Jazz live
Publié le 26 Oct 2018

Christophe Panzani : des Âmes perdues aux âmes retrouvées

Le 25 octobre était la Journée des pâtes dans le monde et un Jeudi Jazz Magazine à Paris au Bal Blomet. Votre journal préféré y accueillait, entouré d’Eric Legnini et Leonardo Montana, le saxophoniste Christophe Panzani et ses “Âmes perdues”, album où il s’est entouré de pianistes et dont il nous proposait les prémisses de retrouvailles.

On a connu Christophe Panzani entouré de sonorités électriques et plutôt pop, avec les guitaristes Federico Casagrande (le trio The Drops avec son album à la pochette inspirée de la Golconde de René Magritte) et Pierre Perchaud (Pasta Project, Pierre Perchaud Trio) ainsique le Rhodes de Tony Paeleman (quartette The Watershed avec le même Pierre Perchaud ou le quintette Circles d’Anne Paceo). Aussi le saxophoniste a-t-il voulu mettre fin à cette indifférence apparente vis-à-vis d’un instrument qu’il vénère et qu’il pratique lui-même en toute modestie lorsqu’il compose : le piano. Ainsi sont nées “Les Âmes perdues” (Jazz & People, 2016) constitué de sept duos avec piano. C’est de cette aventure que Jazz Magazine a voulu se faire le reflet lors de son “Jeudi” d’octobre dans l’écrin du Bal Blomet, alors que le saxophoniste est entré dans une phase de retrouvailles avec ces “Âmes perdues” en vue d’un second album. Il a convié pour notre concert un pianiste du premier disque, Leonardo Montana, et Eric Legnini qui apparaitra sur le nouveau répertoire dont les compositions se mêlaient hier aux anciennes.

© Zyx

En choisissant Eric Legnini et Leonardo Montana, Christophe Panzani faisait le pari de la complémentarité et du contraste, l’autorisant à faire monter sur scène un deuxième piano droit pour inviter, de temps à autres, ses deux pianistes le temps d’un trio à deux claviers, exercice dont on sait combien il est périlleux et peut être facteur de surenchère. C’est Montana qui ouvrit le concert en une grande fugue élégiaque pour saxophone et piano, faisant valoir un lyrisme nourri de piano baroque et romantique auquel Legnini opposa dans le trio qui suivit cette vivacité funky, ces stimuli bluesy dont il a le secret. Entre eux ou vis-à-vis de chacun, Panzani fait monter des fumerolles mélodiques dans un paysage sonore à l’estompe où le saxophone, souvent à la limite du subtone, se refuse toute brillance au profit d’un intériorité sans concession, quasi littéraire, et dont l’onirisme culmina peut-être dans le duo Traduire Eschylle. Préférant le piano droit, usant de la sourdine, Eric Legnini tendit alors à son hôte un paysage de nymphéas dont il fit juste miroiter la luminosité debussyiste de quelques clapotis de son héritage funky-bluesy. On n’a qu’une hâte, entendre la suite… • Franck Bergerot

Le prochain Jeudi Jazz Magazine débordera sur le mercredi  au Bal Blomet où se produira les 12 et 13 novembre le duo d’Ilyan Canizares et Omar Sosa. Il sera suivi le 22 novembre d’un Hommage à Michel Petrucciani rendu par Laurent Coulondre, Jérémy Bruyère et André Ceccarelli.