Jazz live
Publié le 31 Mar 2015

Des rêves convulsifs d’Emanuela Nelli aux lignes claires de Mark Turner

 

Hier soir, interdisciplinarité à la Cartoucherie de Vincennes avec Banshees et retour au jazz, rue des Lombards, avec Mark Turner au sein du quartette de Jochen Rueckert.

 

Atelier de Paris-Carolyn Carlson, Cartoucherie de Vincennes, le 30 mars 2014

 

Banshees : Emanuela Nelli (danse, chorégraphie), Michel Caron (œuvres plastiques, Anne-Sophie Lancelin (danse), Alain Mahé (électroacoustique), Emmanuelle Tat (piano, piano jouet), Stéphanie Petton (lumières), Samson Milcent (régier lumière).

 

Hier, le jazz critic s’est aventuré dans des terres inconnues de lui, loin de la rue des Lombards, au-delà du périphérique, à la Cartoucherie. Incompétence et candeur, occasion de frayeurs nouvelles et d’émerveillement en pays apache. Pas totalement inconnu car j’ai vu naître ce projet en trois étapes jusqu’à cette répétition générale hier avant la présentation de ce soir au public parisien. En résumé (avec en arrière plan la dédicace à Carlotta Ikeda, danseuse buto décédée en septembre dernier, référence à un art qu’on croisa à plusieurs reprises au voisinage des musiques improvisées), un duo féminin en sept tableaux, sept rêves sur la féminité, sept “pas de deux” convulsifs, sept scènes, sept “coups de projecteur” sur les différentes parties d’une même installation plastique où se décline l’œuvre du plasticien Michel Caron, du simple trait à l’œuvre virtuelle de la lumière traversante et réfléchie, en passant par l’art du vitrail, de la figuration d’un paysage esquissé à la réflexion conceptuelle autour de la figure du phare et du chenal, avec au centre, une petite pièce de verre “grossièrement taillée”. Silhouette humaine ou serrure par où la lumière advient ? Le tout habillé par l’électronique d’Alain Mahé et les pianos (réels ou jouet) d’Emmanuelle Tat : corne de brune, bruits de la taille du verre, sonnailles champêtres, synthèse, sampling, sources mutiples et traitement live où l’on ne sait plus départir le dispositif  électronique des citations classiques de la pianiste (Chopin, George Crumb), de ses préparations sonores, des exacerbations du piano jouet, avec des échos des pénombres ocrées de Morton Feldman, des vivacissimo surhumains de Conlon Nancarrow, des abstractions lumineuses d’Anton Webern et des mécaniques minimalistes de Steve Reich.

 

Duc des Lombards, Paris (75), le 30 mars 2014.

 

Jochen Rueckert Quartet : Mark Turner (sax ténor),  Lage Lund (guitare électrique), Chris Smith (contrebasse), Jochen Rueckert (batterie).

 

Retour en territoire connu, la rue des Lombards, ses jams du lundi (au Sunset au Baiser salé), son jazz, sa “monodisciplinarité”. Au Duc, le batteur allemand présente un quartette très new-yorkais, une musique limpide, autour de conventions bientôt séculaires, mais envisagées d’un point de vue que l’on pourrait qualifier de post-moderne, qu’illustreraient par exemple les mille façons qu’a le contrebassiste Chris Smith de revisiter sous des angles toujours renouvelés l’art de la walking bass et de l’ostinato, sans rien sacrifier des exigences de profondeur et solidité du “time”. Jochen Rueckert est un ciseleur de tempo qu’il travaille tout en finesse en m’évoquant ce mélange d’énergie et de sens du détail de Roy Haynes. Lage Lund est un drôle de composite, d’où je vois surtout émerger l’héritage de Jim Hall, moins par quelques points de détail stylistiques précis que par une certaine forme de musicalité en totale symbiose avec la manière retenue de Turner. Ce dernier, même hors des formations qu’il (co)dirige, est un mystère.  S’y mêlent apparente candeur et absence totale de cliché, ligne claire et complexité des intentions. La limpidité rythmique est trompeuse, les longues mélodies conjointes surprennent par leurs changements de direction impromptus, alternent avec de grands écarts déconcertants, s’envolent vers des aigus improbables, redescendent en arpèges brisés, s’immobilisent sur haletante pédale, le tout dans un apparent détachement transpirant d’une intériorité moite qui plonge le public du Duc des Lombards dans une attention transie. Arrivé en cours de second concert (les horaires des deux concerts du Duc ont récemment été avancés d’une demie heure : 19h30 et 21h30), je n’en entendrai que deux morceaux complets, plus un rappel sur le blues, l’inoxydable blues en Si bémol. Ce soir au Duc, le trio du Yonathan Avishai avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou. Les absents pourraient bien avoir tort. Franck Bergerot

 

 

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Hier soir, interdisciplinarité à la Cartoucherie de Vincennes avec Banshees et retour au jazz, rue des Lombards, avec Mark Turner au sein du quartette de Jochen Rueckert.

 

Atelier de Paris-Carolyn Carlson, Cartoucherie de Vincennes, le 30 mars 2014

 

Banshees : Emanuela Nelli (danse, chorégraphie), Michel Caron (œuvres plastiques, Anne-Sophie Lancelin (danse), Alain Mahé (électroacoustique), Emmanuelle Tat (piano, piano jouet), Stéphanie Petton (lumières), Samson Milcent (régier lumière).

 

Hier, le jazz critic s’est aventuré dans des terres inconnues de lui, loin de la rue des Lombards, au-delà du périphérique, à la Cartoucherie. Incompétence et candeur, occasion de frayeurs nouvelles et d’émerveillement en pays apache. Pas totalement inconnu car j’ai vu naître ce projet en trois étapes jusqu’à cette répétition générale hier avant la présentation de ce soir au public parisien. En résumé (avec en arrière plan la dédicace à Carlotta Ikeda, danseuse buto décédée en septembre dernier, référence à un art qu’on croisa à plusieurs reprises au voisinage des musiques improvisées), un duo féminin en sept tableaux, sept rêves sur la féminité, sept “pas de deux” convulsifs, sept scènes, sept “coups de projecteur” sur les différentes parties d’une même installation plastique où se décline l’œuvre du plasticien Michel Caron, du simple trait à l’œuvre virtuelle de la lumière traversante et réfléchie, en passant par l’art du vitrail, de la figuration d’un paysage esquissé à la réflexion conceptuelle autour de la figure du phare et du chenal, avec au centre, une petite pièce de verre “grossièrement taillée”. Silhouette humaine ou serrure par où la lumière advient ? Le tout habillé par l’électronique d’Alain Mahé et les pianos (réels ou jouet) d’Emmanuelle Tat : corne de brune, bruits de la taille du verre, sonnailles champêtres, synthèse, sampling, sources mutiples et traitement live où l’on ne sait plus départir le dispositif  électronique des citations classiques de la pianiste (Chopin, George Crumb), de ses préparations sonores, des exacerbations du piano jouet, avec des échos des pénombres ocrées de Morton Feldman, des vivacissimo surhumains de Conlon Nancarrow, des abstractions lumineuses d’Anton Webern et des mécaniques minimalistes de Steve Reich.

 

Duc des Lombards, Paris (75), le 30 mars 2014.

 

Jochen Rueckert Quartet : Mark Turner (sax ténor),  Lage Lund (guitare électrique), Chris Smith (contrebasse), Jochen Rueckert (batterie).

 

Retour en territoire connu, la rue des Lombards, ses jams du lundi (au Sunset au Baiser salé), son jazz, sa “monodisciplinarité”. Au Duc, le batteur allemand présente un quartette très new-yorkais, une musique limpide, autour de conventions bientôt séculaires, mais envisagées d’un point de vue que l’on pourrait qualifier de post-moderne, qu’illustreraient par exemple les mille façons qu’a le contrebassiste Chris Smith de revisiter sous des angles toujours renouvelés l’art de la walking bass et de l’ostinato, sans rien sacrifier des exigences de profondeur et solidité du “time”. Jochen Rueckert est un ciseleur de tempo qu’il travaille tout en finesse en m’évoquant ce mélange d’énergie et de sens du détail de Roy Haynes. Lage Lund est un drôle de composite, d’où je vois surtout émerger l’héritage de Jim Hall, moins par quelques points de détail stylistiques précis que par une certaine forme de musicalité en totale symbiose avec la manière retenue de Turner. Ce dernier, même hors des formations qu’il (co)dirige, est un mystère.  S’y mêlent apparente candeur et absence totale de cliché, ligne claire et complexité des intentions. La limpidité rythmique est trompeuse, les longues mélodies conjointes surprennent par leurs changements de direction impromptus, alternent avec de grands écarts déconcertants, s’envolent vers des aigus improbables, redescendent en arpèges brisés, s’immobilisent sur haletante pédale, le tout dans un apparent détachement transpirant d’une intériorité moite qui plonge le public du Duc des Lombards dans une attention transie. Arrivé en cours de second concert (les horaires des deux concerts du Duc ont récemment été avancés d’une demie heure : 19h30 et 21h30), je n’en entendrai que deux morceaux complets, plus un rappel sur le blues, l’inoxydable blues en Si bémol. Ce soir au Duc, le trio du Yonathan Avishai avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou. Les absents pourraient bien avoir tort. Franck Bergerot

 

 

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Hier soir, interdisciplinarité à la Cartoucherie de Vincennes avec Banshees et retour au jazz, rue des Lombards, avec Mark Turner au sein du quartette de Jochen Rueckert.

 

Atelier de Paris-Carolyn Carlson, Cartoucherie de Vincennes, le 30 mars 2014

 

Banshees : Emanuela Nelli (danse, chorégraphie), Michel Caron (œuvres plastiques, Anne-Sophie Lancelin (danse), Alain Mahé (électroacoustique), Emmanuelle Tat (piano, piano jouet), Stéphanie Petton (lumières), Samson Milcent (régier lumière).

 

Hier, le jazz critic s’est aventuré dans des terres inconnues de lui, loin de la rue des Lombards, au-delà du périphérique, à la Cartoucherie. Incompétence et candeur, occasion de frayeurs nouvelles et d’émerveillement en pays apache. Pas totalement inconnu car j’ai vu naître ce projet en trois étapes jusqu’à cette répétition générale hier avant la présentation de ce soir au public parisien. En résumé (avec en arrière plan la dédicace à Carlotta Ikeda, danseuse buto décédée en septembre dernier, référence à un art qu’on croisa à plusieurs reprises au voisinage des musiques improvisées), un duo féminin en sept tableaux, sept rêves sur la féminité, sept “pas de deux” convulsifs, sept scènes, sept “coups de projecteur” sur les différentes parties d’une même installation plastique où se décline l’œuvre du plasticien Michel Caron, du simple trait à l’œuvre virtuelle de la lumière traversante et réfléchie, en passant par l’art du vitrail, de la figuration d’un paysage esquissé à la réflexion conceptuelle autour de la figure du phare et du chenal, avec au centre, une petite pièce de verre “grossièrement taillée”. Silhouette humaine ou serrure par où la lumière advient ? Le tout habillé par l’électronique d’Alain Mahé et les pianos (réels ou jouet) d’Emmanuelle Tat : corne de brune, bruits de la taille du verre, sonnailles champêtres, synthèse, sampling, sources mutiples et traitement live où l’on ne sait plus départir le dispositif  électronique des citations classiques de la pianiste (Chopin, George Crumb), de ses préparations sonores, des exacerbations du piano jouet, avec des échos des pénombres ocrées de Morton Feldman, des vivacissimo surhumains de Conlon Nancarrow, des abstractions lumineuses d’Anton Webern et des mécaniques minimalistes de Steve Reich.

 

Duc des Lombards, Paris (75), le 30 mars 2014.

 

Jochen Rueckert Quartet : Mark Turner (sax ténor),  Lage Lund (guitare électrique), Chris Smith (contrebasse), Jochen Rueckert (batterie).

 

Retour en territoire connu, la rue des Lombards, ses jams du lundi (au Sunset au Baiser salé), son jazz, sa “monodisciplinarité”. Au Duc, le batteur allemand présente un quartette très new-yorkais, une musique limpide, autour de conventions bientôt séculaires, mais envisagées d’un point de vue que l’on pourrait qualifier de post-moderne, qu’illustreraient par exemple les mille façons qu’a le contrebassiste Chris Smith de revisiter sous des angles toujours renouvelés l’art de la walking bass et de l’ostinato, sans rien sacrifier des exigences de profondeur et solidité du “time”. Jochen Rueckert est un ciseleur de tempo qu’il travaille tout en finesse en m’évoquant ce mélange d’énergie et de sens du détail de Roy Haynes. Lage Lund est un drôle de composite, d’où je vois surtout émerger l’héritage de Jim Hall, moins par quelques points de détail stylistiques précis que par une certaine forme de musicalité en totale symbiose avec la manière retenue de Turner. Ce dernier, même hors des formations qu’il (co)dirige, est un mystère.  S’y mêlent apparente candeur et absence totale de cliché, ligne claire et complexité des intentions. La limpidité rythmique est trompeuse, les longues mélodies conjointes surprennent par leurs changements de direction impromptus, alternent avec de grands écarts déconcertants, s’envolent vers des aigus improbables, redescendent en arpèges brisés, s’immobilisent sur haletante pédale, le tout dans un apparent détachement transpirant d’une intériorité moite qui plonge le public du Duc des Lombards dans une attention transie. Arrivé en cours de second concert (les horaires des deux concerts du Duc ont récemment été avancés d’une demie heure : 19h30 et 21h30), je n’en entendrai que deux morceaux complets, plus un rappel sur le blues, l’inoxydable blues en Si bémol. Ce soir au Duc, le trio du Yonathan Avishai avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou. Les absents pourraient bien avoir tort. Franck Bergerot

 

 

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Hier soir, interdisciplinarité à la Cartoucherie de Vincennes avec Banshees et retour au jazz, rue des Lombards, avec Mark Turner au sein du quartette de Jochen Rueckert.

 

Atelier de Paris-Carolyn Carlson, Cartoucherie de Vincennes, le 30 mars 2014

 

Banshees : Emanuela Nelli (danse, chorégraphie), Michel Caron (œuvres plastiques, Anne-Sophie Lancelin (danse), Alain Mahé (électroacoustique), Emmanuelle Tat (piano, piano jouet), Stéphanie Petton (lumières), Samson Milcent (régier lumière).

 

Hier, le jazz critic s’est aventuré dans des terres inconnues de lui, loin de la rue des Lombards, au-delà du périphérique, à la Cartoucherie. Incompétence et candeur, occasion de frayeurs nouvelles et d’émerveillement en pays apache. Pas totalement inconnu car j’ai vu naître ce projet en trois étapes jusqu’à cette répétition générale hier avant la présentation de ce soir au public parisien. En résumé (avec en arrière plan la dédicace à Carlotta Ikeda, danseuse buto décédée en septembre dernier, référence à un art qu’on croisa à plusieurs reprises au voisinage des musiques improvisées), un duo féminin en sept tableaux, sept rêves sur la féminité, sept “pas de deux” convulsifs, sept scènes, sept “coups de projecteur” sur les différentes parties d’une même installation plastique où se décline l’œuvre du plasticien Michel Caron, du simple trait à l’œuvre virtuelle de la lumière traversante et réfléchie, en passant par l’art du vitrail, de la figuration d’un paysage esquissé à la réflexion conceptuelle autour de la figure du phare et du chenal, avec au centre, une petite pièce de verre “grossièrement taillée”. Silhouette humaine ou serrure par où la lumière advient ? Le tout habillé par l’électronique d’Alain Mahé et les pianos (réels ou jouet) d’Emmanuelle Tat : corne de brune, bruits de la taille du verre, sonnailles champêtres, synthèse, sampling, sources mutiples et traitement live où l’on ne sait plus départir le dispositif  électronique des citations classiques de la pianiste (Chopin, George Crumb), de ses préparations sonores, des exacerbations du piano jouet, avec des échos des pénombres ocrées de Morton Feldman, des vivacissimo surhumains de Conlon Nancarrow, des abstractions lumineuses d’Anton Webern et des mécaniques minimalistes de Steve Reich.

 

Duc des Lombards, Paris (75), le 30 mars 2014.

 

Jochen Rueckert Quartet : Mark Turner (sax ténor),  Lage Lund (guitare électrique), Chris Smith (contrebasse), Jochen Rueckert (batterie).

 

Retour en territoire connu, la rue des Lombards, ses jams du lundi (au Sunset au Baiser salé), son jazz, sa “monodisciplinarité”. Au Duc, le batteur allemand présente un quartette très new-yorkais, une musique limpide, autour de conventions bientôt séculaires, mais envisagées d’un point de vue que l’on pourrait qualifier de post-moderne, qu’illustreraient par exemple les mille façons qu’a le contrebassiste Chris Smith de revisiter sous des angles toujours renouvelés l’art de la walking bass et de l’ostinato, sans rien sacrifier des exigences de profondeur et solidité du “time”. Jochen Rueckert est un ciseleur de tempo qu’il travaille tout en finesse en m’évoquant ce mélange d’énergie et de sens du détail de Roy Haynes. Lage Lund est un drôle de composite, d’où je vois surtout émerger l’héritage de Jim Hall, moins par quelques points de détail stylistiques précis que par une certaine forme de musicalité en totale symbiose avec la manière retenue de Turner. Ce dernier, même hors des formations qu’il (co)dirige, est un mystère.  S’y mêlent apparente candeur et absence totale de cliché, ligne claire et complexité des intentions. La limpidité rythmique est trompeuse, les longues mélodies conjointes surprennent par leurs changements de direction impromptus, alternent avec de grands écarts déconcertants, s’envolent vers des aigus improbables, redescendent en arpèges brisés, s’immobilisent sur haletante pédale, le tout dans un apparent détachement transpirant d’une intériorité moite qui plonge le public du Duc des Lombards dans une attention transie. Arrivé en cours de second concert (les horaires des deux concerts du Duc ont récemment été avancés d’une demie heure : 19h30 et 21h30), je n’en entendrai que deux morceaux complets, plus un rappel sur le blues, l’inoxydable blues en Si bémol. Ce soir au Duc, le trio du Yonathan Avishai avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou. Les absents pourraient bien avoir tort. Franck Bergerot