Jazz live
Publié le 29 Juil 2012

Édouard Ferlet “rethink” Bach au Parc Floral

En avant-dernier concert du Paris Jazz Festival, le pianiste Édouard Ferlet donnait son programme « Think Bach” où il joue, rejoue et déjoue l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

 

Paris Jazz Festival, Parc Floral, Paris (75), le 28 juillet 2012.

 

Édouart Ferlet (p).

 

42% des français ne prennent pas de congé selon une étude dévoilée samedi par Le Parisien. Le pourcentage est-il le même pour les Parisiens ? Toujours est-il que le week end du grand chassé-croisé des vacanciers sur les routes de France et dans les gares, le Paris Jazz Festival faisait le plein pour son avant-dernier concert. À vrai dire, un peu distrait (une fois n’est pas coutume), je croyais assister au dernier concert du festival, un concert en deux parties à partir de 16 heures. Hélas, la première partie – Édouard Ferlet – avait bien lieu à 16 heures, mais pour assister au concert de l’ONJ, il fallait attendre 21h. N’étant pas chaussé pour et ayant quelques derniers devoirs de vacances à terminer avant la grande rentrée demain matin et la mise en chantier du numéro de septembre, hé bien je suis rentré. Car, en effet, moi, je suis parti en vacances. Est-ce à dire que j’ai pris des congés ? Pas tant que je l’aurais souhaité, la préparation d’un gros dossier Sonny Rollins pour septembre et quelques autres broutilles m’ayant quelque peu distrait de la pluie et du froid breton.


Ceux qui sont restés, ceux qui étaient déjà rentrés, ceux qui partiront plus tard savent donc apprécier ces concerts et l’abri du grand delta qui surplombe la Vallée des fleurs au Parc Floral. Une programmation sans vraies stars, mais de qualité, valorisant la scène française et européenne, qui montre ici qu’elle peut attirer un public nombreux, séduit par la modicité du prix d’accès au parc, le charme du lieu, mais pas moins attentif, disponible, et démonstratif lorsque la musique lui plaît. Et l’on imagine guère plus grand enthousiasme que celui dont il a salué le concert solo d’Édouard Ferlet “Think Bach”, sur le programme d’un disque à paraître à la rentrée autour de Jean-Sébastien Bach.

 

Ouverture surprenante pour du Bach, entre souvenirs néo-romantiques, impressionnisme à la française et effluves de Radiohead. Suivra un ostinato de six notes (beaucoup d’ostinatos dans ce programme) d’abord joué avec des mailloches directement sur les cordes du piano, puis en va et vient avec un solo de main droite, soudain farceur pour reparaître là-bas et révéler enfin la séquence d’où il a été emprunté à Bach avant de nous attirer vers une danse jarrettienne pimentées de notes bleues intempestives. Autrement dit, Ferlet ne part pas nécessairement de Bach, mais où il nous y emmène, comme ce nouvel ostinato en forme de boîte à musique boîteuse (mesures composées), voire détraquée (l’ostinato se met à moduler) sur des accords debussyistes, lorsqu’une soudaine pédale vient nous rappeler, comme par soulignement, l’ancrage de ces marches harmoniques dans l’œuvre du maître de Leipzig. Plus loin, de ce qui m’est apparu comme une métaphore de la ville bruyante et énervée, issue d’un chaos polyrythmique introductif, émerge la limpidité momentanée d’une fugue aspirant elle aussi au dérèglement.

 

C’est que, nous explique Édouard Ferlet, il est bien parti des partitions de Bach, mais qu’il leur a fait subir différents traitements par pliage, collage, lecture dans un miroir, jouant du palimpseste et du cadavre exquis dans un exercice ludique et jubilatoire, nous invitant à reconnaître l’une des Variations Goldberg dans une lecture rétrogarde harmonisée, faisant émerger Jésus que ma joie demeure d’un nouveau solo jarrettien, entrelaçant je ne sais quelle autre partition travestie de Bach avec un montuno lui-même évadé à lui-même, préparant son piano d’objets qui semblent eux-mêmes générateurs de sonorités exogènes.


Dommage qu’il ne m’ait pas été possible d’enchaîner ce programme avec celui consacré par l’ONJ à l’œuvre d’Astor Piazzolla, car je pressens, avec des moyens certes différents, quelques similitudes dans la démarche.

 

Franck Bergerot

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En avant-dernier concert du Paris Jazz Festival, le pianiste Édouard Ferlet donnait son programme « Think Bach” où il joue, rejoue et déjoue l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

 

Paris Jazz Festival, Parc Floral, Paris (75), le 28 juillet 2012.

 

Édouart Ferlet (p).

 

42% des français ne prennent pas de congé selon une étude dévoilée samedi par Le Parisien. Le pourcentage est-il le même pour les Parisiens ? Toujours est-il que le week end du grand chassé-croisé des vacanciers sur les routes de France et dans les gares, le Paris Jazz Festival faisait le plein pour son avant-dernier concert. À vrai dire, un peu distrait (une fois n’est pas coutume), je croyais assister au dernier concert du festival, un concert en deux parties à partir de 16 heures. Hélas, la première partie – Édouard Ferlet – avait bien lieu à 16 heures, mais pour assister au concert de l’ONJ, il fallait attendre 21h. N’étant pas chaussé pour et ayant quelques derniers devoirs de vacances à terminer avant la grande rentrée demain matin et la mise en chantier du numéro de septembre, hé bien je suis rentré. Car, en effet, moi, je suis parti en vacances. Est-ce à dire que j’ai pris des congés ? Pas tant que je l’aurais souhaité, la préparation d’un gros dossier Sonny Rollins pour septembre et quelques autres broutilles m’ayant quelque peu distrait de la pluie et du froid breton.


Ceux qui sont restés, ceux qui étaient déjà rentrés, ceux qui partiront plus tard savent donc apprécier ces concerts et l’abri du grand delta qui surplombe la Vallée des fleurs au Parc Floral. Une programmation sans vraies stars, mais de qualité, valorisant la scène française et européenne, qui montre ici qu’elle peut attirer un public nombreux, séduit par la modicité du prix d’accès au parc, le charme du lieu, mais pas moins attentif, disponible, et démonstratif lorsque la musique lui plaît. Et l’on imagine guère plus grand enthousiasme que celui dont il a salué le concert solo d’Édouard Ferlet “Think Bach”, sur le programme d’un disque à paraître à la rentrée autour de Jean-Sébastien Bach.

 

Ouverture surprenante pour du Bach, entre souvenirs néo-romantiques, impressionnisme à la française et effluves de Radiohead. Suivra un ostinato de six notes (beaucoup d’ostinatos dans ce programme) d’abord joué avec des mailloches directement sur les cordes du piano, puis en va et vient avec un solo de main droite, soudain farceur pour reparaître là-bas et révéler enfin la séquence d’où il a été emprunté à Bach avant de nous attirer vers une danse jarrettienne pimentées de notes bleues intempestives. Autrement dit, Ferlet ne part pas nécessairement de Bach, mais où il nous y emmène, comme ce nouvel ostinato en forme de boîte à musique boîteuse (mesures composées), voire détraquée (l’ostinato se met à moduler) sur des accords debussyistes, lorsqu’une soudaine pédale vient nous rappeler, comme par soulignement, l’ancrage de ces marches harmoniques dans l’œuvre du maître de Leipzig. Plus loin, de ce qui m’est apparu comme une métaphore de la ville bruyante et énervée, issue d’un chaos polyrythmique introductif, émerge la limpidité momentanée d’une fugue aspirant elle aussi au dérèglement.

 

C’est que, nous explique Édouard Ferlet, il est bien parti des partitions de Bach, mais qu’il leur a fait subir différents traitements par pliage, collage, lecture dans un miroir, jouant du palimpseste et du cadavre exquis dans un exercice ludique et jubilatoire, nous invitant à reconnaître l’une des Variations Goldberg dans une lecture rétrogarde harmonisée, faisant émerger Jésus que ma joie demeure d’un nouveau solo jarrettien, entrelaçant je ne sais quelle autre partition travestie de Bach avec un montuno lui-même évadé à lui-même, préparant son piano d’objets qui semblent eux-mêmes générateurs de sonorités exogènes.


Dommage qu’il ne m’ait pas été possible d’enchaîner ce programme avec celui consacré par l’ONJ à l’œuvre d’Astor Piazzolla, car je pressens, avec des moyens certes différents, quelques similitudes dans la démarche.

 

Franck Bergerot

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En avant-dernier concert du Paris Jazz Festival, le pianiste Édouard Ferlet donnait son programme « Think Bach” où il joue, rejoue et déjoue l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

 

Paris Jazz Festival, Parc Floral, Paris (75), le 28 juillet 2012.

 

Édouart Ferlet (p).

 

42% des français ne prennent pas de congé selon une étude dévoilée samedi par Le Parisien. Le pourcentage est-il le même pour les Parisiens ? Toujours est-il que le week end du grand chassé-croisé des vacanciers sur les routes de France et dans les gares, le Paris Jazz Festival faisait le plein pour son avant-dernier concert. À vrai dire, un peu distrait (une fois n’est pas coutume), je croyais assister au dernier concert du festival, un concert en deux parties à partir de 16 heures. Hélas, la première partie – Édouard Ferlet – avait bien lieu à 16 heures, mais pour assister au concert de l’ONJ, il fallait attendre 21h. N’étant pas chaussé pour et ayant quelques derniers devoirs de vacances à terminer avant la grande rentrée demain matin et la mise en chantier du numéro de septembre, hé bien je suis rentré. Car, en effet, moi, je suis parti en vacances. Est-ce à dire que j’ai pris des congés ? Pas tant que je l’aurais souhaité, la préparation d’un gros dossier Sonny Rollins pour septembre et quelques autres broutilles m’ayant quelque peu distrait de la pluie et du froid breton.


Ceux qui sont restés, ceux qui étaient déjà rentrés, ceux qui partiront plus tard savent donc apprécier ces concerts et l’abri du grand delta qui surplombe la Vallée des fleurs au Parc Floral. Une programmation sans vraies stars, mais de qualité, valorisant la scène française et européenne, qui montre ici qu’elle peut attirer un public nombreux, séduit par la modicité du prix d’accès au parc, le charme du lieu, mais pas moins attentif, disponible, et démonstratif lorsque la musique lui plaît. Et l’on imagine guère plus grand enthousiasme que celui dont il a salué le concert solo d’Édouard Ferlet “Think Bach”, sur le programme d’un disque à paraître à la rentrée autour de Jean-Sébastien Bach.

 

Ouverture surprenante pour du Bach, entre souvenirs néo-romantiques, impressionnisme à la française et effluves de Radiohead. Suivra un ostinato de six notes (beaucoup d’ostinatos dans ce programme) d’abord joué avec des mailloches directement sur les cordes du piano, puis en va et vient avec un solo de main droite, soudain farceur pour reparaître là-bas et révéler enfin la séquence d’où il a été emprunté à Bach avant de nous attirer vers une danse jarrettienne pimentées de notes bleues intempestives. Autrement dit, Ferlet ne part pas nécessairement de Bach, mais où il nous y emmène, comme ce nouvel ostinato en forme de boîte à musique boîteuse (mesures composées), voire détraquée (l’ostinato se met à moduler) sur des accords debussyistes, lorsqu’une soudaine pédale vient nous rappeler, comme par soulignement, l’ancrage de ces marches harmoniques dans l’œuvre du maître de Leipzig. Plus loin, de ce qui m’est apparu comme une métaphore de la ville bruyante et énervée, issue d’un chaos polyrythmique introductif, émerge la limpidité momentanée d’une fugue aspirant elle aussi au dérèglement.

 

C’est que, nous explique Édouard Ferlet, il est bien parti des partitions de Bach, mais qu’il leur a fait subir différents traitements par pliage, collage, lecture dans un miroir, jouant du palimpseste et du cadavre exquis dans un exercice ludique et jubilatoire, nous invitant à reconnaître l’une des Variations Goldberg dans une lecture rétrogarde harmonisée, faisant émerger Jésus que ma joie demeure d’un nouveau solo jarrettien, entrelaçant je ne sais quelle autre partition travestie de Bach avec un montuno lui-même évadé à lui-même, préparant son piano d’objets qui semblent eux-mêmes générateurs de sonorités exogènes.


Dommage qu’il ne m’ait pas été possible d’enchaîner ce programme avec celui consacré par l’ONJ à l’œuvre d’Astor Piazzolla, car je pressens, avec des moyens certes différents, quelques similitudes dans la démarche.

 

Franck Bergerot

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En avant-dernier concert du Paris Jazz Festival, le pianiste Édouard Ferlet donnait son programme « Think Bach” où il joue, rejoue et déjoue l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

 

Paris Jazz Festival, Parc Floral, Paris (75), le 28 juillet 2012.

 

Édouart Ferlet (p).

 

42% des français ne prennent pas de congé selon une étude dévoilée samedi par Le Parisien. Le pourcentage est-il le même pour les Parisiens ? Toujours est-il que le week end du grand chassé-croisé des vacanciers sur les routes de France et dans les gares, le Paris Jazz Festival faisait le plein pour son avant-dernier concert. À vrai dire, un peu distrait (une fois n’est pas coutume), je croyais assister au dernier concert du festival, un concert en deux parties à partir de 16 heures. Hélas, la première partie – Édouard Ferlet – avait bien lieu à 16 heures, mais pour assister au concert de l’ONJ, il fallait attendre 21h. N’étant pas chaussé pour et ayant quelques derniers devoirs de vacances à terminer avant la grande rentrée demain matin et la mise en chantier du numéro de septembre, hé bien je suis rentré. Car, en effet, moi, je suis parti en vacances. Est-ce à dire que j’ai pris des congés ? Pas tant que je l’aurais souhaité, la préparation d’un gros dossier Sonny Rollins pour septembre et quelques autres broutilles m’ayant quelque peu distrait de la pluie et du froid breton.


Ceux qui sont restés, ceux qui étaient déjà rentrés, ceux qui partiront plus tard savent donc apprécier ces concerts et l’abri du grand delta qui surplombe la Vallée des fleurs au Parc Floral. Une programmation sans vraies stars, mais de qualité, valorisant la scène française et européenne, qui montre ici qu’elle peut attirer un public nombreux, séduit par la modicité du prix d’accès au parc, le charme du lieu, mais pas moins attentif, disponible, et démonstratif lorsque la musique lui plaît. Et l’on imagine guère plus grand enthousiasme que celui dont il a salué le concert solo d’Édouard Ferlet “Think Bach”, sur le programme d’un disque à paraître à la rentrée autour de Jean-Sébastien Bach.

 

Ouverture surprenante pour du Bach, entre souvenirs néo-romantiques, impressionnisme à la française et effluves de Radiohead. Suivra un ostinato de six notes (beaucoup d’ostinatos dans ce programme) d’abord joué avec des mailloches directement sur les cordes du piano, puis en va et vient avec un solo de main droite, soudain farceur pour reparaître là-bas et révéler enfin la séquence d’où il a été emprunté à Bach avant de nous attirer vers une danse jarrettienne pimentées de notes bleues intempestives. Autrement dit, Ferlet ne part pas nécessairement de Bach, mais où il nous y emmène, comme ce nouvel ostinato en forme de boîte à musique boîteuse (mesures composées), voire détraquée (l’ostinato se met à moduler) sur des accords debussyistes, lorsqu’une soudaine pédale vient nous rappeler, comme par soulignement, l’ancrage de ces marches harmoniques dans l’œuvre du maître de Leipzig. Plus loin, de ce qui m’est apparu comme une métaphore de la ville bruyante et énervée, issue d’un chaos polyrythmique introductif, émerge la limpidité momentanée d’une fugue aspirant elle aussi au dérèglement.

 

C’est que, nous explique Édouard Ferlet, il est bien parti des partitions de Bach, mais qu’il leur a fait subir différents traitements par pliage, collage, lecture dans un miroir, jouant du palimpseste et du cadavre exquis dans un exercice ludique et jubilatoire, nous invitant à reconnaître l’une des Variations Goldberg dans une lecture rétrogarde harmonisée, faisant émerger Jésus que ma joie demeure d’un nouveau solo jarrettien, entrelaçant je ne sais quelle autre partition travestie de Bach avec un montuno lui-même évadé à lui-même, préparant son piano d’objets qui semblent eux-mêmes générateurs de sonorités exogènes.


Dommage qu’il ne m’ait pas été possible d’enchaîner ce programme avec celui consacré par l’ONJ à l’œuvre d’Astor Piazzolla, car je pressens, avec des moyens certes différents, quelques similitudes dans la démarche.

 

Franck Bergerot