Christophe MONNIOT Quartet Le Triton 4 décembre 2025

Quartet HYPERSENSITIVITY

Christophe MONNIOT Saxophones alto et sopranino

Sophia DOMANCICH Piano

Denis CHAROLLES

Felipe CABRERA Contrebasse

La salle pleine aux trois-quarts, c’est déjà pas mal pour cette froide soirée d’hiver: décembre épaississait son brouillard le plus noir. 

Le concert s’ouvre sur une anacrouse ornithologique: quelques pépiements d’oiseaux invisibles nous étonnent, servent à convoquer notre « hypersensibilité », et le quartet démarre en nous rappelant que le Triton offre l’une des plus belles acoustiques du pays.

Christophe Monniot commence au sopranino, tout en haut par définition. L’instrument malgré sa taille modeste, a dans ses mains cette assurance tranquille des timides qui savent ce qu’ils ont à dire, avec parfois une fausse hésitation et un tremblé d’une note à l’autre, sans vibrato. Mais c’est surtout à l’alto qu’on entend Monniot, plein, rond, à l’aise. 

Son dernier répertoire, Hypersenitivity, dessine tout un univers de climats différents, extrêmement composé même si un très vaste espace est libre pour l’improvisation de chacun. Pas mal de morceaux s’adossent et se construisent sur des références anciennes totalement métamorphosées: Blow what reprend la phrase célèbre du So What de Miles, suivi de sa ponctuation plus célèbre encore, en décalant, resserrant, étirant, désarticulant ces deux segments. Grace est un Amazing grace méconnaissable, la Biguine pour un ami masque sa rythmique chaloupée… 

Et les musicien.ne.s qui l’entourent sont merveilleusement eux-mêmes tout en servant son écriture. Une phrase suffit pour qu’on reconnaisse Sophia Domancich, sa fluidité inventive, son égalité de toucher, alors même qu’elle soutient parallèlement une partition très dense et exigeante.

Denis Charolles fait chanter sa batterie dans une constante mélodie rythmique. Et Felipe Cabrera a toujours sa fougue et ses belles lignes de bassiste-compositeur.

Si par une nuit d’hiver un voyageur… et bien qu’il aille écouter l’Hypersensitivity de Christophe Monniot

Yvan AMAR