Jazz live
Publié le 19 Fév 2013

Barcelona, jazz y flamenco vivo

Jamboree, club de jazz historique situé Plaza Real à deux pas des Ramblas et quelques encablures du port, fait partie de ces lieux de Barcelone qui se sont bâtis sur des légendes. Joan Roseló en fut le fondateur et premier patron. Tombé amoureux d’une bailaora (danseuse) de flamenco, il ajouta à son club une salle dédiée au flamenco. Mal lui en prit car bien plus tard, lorsque fatigué des nuits barcelonaises il voulut se débarrasser de son affaire le mari d’une autre danseuse, gitan dans la tradition, lui mît littéralement le couteau sous la gorge. Du coup l’unique acheteur potentiel ne voulut se porter acquéreur que du seul club de jazz. Le notaire  saisi, réaliste autant que conciliant, lui offrit  donc les deux salles pour un seul et même prix. Joan Mas avisé et se ravisant pour avoir flairé la bonne affaire se décida in fine à acheter le lot dans son entier. Bien lui en prit car à ce jour, les trois sessions  quotidiennes du Tarantos, le tablao flamenco, permettent au Jamboree contigu de tenir le coup par et pour le jazz. 

Marcel-li Bayer (as), Marco Mezquida (p)
Jamboree, Barcelona, 13 février 
Estrella Morente
Palau de la Musica, Barcelona, 16 février
 
Autre temps, autre histoire: ce soir Giulia  Valle jeune contrebassiste installée à Barcelona devait jouer pour présenter son nouveau quintet (Giulia Valle Group, Live / Fresh Sound New Talent Records) Mais la grippe en décida autrement. Au pied levé Marco Mezquida, son ex-pianiste invite Marce-li Bayer, un collègue saxophoniste a le rejoindre sur scène. Un répertoire vite monté fait de  standards et pièces personnelles, un ou deux thèmes pour s’accorder et voilà le duo qui fonctionne au naturel, à l’échange instantané. Avec un constat vite établi: à l’alto Bayer se révèle un disciple appliqué de Lee Konitz, une filiation plutôt rare chez les sax de cette génération. Sonorité pleine de moelleux, phrases enchaînées avec beaucoup de liant, discours volubile mais empreint de notes claires et distinctes : le jeune saxophoniste originaire de l’île de Mallorca suit un tracé jazzistique bien défini. Et balisé par un premier enregistrement à l’occasion duquel le « maître  » séduit par la manière autant que la sonorité du jeune saxophoniste mallorcain accepta de participer ( Marcel-li Bayer,  Nonitz (featuring Lee Konitz)/Quadrant Records, quadrantcorner.com) Pour l’accompagner sur cette scéne très  identitaire du jazz catalan, pour souligner ce parcours et lui donner le change harmonique Marco Mezquida  pianiste barcelonais fait assaut d’accords et de phrases bien ponctuées. « Ce soir le hasard à bien fait les choses commente Pere Pons nouveau responsable de la programmation du Jamboree. De toutes les façons donner du temps et une scène aux jeunes musiciens catalan fait désormais partie de notre mission ici. Autant l’avouer, le club emblème du jazz de la ville s’était endormi sur ses lauriers. Et le public s’y faisait rare. Alors avec le boss de ce lieu, Joan Mas, nous avons décidé de le réveiller. Une programmation plus variée, des cartes blanches données à de jeunes musiciens comme Giulia Valle, des coups tentés comme le retour de Pedro Ithurralde, le saxophoniste espagnol le plus emblématique mais qui ne jouait plus en club depuis vingt ans. Nous avons également la volonté de monter des évènements, par exemple la célébration de notre icône, Tete Montoliu disparu depuis quinze ans cette année. Ses anciens musiciens, y compris américains tel Perry Robinson, clarinettiste, viendront nous y aider » 
Joan Mas figure en bonne place parmi les « faiseurs » des nuits de Barcelona. Un vrai personnage que l’on dirait sorti tout droit d’un roman de Vasquez Montalban. Il a le le verbe facile en catalan, le débit rapide et l’accent qui va avec. Il garde une lueur de malice au coin de l’œil, laquell se révèle dès qu’un spot l’irrigue au comptoir de l’un des nombreux bars de ses établissements de nuit.  Aficionado de jazz et conscient de son rôle de diffuseur de musiques live, sa philosophie personnelle part d’une réalité « incontournable dans le Barcelona d’aujourd’hui ».  Le jazz ne suffit pas à faire vivre un lieu. « Dès lors que l’on a compris cela, reste à trouver une autre solution afin que cette musique vive dans la ville…moi j’ai choisi de la croiser avec du flamenco qui attire visiteurs d’un soir et touristes, les  japonais en tête de liste. Je veux compléter le package avec des boites de nuit qui marchent elles aussi. » Ainsi tant le Jamboree que le Tarantos à l’étage du dessus, se muent en discothèque dès « autour de minuit »  L’une promeut soul et funk, l’autre diffuse les accents plus électroniquement raides de la house music. Joan, boss de la société Mas y  Mas (sa sœur, Marta est son associée dans l’affaire. Lui ne se cache d’ailleurs pas de dire « croyez moi elle  tient fermement les cordons de la bourse! ») justifie le bien fondé de sa petite entreprise par la connaissance des mentalités de sa ville « Ici comme souvent
dans le reste de l’Espagne les politiques, les dirigeants des collectivités en général sont souvent de vieux messieurs qui ne sortent plus la nuit. Ils se trouvent donc totalement hors circuit pour comprendre le besoin, les habitudes, le désir de jeunes qui pourraient être leurs enfants voire leurs petits  enfants. Moi je connais et j’aime la vie de la nuit. Je leur offre simplement ce qu’ils cherchent, à Barcelona en particulier… »

Ainsi continue de vivre le jazz, sous les étoiles et les voûtes de pierre du Jamboree, dans la capitale de la Catalogne qui, fruit d’un référendum récent sur l’avenir de cette région,  se verrait bien revétir les habits d’une capitale tout court. Joan Mas lui cherche à compléter le circuit des résonances musicales nocturnes et  leur volant d’apport pécunier. « Je viens d’acquérir un local très connu de la Barcelona chaude. Le Tabou était pour toute une génération, celle de la fin du franquisme en particulier, un club oû se côtoyaient le jazz et les putas (sic). Je vais en faire un haut lieu des nuits de la cité. Je vais lui donner le nom d’un autre night club de la ville disparu lui aussi, un nom très français d’ailleurs, La Boîte … » De quoi délivrer une assurance tout risque au devenir du jazz à Barcelona. Et favoriser son essor comme ses revenus propres: « La preuve, nous allons à partir du Jamboree mais aussi d’autres salles prestigieuses de la ville tels Le Palau ou l’Auditori, faire fructifier un festival au mois d’août reprend de volée Pere Pons, directeur Artistique du club. Les musiciens américains, Sun Ra Arkestra par exemple y côtoieront les catalans… » Joan Mas, le patron, acquiesce bien sûr. Et comme Juana, la bailaora flamenco du groupe Juan de Gloria achève de quitter la scène, il l’embrasse avec chaleur. Puis il lui glisse un petit compliment bien troussé. Dix minutes plus tard, elle devra néanmoins remonter sur les planches pour un set de plus. Un couple de japonais entre d’ailleurs déjà dans la salle pour s’assoir à une table au premier rang et jouir des voix et arabesques du flamenco chanté et dansé en couleurs fortes…

Le Palau de la Musica représente un autre fleuron de la musique dans la ville catalane. Construit entre 1905 et 1908 sur les plans de Lluis Domenech i Montaner architecte contemporain de Gaudi, l’édifice flamboyant – extérieur comme intérieur avec son plafond multicolore, une noria de sculptures et une magnifique verrière – caractéristique de l’architecture moderniste catalane devait accueillir originellement l’Orfeo Catalan, choeur d’hommes. Depuis plus d’un siècle, les « figuras » musicales s’y sont succédés, compositeurs, chefs d’orchestres, divas d’Opéra (Montserrat Caballe), chantres de la chanson locale (Joan Manuel Serrat, Raimon) et grands noms du jazz  (de Don Byas à Brad Melhdau en passant par Duke Ellington ou Sonny Rollins)  et l’icône absolue du jazz catalan, Tete Montoliu.

Ce soir Estrella Morente venue présenter son dernier opus (Autorretrato/ EMI) investit le lieu sous le regard en face à face de Beethoven et du fondateur de l’Orfeo, statufiés de part et d’autre de l’immense scène . Flamboyant, le vocable colle à la peau de la cantaora de Grenade mariée à un torero malagueño. Soutenue ou poussé par treize musiciens et choristes sa voix prend, au détour des chansons, des atours sensuels ou puissants, du murmure jusqu’à la furia. Elle garde pourtant le contrôle de son chant, partant de la base de cette musique, les « palos » traditionnels, pour pousser au besoin jusqu’au swing ou aux syncopes afro cubaines en passant par rumbas et autres habaneras. La fille d’Enrique Morente, cantaor original lui même entré depuis sa mort récente dans le pantheon du flamenco, manie avec aisance et un sens aiguisé du spectacle -les pas du baile flamenco esquissés sous des spots bleus ou pourpres soulignent à dessein rythme ou dramaturgie d’un chant livré à haute dose d’émotion- tradition et modernité appliqué à l’art vocal d’essence gitane. Elle terminera dans un chorus de voix torride livré brut a capella, seule au beau milieu d’un public chauffé comme un feu de forge, inondée sous une pluie d’oeillets rouges ou blancs. Mains posée sur le coeur, « flamenca » jusqu’au bout de ses ongles carmins.
 
Robert Latxague

|

Jamboree, club de jazz historique situé Plaza Real à deux pas des Ramblas et quelques encablures du port, fait partie de ces lieux de Barcelone qui se sont bâtis sur des légendes. Joan Roseló en fut le fondateur et premier patron. Tombé amoureux d’une bailaora (danseuse) de flamenco, il ajouta à son club une salle dédiée au flamenco. Mal lui en prit car bien plus tard, lorsque fatigué des nuits barcelonaises il voulut se débarrasser de son affaire le mari d’une autre danseuse, gitan dans la tradition, lui mît littéralement le couteau sous la gorge. Du coup l’unique acheteur potentiel ne voulut se porter acquéreur que du seul club de jazz. Le notaire  saisi, réaliste autant que conciliant, lui offrit  donc les deux salles pour un seul et même prix. Joan Mas avisé et se ravisant pour avoir flairé la bonne affaire se décida in fine à acheter le lot dans son entier. Bien lui en prit car à ce jour, les trois sessions  quotidiennes du Tarantos, le tablao flamenco, permettent au Jamboree contigu de tenir le coup par et pour le jazz. 

Marcel-li Bayer (as), Marco Mezquida (p)
Jamboree, Barcelona, 13 février 
Estrella Morente
Palau de la Musica, Barcelona, 16 février
 
Autre temps, autre histoire: ce soir Giulia  Valle jeune contrebassiste installée à Barcelona devait jouer pour présenter son nouveau quintet (Giulia Valle Group, Live / Fresh Sound New Talent Records) Mais la grippe en décida autrement. Au pied levé Marco Mezquida, son ex-pianiste invite Marce-li Bayer, un collègue saxophoniste a le rejoindre sur scène. Un répertoire vite monté fait de  standards et pièces personnelles, un ou deux thèmes pour s’accorder et voilà le duo qui fonctionne au naturel, à l’échange instantané. Avec un constat vite établi: à l’alto Bayer se révèle un disciple appliqué de Lee Konitz, une filiation plutôt rare chez les sax de cette génération. Sonorité pleine de moelleux, phrases enchaînées avec beaucoup de liant, discours volubile mais empreint de notes claires et distinctes : le jeune saxophoniste originaire de l’île de Mallorca suit un tracé jazzistique bien défini. Et balisé par un premier enregistrement à l’occasion duquel le « maître  » séduit par la manière autant que la sonorité du jeune saxophoniste mallorcain accepta de participer ( Marcel-li Bayer,  Nonitz (featuring Lee Konitz)/Quadrant Records, quadrantcorner.com) Pour l’accompagner sur cette scéne très  identitaire du jazz catalan, pour souligner ce parcours et lui donner le change harmonique Marco Mezquida  pianiste barcelonais fait assaut d’accords et de phrases bien ponctuées. « Ce soir le hasard à bien fait les choses commente Pere Pons nouveau responsable de la programmation du Jamboree. De toutes les façons donner du temps et une scène aux jeunes musiciens catalan fait désormais partie de notre mission ici. Autant l’avouer, le club emblème du jazz de la ville s’était endormi sur ses lauriers. Et le public s’y faisait rare. Alors avec le boss de ce lieu, Joan Mas, nous avons décidé de le réveiller. Une programmation plus variée, des cartes blanches données à de jeunes musiciens comme Giulia Valle, des coups tentés comme le retour de Pedro Ithurralde, le saxophoniste espagnol le plus emblématique mais qui ne jouait plus en club depuis vingt ans. Nous avons également la volonté de monter des évènements, par exemple la célébration de notre icône, Tete Montoliu disparu depuis quinze ans cette année. Ses anciens musiciens, y compris américains tel Perry Robinson, clarinettiste, viendront nous y aider » 
Joan Mas figure en bonne place parmi les « faiseurs » des nuits de Barcelona. Un vrai personnage que l’on dirait sorti tout droit d’un roman de Vasquez Montalban. Il a le le verbe facile en catalan, le débit rapide et l’accent qui va avec. Il garde une lueur de malice au coin de l’œil, laquell se révèle dès qu’un spot l’irrigue au comptoir de l’un des nombreux bars de ses établissements de nuit.  Aficionado de jazz et conscient de son rôle de diffuseur de musiques live, sa philosophie personnelle part d’une réalité « incontournable dans le Barcelona d’aujourd’hui ».  Le jazz ne suffit pas à faire vivre un lieu. « Dès lors que l’on a compris cela, reste à trouver une autre solution afin que cette musique vive dans la ville…moi j’ai choisi de la croiser avec du flamenco qui attire visiteurs d’un soir et touristes, les  japonais en tête de liste. Je veux compléter le package avec des boites de nuit qui marchent elles aussi. » Ainsi tant le Jamboree que le Tarantos à l’étage du dessus, se muent en discothèque dès « autour de minuit »  L’une promeut soul et funk, l’autre diffuse les accents plus électroniquement raides de la house music. Joan, boss de la société Mas y  Mas (sa sœur, Marta est son associée dans l’affaire. Lui ne se cache d’ailleurs pas de dire « croyez moi elle  tient fermement les cordons de la bourse! ») justifie le bien fondé de sa petite entreprise par la connaissance des mentalités de sa ville « Ici comme souvent
dans le reste de l’Espagne les politiques, les dirigeants des collectivités en général sont souvent de vieux messieurs qui ne sortent plus la nuit. Ils se trouvent donc totalement hors circuit pour comprendre le besoin, les habitudes, le désir de jeunes qui pourraient être leurs enfants voire leurs petits  enfants. Moi je connais et j’aime la vie de la nuit. Je leur offre simplement ce qu’ils cherchent, à Barcelona en particulier… »

Ainsi continue de vivre le jazz, sous les étoiles et les voûtes de pierre du Jamboree, dans la capitale de la Catalogne qui, fruit d’un référendum récent sur l’avenir de cette région,  se verrait bien revétir les habits d’une capitale tout court. Joan Mas lui cherche à compléter le circuit des résonances musicales nocturnes et  leur volant d’apport pécunier. « Je viens d’acquérir un local très connu de la Barcelona chaude. Le Tabou était pour toute une génération, celle de la fin du franquisme en particulier, un club oû se côtoyaient le jazz et les putas (sic). Je vais en faire un haut lieu des nuits de la cité. Je vais lui donner le nom d’un autre night club de la ville disparu lui aussi, un nom très français d’ailleurs, La Boîte … » De quoi délivrer une assurance tout risque au devenir du jazz à Barcelona. Et favoriser son essor comme ses revenus propres: « La preuve, nous allons à partir du Jamboree mais aussi d’autres salles prestigieuses de la ville tels Le Palau ou l’Auditori, faire fructifier un festival au mois d’août reprend de volée Pere Pons, directeur Artistique du club. Les musiciens américains, Sun Ra Arkestra par exemple y côtoieront les catalans… » Joan Mas, le patron, acquiesce bien sûr. Et comme Juana, la bailaora flamenco du groupe Juan de Gloria achève de quitter la scène, il l’embrasse avec chaleur. Puis il lui glisse un petit compliment bien troussé. Dix minutes plus tard, elle devra néanmoins remonter sur les planches pour un set de plus. Un couple de japonais entre d’ailleurs déjà dans la salle pour s’assoir à une table au premier rang et jouir des voix et arabesques du flamenco chanté et dansé en couleurs fortes…

Le Palau de la Musica représente un autre fleuron de la musique dans la ville catalane. Construit entre 1905 et 1908 sur les plans de Lluis Domenech i Montaner architecte contemporain de Gaudi, l’édifice flamboyant – extérieur comme intérieur avec son plafond multicolore, une noria de sculptures et une magnifique verrière – caractéristique de l’architecture moderniste catalane devait accueillir originellement l’Orfeo Catalan, choeur d’hommes. Depuis plus d’un siècle, les « figuras » musicales s’y sont succédés, compositeurs, chefs d’orchestres, divas d’Opéra (Montserrat Caballe), chantres de la chanson locale (Joan Manuel Serrat, Raimon) et grands noms du jazz  (de Don Byas à Brad Melhdau en passant par Duke Ellington ou Sonny Rollins)  et l’icône absolue du jazz catalan, Tete Montoliu.

Ce soir Estrella Morente venue présenter son dernier opus (Autorretrato/ EMI) investit le lieu sous le regard en face à face de Beethoven et du fondateur de l’Orfeo, statufiés de part et d’autre de l’immense scène . Flamboyant, le vocable colle à la peau de la cantaora de Grenade mariée à un torero malagueño. Soutenue ou poussé par treize musiciens et choristes sa voix prend, au détour des chansons, des atours sensuels ou puissants, du murmure jusqu’à la furia. Elle garde pourtant le contrôle de son chant, partant de la base de cette musique, les « palos » traditionnels, pour pousser au besoin jusqu’au swing ou aux syncopes afro cubaines en passant par rumbas et autres habaneras. La fille d’Enrique Morente, cantaor original lui même entré depuis sa mort récente dans le pantheon du flamenco, manie avec aisance et un sens aiguisé du spectacle -les pas du baile flamenco esquissés sous des spots bleus ou pourpres soulignent à dessein rythme ou dramaturgie d’un chant livré à haute dose d’émotion- tradition et modernité appliqué à l’art vocal d’essence gitane. Elle terminera dans un chorus de voix torride livré brut a capella, seule au beau milieu d’un public chauffé comme un feu de forge, inondée sous une pluie d’oeillets rouges ou blancs. Mains posée sur le coeur, « flamenca » jusqu’au bout de ses ongles carmins.
 
Robert Latxague

|

Jamboree, club de jazz historique situé Plaza Real à deux pas des Ramblas et quelques encablures du port, fait partie de ces lieux de Barcelone qui se sont bâtis sur des légendes. Joan Roseló en fut le fondateur et premier patron. Tombé amoureux d’une bailaora (danseuse) de flamenco, il ajouta à son club une salle dédiée au flamenco. Mal lui en prit car bien plus tard, lorsque fatigué des nuits barcelonaises il voulut se débarrasser de son affaire le mari d’une autre danseuse, gitan dans la tradition, lui mît littéralement le couteau sous la gorge. Du coup l’unique acheteur potentiel ne voulut se porter acquéreur que du seul club de jazz. Le notaire  saisi, réaliste autant que conciliant, lui offrit  donc les deux salles pour un seul et même prix. Joan Mas avisé et se ravisant pour avoir flairé la bonne affaire se décida in fine à acheter le lot dans son entier. Bien lui en prit car à ce jour, les trois sessions  quotidiennes du Tarantos, le tablao flamenco, permettent au Jamboree contigu de tenir le coup par et pour le jazz. 

Marcel-li Bayer (as), Marco Mezquida (p)
Jamboree, Barcelona, 13 février 
Estrella Morente
Palau de la Musica, Barcelona, 16 février
 
Autre temps, autre histoire: ce soir Giulia  Valle jeune contrebassiste installée à Barcelona devait jouer pour présenter son nouveau quintet (Giulia Valle Group, Live / Fresh Sound New Talent Records) Mais la grippe en décida autrement. Au pied levé Marco Mezquida, son ex-pianiste invite Marce-li Bayer, un collègue saxophoniste a le rejoindre sur scène. Un répertoire vite monté fait de  standards et pièces personnelles, un ou deux thèmes pour s’accorder et voilà le duo qui fonctionne au naturel, à l’échange instantané. Avec un constat vite établi: à l’alto Bayer se révèle un disciple appliqué de Lee Konitz, une filiation plutôt rare chez les sax de cette génération. Sonorité pleine de moelleux, phrases enchaînées avec beaucoup de liant, discours volubile mais empreint de notes claires et distinctes : le jeune saxophoniste originaire de l’île de Mallorca suit un tracé jazzistique bien défini. Et balisé par un premier enregistrement à l’occasion duquel le « maître  » séduit par la manière autant que la sonorité du jeune saxophoniste mallorcain accepta de participer ( Marcel-li Bayer,  Nonitz (featuring Lee Konitz)/Quadrant Records, quadrantcorner.com) Pour l’accompagner sur cette scéne très  identitaire du jazz catalan, pour souligner ce parcours et lui donner le change harmonique Marco Mezquida  pianiste barcelonais fait assaut d’accords et de phrases bien ponctuées. « Ce soir le hasard à bien fait les choses commente Pere Pons nouveau responsable de la programmation du Jamboree. De toutes les façons donner du temps et une scène aux jeunes musiciens catalan fait désormais partie de notre mission ici. Autant l’avouer, le club emblème du jazz de la ville s’était endormi sur ses lauriers. Et le public s’y faisait rare. Alors avec le boss de ce lieu, Joan Mas, nous avons décidé de le réveiller. Une programmation plus variée, des cartes blanches données à de jeunes musiciens comme Giulia Valle, des coups tentés comme le retour de Pedro Ithurralde, le saxophoniste espagnol le plus emblématique mais qui ne jouait plus en club depuis vingt ans. Nous avons également la volonté de monter des évènements, par exemple la célébration de notre icône, Tete Montoliu disparu depuis quinze ans cette année. Ses anciens musiciens, y compris américains tel Perry Robinson, clarinettiste, viendront nous y aider » 
Joan Mas figure en bonne place parmi les « faiseurs » des nuits de Barcelona. Un vrai personnage que l’on dirait sorti tout droit d’un roman de Vasquez Montalban. Il a le le verbe facile en catalan, le débit rapide et l’accent qui va avec. Il garde une lueur de malice au coin de l’œil, laquell se révèle dès qu’un spot l’irrigue au comptoir de l’un des nombreux bars de ses établissements de nuit.  Aficionado de jazz et conscient de son rôle de diffuseur de musiques live, sa philosophie personnelle part d’une réalité « incontournable dans le Barcelona d’aujourd’hui ».  Le jazz ne suffit pas à faire vivre un lieu. « Dès lors que l’on a compris cela, reste à trouver une autre solution afin que cette musique vive dans la ville…moi j’ai choisi de la croiser avec du flamenco qui attire visiteurs d’un soir et touristes, les  japonais en tête de liste. Je veux compléter le package avec des boites de nuit qui marchent elles aussi. » Ainsi tant le Jamboree que le Tarantos à l’étage du dessus, se muent en discothèque dès « autour de minuit »  L’une promeut soul et funk, l’autre diffuse les accents plus électroniquement raides de la house music. Joan, boss de la société Mas y  Mas (sa sœur, Marta est son associée dans l’affaire. Lui ne se cache d’ailleurs pas de dire « croyez moi elle  tient fermement les cordons de la bourse! ») justifie le bien fondé de sa petite entreprise par la connaissance des mentalités de sa ville « Ici comme souvent
dans le reste de l’Espagne les politiques, les dirigeants des collectivités en général sont souvent de vieux messieurs qui ne sortent plus la nuit. Ils se trouvent donc totalement hors circuit pour comprendre le besoin, les habitudes, le désir de jeunes qui pourraient être leurs enfants voire leurs petits  enfants. Moi je connais et j’aime la vie de la nuit. Je leur offre simplement ce qu’ils cherchent, à Barcelona en particulier… »

Ainsi continue de vivre le jazz, sous les étoiles et les voûtes de pierre du Jamboree, dans la capitale de la Catalogne qui, fruit d’un référendum récent sur l’avenir de cette région,  se verrait bien revétir les habits d’une capitale tout court. Joan Mas lui cherche à compléter le circuit des résonances musicales nocturnes et  leur volant d’apport pécunier. « Je viens d’acquérir un local très connu de la Barcelona chaude. Le Tabou était pour toute une génération, celle de la fin du franquisme en particulier, un club oû se côtoyaient le jazz et les putas (sic). Je vais en faire un haut lieu des nuits de la cité. Je vais lui donner le nom d’un autre night club de la ville disparu lui aussi, un nom très français d’ailleurs, La Boîte … » De quoi délivrer une assurance tout risque au devenir du jazz à Barcelona. Et favoriser son essor comme ses revenus propres: « La preuve, nous allons à partir du Jamboree mais aussi d’autres salles prestigieuses de la ville tels Le Palau ou l’Auditori, faire fructifier un festival au mois d’août reprend de volée Pere Pons, directeur Artistique du club. Les musiciens américains, Sun Ra Arkestra par exemple y côtoieront les catalans… » Joan Mas, le patron, acquiesce bien sûr. Et comme Juana, la bailaora flamenco du groupe Juan de Gloria achève de quitter la scène, il l’embrasse avec chaleur. Puis il lui glisse un petit compliment bien troussé. Dix minutes plus tard, elle devra néanmoins remonter sur les planches pour un set de plus. Un couple de japonais entre d’ailleurs déjà dans la salle pour s’assoir à une table au premier rang et jouir des voix et arabesques du flamenco chanté et dansé en couleurs fortes…

Le Palau de la Musica représente un autre fleuron de la musique dans la ville catalane. Construit entre 1905 et 1908 sur les plans de Lluis Domenech i Montaner architecte contemporain de Gaudi, l’édifice flamboyant – extérieur comme intérieur avec son plafond multicolore, une noria de sculptures et une magnifique verrière – caractéristique de l’architecture moderniste catalane devait accueillir originellement l’Orfeo Catalan, choeur d’hommes. Depuis plus d’un siècle, les « figuras » musicales s’y sont succédés, compositeurs, chefs d’orchestres, divas d’Opéra (Montserrat Caballe), chantres de la chanson locale (Joan Manuel Serrat, Raimon) et grands noms du jazz  (de Don Byas à Brad Melhdau en passant par Duke Ellington ou Sonny Rollins)  et l’icône absolue du jazz catalan, Tete Montoliu.

Ce soir Estrella Morente venue présenter son dernier opus (Autorretrato/ EMI) investit le lieu sous le regard en face à face de Beethoven et du fondateur de l’Orfeo, statufiés de part et d’autre de l’immense scène . Flamboyant, le vocable colle à la peau de la cantaora de Grenade mariée à un torero malagueño. Soutenue ou poussé par treize musiciens et choristes sa voix prend, au détour des chansons, des atours sensuels ou puissants, du murmure jusqu’à la furia. Elle garde pourtant le contrôle de son chant, partant de la base de cette musique, les « palos » traditionnels, pour pousser au besoin jusqu’au swing ou aux syncopes afro cubaines en passant par rumbas et autres habaneras. La fille d’Enrique Morente, cantaor original lui même entré depuis sa mort récente dans le pantheon du flamenco, manie avec aisance et un sens aiguisé du spectacle -les pas du baile flamenco esquissés sous des spots bleus ou pourpres soulignent à dessein rythme ou dramaturgie d’un chant livré à haute dose d’émotion- tradition et modernité appliqué à l’art vocal d’essence gitane. Elle terminera dans un chorus de voix torride livré brut a capella, seule au beau milieu d’un public chauffé comme un feu de forge, inondée sous une pluie d’oeillets rouges ou blancs. Mains posée sur le coeur, « flamenca » jusqu’au bout de ses ongles carmins.
 
Robert Latxague

|

Jamboree, club de jazz historique situé Plaza Real à deux pas des Ramblas et quelques encablures du port, fait partie de ces lieux de Barcelone qui se sont bâtis sur des légendes. Joan Roseló en fut le fondateur et premier patron. Tombé amoureux d’une bailaora (danseuse) de flamenco, il ajouta à son club une salle dédiée au flamenco. Mal lui en prit car bien plus tard, lorsque fatigué des nuits barcelonaises il voulut se débarrasser de son affaire le mari d’une autre danseuse, gitan dans la tradition, lui mît littéralement le couteau sous la gorge. Du coup l’unique acheteur potentiel ne voulut se porter acquéreur que du seul club de jazz. Le notaire  saisi, réaliste autant que conciliant, lui offrit  donc les deux salles pour un seul et même prix. Joan Mas avisé et se ravisant pour avoir flairé la bonne affaire se décida in fine à acheter le lot dans son entier. Bien lui en prit car à ce jour, les trois sessions  quotidiennes du Tarantos, le tablao flamenco, permettent au Jamboree contigu de tenir le coup par et pour le jazz. 

Marcel-li Bayer (as), Marco Mezquida (p)
Jamboree, Barcelona, 13 février 
Estrella Morente
Palau de la Musica, Barcelona, 16 février
 
Autre temps, autre histoire: ce soir Giulia  Valle jeune contrebassiste installée à Barcelona devait jouer pour présenter son nouveau quintet (Giulia Valle Group, Live / Fresh Sound New Talent Records) Mais la grippe en décida autrement. Au pied levé Marco Mezquida, son ex-pianiste invite Marce-li Bayer, un collègue saxophoniste a le rejoindre sur scène. Un répertoire vite monté fait de  standards et pièces personnelles, un ou deux thèmes pour s’accorder et voilà le duo qui fonctionne au naturel, à l’échange instantané. Avec un constat vite établi: à l’alto Bayer se révèle un disciple appliqué de Lee Konitz, une filiation plutôt rare chez les sax de cette génération. Sonorité pleine de moelleux, phrases enchaînées avec beaucoup de liant, discours volubile mais empreint de notes claires et distinctes : le jeune saxophoniste originaire de l’île de Mallorca suit un tracé jazzistique bien défini. Et balisé par un premier enregistrement à l’occasion duquel le « maître  » séduit par la manière autant que la sonorité du jeune saxophoniste mallorcain accepta de participer ( Marcel-li Bayer,  Nonitz (featuring Lee Konitz)/Quadrant Records, quadrantcorner.com) Pour l’accompagner sur cette scéne très  identitaire du jazz catalan, pour souligner ce parcours et lui donner le change harmonique Marco Mezquida  pianiste barcelonais fait assaut d’accords et de phrases bien ponctuées. « Ce soir le hasard à bien fait les choses commente Pere Pons nouveau responsable de la programmation du Jamboree. De toutes les façons donner du temps et une scène aux jeunes musiciens catalan fait désormais partie de notre mission ici. Autant l’avouer, le club emblème du jazz de la ville s’était endormi sur ses lauriers. Et le public s’y faisait rare. Alors avec le boss de ce lieu, Joan Mas, nous avons décidé de le réveiller. Une programmation plus variée, des cartes blanches données à de jeunes musiciens comme Giulia Valle, des coups tentés comme le retour de Pedro Ithurralde, le saxophoniste espagnol le plus emblématique mais qui ne jouait plus en club depuis vingt ans. Nous avons également la volonté de monter des évènements, par exemple la célébration de notre icône, Tete Montoliu disparu depuis quinze ans cette année. Ses anciens musiciens, y compris américains tel Perry Robinson, clarinettiste, viendront nous y aider » 
Joan Mas figure en bonne place parmi les « faiseurs » des nuits de Barcelona. Un vrai personnage que l’on dirait sorti tout droit d’un roman de Vasquez Montalban. Il a le le verbe facile en catalan, le débit rapide et l’accent qui va avec. Il garde une lueur de malice au coin de l’œil, laquell se révèle dès qu’un spot l’irrigue au comptoir de l’un des nombreux bars de ses établissements de nuit.  Aficionado de jazz et conscient de son rôle de diffuseur de musiques live, sa philosophie personnelle part d’une réalité « incontournable dans le Barcelona d’aujourd’hui ».  Le jazz ne suffit pas à faire vivre un lieu. « Dès lors que l’on a compris cela, reste à trouver une autre solution afin que cette musique vive dans la ville…moi j’ai choisi de la croiser avec du flamenco qui attire visiteurs d’un soir et touristes, les  japonais en tête de liste. Je veux compléter le package avec des boites de nuit qui marchent elles aussi. » Ainsi tant le Jamboree que le Tarantos à l’étage du dessus, se muent en discothèque dès « autour de minuit »  L’une promeut soul et funk, l’autre diffuse les accents plus électroniquement raides de la house music. Joan, boss de la société Mas y  Mas (sa sœur, Marta est son associée dans l’affaire. Lui ne se cache d’ailleurs pas de dire « croyez moi elle  tient fermement les cordons de la bourse! ») justifie le bien fondé de sa petite entreprise par la connaissance des mentalités de sa ville « Ici comme souvent
dans le reste de l’Espagne les politiques, les dirigeants des collectivités en général sont souvent de vieux messieurs qui ne sortent plus la nuit. Ils se trouvent donc totalement hors circuit pour comprendre le besoin, les habitudes, le désir de jeunes qui pourraient être leurs enfants voire leurs petits  enfants. Moi je connais et j’aime la vie de la nuit. Je leur offre simplement ce qu’ils cherchent, à Barcelona en particulier… »

Ainsi continue de vivre le jazz, sous les étoiles et les voûtes de pierre du Jamboree, dans la capitale de la Catalogne qui, fruit d’un référendum récent sur l’avenir de cette région,  se verrait bien revétir les habits d’une capitale tout court. Joan Mas lui cherche à compléter le circuit des résonances musicales nocturnes et  leur volant d’apport pécunier. « Je viens d’acquérir un local très connu de la Barcelona chaude. Le Tabou était pour toute une génération, celle de la fin du franquisme en particulier, un club oû se côtoyaient le jazz et les putas (sic). Je vais en faire un haut lieu des nuits de la cité. Je vais lui donner le nom d’un autre night club de la ville disparu lui aussi, un nom très français d’ailleurs, La Boîte … » De quoi délivrer une assurance tout risque au devenir du jazz à Barcelona. Et favoriser son essor comme ses revenus propres: « La preuve, nous allons à partir du Jamboree mais aussi d’autres salles prestigieuses de la ville tels Le Palau ou l’Auditori, faire fructifier un festival au mois d’août reprend de volée Pere Pons, directeur Artistique du club. Les musiciens américains, Sun Ra Arkestra par exemple y côtoieront les catalans… » Joan Mas, le patron, acquiesce bien sûr. Et comme Juana, la bailaora flamenco du groupe Juan de Gloria achève de quitter la scène, il l’embrasse avec chaleur. Puis il lui glisse un petit compliment bien troussé. Dix minutes plus tard, elle devra néanmoins remonter sur les planches pour un set de plus. Un couple de japonais entre d’ailleurs déjà dans la salle pour s’assoir à une table au premier rang et jouir des voix et arabesques du flamenco chanté et dansé en couleurs fortes…

Le Palau de la Musica représente un autre fleuron de la musique dans la ville catalane. Construit entre 1905 et 1908 sur les plans de Lluis Domenech i Montaner architecte contemporain de Gaudi, l’édifice flamboyant – extérieur comme intérieur avec son plafond multicolore, une noria de sculptures et une magnifique verrière – caractéristique de l’architecture moderniste catalane devait accueillir originellement l’Orfeo Catalan, choeur d’hommes. Depuis plus d’un siècle, les « figuras » musicales s’y sont succédés, compositeurs, chefs d’orchestres, divas d’Opéra (Montserrat Caballe), chantres de la chanson locale (Joan Manuel Serrat, Raimon) et grands noms du jazz  (de Don Byas à Brad Melhdau en passant par Duke Ellington ou Sonny Rollins)  et l’icône absolue du jazz catalan, Tete Montoliu.

Ce soir Estrella Morente venue présenter son dernier opus (Autorretrato/ EMI) investit le lieu sous le regard en face à face de Beethoven et du fondateur de l’Orfeo, statufiés de part et d’autre de l’immense scène . Flamboyant, le vocable colle à la peau de la cantaora de Grenade mariée à un torero malagueño. Soutenue ou poussé par treize musiciens et choristes sa voix prend, au détour des chansons, des atours sensuels ou puissants, du murmure jusqu’à la furia. Elle garde pourtant le contrôle de son chant, partant de la base de cette musique, les « palos » traditionnels, pour pousser au besoin jusqu’au swing ou aux syncopes afro cubaines en passant par rumbas et autres habaneras. La fille d’Enrique Morente, cantaor original lui même entré depuis sa mort récente dans le pantheon du flamenco, manie avec aisance et un sens aiguisé du spectacle -les pas du baile flamenco esquissés sous des spots bleus ou pourpres soulignent à dessein rythme ou dramaturgie d’un chant livré à haute dose d’émotion- tradition et modernité appliqué à l’art vocal d’essence gitane. Elle terminera dans un chorus de voix torride livré brut a capella, seule au beau milieu d’un public chauffé comme un feu de forge, inondée sous une pluie d’oeillets rouges ou blancs. Mains posée sur le coeur, « flamenca » jusqu’au bout de ses ongles carmins.
 
Robert Latxague