Jazz live
Publié le 25 Juil 2015

50e Jazzaldia San Sebastian : Jamie Cullum, le buzz entre les gouttes (1)

Txirimiri o chuvascos – pluie fine ou grosses averses – ne font pas peur au public donostiarra. Pour le festival de San Sebastian et son incroyable aficion de fidèles passionnés les gouttes menues, drues voire pissant du ciel à seaux font partie des partitions écrites du jazz en présentation sur les scènes sises en plein air. La «Trini », lieu culte de vieilles pierres entre église et fronton où se sont présentées toutes les valeurs du jazz aussi bien que sur l’immense estrade aux couleurs vertes et blanches d’une multinationale de la bière dominant la plage de la Zurriola (là où un jour Bob Dylan se fit mousser sans dire mot aux cinquante mille fans rassemblés) la lluvia (pluie) peut bien s’inviter. Peu importe: parapluies et ponchos ouvrent les milliers de paire d’oreilles en grand.


Et bien entendu à l’occasion de l’ouverture de la 50e édition du doyen des festivals ibériques, les trombes d’eau n’on pas fait défaut à la célébration, enveloppant humidement Jamie Cullum déguisé en DJ, les voix réunionnaises chaudes de Zanmari Baré puis l’ersatz d’Earth Wind and Fire !

 

Jamie Cullum toujours et partout. Prévu sur trois scènes différentes en deux jours, présent sur tous les fronts, promu DJ sur la plage la veille, le lendemain  jonglant au piano, à la guitare, à la basse, à capella avant d’offrir un bouquet d’oeillets pourpres à Syvia Perez Cruz, puis jammer debout face au clavier avec la chanteuse Zaz,-insistante au point de ne plus vouloir quitter la scène- pour terminer à nouveau au dessus du sable et des vagues du quartier Gros en duo vocal à deux heures du mat aux côtés d’un Gregory Porter heureusement casqué pour affronter la fraicheur de la nuit basque…  

« Je l’avoue volontiers: c’est bien la première fois que l’on me confie ainsi un show en solo » Et, joignant le geste à la parole le pianiste et chanteur anglais le fait bel et bien son show devant deux mille cinq cents fans en (au féminin en particuliers, mais un paquet d’hommes itou) vibration continue. A l’inspiration, un peu dans le désordre et l’émotion immédiate à transmettre. Décontracté bien sur, veste et cravate jetées au sol en dix petites minutes, chemise blanche passée par dessus bord d’un jean tuyau de po?le, pierres nus bien dans ses baskets. Des titres enchainés en kaléidoscope, compos et standards mélangés: I got you under my skin,  Don’t stop the music, London skies (à la guitare en arpèges), Get a hold of yourself (avec une basse traitée telle une guitare rythmique), Blackbird au piano tel un Mc Cartney demeuré trentenaire. Avant une escapade aventurière calculée dans les travées du public en transe sur l’air de I got a kick out of you entonné à capella…Toujours à l’aise Jamie, retroussant ses manches de chemise en contant qu’ado, il écoutait religieusement « ACDC et Metallica lorsque je suis tombé à la télé sur un pianiste qui jouait du jazz avec une voix incroyable… » Sans nommer le dit musicien d’ailleurs mais pour enchainer aussitôt sur sa version de Do you know what it means to miss New Orleans. Comme disait ma voisine de travée de cette magnifique salle  de concert, le Kursaal jouxtant l’océan « Jamie est un aimant pour le public. Une mère y retrouve un fils de trente ans tellement mignon qu’il en parait dix huit, tant de jeunes filles le voudraient comme amoureux leur susurrant une chanson douce. Les garçons eux le voient comme un frangin sympa partagé entre foot, bière et rock’n roll » Qu’ajouter de plus ? 

Simplement sa déclaration finale  d’amour, justement, à la ville basque « Donosti est ma cité du monde favorite puisque jumelle avec Londres pour cette propension à supporter une pluie aussi mystérieuse que les histoires d’amour, jamais en capacité de prévoir quand ça commence et quand ça finit, cette possibilité aussi de toujours boire de la b!ère…avec en cadeau les incroyables pintxos, ces milliers d’assiettes alignées sur les centaines de comptoirs de bar !… »

Silvia Perez Cruz ne chante pas du jazz, c’est entendu. Mais la chanteuse catalane possède un atout de choix: une voix incroyable. Comment qualifier cette présence vocale, ce boost de verbe naturellement incrusté de mélodies ? Comment caractériser son art ? Allons-y, osons, par touches de comparaison aussi fortuites ou imparfaites soient-elles. Silvia Perez Cruz c’est un mélange chamarré d’Abbey Lincoln, de Joan Baez, Joni Mitchell, Estrella Morente, Oum Kalsoum, hypothèse un peu confuse, j’en conviens mais… elle fait tout cela à fleur de, peau avec émotion et qualité garanties. Cette fois délaissant guitare et piano, elle s’est entourée d’un orchestres à cordes, violons, violoncelles et contrebasse. Elle passe d’une chanson de Luis Llach à une étonnante version d’une lambada avant de clôturer son répertoire par Gato rojo gato negro, une histoire en rouge et noir de sacrifice de brigadistes de la la guerre d’Espagne. Une telle évocation suscite évidemment d’une résonance particulière auprès du public basque. Dans ce vocal typé la chanteuse utilise une palette de force et de douceurs, soit autant d’occasions d’offrir sensualité, conviction et accroches pour une empathie naturelle. En duo voix contrebasse ou sur des arrangements de cordes utilisées en pizzicato, le mouvement, le swing n’est jamais loin. A nos côté par pur hasard, sa mère à qui elle venait de dédier une chanson catalane confie « Elle toujours voulu chanter. Aujourd’hui que ça marche pour elle, j’en témoigne elle demeure aussi vraie, aussi sincère dans son chant… »

Les réunionnais de Zanmari Baré ne font pas dans le jazz non plus. Pourtant dans cette cour habillée contemporaine du Musée San Telmo, les croisées de chemin des voix, tambours et percussions traditionnelles sous les auspices du Maloya so
nnent d’échos de l’Afrique. Plutôt richement illustrés sous une nuit étoilée, enfin !

 

Robert Latxague

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Txirimiri o chuvascos – pluie fine ou grosses averses – ne font pas peur au public donostiarra. Pour le festival de San Sebastian et son incroyable aficion de fidèles passionnés les gouttes menues, drues voire pissant du ciel à seaux font partie des partitions écrites du jazz en présentation sur les scènes sises en plein air. La «Trini », lieu culte de vieilles pierres entre église et fronton où se sont présentées toutes les valeurs du jazz aussi bien que sur l’immense estrade aux couleurs vertes et blanches d’une multinationale de la bière dominant la plage de la Zurriola (là où un jour Bob Dylan se fit mousser sans dire mot aux cinquante mille fans rassemblés) la lluvia (pluie) peut bien s’inviter. Peu importe: parapluies et ponchos ouvrent les milliers de paire d’oreilles en grand.


Et bien entendu à l’occasion de l’ouverture de la 50e édition du doyen des festivals ibériques, les trombes d’eau n’on pas fait défaut à la célébration, enveloppant humidement Jamie Cullum déguisé en DJ, les voix réunionnaises chaudes de Zanmari Baré puis l’ersatz d’Earth Wind and Fire !

 

Jamie Cullum toujours et partout. Prévu sur trois scènes différentes en deux jours, présent sur tous les fronts, promu DJ sur la plage la veille, le lendemain  jonglant au piano, à la guitare, à la basse, à capella avant d’offrir un bouquet d’oeillets pourpres à Syvia Perez Cruz, puis jammer debout face au clavier avec la chanteuse Zaz,-insistante au point de ne plus vouloir quitter la scène- pour terminer à nouveau au dessus du sable et des vagues du quartier Gros en duo vocal à deux heures du mat aux côtés d’un Gregory Porter heureusement casqué pour affronter la fraicheur de la nuit basque…  

« Je l’avoue volontiers: c’est bien la première fois que l’on me confie ainsi un show en solo » Et, joignant le geste à la parole le pianiste et chanteur anglais le fait bel et bien son show devant deux mille cinq cents fans en (au féminin en particuliers, mais un paquet d’hommes itou) vibration continue. A l’inspiration, un peu dans le désordre et l’émotion immédiate à transmettre. Décontracté bien sur, veste et cravate jetées au sol en dix petites minutes, chemise blanche passée par dessus bord d’un jean tuyau de po?le, pierres nus bien dans ses baskets. Des titres enchainés en kaléidoscope, compos et standards mélangés: I got you under my skin,  Don’t stop the music, London skies (à la guitare en arpèges), Get a hold of yourself (avec une basse traitée telle une guitare rythmique), Blackbird au piano tel un Mc Cartney demeuré trentenaire. Avant une escapade aventurière calculée dans les travées du public en transe sur l’air de I got a kick out of you entonné à capella…Toujours à l’aise Jamie, retroussant ses manches de chemise en contant qu’ado, il écoutait religieusement « ACDC et Metallica lorsque je suis tombé à la télé sur un pianiste qui jouait du jazz avec une voix incroyable… » Sans nommer le dit musicien d’ailleurs mais pour enchainer aussitôt sur sa version de Do you know what it means to miss New Orleans. Comme disait ma voisine de travée de cette magnifique salle  de concert, le Kursaal jouxtant l’océan « Jamie est un aimant pour le public. Une mère y retrouve un fils de trente ans tellement mignon qu’il en parait dix huit, tant de jeunes filles le voudraient comme amoureux leur susurrant une chanson douce. Les garçons eux le voient comme un frangin sympa partagé entre foot, bière et rock’n roll » Qu’ajouter de plus ? 

Simplement sa déclaration finale  d’amour, justement, à la ville basque « Donosti est ma cité du monde favorite puisque jumelle avec Londres pour cette propension à supporter une pluie aussi mystérieuse que les histoires d’amour, jamais en capacité de prévoir quand ça commence et quand ça finit, cette possibilité aussi de toujours boire de la b!ère…avec en cadeau les incroyables pintxos, ces milliers d’assiettes alignées sur les centaines de comptoirs de bar !… »

Silvia Perez Cruz ne chante pas du jazz, c’est entendu. Mais la chanteuse catalane possède un atout de choix: une voix incroyable. Comment qualifier cette présence vocale, ce boost de verbe naturellement incrusté de mélodies ? Comment caractériser son art ? Allons-y, osons, par touches de comparaison aussi fortuites ou imparfaites soient-elles. Silvia Perez Cruz c’est un mélange chamarré d’Abbey Lincoln, de Joan Baez, Joni Mitchell, Estrella Morente, Oum Kalsoum, hypothèse un peu confuse, j’en conviens mais… elle fait tout cela à fleur de, peau avec émotion et qualité garanties. Cette fois délaissant guitare et piano, elle s’est entourée d’un orchestres à cordes, violons, violoncelles et contrebasse. Elle passe d’une chanson de Luis Llach à une étonnante version d’une lambada avant de clôturer son répertoire par Gato rojo gato negro, une histoire en rouge et noir de sacrifice de brigadistes de la la guerre d’Espagne. Une telle évocation suscite évidemment d’une résonance particulière auprès du public basque. Dans ce vocal typé la chanteuse utilise une palette de force et de douceurs, soit autant d’occasions d’offrir sensualité, conviction et accroches pour une empathie naturelle. En duo voix contrebasse ou sur des arrangements de cordes utilisées en pizzicato, le mouvement, le swing n’est jamais loin. A nos côté par pur hasard, sa mère à qui elle venait de dédier une chanson catalane confie « Elle toujours voulu chanter. Aujourd’hui que ça marche pour elle, j’en témoigne elle demeure aussi vraie, aussi sincère dans son chant… »

Les réunionnais de Zanmari Baré ne font pas dans le jazz non plus. Pourtant dans cette cour habillée contemporaine du Musée San Telmo, les croisées de chemin des voix, tambours et percussions traditionnelles sous les auspices du Maloya so
nnent d’échos de l’Afrique. Plutôt richement illustrés sous une nuit étoilée, enfin !

 

Robert Latxague

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Txirimiri o chuvascos – pluie fine ou grosses averses – ne font pas peur au public donostiarra. Pour le festival de San Sebastian et son incroyable aficion de fidèles passionnés les gouttes menues, drues voire pissant du ciel à seaux font partie des partitions écrites du jazz en présentation sur les scènes sises en plein air. La «Trini », lieu culte de vieilles pierres entre église et fronton où se sont présentées toutes les valeurs du jazz aussi bien que sur l’immense estrade aux couleurs vertes et blanches d’une multinationale de la bière dominant la plage de la Zurriola (là où un jour Bob Dylan se fit mousser sans dire mot aux cinquante mille fans rassemblés) la lluvia (pluie) peut bien s’inviter. Peu importe: parapluies et ponchos ouvrent les milliers de paire d’oreilles en grand.


Et bien entendu à l’occasion de l’ouverture de la 50e édition du doyen des festivals ibériques, les trombes d’eau n’on pas fait défaut à la célébration, enveloppant humidement Jamie Cullum déguisé en DJ, les voix réunionnaises chaudes de Zanmari Baré puis l’ersatz d’Earth Wind and Fire !

 

Jamie Cullum toujours et partout. Prévu sur trois scènes différentes en deux jours, présent sur tous les fronts, promu DJ sur la plage la veille, le lendemain  jonglant au piano, à la guitare, à la basse, à capella avant d’offrir un bouquet d’oeillets pourpres à Syvia Perez Cruz, puis jammer debout face au clavier avec la chanteuse Zaz,-insistante au point de ne plus vouloir quitter la scène- pour terminer à nouveau au dessus du sable et des vagues du quartier Gros en duo vocal à deux heures du mat aux côtés d’un Gregory Porter heureusement casqué pour affronter la fraicheur de la nuit basque…  

« Je l’avoue volontiers: c’est bien la première fois que l’on me confie ainsi un show en solo » Et, joignant le geste à la parole le pianiste et chanteur anglais le fait bel et bien son show devant deux mille cinq cents fans en (au féminin en particuliers, mais un paquet d’hommes itou) vibration continue. A l’inspiration, un peu dans le désordre et l’émotion immédiate à transmettre. Décontracté bien sur, veste et cravate jetées au sol en dix petites minutes, chemise blanche passée par dessus bord d’un jean tuyau de po?le, pierres nus bien dans ses baskets. Des titres enchainés en kaléidoscope, compos et standards mélangés: I got you under my skin,  Don’t stop the music, London skies (à la guitare en arpèges), Get a hold of yourself (avec une basse traitée telle une guitare rythmique), Blackbird au piano tel un Mc Cartney demeuré trentenaire. Avant une escapade aventurière calculée dans les travées du public en transe sur l’air de I got a kick out of you entonné à capella…Toujours à l’aise Jamie, retroussant ses manches de chemise en contant qu’ado, il écoutait religieusement « ACDC et Metallica lorsque je suis tombé à la télé sur un pianiste qui jouait du jazz avec une voix incroyable… » Sans nommer le dit musicien d’ailleurs mais pour enchainer aussitôt sur sa version de Do you know what it means to miss New Orleans. Comme disait ma voisine de travée de cette magnifique salle  de concert, le Kursaal jouxtant l’océan « Jamie est un aimant pour le public. Une mère y retrouve un fils de trente ans tellement mignon qu’il en parait dix huit, tant de jeunes filles le voudraient comme amoureux leur susurrant une chanson douce. Les garçons eux le voient comme un frangin sympa partagé entre foot, bière et rock’n roll » Qu’ajouter de plus ? 

Simplement sa déclaration finale  d’amour, justement, à la ville basque « Donosti est ma cité du monde favorite puisque jumelle avec Londres pour cette propension à supporter une pluie aussi mystérieuse que les histoires d’amour, jamais en capacité de prévoir quand ça commence et quand ça finit, cette possibilité aussi de toujours boire de la b!ère…avec en cadeau les incroyables pintxos, ces milliers d’assiettes alignées sur les centaines de comptoirs de bar !… »

Silvia Perez Cruz ne chante pas du jazz, c’est entendu. Mais la chanteuse catalane possède un atout de choix: une voix incroyable. Comment qualifier cette présence vocale, ce boost de verbe naturellement incrusté de mélodies ? Comment caractériser son art ? Allons-y, osons, par touches de comparaison aussi fortuites ou imparfaites soient-elles. Silvia Perez Cruz c’est un mélange chamarré d’Abbey Lincoln, de Joan Baez, Joni Mitchell, Estrella Morente, Oum Kalsoum, hypothèse un peu confuse, j’en conviens mais… elle fait tout cela à fleur de, peau avec émotion et qualité garanties. Cette fois délaissant guitare et piano, elle s’est entourée d’un orchestres à cordes, violons, violoncelles et contrebasse. Elle passe d’une chanson de Luis Llach à une étonnante version d’une lambada avant de clôturer son répertoire par Gato rojo gato negro, une histoire en rouge et noir de sacrifice de brigadistes de la la guerre d’Espagne. Une telle évocation suscite évidemment d’une résonance particulière auprès du public basque. Dans ce vocal typé la chanteuse utilise une palette de force et de douceurs, soit autant d’occasions d’offrir sensualité, conviction et accroches pour une empathie naturelle. En duo voix contrebasse ou sur des arrangements de cordes utilisées en pizzicato, le mouvement, le swing n’est jamais loin. A nos côté par pur hasard, sa mère à qui elle venait de dédier une chanson catalane confie « Elle toujours voulu chanter. Aujourd’hui que ça marche pour elle, j’en témoigne elle demeure aussi vraie, aussi sincère dans son chant… »

Les réunionnais de Zanmari Baré ne font pas dans le jazz non plus. Pourtant dans cette cour habillée contemporaine du Musée San Telmo, les croisées de chemin des voix, tambours et percussions traditionnelles sous les auspices du Maloya so
nnent d’échos de l’Afrique. Plutôt richement illustrés sous une nuit étoilée, enfin !

 

Robert Latxague

|

Txirimiri o chuvascos – pluie fine ou grosses averses – ne font pas peur au public donostiarra. Pour le festival de San Sebastian et son incroyable aficion de fidèles passionnés les gouttes menues, drues voire pissant du ciel à seaux font partie des partitions écrites du jazz en présentation sur les scènes sises en plein air. La «Trini », lieu culte de vieilles pierres entre église et fronton où se sont présentées toutes les valeurs du jazz aussi bien que sur l’immense estrade aux couleurs vertes et blanches d’une multinationale de la bière dominant la plage de la Zurriola (là où un jour Bob Dylan se fit mousser sans dire mot aux cinquante mille fans rassemblés) la lluvia (pluie) peut bien s’inviter. Peu importe: parapluies et ponchos ouvrent les milliers de paire d’oreilles en grand.


Et bien entendu à l’occasion de l’ouverture de la 50e édition du doyen des festivals ibériques, les trombes d’eau n’on pas fait défaut à la célébration, enveloppant humidement Jamie Cullum déguisé en DJ, les voix réunionnaises chaudes de Zanmari Baré puis l’ersatz d’Earth Wind and Fire !

 

Jamie Cullum toujours et partout. Prévu sur trois scènes différentes en deux jours, présent sur tous les fronts, promu DJ sur la plage la veille, le lendemain  jonglant au piano, à la guitare, à la basse, à capella avant d’offrir un bouquet d’oeillets pourpres à Syvia Perez Cruz, puis jammer debout face au clavier avec la chanteuse Zaz,-insistante au point de ne plus vouloir quitter la scène- pour terminer à nouveau au dessus du sable et des vagues du quartier Gros en duo vocal à deux heures du mat aux côtés d’un Gregory Porter heureusement casqué pour affronter la fraicheur de la nuit basque…  

« Je l’avoue volontiers: c’est bien la première fois que l’on me confie ainsi un show en solo » Et, joignant le geste à la parole le pianiste et chanteur anglais le fait bel et bien son show devant deux mille cinq cents fans en (au féminin en particuliers, mais un paquet d’hommes itou) vibration continue. A l’inspiration, un peu dans le désordre et l’émotion immédiate à transmettre. Décontracté bien sur, veste et cravate jetées au sol en dix petites minutes, chemise blanche passée par dessus bord d’un jean tuyau de po?le, pierres nus bien dans ses baskets. Des titres enchainés en kaléidoscope, compos et standards mélangés: I got you under my skin,  Don’t stop the music, London skies (à la guitare en arpèges), Get a hold of yourself (avec une basse traitée telle une guitare rythmique), Blackbird au piano tel un Mc Cartney demeuré trentenaire. Avant une escapade aventurière calculée dans les travées du public en transe sur l’air de I got a kick out of you entonné à capella…Toujours à l’aise Jamie, retroussant ses manches de chemise en contant qu’ado, il écoutait religieusement « ACDC et Metallica lorsque je suis tombé à la télé sur un pianiste qui jouait du jazz avec une voix incroyable… » Sans nommer le dit musicien d’ailleurs mais pour enchainer aussitôt sur sa version de Do you know what it means to miss New Orleans. Comme disait ma voisine de travée de cette magnifique salle  de concert, le Kursaal jouxtant l’océan « Jamie est un aimant pour le public. Une mère y retrouve un fils de trente ans tellement mignon qu’il en parait dix huit, tant de jeunes filles le voudraient comme amoureux leur susurrant une chanson douce. Les garçons eux le voient comme un frangin sympa partagé entre foot, bière et rock’n roll » Qu’ajouter de plus ? 

Simplement sa déclaration finale  d’amour, justement, à la ville basque « Donosti est ma cité du monde favorite puisque jumelle avec Londres pour cette propension à supporter une pluie aussi mystérieuse que les histoires d’amour, jamais en capacité de prévoir quand ça commence et quand ça finit, cette possibilité aussi de toujours boire de la b!ère…avec en cadeau les incroyables pintxos, ces milliers d’assiettes alignées sur les centaines de comptoirs de bar !… »

Silvia Perez Cruz ne chante pas du jazz, c’est entendu. Mais la chanteuse catalane possède un atout de choix: une voix incroyable. Comment qualifier cette présence vocale, ce boost de verbe naturellement incrusté de mélodies ? Comment caractériser son art ? Allons-y, osons, par touches de comparaison aussi fortuites ou imparfaites soient-elles. Silvia Perez Cruz c’est un mélange chamarré d’Abbey Lincoln, de Joan Baez, Joni Mitchell, Estrella Morente, Oum Kalsoum, hypothèse un peu confuse, j’en conviens mais… elle fait tout cela à fleur de, peau avec émotion et qualité garanties. Cette fois délaissant guitare et piano, elle s’est entourée d’un orchestres à cordes, violons, violoncelles et contrebasse. Elle passe d’une chanson de Luis Llach à une étonnante version d’une lambada avant de clôturer son répertoire par Gato rojo gato negro, une histoire en rouge et noir de sacrifice de brigadistes de la la guerre d’Espagne. Une telle évocation suscite évidemment d’une résonance particulière auprès du public basque. Dans ce vocal typé la chanteuse utilise une palette de force et de douceurs, soit autant d’occasions d’offrir sensualité, conviction et accroches pour une empathie naturelle. En duo voix contrebasse ou sur des arrangements de cordes utilisées en pizzicato, le mouvement, le swing n’est jamais loin. A nos côté par pur hasard, sa mère à qui elle venait de dédier une chanson catalane confie « Elle toujours voulu chanter. Aujourd’hui que ça marche pour elle, j’en témoigne elle demeure aussi vraie, aussi sincère dans son chant… »

Les réunionnais de Zanmari Baré ne font pas dans le jazz non plus. Pourtant dans cette cour habillée contemporaine du Musée San Telmo, les croisées de chemin des voix, tambours et percussions traditionnelles sous les auspices du Maloya so
nnent d’échos de l’Afrique. Plutôt richement illustrés sous une nuit étoilée, enfin !

 

Robert Latxague