Jazz live
Publié le 7 Juin 2024

FESTIVAL JAZZDOR A BERLIN – JEUDI 6 JUIN

Trois groupes programmés pour la troisième soirée du festival Jazzdor à Berlin où la musique libre, improvisée et ouverte était à l’honneur !

C’est le trio de la pianiste suisse Marie Krüttli – installée à Berlin depuis quelques années – qui a ouvert le bal en compagnie de son compatriote contrebassiste Lukas Traxel et de l’incontournable batteur français Gautier Garrigue.

Photo : Lionel Eskenazi

Leur premier album sortira en octobre sur le label suisse Intakt Records et je ne sais pas s’il y aura plusieurs morceaux indexés sur le disque, car sur scène le trio n’a joué qu’un seul et unique morceau d’une quarantaine de minutes ! Un morceau mouvant et libre – sans aucun chorus –  où les trois musiciens jouaient dans une parfaite osmose sans que personne ne tire la couverture vers lui. Un trio sous la forme d’un triangle équilatéral parfait où la leader-pianiste est à l’écoute de ses deux compères autour d’une belle et fluide musique narrative et poétique.

Photo : Lionel Eskenazi

Puis ce fût autour du formidable batteur bosniaque Dejan Terzic (installé lui aussi en Allemagne) d’occuper la scène du Kesselhaus avec son groupe Axiom, composé du pianiste Bojan Z (qu’on ne présente plus), du superbe saxophoniste américain  (à la sonorité si douce) Chris Speed – que malheureusement on entend rarement en France – et du contrebassiste suisse Bänz Öster. Une musique tendue et touffue, où écriture et improvisation font bon ménage autour de quatre musiciens exceptionnels qui pratiquent un interplay vigoureux et saisissant. Sur une unique ballade, Chris Speed a pu s’exprimer q’une seule fois à la clarinette en développant son jeu si subtil et envoûtant. Quant à Bojan Z, à chaque chorus, il nous époustoufle par son inventivité et sa musicalité.

Photo : Lionel Eskenazi

Enfin, cette soirée se termina avec «  Bonbon Flamme », la nouvelle formation du violoncelliste Valentin Ceccaldi qui donnait à Jazzdor l’exclusivité de son premier concert autour d’un nouveau répertoire intitulé « Cavaleras Y Boom Boom Chupitos ».

Photo : Lionel Eskenazi

Un groupe international avec l’incroyable guitariste portugais Luis Lopes – dont le jeu fulgurant nous fait songer parfois à Marc Ribot – le claviériste hollandais Fulco Ottervanger et le batteur français Etienne Ziemniak.

Photos : Lionel Eskenazi

Une musique dingue et fortement contrastée, où l’on reconnaît bien l’humour et la rigueur musicale de Valentin Ceccaldi autour de la grande fête païenne d’un Mexique fantasmé. Des morceaux tout en douceur répétitive, façon bonbon sucré aux couleurs tendres, puis les flammes de l’enfer débarquent sans prévenir autour d’un son énorme d’une puissance machiavélique, proche du métal ou d’un rock progressif intense, et enfin la musique dévie de nouveau pour nous fait valser sur des airs folkloriques ! Un collage surréaliste saisissant, où Valentin Ceccaldi prend un malin plaisir à oser les contrastes les plus radicaux et de mélanger des univers sonores fort différents et le plaisir est partagé car c’est fort bien construit et envoûtant !

Lionel Eskenazi