comme Charles Mingus et Björk, qui a déclaré que l’approche audacieuse de ce morceau avait inspiré sa production.
Le périple de Joni s’est achevé avec “Mingus”, sa collaboration avec le titan du jazz Charles Mingus, qui avait composé plusieurs chansons pour ce projet. Mingus est décédé peu de temps avant la fin de l’enregistrement de l’album, et Joni Mitchell l’a dédié à sa mémoire. Quatre titres de “Mingus” accompagnés de textes de Joni Mitchell figurent sur l’album, dont une version de Goodbye Pork Pie Hat, l’hommage de Mingus au saxophoniste Lester Young, et une de ses plus célèbres compositions. Dans le livret de l’album, Joni Mitchell avait expliqué qu’elle s’était totalement immergée dans le jazz pour la première fois à l’occasion de cet enregistrement. “J’avais l’impression de me trouver au bord d’une rivière, un doigt de pied dans l’eau, pour tester la température – puis Charlie est arrivé et m’a poussée – Coule ou mets-toi à nager’…”

Le double album live “Shadows And Light” est le dernier disque de “The Asylum Albums (1976-1980)”. Elle l’a enregistré lors de la tournée “Mingus” en septembre 1979 au Santa Barbara Bowl. À l’exception de son célèbre Woodstock, “Shadows And Light” se concentrait sur ses chansons plus récentes :Amelia, Dreamland ou The Dry Cleaner From Des Moines. The Persuasions, groupe vocal populaire dans les années 1960, est présent sur Shadows And Light et une reprise de Why Do Fools Fall In Love.
La sortie de “The Asylum Albums (1976-1980)” anticipe celle de “Joni Mitchell Archives – Volume 4”, la prochaine parution de la série d’archives retraçant sa carrière à travers des enregistrements studio et live inédits. Plus de détails seront annoncés en fin d’année.
Joni Mitchell donnera deux concerts à guichets fermés au Hollywood Bowl les 19 et 20 octobre prochains. Ces deux shows seront les premiers de Joni Mitchell en tête d’affiche depuis plus de deux décennies. Elle sera par l’ensemble Joni Jam. »

Joni Mitchell, non loin de Las Vegas, le 22 mai 1978.

Voilà, vous savez tout, ou presque sur le futur coffret de Joni Mitchell. Et si ses admirateurs de longue date connaissent forcément déjà par cœur les quatre chefs-d’œuvre de “The Asylum Albums (1976-1980)”, nul doute qu’ils apprécieront le travail de remastering de Bernie Grundman, même si les magnifiques rééditions CD japonaises de “Hejira”, “Don Juan’s Reckless Daughter” et “Mingus” en 2011 sonnaient déjà beaucoup mieux. Et ils attendent donc avec non moins d’impatience – et sans doute même encore plus… – le coffret “Joni Mitchell Archives – Volume 4”, qui devrait donc sortir début 2025 et contenir au moins cinq CD. Avec les fameuses sessions inédites de “Mingus” enregistrées avec Eddie Gomez, Phil Woods, John Guerin, Gerry Mulligan, Dannie Richmond, John McLaughlin, Tony Williams, Jan Hammer et Stanley Clarke ? Croisons les doigts, tout en rêvant de live inédits captés surant ces années exceptionnelles : d’autres concerts de 1979 peut-être ? L’apparition de Joni Mitchell au Bread & Roses Festival de 1978 en duo avec Herbie Hancock ? Encore une fois : fingers crossed !

COFFRET “The Asylum Albums (1976-1980)” (JMA Rhino / Warner Music, sortie le 21 juin en coffrets de cinq CD et ou de six 33-tours 180 grammes (édition limitée à 5000 exemplaires), ainsi qu’en version digitale. La nouvelle version remasterisée de Coyote (“Hejira”) est déjà disponible en digital.
Photos : © Norman Seeff, © Henry Diltz.
Photo ouverture : Joni Mitchell en train de patiner sur le Lake Mendota, Madison (Wisconsin), mars 1976.

Dans les bacs depuis quelques semaines, “Joni Mitchell Archives, Vol. 3 : The Asylum Years (1972-1975)” de la géniale auteure, compositrice, chanteuse et guitariste canadienne est un must.

On ne mesure peut-être pas assez la chance que l’on a qu’une artiste aussi géniale et éprise de liberté que Joni Mitchell puisse superviser elle-même la réédition de ses albums, et de puiser dans ses archives – en anglais, son vault – pour y assembler des coffrets qui sont des ajouts essentiels à sa discographie déjà si riches et variée.
Ainsi, “Joni Mitchell Archives, Vol. 3 : The Asylum Years (1972-1975)” contient comme d’habitude son lot de démos inédites, maquettes et versions alternatives, performances d’époque, ainsi qu’un livre de 40 pages contenant notamment un entretien avec celui qui est désormais son porte-voix, et le signataire de ses liner notes : le cinéaste Cameron Crowe.


On retrouve dans ce troisième volume des enregistrements avec James Taylor, Graham Nash, Neil Young et le fameux L.A. Express du saxophoniste Tom Scott, souvent près d’elle lors de cette grande période créative durant laquelle “For The Roses”, “ Court And Spark” et “The Hissing Of Summer Lawns” avaient fait leur apparition sur les facings des disquaires.
Au programme, outre les inédits extraits des séances de “For The Roses”, “Court And Spark” et “The Hissing Of Summer Lawns”, des enregistrements live, dont celui de son retour triomphal au Carnegie Hall en 1972, et un concert avec Tom Scott & The L.A. Express (Robben Ford, Larry Nash, Max Bennett et John Guerin). 


PS : Si le rythme de parution des archives jonimitchelliennes est respecté, 2024 devrait marquer la sortie d’un coffret contenant “Hejira”, “Don Juan’s Reckless Daughter”, “Mingus” et “Shadows And Light” en versions remasterisées puis, l’année suivante, celle du coffret “Joni Mitchell Archives, Vol. 4 : The Asylum Years (1976-1980)”, avec, croisons les doigts, moult inédits featuring John McLaughlin, Jan Hammer, Tony Williams, Jaco Pastorius, Phil Woods, Wayne Shorter, Michael Brecker, Eddie Gomez, Herbie Hancock…
Photos : © Joel Bernstein (JMA / Rhino).

Bousculés par le Covid, puis mis entre parenthèse par les travaux effectués dans leur cocon du XXe arrondissement, le fameux Pavillon Carré de Baudouin, flambant neuf et plus beau que jamais, Les Samedis Musique du C2B sont de retour onze ans après leur création !

C’est donc avec une grande émotion que nous vous annonçons le programme à venir, avec trois conférences, chaque samedi à de 14h30 à 16h entre les mois de décembre et mars prochains.
Seule différence avec Les Samedis Musique du C2B d’“avant” : les conférences sont toujours gratuites, mais il faut impérativement réserver en appelant le 01 58 53 55 40, ou par e-mail à l’adresse suivante : carredebaudouin@paris.fr.
Et maintenant, place aux artistes, en espérant vous retrouver dès le 9 décembre au 121, rue de Ménilmontant :

Samedi 9 décembre
JONI MITCHELL & ALL THAT JAZZ
Joni Mitchell aime le jazz, le jazz aime Joni Mitchell : retour sur trente-cinq d’amours musicales hors du commun.

Samedi 13 janvier
JAZZ, RAP & POÉSIE, « FROM BEBOP TO HIP-HOP »
Langston Hughes, Nikki Giovanni, Jack Kerouac, The Last Poets, Gil Scott-Heron, Quincy Jones, A tribe Called Quest, J Dilla, Meshell Ndegeocello, Archie Shepp… : la liste est longue des artistes qui au fil des années ont rapproché la poésie, le jazz et rap, l’art du freestyle avec celui de l’improvisation.

Samedi 16 mars
BETTY DAVIS & MILES DAVIS
Betty Davis a non seulement contribué à changer radicalement la musique – et le look – de celui qui fut brièvement son mari, mais s’est ensuite lancée dans une carrière solo de chanteuse, autrice et compositrice entre funk incendiaire et rock brûlant.

PAVILLON CARRÉ DE BAUDOUIN
121, rue de Ménilmontant
75020 Paris
Métro Gambetta, Ménilmontant ou Pyrénées
Bus 96, arrêt Pyrénées-Ménilmontant
Conférences gratuites, sur réservation au 01 58 53 55 40 ou sur carredebaudouin@paris.fr.