Jazz live
Publié le 26 Oct 2012

Atlantique Jazz Festival : Elise Caron, Gilad Hekselman solo et 4tet

Elise Caron est irrésistible. Rien à faire. Vous cherchez en vain une faille, un faux-pas, un lapsus, une hésitation. Vous ne trouvez pas. Même dans sa présentation du « Brain Festival #2 « (1), elle est parfaite : elle évite bien sûr le pathos, mais se tient éloignée aussi du service minimum « vite fait, vite dit », elle prend son temps, elle met ainsi du sérieux dans une chose qui l’est, usant avec justesse à la fois d’un certain détachement et d’une forme d’adhésion crédible. Quant au tour de chant, il vous tient sous le charme depuis son début jusqu’à sa conclusion.

 

Elle est grande, élancée, belle, et tout va se décliner ainsi, en beauté et en hauteur : la voix, les textes, leur union, le tour de chant qui en résulte, avec le concours de son pianiste, Denis Chouillet. Irrésistible parce que donnant le sentiment de l’unité. Voix, corps, âme, pensée, tout cela va ensemble et se tient. Pas de contradiction. Ou alors dans les textes, dans ce que disent ces chansons, à partir d’une narratrice à laquelle il est facile de la supposer, elle. On prendra un seul exemple, mais il est parlant. Dans Eurydice Bis, elle dit « Je t’aime/Je t’ai menti ». Soit. Dans Eurydice Ter (chanté au rappel) elle dit « Je t’aime/Je t’aimante ». Parfait. Donc elle nous aimante, c’est clair, fait de nous ses « aimants » (paradoxe de l’aimant, qui joue dans les deux sens…), mais en même temps elle nous ment. Et oui… On est au spectacle, au concert, il ne faudrait pas croire que c’est comme ça dans la « réalité. Dans la réalité, Elise Caron est probablement divisée, comme tout le monde. Mais sur scène, pas question de ça. Elle est une, unifiée, elle aime la scène, c’est clair, elle aime nous aimanter, elle aime être irrésistible.

 

On n’a donc pas résisté une seconde. Denis Chouillet est son pianiste et collaborateur sur les musiques depuis près de vingt ans. Par ailleurs il est compositeur, entre autres de musiques de scène pour le théâtre, la radio, la danse. Il joue rarement dans les circuits du « jazz », prépare un solo où il serait question de jouer ses oeuvres, mais aussi celles de musiciens amis, voire de compositeurs historiques comme Ravel. 

 

Difficile de passer de l’univers d’Elise Caron à celui du « jazz », surtout quand il est « jazz » jusqu’au bout des ongles. Gilad Hekselman a présenté son quartet au Vauban, vers 22.00, et il m’aura fallu beaucoup de constance pour ne pas renoncer rapidement. Pourtant le guitariste est doué, ses compositions sont de très belle facture, Mark Turner joue bien, les autres aussi (Obed Calvaire, dm et Reuben Rogers, b), mais on n’arrive pas à entrer dans ce monde de codes bien connus. Et il est si difficile de les faire jouer comme s’ils étaient neufs. Il faudrait être poète, faire sonner autrement les mots de la tribu. Dans le solo qu’il avait présenté vers midi dans la salle du CLOUS (avec cette fois un minestrone délicieux, et offert), Gilad Hekselman avait pourtant retenu toute l’attention : quatre standards joués et déjoués en douceur, avec une maîtrise superbe des nuances et des valeurs (Moonlight In Vermont, Insensatez, Poinciana, Saint Thomas) et une pièce originale très bien écrite. A suivre de près donc, et peut-être dans un contexte différent.

 

Philippe Méziat

 

(1) « The Brain Festival » est un groupement bénévole d’artistes qui ont décidé de soutenir l’association Neuroligue en reversant le montant de leur cachet, à titre personnel et sous la forme d’un don, « labélisant » ainsi un de leurs concerts. Dernières dates à venir : mardi 30 octobre à Rouen (La Grande Campagnie des Musiques à Ouïr) et le samedi 3 novembre, à Paris au studio de l’Ermitage, grand concert de clôture. Le « festival » s’est déroulé depuis le 20 septembre, voir informations complémentaires sur les artistes participants : thebrainfestival.com

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Elise Caron est irrésistible. Rien à faire. Vous cherchez en vain une faille, un faux-pas, un lapsus, une hésitation. Vous ne trouvez pas. Même dans sa présentation du « Brain Festival #2 « (1), elle est parfaite : elle évite bien sûr le pathos, mais se tient éloignée aussi du service minimum « vite fait, vite dit », elle prend son temps, elle met ainsi du sérieux dans une chose qui l’est, usant avec justesse à la fois d’un certain détachement et d’une forme d’adhésion crédible. Quant au tour de chant, il vous tient sous le charme depuis son début jusqu’à sa conclusion.

 

Elle est grande, élancée, belle, et tout va se décliner ainsi, en beauté et en hauteur : la voix, les textes, leur union, le tour de chant qui en résulte, avec le concours de son pianiste, Denis Chouillet. Irrésistible parce que donnant le sentiment de l’unité. Voix, corps, âme, pensée, tout cela va ensemble et se tient. Pas de contradiction. Ou alors dans les textes, dans ce que disent ces chansons, à partir d’une narratrice à laquelle il est facile de la supposer, elle. On prendra un seul exemple, mais il est parlant. Dans Eurydice Bis, elle dit « Je t’aime/Je t’ai menti ». Soit. Dans Eurydice Ter (chanté au rappel) elle dit « Je t’aime/Je t’aimante ». Parfait. Donc elle nous aimante, c’est clair, fait de nous ses « aimants » (paradoxe de l’aimant, qui joue dans les deux sens…), mais en même temps elle nous ment. Et oui… On est au spectacle, au concert, il ne faudrait pas croire que c’est comme ça dans la « réalité. Dans la réalité, Elise Caron est probablement divisée, comme tout le monde. Mais sur scène, pas question de ça. Elle est une, unifiée, elle aime la scène, c’est clair, elle aime nous aimanter, elle aime être irrésistible.

 

On n’a donc pas résisté une seconde. Denis Chouillet est son pianiste et collaborateur sur les musiques depuis près de vingt ans. Par ailleurs il est compositeur, entre autres de musiques de scène pour le théâtre, la radio, la danse. Il joue rarement dans les circuits du « jazz », prépare un solo où il serait question de jouer ses oeuvres, mais aussi celles de musiciens amis, voire de compositeurs historiques comme Ravel. 

 

Difficile de passer de l’univers d’Elise Caron à celui du « jazz », surtout quand il est « jazz » jusqu’au bout des ongles. Gilad Hekselman a présenté son quartet au Vauban, vers 22.00, et il m’aura fallu beaucoup de constance pour ne pas renoncer rapidement. Pourtant le guitariste est doué, ses compositions sont de très belle facture, Mark Turner joue bien, les autres aussi (Obed Calvaire, dm et Reuben Rogers, b), mais on n’arrive pas à entrer dans ce monde de codes bien connus. Et il est si difficile de les faire jouer comme s’ils étaient neufs. Il faudrait être poète, faire sonner autrement les mots de la tribu. Dans le solo qu’il avait présenté vers midi dans la salle du CLOUS (avec cette fois un minestrone délicieux, et offert), Gilad Hekselman avait pourtant retenu toute l’attention : quatre standards joués et déjoués en douceur, avec une maîtrise superbe des nuances et des valeurs (Moonlight In Vermont, Insensatez, Poinciana, Saint Thomas) et une pièce originale très bien écrite. A suivre de près donc, et peut-être dans un contexte différent.

 

Philippe Méziat

 

(1) « The Brain Festival » est un groupement bénévole d’artistes qui ont décidé de soutenir l’association Neuroligue en reversant le montant de leur cachet, à titre personnel et sous la forme d’un don, « labélisant » ainsi un de leurs concerts. Dernières dates à venir : mardi 30 octobre à Rouen (La Grande Campagnie des Musiques à Ouïr) et le samedi 3 novembre, à Paris au studio de l’Ermitage, grand concert de clôture. Le « festival » s’est déroulé depuis le 20 septembre, voir informations complémentaires sur les artistes participants : thebrainfestival.com

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Elise Caron est irrésistible. Rien à faire. Vous cherchez en vain une faille, un faux-pas, un lapsus, une hésitation. Vous ne trouvez pas. Même dans sa présentation du « Brain Festival #2 « (1), elle est parfaite : elle évite bien sûr le pathos, mais se tient éloignée aussi du service minimum « vite fait, vite dit », elle prend son temps, elle met ainsi du sérieux dans une chose qui l’est, usant avec justesse à la fois d’un certain détachement et d’une forme d’adhésion crédible. Quant au tour de chant, il vous tient sous le charme depuis son début jusqu’à sa conclusion.

 

Elle est grande, élancée, belle, et tout va se décliner ainsi, en beauté et en hauteur : la voix, les textes, leur union, le tour de chant qui en résulte, avec le concours de son pianiste, Denis Chouillet. Irrésistible parce que donnant le sentiment de l’unité. Voix, corps, âme, pensée, tout cela va ensemble et se tient. Pas de contradiction. Ou alors dans les textes, dans ce que disent ces chansons, à partir d’une narratrice à laquelle il est facile de la supposer, elle. On prendra un seul exemple, mais il est parlant. Dans Eurydice Bis, elle dit « Je t’aime/Je t’ai menti ». Soit. Dans Eurydice Ter (chanté au rappel) elle dit « Je t’aime/Je t’aimante ». Parfait. Donc elle nous aimante, c’est clair, fait de nous ses « aimants » (paradoxe de l’aimant, qui joue dans les deux sens…), mais en même temps elle nous ment. Et oui… On est au spectacle, au concert, il ne faudrait pas croire que c’est comme ça dans la « réalité. Dans la réalité, Elise Caron est probablement divisée, comme tout le monde. Mais sur scène, pas question de ça. Elle est une, unifiée, elle aime la scène, c’est clair, elle aime nous aimanter, elle aime être irrésistible.

 

On n’a donc pas résisté une seconde. Denis Chouillet est son pianiste et collaborateur sur les musiques depuis près de vingt ans. Par ailleurs il est compositeur, entre autres de musiques de scène pour le théâtre, la radio, la danse. Il joue rarement dans les circuits du « jazz », prépare un solo où il serait question de jouer ses oeuvres, mais aussi celles de musiciens amis, voire de compositeurs historiques comme Ravel. 

 

Difficile de passer de l’univers d’Elise Caron à celui du « jazz », surtout quand il est « jazz » jusqu’au bout des ongles. Gilad Hekselman a présenté son quartet au Vauban, vers 22.00, et il m’aura fallu beaucoup de constance pour ne pas renoncer rapidement. Pourtant le guitariste est doué, ses compositions sont de très belle facture, Mark Turner joue bien, les autres aussi (Obed Calvaire, dm et Reuben Rogers, b), mais on n’arrive pas à entrer dans ce monde de codes bien connus. Et il est si difficile de les faire jouer comme s’ils étaient neufs. Il faudrait être poète, faire sonner autrement les mots de la tribu. Dans le solo qu’il avait présenté vers midi dans la salle du CLOUS (avec cette fois un minestrone délicieux, et offert), Gilad Hekselman avait pourtant retenu toute l’attention : quatre standards joués et déjoués en douceur, avec une maîtrise superbe des nuances et des valeurs (Moonlight In Vermont, Insensatez, Poinciana, Saint Thomas) et une pièce originale très bien écrite. A suivre de près donc, et peut-être dans un contexte différent.

 

Philippe Méziat

 

(1) « The Brain Festival » est un groupement bénévole d’artistes qui ont décidé de soutenir l’association Neuroligue en reversant le montant de leur cachet, à titre personnel et sous la forme d’un don, « labélisant » ainsi un de leurs concerts. Dernières dates à venir : mardi 30 octobre à Rouen (La Grande Campagnie des Musiques à Ouïr) et le samedi 3 novembre, à Paris au studio de l’Ermitage, grand concert de clôture. Le « festival » s’est déroulé depuis le 20 septembre, voir informations complémentaires sur les artistes participants : thebrainfestival.com

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Elise Caron est irrésistible. Rien à faire. Vous cherchez en vain une faille, un faux-pas, un lapsus, une hésitation. Vous ne trouvez pas. Même dans sa présentation du « Brain Festival #2 « (1), elle est parfaite : elle évite bien sûr le pathos, mais se tient éloignée aussi du service minimum « vite fait, vite dit », elle prend son temps, elle met ainsi du sérieux dans une chose qui l’est, usant avec justesse à la fois d’un certain détachement et d’une forme d’adhésion crédible. Quant au tour de chant, il vous tient sous le charme depuis son début jusqu’à sa conclusion.

 

Elle est grande, élancée, belle, et tout va se décliner ainsi, en beauté et en hauteur : la voix, les textes, leur union, le tour de chant qui en résulte, avec le concours de son pianiste, Denis Chouillet. Irrésistible parce que donnant le sentiment de l’unité. Voix, corps, âme, pensée, tout cela va ensemble et se tient. Pas de contradiction. Ou alors dans les textes, dans ce que disent ces chansons, à partir d’une narratrice à laquelle il est facile de la supposer, elle. On prendra un seul exemple, mais il est parlant. Dans Eurydice Bis, elle dit « Je t’aime/Je t’ai menti ». Soit. Dans Eurydice Ter (chanté au rappel) elle dit « Je t’aime/Je t’aimante ». Parfait. Donc elle nous aimante, c’est clair, fait de nous ses « aimants » (paradoxe de l’aimant, qui joue dans les deux sens…), mais en même temps elle nous ment. Et oui… On est au spectacle, au concert, il ne faudrait pas croire que c’est comme ça dans la « réalité. Dans la réalité, Elise Caron est probablement divisée, comme tout le monde. Mais sur scène, pas question de ça. Elle est une, unifiée, elle aime la scène, c’est clair, elle aime nous aimanter, elle aime être irrésistible.

 

On n’a donc pas résisté une seconde. Denis Chouillet est son pianiste et collaborateur sur les musiques depuis près de vingt ans. Par ailleurs il est compositeur, entre autres de musiques de scène pour le théâtre, la radio, la danse. Il joue rarement dans les circuits du « jazz », prépare un solo où il serait question de jouer ses oeuvres, mais aussi celles de musiciens amis, voire de compositeurs historiques comme Ravel. 

 

Difficile de passer de l’univers d’Elise Caron à celui du « jazz », surtout quand il est « jazz » jusqu’au bout des ongles. Gilad Hekselman a présenté son quartet au Vauban, vers 22.00, et il m’aura fallu beaucoup de constance pour ne pas renoncer rapidement. Pourtant le guitariste est doué, ses compositions sont de très belle facture, Mark Turner joue bien, les autres aussi (Obed Calvaire, dm et Reuben Rogers, b), mais on n’arrive pas à entrer dans ce monde de codes bien connus. Et il est si difficile de les faire jouer comme s’ils étaient neufs. Il faudrait être poète, faire sonner autrement les mots de la tribu. Dans le solo qu’il avait présenté vers midi dans la salle du CLOUS (avec cette fois un minestrone délicieux, et offert), Gilad Hekselman avait pourtant retenu toute l’attention : quatre standards joués et déjoués en douceur, avec une maîtrise superbe des nuances et des valeurs (Moonlight In Vermont, Insensatez, Poinciana, Saint Thomas) et une pièce originale très bien écrite. A suivre de près donc, et peut-être dans un contexte différent.

 

Philippe Méziat

 

(1) « The Brain Festival » est un groupement bénévole d’artistes qui ont décidé de soutenir l’association Neuroligue en reversant le montant de leur cachet, à titre personnel et sous la forme d’un don, « labélisant » ainsi un de leurs concerts. Dernières dates à venir : mardi 30 octobre à Rouen (La Grande Campagnie des Musiques à Ouïr) et le samedi 3 novembre, à Paris au studio de l’Ermitage, grand concert de clôture. Le « festival » s’est déroulé depuis le 20 septembre, voir informations complémentaires sur les artistes participants : thebrainfestival.com