Jazz live
Publié le 29 Juin 2013

Ascona, 4. Coda

JazzAscona touche à sa fin. Il franchira, le 30, la frontière pour s’exporter à Cannobio, bourgade du Lac Majeur distante de quelques kilomètres, mais côté italien. Une escapade qui souligne l’étroite parenté des deux pays en matière de jazz. Auparavant, le festival aura réservé à un public qui semble, d’une année sur l’autre, en constante augmentation (encore trop tôt pour dresser le bilan), quelques concerts de qualité.

 

Barrelhouse Jazzband

Reimer von Essen (cl, as), Horst « Morsh » Schwartz (tp, tb, voc), Frank Selten (cl, as, ts, bs), Christol Sanger (p), Roman Klöcker (g, bjo), Cliff Soden (b), Michael Ehret (dm).

Ascona, Stage Biblioteca, 27 juin

 

The Trio

Mark Whitfield (g), Roland Guerin (b), Troy Davis (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 27 juin

 

Champian Fulton Quartet

Champian Fulton (p, voc), Fabien Mary (tp), Giorgos Antoniou (b), Esteve Pi (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 28 juin.

 

D’abord, le Barrelhouse Jazzband fête ses soixante ans d’existence. Une institution, et pas seulement en Allemagne. Six décennies, dans la vie d’un orchestre, ce n’est pas rien. Il compte encore dans ses rangs quelques-uns de ceux qui se produisirent à Nice dès 1974 et eurent l’occasion de jouer avec des musiciens de la trempe de Clark Terry, Harry « Sweets » Edison ou Joe Newman. C’est le cas des trois soufflants. Même si leurs moyens ne sont plus ceux d’antan, la flamme reste intacte, et le souci de faire oeuvre pédagogique dans la présentation circonstanciée, argumentée de leur répertoire. Lequel fait une large place à des medleys d’Ellington et de Basie, mais aussi à la musique antillaise, aux Créoles et à Bechet (Egyptian Fantasy, Really the Blues à propos duquel est cité, horresco referens, le nom d’Hugues Panassié !…). Du dixieland de qualité auquel la rythmique, notamment le pianiste Christol Sanger, apporte un dynamisme du meilleur aloi.

 

Toute différente, la musique de Mark Whitfield. Exigeante, rigoureuse. Dépourvue de la moindre séduction facile. Imprégnée elle aussi de blues, nourrie de la tradition, mais transcendant toute référence explicite pour entraîner l’auditeur dans un univers particulier, y compris sur des standards. Ainsi de Il a Sentimental Mood et de sa coda, capricante à souhait. La formule du trio guitare-basse-batterie n’est pas dépourvue elle-même d’austérité. Elle révèle ici l’exceptionnelle qualité des accompagnateurs, Roland Guerin et Troy Davis, leur capacité à fournir au guitariste une stimulation constante. Le talent de celui-ci – imagination, sens du swing, technique impressionnante – en est, d’une certaine manière, transcendé.  Un moment de grâce.

 

La grâce. Le terme pourrait convenir pour définir Champian Fulton dont on ne sait s’il faut admirer d’abord le talent de pianiste ou celui de chanteuse. Question oiseuse, bien sûr. L’une ne va pas sans l’autre. Sa voix, sensuelle, acidulée, n’est pas sans rappeler par instants celle de Billie à laquelle elle emprunte plusieurs thèmes, Lover Come Back To Me, On the Sentimental Side, He’s Funny That Way, entre autres. Avec, en plus, la fraîcheur de la jeunesse, la pétulance et l’enjouement. Au piano, son jeu témoigne d’une rare plénitude. Un toucher percussif, une virtuosité qui se déploie lors de longues improvisations pétries de swing (Exactly Like You, Just One of Those Things, It’s All Right With Me). Elle a écouté et assimilé tous les pianistes mainstream et bop, de Teddy Wilson à Bud Powell, sans oublier Erroll Garner, et la synthèse originale qu’elle en propose a de quoi séduire par la spontanéité qu’elle a su conserver.  Son quartette réunit, autour de l’Américaine, un Français, un Suisse et un Espagnol. Bel exemple de l’universalité du jazz. Fabien Mary tire son épingle du jeu, qu’il joue ouvert ou avec sourdine, et chacun de ses solos se signale par sa pertinence et sa musicalité. Au point qu’on en vient à regretter sa réserve et la parcimonie de ses interventions.

 

Jacques Aboucaya

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JazzAscona touche à sa fin. Il franchira, le 30, la frontière pour s’exporter à Cannobio, bourgade du Lac Majeur distante de quelques kilomètres, mais côté italien. Une escapade qui souligne l’étroite parenté des deux pays en matière de jazz. Auparavant, le festival aura réservé à un public qui semble, d’une année sur l’autre, en constante augmentation (encore trop tôt pour dresser le bilan), quelques concerts de qualité.

 

Barrelhouse Jazzband

Reimer von Essen (cl, as), Horst « Morsh » Schwartz (tp, tb, voc), Frank Selten (cl, as, ts, bs), Christol Sanger (p), Roman Klöcker (g, bjo), Cliff Soden (b), Michael Ehret (dm).

Ascona, Stage Biblioteca, 27 juin

 

The Trio

Mark Whitfield (g), Roland Guerin (b), Troy Davis (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 27 juin

 

Champian Fulton Quartet

Champian Fulton (p, voc), Fabien Mary (tp), Giorgos Antoniou (b), Esteve Pi (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 28 juin.

 

D’abord, le Barrelhouse Jazzband fête ses soixante ans d’existence. Une institution, et pas seulement en Allemagne. Six décennies, dans la vie d’un orchestre, ce n’est pas rien. Il compte encore dans ses rangs quelques-uns de ceux qui se produisirent à Nice dès 1974 et eurent l’occasion de jouer avec des musiciens de la trempe de Clark Terry, Harry « Sweets » Edison ou Joe Newman. C’est le cas des trois soufflants. Même si leurs moyens ne sont plus ceux d’antan, la flamme reste intacte, et le souci de faire oeuvre pédagogique dans la présentation circonstanciée, argumentée de leur répertoire. Lequel fait une large place à des medleys d’Ellington et de Basie, mais aussi à la musique antillaise, aux Créoles et à Bechet (Egyptian Fantasy, Really the Blues à propos duquel est cité, horresco referens, le nom d’Hugues Panassié !…). Du dixieland de qualité auquel la rythmique, notamment le pianiste Christol Sanger, apporte un dynamisme du meilleur aloi.

 

Toute différente, la musique de Mark Whitfield. Exigeante, rigoureuse. Dépourvue de la moindre séduction facile. Imprégnée elle aussi de blues, nourrie de la tradition, mais transcendant toute référence explicite pour entraîner l’auditeur dans un univers particulier, y compris sur des standards. Ainsi de Il a Sentimental Mood et de sa coda, capricante à souhait. La formule du trio guitare-basse-batterie n’est pas dépourvue elle-même d’austérité. Elle révèle ici l’exceptionnelle qualité des accompagnateurs, Roland Guerin et Troy Davis, leur capacité à fournir au guitariste une stimulation constante. Le talent de celui-ci – imagination, sens du swing, technique impressionnante – en est, d’une certaine manière, transcendé.  Un moment de grâce.

 

La grâce. Le terme pourrait convenir pour définir Champian Fulton dont on ne sait s’il faut admirer d’abord le talent de pianiste ou celui de chanteuse. Question oiseuse, bien sûr. L’une ne va pas sans l’autre. Sa voix, sensuelle, acidulée, n’est pas sans rappeler par instants celle de Billie à laquelle elle emprunte plusieurs thèmes, Lover Come Back To Me, On the Sentimental Side, He’s Funny That Way, entre autres. Avec, en plus, la fraîcheur de la jeunesse, la pétulance et l’enjouement. Au piano, son jeu témoigne d’une rare plénitude. Un toucher percussif, une virtuosité qui se déploie lors de longues improvisations pétries de swing (Exactly Like You, Just One of Those Things, It’s All Right With Me). Elle a écouté et assimilé tous les pianistes mainstream et bop, de Teddy Wilson à Bud Powell, sans oublier Erroll Garner, et la synthèse originale qu’elle en propose a de quoi séduire par la spontanéité qu’elle a su conserver.  Son quartette réunit, autour de l’Américaine, un Français, un Suisse et un Espagnol. Bel exemple de l’universalité du jazz. Fabien Mary tire son épingle du jeu, qu’il joue ouvert ou avec sourdine, et chacun de ses solos se signale par sa pertinence et sa musicalité. Au point qu’on en vient à regretter sa réserve et la parcimonie de ses interventions.

 

Jacques Aboucaya

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JazzAscona touche à sa fin. Il franchira, le 30, la frontière pour s’exporter à Cannobio, bourgade du Lac Majeur distante de quelques kilomètres, mais côté italien. Une escapade qui souligne l’étroite parenté des deux pays en matière de jazz. Auparavant, le festival aura réservé à un public qui semble, d’une année sur l’autre, en constante augmentation (encore trop tôt pour dresser le bilan), quelques concerts de qualité.

 

Barrelhouse Jazzband

Reimer von Essen (cl, as), Horst « Morsh » Schwartz (tp, tb, voc), Frank Selten (cl, as, ts, bs), Christol Sanger (p), Roman Klöcker (g, bjo), Cliff Soden (b), Michael Ehret (dm).

Ascona, Stage Biblioteca, 27 juin

 

The Trio

Mark Whitfield (g), Roland Guerin (b), Troy Davis (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 27 juin

 

Champian Fulton Quartet

Champian Fulton (p, voc), Fabien Mary (tp), Giorgos Antoniou (b), Esteve Pi (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 28 juin.

 

D’abord, le Barrelhouse Jazzband fête ses soixante ans d’existence. Une institution, et pas seulement en Allemagne. Six décennies, dans la vie d’un orchestre, ce n’est pas rien. Il compte encore dans ses rangs quelques-uns de ceux qui se produisirent à Nice dès 1974 et eurent l’occasion de jouer avec des musiciens de la trempe de Clark Terry, Harry « Sweets » Edison ou Joe Newman. C’est le cas des trois soufflants. Même si leurs moyens ne sont plus ceux d’antan, la flamme reste intacte, et le souci de faire oeuvre pédagogique dans la présentation circonstanciée, argumentée de leur répertoire. Lequel fait une large place à des medleys d’Ellington et de Basie, mais aussi à la musique antillaise, aux Créoles et à Bechet (Egyptian Fantasy, Really the Blues à propos duquel est cité, horresco referens, le nom d’Hugues Panassié !…). Du dixieland de qualité auquel la rythmique, notamment le pianiste Christol Sanger, apporte un dynamisme du meilleur aloi.

 

Toute différente, la musique de Mark Whitfield. Exigeante, rigoureuse. Dépourvue de la moindre séduction facile. Imprégnée elle aussi de blues, nourrie de la tradition, mais transcendant toute référence explicite pour entraîner l’auditeur dans un univers particulier, y compris sur des standards. Ainsi de Il a Sentimental Mood et de sa coda, capricante à souhait. La formule du trio guitare-basse-batterie n’est pas dépourvue elle-même d’austérité. Elle révèle ici l’exceptionnelle qualité des accompagnateurs, Roland Guerin et Troy Davis, leur capacité à fournir au guitariste une stimulation constante. Le talent de celui-ci – imagination, sens du swing, technique impressionnante – en est, d’une certaine manière, transcendé.  Un moment de grâce.

 

La grâce. Le terme pourrait convenir pour définir Champian Fulton dont on ne sait s’il faut admirer d’abord le talent de pianiste ou celui de chanteuse. Question oiseuse, bien sûr. L’une ne va pas sans l’autre. Sa voix, sensuelle, acidulée, n’est pas sans rappeler par instants celle de Billie à laquelle elle emprunte plusieurs thèmes, Lover Come Back To Me, On the Sentimental Side, He’s Funny That Way, entre autres. Avec, en plus, la fraîcheur de la jeunesse, la pétulance et l’enjouement. Au piano, son jeu témoigne d’une rare plénitude. Un toucher percussif, une virtuosité qui se déploie lors de longues improvisations pétries de swing (Exactly Like You, Just One of Those Things, It’s All Right With Me). Elle a écouté et assimilé tous les pianistes mainstream et bop, de Teddy Wilson à Bud Powell, sans oublier Erroll Garner, et la synthèse originale qu’elle en propose a de quoi séduire par la spontanéité qu’elle a su conserver.  Son quartette réunit, autour de l’Américaine, un Français, un Suisse et un Espagnol. Bel exemple de l’universalité du jazz. Fabien Mary tire son épingle du jeu, qu’il joue ouvert ou avec sourdine, et chacun de ses solos se signale par sa pertinence et sa musicalité. Au point qu’on en vient à regretter sa réserve et la parcimonie de ses interventions.

 

Jacques Aboucaya

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JazzAscona touche à sa fin. Il franchira, le 30, la frontière pour s’exporter à Cannobio, bourgade du Lac Majeur distante de quelques kilomètres, mais côté italien. Une escapade qui souligne l’étroite parenté des deux pays en matière de jazz. Auparavant, le festival aura réservé à un public qui semble, d’une année sur l’autre, en constante augmentation (encore trop tôt pour dresser le bilan), quelques concerts de qualité.

 

Barrelhouse Jazzband

Reimer von Essen (cl, as), Horst « Morsh » Schwartz (tp, tb, voc), Frank Selten (cl, as, ts, bs), Christol Sanger (p), Roman Klöcker (g, bjo), Cliff Soden (b), Michael Ehret (dm).

Ascona, Stage Biblioteca, 27 juin

 

The Trio

Mark Whitfield (g), Roland Guerin (b), Troy Davis (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 27 juin

 

Champian Fulton Quartet

Champian Fulton (p, voc), Fabien Mary (tp), Giorgos Antoniou (b), Esteve Pi (dm).

Ascona, Stage Debarcadero, 28 juin.

 

D’abord, le Barrelhouse Jazzband fête ses soixante ans d’existence. Une institution, et pas seulement en Allemagne. Six décennies, dans la vie d’un orchestre, ce n’est pas rien. Il compte encore dans ses rangs quelques-uns de ceux qui se produisirent à Nice dès 1974 et eurent l’occasion de jouer avec des musiciens de la trempe de Clark Terry, Harry « Sweets » Edison ou Joe Newman. C’est le cas des trois soufflants. Même si leurs moyens ne sont plus ceux d’antan, la flamme reste intacte, et le souci de faire oeuvre pédagogique dans la présentation circonstanciée, argumentée de leur répertoire. Lequel fait une large place à des medleys d’Ellington et de Basie, mais aussi à la musique antillaise, aux Créoles et à Bechet (Egyptian Fantasy, Really the Blues à propos duquel est cité, horresco referens, le nom d’Hugues Panassié !…). Du dixieland de qualité auquel la rythmique, notamment le pianiste Christol Sanger, apporte un dynamisme du meilleur aloi.

 

Toute différente, la musique de Mark Whitfield. Exigeante, rigoureuse. Dépourvue de la moindre séduction facile. Imprégnée elle aussi de blues, nourrie de la tradition, mais transcendant toute référence explicite pour entraîner l’auditeur dans un univers particulier, y compris sur des standards. Ainsi de Il a Sentimental Mood et de sa coda, capricante à souhait. La formule du trio guitare-basse-batterie n’est pas dépourvue elle-même d’austérité. Elle révèle ici l’exceptionnelle qualité des accompagnateurs, Roland Guerin et Troy Davis, leur capacité à fournir au guitariste une stimulation constante. Le talent de celui-ci – imagination, sens du swing, technique impressionnante – en est, d’une certaine manière, transcendé.  Un moment de grâce.

 

La grâce. Le terme pourrait convenir pour définir Champian Fulton dont on ne sait s’il faut admirer d’abord le talent de pianiste ou celui de chanteuse. Question oiseuse, bien sûr. L’une ne va pas sans l’autre. Sa voix, sensuelle, acidulée, n’est pas sans rappeler par instants celle de Billie à laquelle elle emprunte plusieurs thèmes, Lover Come Back To Me, On the Sentimental Side, He’s Funny That Way, entre autres. Avec, en plus, la fraîcheur de la jeunesse, la pétulance et l’enjouement. Au piano, son jeu témoigne d’une rare plénitude. Un toucher percussif, une virtuosité qui se déploie lors de longues improvisations pétries de swing (Exactly Like You, Just One of Those Things, It’s All Right With Me). Elle a écouté et assimilé tous les pianistes mainstream et bop, de Teddy Wilson à Bud Powell, sans oublier Erroll Garner, et la synthèse originale qu’elle en propose a de quoi séduire par la spontanéité qu’elle a su conserver.  Son quartette réunit, autour de l’Américaine, un Français, un Suisse et un Espagnol. Bel exemple de l’universalité du jazz. Fabien Mary tire son épingle du jeu, qu’il joue ouvert ou avec sourdine, et chacun de ses solos se signale par sa pertinence et sa musicalité. Au point qu’on en vient à regretter sa réserve et la parcimonie de ses interventions.

 

Jacques Aboucaya