Jazz live
Publié le 27 Juin 2013

Ascona, 3. Les charmes de l'éclectisme

De dimension modeste, à la taille des ruelles ombreuses du vieux bourg, fermée sur trois côtés par des arcades de pierre, la piazetta Ambrosoli offre un cadre approprié à une écoute intimiste. Son podium peinerait à accueillir un big band et, du reste, l’aventure n’a jamais été tentée. En revanche, les combos qui s’y succèdent donnent une idée assez exacte de la diversité des styles et des genres qui sont la marque de cette vingt-neuvième édition.

 

David Blenkhorn & The Late Night Jammers.

David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Nouaux (dm), George Washingmachine (vln, voc), Brad Childs (ts), Clare O’Meara (acc).

Ascona, Piazetta Ambrosoli, 25 juin.


Ornella Vononi and the Italian Jazz Stars

Ornella Vanoni voc), Flavio Boltro (tp), Max Ionata (ts), Dado Moroni (p), Rosario Bonaccorso (b), Roberto Gatto (dm) + Danila Satragno (voc).

Ascona, Jazz Club Torre, 25 juin.


The Blind Boys of Alabama

Jimmy Carter, Ricky McJinnie, Ben Moore (voc), Petr Levin (p, keyboard, Joey Williams (g, voc), Ben Odom (b, voc), Austin Moore (dm).

Ascona, Jazz Club Torre, 26 juin.

 

Le sextet de David Blenkhorn s’inscrit dans la lignée des orchestres swing, et d’abord par son répertoire qui fait la part belle aux guitaristes, Wess Montgomery et Charlie Christian (Solo Flight). Lui-même se situe dans cette mouvance, alternant solos en single notes et jeu en accords faisant parfois penser au style de Barney Kessel. C’est, en outre, un accompagnateur stimulant dont la complicité avec Sébastien Girardot, bassiste à toute épreuve, solide comme un roc, et George Washingmachine, s’est rodée au fil des années. Ce dernier, violoniste de la mouvance Stuff Smith dont il a retenu l’attaque incisive, conjugue swing et musicalité. Chanteur agréable de surcroît (Wrap Your Troubles In Dreams, In My Solitude), dont le scat et les fredonnements à l’unisson de son instrument ne sont pas dénués de charme. Quant à Guillaume Nouaux, je m’abstiendrai de chanter une fois de plus ses louanges sous peine d’être soupçonné de partialité.

 

Deux découvertes, le ténor Brad Childs, gros son, rugueux à souhait, dont chacune des interventions regorge de swing et d’invention, et Clare O’Meara dont l’accordéon ajoute à l’ensemble une touche originale (The Mooche), voire, parfois, une coloration cajun.

 

Changement de décor et de style, le même soir, pour la chanteuse Ornella Vanoni, autre découverte –  du moins pour ce qui me concerne, car elle dispose, dans la salle copieusement garnie, d’un fan club étoffé qui connaît par coeur ses succès. On me dit qu’elle eut d’abord son heure de gloire comme comédienne (elle a, notamment, joué Brecht) avant de se consacrer à la chanson où elle connut semblable notoriété des décennies durant. Je n’oserais pourtant affirmer, sur ce que montre sa prestation vocale, que le choix fut judicieux. Quant à Danila Satragno, interprète, en hors d’oeuvre, de quelques standards (Someone To Watch Over Me, It Don’t Mean A Thing, Green Dolphin Street), peut-être serait-elle bien inspirée de se tourner vers la comédie ?…

 

Plaisanterie à part, l’essentiel était, on l’aura compris, le all-stars de luxe qui les accompagnait l’une et l’autre. Au point que le sommet du concert fut, à mon sens, le somptueux Confirmation donné avant que les chanteuses ne fassent leur apparition. Dado Moroni fit, tout au long de la soirée, la démonstration qu’il est à coup sûr l’un des pianistes les plus doués et les plus sous-estimés de sa génération. Subtilité des introductions et des contre-chants, art de combler les vides, richesse harmonique, c’est lui qui assure la cohérence de chaque morceau. Ses partenaires ne sont pas en reste, en particulier Flavio Boltro, en valeur sur My Funny Valentine mais dont toutes les interventions mériteraient d’être soulignées. Je ne connaissais pas Max Ionata et c’était une lacune. Quant à la paire rythmique constituée par Rosario Bonaccorso et Roberto Gatto, elle a prouvé depuis longtemps qu’elle était l’une des meilleures de la scène italienne.

 

Les Blind Boys of Alabama incarnent, à travers leur longue carrière, toute l’évolution du gospel  et les influences qu’il a su assimiler au fil des dernières décennies. Au point que l’électrification des instruments, guitares et claviers, l’hypertrophie binaire de la batterie, les procédés empruntés au showbiz profane font désormais partie intégrante de la musique sacrée telle qu’elle est pratiquée par ce groupe légendaire et par quelques autres.


Restent intactes la beauté des voix, leur complémentarité, la qualité des arrangements et des solistes. Sans compter la ferveur communicative, cette magie qui opère sur le public sans coup férir et qui culmine lorsque l’un des chanteurs descend dans la salle pour une promenade triomphale. Tout cela maintes fois ressassé, connu par coeur et cependant toujours aussi efficace. Tel est le vrai miracle du gospel.

 

Jacques Aboucaya

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De dimension modeste, à la taille des ruelles ombreuses du vieux bourg, fermée sur trois côtés par des arcades de pierre, la piazetta Ambrosoli offre un cadre approprié à une écoute intimiste. Son podium peinerait à accueillir un big band et, du reste, l’aventure n’a jamais été tentée. En revanche, les combos qui s’y succèdent donnent une idée assez exacte de la diversité des styles et des genres qui sont la marque de cette vingt-neuvième édition.

 

David Blenkhorn & The Late Night Jammers.

David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Nouaux (dm), George Washingmachine (vln, voc), Brad Childs (ts), Clare O’Meara (acc).

Ascona, Piazetta Ambrosoli, 25 juin.


Ornella Vononi and the Italian Jazz Stars

Ornella Vanoni voc), Flavio Boltro (tp), Max Ionata (ts), Dado Moroni (p), Rosario Bonaccorso (b), Roberto Gatto (dm) + Danila Satragno (voc).

Ascona, Jazz Club Torre, 25 juin.


The Blind Boys of Alabama

Jimmy Carter, Ricky McJinnie, Ben Moore (voc), Petr Levin (p, keyboard, Joey Williams (g, voc), Ben Odom (b, voc), Austin Moore (dm).

Ascona, Jazz Club Torre, 26 juin.

 

Le sextet de David Blenkhorn s’inscrit dans la lignée des orchestres swing, et d’abord par son répertoire qui fait la part belle aux guitaristes, Wess Montgomery et Charlie Christian (Solo Flight). Lui-même se situe dans cette mouvance, alternant solos en single notes et jeu en accords faisant parfois penser au style de Barney Kessel. C’est, en outre, un accompagnateur stimulant dont la complicité avec Sébastien Girardot, bassiste à toute épreuve, solide comme un roc, et George Washingmachine, s’est rodée au fil des années. Ce dernier, violoniste de la mouvance Stuff Smith dont il a retenu l’attaque incisive, conjugue swing et musicalité. Chanteur agréable de surcroît (Wrap Your Troubles In Dreams, In My Solitude), dont le scat et les fredonnements à l’unisson de son instrument ne sont pas dénués de charme. Quant à Guillaume Nouaux, je m’abstiendrai de chanter une fois de plus ses louanges sous peine d’être soupçonné de partialité.

 

Deux découvertes, le ténor Brad Childs, gros son, rugueux à souhait, dont chacune des interventions regorge de swing et d’invention, et Clare O’Meara dont l’accordéon ajoute à l’ensemble une touche originale (The Mooche), voire, parfois, une coloration cajun.

 

Changement de décor et de style, le même soir, pour la chanteuse Ornella Vanoni, autre découverte –  du moins pour ce qui me concerne, car elle dispose, dans la salle copieusement garnie, d’un fan club étoffé qui connaît par coeur ses succès. On me dit qu’elle eut d’abord son heure de gloire comme comédienne (elle a, notamment, joué Brecht) avant de se consacrer à la chanson où elle connut semblable notoriété des décennies durant. Je n’oserais pourtant affirmer, sur ce que montre sa prestation vocale, que le choix fut judicieux. Quant à Danila Satragno, interprète, en hors d’oeuvre, de quelques standards (Someone To Watch Over Me, It Don’t Mean A Thing, Green Dolphin Street), peut-être serait-elle bien inspirée de se tourner vers la comédie ?…

 

Plaisanterie à part, l’essentiel était, on l’aura compris, le all-stars de luxe qui les accompagnait l’une et l’autre. Au point que le sommet du concert fut, à mon sens, le somptueux Confirmation donné avant que les chanteuses ne fassent leur apparition. Dado Moroni fit, tout au long de la soirée, la démonstration qu’il est à coup sûr l’un des pianistes les plus doués et les plus sous-estimés de sa génération. Subtilité des introductions et des contre-chants, art de combler les vides, richesse harmonique, c’est lui qui assure la cohérence de chaque morceau. Ses partenaires ne sont pas en reste, en particulier Flavio Boltro, en valeur sur My Funny Valentine mais dont toutes les interventions mériteraient d’être soulignées. Je ne connaissais pas Max Ionata et c’était une lacune. Quant à la paire rythmique constituée par Rosario Bonaccorso et Roberto Gatto, elle a prouvé depuis longtemps qu’elle était l’une des meilleures de la scène italienne.

 

Les Blind Boys of Alabama incarnent, à travers leur longue carrière, toute l’évolution du gospel  et les influences qu’il a su assimiler au fil des dernières décennies. Au point que l’électrification des instruments, guitares et claviers, l’hypertrophie binaire de la batterie, les procédés empruntés au showbiz profane font désormais partie intégrante de la musique sacrée telle qu’elle est pratiquée par ce groupe légendaire et par quelques autres.


Restent intactes la beauté des voix, leur complémentarité, la qualité des arrangements et des solistes. Sans compter la ferveur communicative, cette magie qui opère sur le public sans coup férir et qui culmine lorsque l’un des chanteurs descend dans la salle pour une promenade triomphale. Tout cela maintes fois ressassé, connu par coeur et cependant toujours aussi efficace. Tel est le vrai miracle du gospel.

 

Jacques Aboucaya

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De dimension modeste, à la taille des ruelles ombreuses du vieux bourg, fermée sur trois côtés par des arcades de pierre, la piazetta Ambrosoli offre un cadre approprié à une écoute intimiste. Son podium peinerait à accueillir un big band et, du reste, l’aventure n’a jamais été tentée. En revanche, les combos qui s’y succèdent donnent une idée assez exacte de la diversité des styles et des genres qui sont la marque de cette vingt-neuvième édition.

 

David Blenkhorn & The Late Night Jammers.

David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Nouaux (dm), George Washingmachine (vln, voc), Brad Childs (ts), Clare O’Meara (acc).

Ascona, Piazetta Ambrosoli, 25 juin.


Ornella Vononi and the Italian Jazz Stars

Ornella Vanoni voc), Flavio Boltro (tp), Max Ionata (ts), Dado Moroni (p), Rosario Bonaccorso (b), Roberto Gatto (dm) + Danila Satragno (voc).

Ascona, Jazz Club Torre, 25 juin.


The Blind Boys of Alabama

Jimmy Carter, Ricky McJinnie, Ben Moore (voc), Petr Levin (p, keyboard, Joey Williams (g, voc), Ben Odom (b, voc), Austin Moore (dm).

Ascona, Jazz Club Torre, 26 juin.

 

Le sextet de David Blenkhorn s’inscrit dans la lignée des orchestres swing, et d’abord par son répertoire qui fait la part belle aux guitaristes, Wess Montgomery et Charlie Christian (Solo Flight). Lui-même se situe dans cette mouvance, alternant solos en single notes et jeu en accords faisant parfois penser au style de Barney Kessel. C’est, en outre, un accompagnateur stimulant dont la complicité avec Sébastien Girardot, bassiste à toute épreuve, solide comme un roc, et George Washingmachine, s’est rodée au fil des années. Ce dernier, violoniste de la mouvance Stuff Smith dont il a retenu l’attaque incisive, conjugue swing et musicalité. Chanteur agréable de surcroît (Wrap Your Troubles In Dreams, In My Solitude), dont le scat et les fredonnements à l’unisson de son instrument ne sont pas dénués de charme. Quant à Guillaume Nouaux, je m’abstiendrai de chanter une fois de plus ses louanges sous peine d’être soupçonné de partialité.

 

Deux découvertes, le ténor Brad Childs, gros son, rugueux à souhait, dont chacune des interventions regorge de swing et d’invention, et Clare O’Meara dont l’accordéon ajoute à l’ensemble une touche originale (The Mooche), voire, parfois, une coloration cajun.

 

Changement de décor et de style, le même soir, pour la chanteuse Ornella Vanoni, autre découverte –  du moins pour ce qui me concerne, car elle dispose, dans la salle copieusement garnie, d’un fan club étoffé qui connaît par coeur ses succès. On me dit qu’elle eut d’abord son heure de gloire comme comédienne (elle a, notamment, joué Brecht) avant de se consacrer à la chanson où elle connut semblable notoriété des décennies durant. Je n’oserais pourtant affirmer, sur ce que montre sa prestation vocale, que le choix fut judicieux. Quant à Danila Satragno, interprète, en hors d’oeuvre, de quelques standards (Someone To Watch Over Me, It Don’t Mean A Thing, Green Dolphin Street), peut-être serait-elle bien inspirée de se tourner vers la comédie ?…

 

Plaisanterie à part, l’essentiel était, on l’aura compris, le all-stars de luxe qui les accompagnait l’une et l’autre. Au point que le sommet du concert fut, à mon sens, le somptueux Confirmation donné avant que les chanteuses ne fassent leur apparition. Dado Moroni fit, tout au long de la soirée, la démonstration qu’il est à coup sûr l’un des pianistes les plus doués et les plus sous-estimés de sa génération. Subtilité des introductions et des contre-chants, art de combler les vides, richesse harmonique, c’est lui qui assure la cohérence de chaque morceau. Ses partenaires ne sont pas en reste, en particulier Flavio Boltro, en valeur sur My Funny Valentine mais dont toutes les interventions mériteraient d’être soulignées. Je ne connaissais pas Max Ionata et c’était une lacune. Quant à la paire rythmique constituée par Rosario Bonaccorso et Roberto Gatto, elle a prouvé depuis longtemps qu’elle était l’une des meilleures de la scène italienne.

 

Les Blind Boys of Alabama incarnent, à travers leur longue carrière, toute l’évolution du gospel  et les influences qu’il a su assimiler au fil des dernières décennies. Au point que l’électrification des instruments, guitares et claviers, l’hypertrophie binaire de la batterie, les procédés empruntés au showbiz profane font désormais partie intégrante de la musique sacrée telle qu’elle est pratiquée par ce groupe légendaire et par quelques autres.


Restent intactes la beauté des voix, leur complémentarité, la qualité des arrangements et des solistes. Sans compter la ferveur communicative, cette magie qui opère sur le public sans coup férir et qui culmine lorsque l’un des chanteurs descend dans la salle pour une promenade triomphale. Tout cela maintes fois ressassé, connu par coeur et cependant toujours aussi efficace. Tel est le vrai miracle du gospel.

 

Jacques Aboucaya

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De dimension modeste, à la taille des ruelles ombreuses du vieux bourg, fermée sur trois côtés par des arcades de pierre, la piazetta Ambrosoli offre un cadre approprié à une écoute intimiste. Son podium peinerait à accueillir un big band et, du reste, l’aventure n’a jamais été tentée. En revanche, les combos qui s’y succèdent donnent une idée assez exacte de la diversité des styles et des genres qui sont la marque de cette vingt-neuvième édition.

 

David Blenkhorn & The Late Night Jammers.

David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Nouaux (dm), George Washingmachine (vln, voc), Brad Childs (ts), Clare O’Meara (acc).

Ascona, Piazetta Ambrosoli, 25 juin.


Ornella Vononi and the Italian Jazz Stars

Ornella Vanoni voc), Flavio Boltro (tp), Max Ionata (ts), Dado Moroni (p), Rosario Bonaccorso (b), Roberto Gatto (dm) + Danila Satragno (voc).

Ascona, Jazz Club Torre, 25 juin.


The Blind Boys of Alabama

Jimmy Carter, Ricky McJinnie, Ben Moore (voc), Petr Levin (p, keyboard, Joey Williams (g, voc), Ben Odom (b, voc), Austin Moore (dm).

Ascona, Jazz Club Torre, 26 juin.

 

Le sextet de David Blenkhorn s’inscrit dans la lignée des orchestres swing, et d’abord par son répertoire qui fait la part belle aux guitaristes, Wess Montgomery et Charlie Christian (Solo Flight). Lui-même se situe dans cette mouvance, alternant solos en single notes et jeu en accords faisant parfois penser au style de Barney Kessel. C’est, en outre, un accompagnateur stimulant dont la complicité avec Sébastien Girardot, bassiste à toute épreuve, solide comme un roc, et George Washingmachine, s’est rodée au fil des années. Ce dernier, violoniste de la mouvance Stuff Smith dont il a retenu l’attaque incisive, conjugue swing et musicalité. Chanteur agréable de surcroît (Wrap Your Troubles In Dreams, In My Solitude), dont le scat et les fredonnements à l’unisson de son instrument ne sont pas dénués de charme. Quant à Guillaume Nouaux, je m’abstiendrai de chanter une fois de plus ses louanges sous peine d’être soupçonné de partialité.

 

Deux découvertes, le ténor Brad Childs, gros son, rugueux à souhait, dont chacune des interventions regorge de swing et d’invention, et Clare O’Meara dont l’accordéon ajoute à l’ensemble une touche originale (The Mooche), voire, parfois, une coloration cajun.

 

Changement de décor et de style, le même soir, pour la chanteuse Ornella Vanoni, autre découverte –  du moins pour ce qui me concerne, car elle dispose, dans la salle copieusement garnie, d’un fan club étoffé qui connaît par coeur ses succès. On me dit qu’elle eut d’abord son heure de gloire comme comédienne (elle a, notamment, joué Brecht) avant de se consacrer à la chanson où elle connut semblable notoriété des décennies durant. Je n’oserais pourtant affirmer, sur ce que montre sa prestation vocale, que le choix fut judicieux. Quant à Danila Satragno, interprète, en hors d’oeuvre, de quelques standards (Someone To Watch Over Me, It Don’t Mean A Thing, Green Dolphin Street), peut-être serait-elle bien inspirée de se tourner vers la comédie ?…

 

Plaisanterie à part, l’essentiel était, on l’aura compris, le all-stars de luxe qui les accompagnait l’une et l’autre. Au point que le sommet du concert fut, à mon sens, le somptueux Confirmation donné avant que les chanteuses ne fassent leur apparition. Dado Moroni fit, tout au long de la soirée, la démonstration qu’il est à coup sûr l’un des pianistes les plus doués et les plus sous-estimés de sa génération. Subtilité des introductions et des contre-chants, art de combler les vides, richesse harmonique, c’est lui qui assure la cohérence de chaque morceau. Ses partenaires ne sont pas en reste, en particulier Flavio Boltro, en valeur sur My Funny Valentine mais dont toutes les interventions mériteraient d’être soulignées. Je ne connaissais pas Max Ionata et c’était une lacune. Quant à la paire rythmique constituée par Rosario Bonaccorso et Roberto Gatto, elle a prouvé depuis longtemps qu’elle était l’une des meilleures de la scène italienne.

 

Les Blind Boys of Alabama incarnent, à travers leur longue carrière, toute l’évolution du gospel  et les influences qu’il a su assimiler au fil des dernières décennies. Au point que l’électrification des instruments, guitares et claviers, l’hypertrophie binaire de la batterie, les procédés empruntés au showbiz profane font désormais partie intégrante de la musique sacrée telle qu’elle est pratiquée par ce groupe légendaire et par quelques autres.


Restent intactes la beauté des voix, leur complémentarité, la qualité des arrangements et des solistes. Sans compter la ferveur communicative, cette magie qui opère sur le public sans coup férir et qui culmine lorsque l’un des chanteurs descend dans la salle pour une promenade triomphale. Tout cela maintes fois ressassé, connu par coeur et cependant toujours aussi efficace. Tel est le vrai miracle du gospel.

 

Jacques Aboucaya