Jazz live
Publié le 11 Nov 2012

11 pour le 11/11. Jazzdor, Strasbourg : Peter Brötzmann Chicago Tentet + 1 à Pôle Sud.

 

11 pour le 11/11. Jazzdor, Strasbourg : Peter Brötzmann Chicago Tentet + 1 à Pôle Sud.

Peter Brötzmann (s, cl), Joe McPhee (tp, s, tb), Mats Gustafsson (ts, bs), Ken Vandermark (ts, bs, cl), Johannes Bauer (tb), Jeb Bishop (tb), Per-Äke Holmlander (tb, tu), Fred Lonberg-Holm (cello, élec), Kent Kessler (b), Michael Zerang (d), Paal Nilssen-Love (dm).

Ah ça, on peut dire qu’ils auront commémoré le 11 novembre de façon unique à Pôle Sud. D’une part parce que c’était le seul concert en France du Chicago Tentet + 1 — et ten + 1, si mes souvenirs de calcul mental sont exacts, ça fait 11 —, d’autre part parce que Peter Brötzmann, en Tentet, Onztet, ou autre formation, a l’habitude de célébrer les événements (chacun de ses concerts en est un) à sa façon.

 

De façon détonante, furibarde, grandiose. Si l’homme est plutôt paisible dans l’intimité — comme le montre le film « Rage » qui lui est consacré, réalisé par Bernard Josse et projeté la veille dans le cadre du festival —, une rage bout en lui et s’exprime à travers ses anches avec une énergie irrépressible. Rage qui, si elle s’adressait à l’origine aux conditions de vie faites à la jeunesse dans l’Allemagne de l’après-seconde guerre mondiale, pourrait aussi bien se porter sur les suites du conflit de 14-18, qui prit justement fin un 11/11, dans un train à l’arrêt. Plutôt remuants, par contre, les onze sur scène — dont deux batteries, deux instruments à cordes graves , la contrebasse et le violoncelle, le reste se répartissant entre cuivres et anches. Onze jouant sans pause et sans partitions pendant plus d’une heure, et on s’étonne qu’ils puissent enchaîner un délire sonore d’une puissance terrible et un passage d’une relative douceur sans qu’on ait remarqué le signe cryptique ­ qu’ils ont bien dû échanger, pourtant. Et l’on s’émerveille de leur capacité à basculer de l’énergie brute au lyrisme le plus touchant. Certes tous ne sont pas toujours sur scène : certains déambulent sur les côtés avant de réintégrer le groupe. Mais au total ils ne font que recharger les batteries qui serviront ensuite à alimenter la formidable machine à groove primal, chtonien, voire caverneux qu’est le Chicago Tentet de Peter Brötzmann, plus 1 ou pas puisqu’en fait on serait bien en peine de désigner la « pièce rapportée » vu qu’ils fonctionnent à 11 depuis des lustres. A noter : un dimanche après-midi, pour une musique réputée « difficile » (mais peut-on, de nos jours, faire confiance aux réputations), Pôle-Sud est plein à craquer d’un public enthousiaste et, au final, conquis. Qui a dit que le free effrayait? « Même pas peur », lisait-on dans les yeux d’une audience ravie d’avoir assisté à un rituel païen et festif en ce jour de célébration de l’armistice.

Thierry Quénum

 

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11 pour le 11/11. Jazzdor, Strasbourg : Peter Brötzmann Chicago Tentet + 1 à Pôle Sud.

Peter Brötzmann (s, cl), Joe McPhee (tp, s, tb), Mats Gustafsson (ts, bs), Ken Vandermark (ts, bs, cl), Johannes Bauer (tb), Jeb Bishop (tb), Per-Äke Holmlander (tb, tu), Fred Lonberg-Holm (cello, élec), Kent Kessler (b), Michael Zerang (d), Paal Nilssen-Love (dm).

Ah ça, on peut dire qu’ils auront commémoré le 11 novembre de façon unique à Pôle Sud. D’une part parce que c’était le seul concert en France du Chicago Tentet + 1 — et ten + 1, si mes souvenirs de calcul mental sont exacts, ça fait 11 —, d’autre part parce que Peter Brötzmann, en Tentet, Onztet, ou autre formation, a l’habitude de célébrer les événements (chacun de ses concerts en est un) à sa façon.

 

De façon détonante, furibarde, grandiose. Si l’homme est plutôt paisible dans l’intimité — comme le montre le film « Rage » qui lui est consacré, réalisé par Bernard Josse et projeté la veille dans le cadre du festival —, une rage bout en lui et s’exprime à travers ses anches avec une énergie irrépressible. Rage qui, si elle s’adressait à l’origine aux conditions de vie faites à la jeunesse dans l’Allemagne de l’après-seconde guerre mondiale, pourrait aussi bien se porter sur les suites du conflit de 14-18, qui prit justement fin un 11/11, dans un train à l’arrêt. Plutôt remuants, par contre, les onze sur scène — dont deux batteries, deux instruments à cordes graves , la contrebasse et le violoncelle, le reste se répartissant entre cuivres et anches. Onze jouant sans pause et sans partitions pendant plus d’une heure, et on s’étonne qu’ils puissent enchaîner un délire sonore d’une puissance terrible et un passage d’une relative douceur sans qu’on ait remarqué le signe cryptique ­ qu’ils ont bien dû échanger, pourtant. Et l’on s’émerveille de leur capacité à basculer de l’énergie brute au lyrisme le plus touchant. Certes tous ne sont pas toujours sur scène : certains déambulent sur les côtés avant de réintégrer le groupe. Mais au total ils ne font que recharger les batteries qui serviront ensuite à alimenter la formidable machine à groove primal, chtonien, voire caverneux qu’est le Chicago Tentet de Peter Brötzmann, plus 1 ou pas puisqu’en fait on serait bien en peine de désigner la « pièce rapportée » vu qu’ils fonctionnent à 11 depuis des lustres. A noter : un dimanche après-midi, pour une musique réputée « difficile » (mais peut-on, de nos jours, faire confiance aux réputations), Pôle-Sud est plein à craquer d’un public enthousiaste et, au final, conquis. Qui a dit que le free effrayait? « Même pas peur », lisait-on dans les yeux d’une audience ravie d’avoir assisté à un rituel païen et festif en ce jour de célébration de l’armistice.

Thierry Quénum

 

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11 pour le 11/11. Jazzdor, Strasbourg : Peter Brötzmann Chicago Tentet + 1 à Pôle Sud.

Peter Brötzmann (s, cl), Joe McPhee (tp, s, tb), Mats Gustafsson (ts, bs), Ken Vandermark (ts, bs, cl), Johannes Bauer (tb), Jeb Bishop (tb), Per-Äke Holmlander (tb, tu), Fred Lonberg-Holm (cello, élec), Kent Kessler (b), Michael Zerang (d), Paal Nilssen-Love (dm).

Ah ça, on peut dire qu’ils auront commémoré le 11 novembre de façon unique à Pôle Sud. D’une part parce que c’était le seul concert en France du Chicago Tentet + 1 — et ten + 1, si mes souvenirs de calcul mental sont exacts, ça fait 11 —, d’autre part parce que Peter Brötzmann, en Tentet, Onztet, ou autre formation, a l’habitude de célébrer les événements (chacun de ses concerts en est un) à sa façon.

 

De façon détonante, furibarde, grandiose. Si l’homme est plutôt paisible dans l’intimité — comme le montre le film « Rage » qui lui est consacré, réalisé par Bernard Josse et projeté la veille dans le cadre du festival —, une rage bout en lui et s’exprime à travers ses anches avec une énergie irrépressible. Rage qui, si elle s’adressait à l’origine aux conditions de vie faites à la jeunesse dans l’Allemagne de l’après-seconde guerre mondiale, pourrait aussi bien se porter sur les suites du conflit de 14-18, qui prit justement fin un 11/11, dans un train à l’arrêt. Plutôt remuants, par contre, les onze sur scène — dont deux batteries, deux instruments à cordes graves , la contrebasse et le violoncelle, le reste se répartissant entre cuivres et anches. Onze jouant sans pause et sans partitions pendant plus d’une heure, et on s’étonne qu’ils puissent enchaîner un délire sonore d’une puissance terrible et un passage d’une relative douceur sans qu’on ait remarqué le signe cryptique ­ qu’ils ont bien dû échanger, pourtant. Et l’on s’émerveille de leur capacité à basculer de l’énergie brute au lyrisme le plus touchant. Certes tous ne sont pas toujours sur scène : certains déambulent sur les côtés avant de réintégrer le groupe. Mais au total ils ne font que recharger les batteries qui serviront ensuite à alimenter la formidable machine à groove primal, chtonien, voire caverneux qu’est le Chicago Tentet de Peter Brötzmann, plus 1 ou pas puisqu’en fait on serait bien en peine de désigner la « pièce rapportée » vu qu’ils fonctionnent à 11 depuis des lustres. A noter : un dimanche après-midi, pour une musique réputée « difficile » (mais peut-on, de nos jours, faire confiance aux réputations), Pôle-Sud est plein à craquer d’un public enthousiaste et, au final, conquis. Qui a dit que le free effrayait? « Même pas peur », lisait-on dans les yeux d’une audience ravie d’avoir assisté à un rituel païen et festif en ce jour de célébration de l’armistice.

Thierry Quénum

 

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11 pour le 11/11. Jazzdor, Strasbourg : Peter Brötzmann Chicago Tentet + 1 à Pôle Sud.

Peter Brötzmann (s, cl), Joe McPhee (tp, s, tb), Mats Gustafsson (ts, bs), Ken Vandermark (ts, bs, cl), Johannes Bauer (tb), Jeb Bishop (tb), Per-Äke Holmlander (tb, tu), Fred Lonberg-Holm (cello, élec), Kent Kessler (b), Michael Zerang (d), Paal Nilssen-Love (dm).

Ah ça, on peut dire qu’ils auront commémoré le 11 novembre de façon unique à Pôle Sud. D’une part parce que c’était le seul concert en France du Chicago Tentet + 1 — et ten + 1, si mes souvenirs de calcul mental sont exacts, ça fait 11 —, d’autre part parce que Peter Brötzmann, en Tentet, Onztet, ou autre formation, a l’habitude de célébrer les événements (chacun de ses concerts en est un) à sa façon.

 

De façon détonante, furibarde, grandiose. Si l’homme est plutôt paisible dans l’intimité — comme le montre le film « Rage » qui lui est consacré, réalisé par Bernard Josse et projeté la veille dans le cadre du festival —, une rage bout en lui et s’exprime à travers ses anches avec une énergie irrépressible. Rage qui, si elle s’adressait à l’origine aux conditions de vie faites à la jeunesse dans l’Allemagne de l’après-seconde guerre mondiale, pourrait aussi bien se porter sur les suites du conflit de 14-18, qui prit justement fin un 11/11, dans un train à l’arrêt. Plutôt remuants, par contre, les onze sur scène — dont deux batteries, deux instruments à cordes graves , la contrebasse et le violoncelle, le reste se répartissant entre cuivres et anches. Onze jouant sans pause et sans partitions pendant plus d’une heure, et on s’étonne qu’ils puissent enchaîner un délire sonore d’une puissance terrible et un passage d’une relative douceur sans qu’on ait remarqué le signe cryptique ­ qu’ils ont bien dû échanger, pourtant. Et l’on s’émerveille de leur capacité à basculer de l’énergie brute au lyrisme le plus touchant. Certes tous ne sont pas toujours sur scène : certains déambulent sur les côtés avant de réintégrer le groupe. Mais au total ils ne font que recharger les batteries qui serviront ensuite à alimenter la formidable machine à groove primal, chtonien, voire caverneux qu’est le Chicago Tentet de Peter Brötzmann, plus 1 ou pas puisqu’en fait on serait bien en peine de désigner la « pièce rapportée » vu qu’ils fonctionnent à 11 depuis des lustres. A noter : un dimanche après-midi, pour une musique réputée « difficile » (mais peut-on, de nos jours, faire confiance aux réputations), Pôle-Sud est plein à craquer d’un public enthousiaste et, au final, conquis. Qui a dit que le free effrayait? « Même pas peur », lisait-on dans les yeux d’une audience ravie d’avoir assisté à un rituel païen et festif en ce jour de célébration de l’armistice.

Thierry Quénum