Jazz live
Publié le 15 Avr 2013

Elementary, my dear Watson !

Bobby Watson foulait samedi dernier la scène de l’Astrada, à Marciac, avec un quartette inédit. Qu’il s’inscrive dans une tradition toujours vivace, son aspect en témoigne d’emblée, avant même qu’il ait soufflé la moindre note.

 

Bobby Watson (as), Dado Morioni (p), Marco Panascia (b), Alvin Queen (dm). Marciac, l’Astrada, 13 avril.

 

 D’abord par son couvre-chef. Un chapeau plat à larges bords qu’il conservera tout du long, réplique de celui qu’arborait en son temps Lester Young. Good evening, Pork Pie Hat ! Ensuite parce qu’il lui arrive, plantigrade toujours alerte, de se dandiner tout autour du piano. Comme le faisait Monk, tel que l’ont immortalisé les images de Charlotte Zwering. Lester, Monk, il est des références moins parlantes.

 

 Et puis il y a, avant tout, le parcours personnel de celui qui resta quatre ans dans la phalange d’Art Blakey, dont il fut, à la fin des années 70, le directeur musical. Son imprégnation par les maîtres du bop et du hard bop, Parker, Coltrane, Bobby Timmons, Gigi Gryce, au répertoire desquels il puise pour bâtir un concert des plus équilibrés. Echafaudé de façon que chacun y trouve l’occasion de briller. Ainsi laisse-t-il à ses accompagnateurs le soin de détailler en trio You And The Night And The Music, mission dont ils s’acquittent au mieux, sous son regard attentif.

 

 Accompagnateurs ? Bien plutôt partenaires à part entière. Un All Stars italo-américain constitué pour la circonstance, dont les membres se sont souvent croisés, ont eu l’occasion de jouer ensemble – même si, çà et là, quelques réglages restent à parfaire. Dado Moroni a, du piano, une conception que l’on pourrait dire « holistique », celle d’Art Tatum ou d’Oscar Peterson, celle de Bud Powell dont l’influence est tangible dans le phrasé et le traitement harmonique. Brillant en solo, inventif (Wheel Within A Wheel d’Art Blakey, Moanin’). Avec cela, accompagnateur exemplaire dont l’entente avec Marco Panascia s’affirme au fil du concert. Ce dernier, très sollicité, se fait remarquer notamment lors de dialogues toujours pertinents avec le pianiste ou avec son leader.

 

 Alvin Queen, technique impressionnante, écoute active, démontre qu’il n’est pas seulement le virtuose tonnant (et étonnant) que l’on connaît bien à Marciac, mais que l’art des nuances ne lui est pas étranger. A preuve sa délicatesse dans les ballades, dont In A Sentimental Mood détaillé sans pathos par Watson. Lequel, improvisateur accompli, combine le punch de Jackie McLean et la fougue de Cannonball Adderley. En prime, un lyrisme chaleureux qui lui est propre. Il se promène avec aisance de Parker à Coltrane, de Confirmation, qu’il persille de citations de Borodine, à Cousin Mary, parachève Sentimental Mood d’une somptueuse coda. Virtuose, lui aussi, adepte du souffle continu, mais sans jamais verser dans la démonstration. Capable de soutenir sans faillir l’intérêt, voire, par instants, de susciter l’enthousiasme d’une assemblée réactive qui réclame et obtient plusieurs rappels.

 

 Bref, la confirmation que, pour réussir un concert, nul besoin de « concepts » ambitieux. Il suffit de bons musiciens et de quelques ingrédients simples, l’enthousiasme, le plaisir du partage et cet élément fédérateur qu’on appelle le swing. Elementary, my dear Watson !

 

 Jacques Aboucaya

 

|

Bobby Watson foulait samedi dernier la scène de l’Astrada, à Marciac, avec un quartette inédit. Qu’il s’inscrive dans une tradition toujours vivace, son aspect en témoigne d’emblée, avant même qu’il ait soufflé la moindre note.

 

Bobby Watson (as), Dado Morioni (p), Marco Panascia (b), Alvin Queen (dm). Marciac, l’Astrada, 13 avril.

 

 D’abord par son couvre-chef. Un chapeau plat à larges bords qu’il conservera tout du long, réplique de celui qu’arborait en son temps Lester Young. Good evening, Pork Pie Hat ! Ensuite parce qu’il lui arrive, plantigrade toujours alerte, de se dandiner tout autour du piano. Comme le faisait Monk, tel que l’ont immortalisé les images de Charlotte Zwering. Lester, Monk, il est des références moins parlantes.

 

 Et puis il y a, avant tout, le parcours personnel de celui qui resta quatre ans dans la phalange d’Art Blakey, dont il fut, à la fin des années 70, le directeur musical. Son imprégnation par les maîtres du bop et du hard bop, Parker, Coltrane, Bobby Timmons, Gigi Gryce, au répertoire desquels il puise pour bâtir un concert des plus équilibrés. Echafaudé de façon que chacun y trouve l’occasion de briller. Ainsi laisse-t-il à ses accompagnateurs le soin de détailler en trio You And The Night And The Music, mission dont ils s’acquittent au mieux, sous son regard attentif.

 

 Accompagnateurs ? Bien plutôt partenaires à part entière. Un All Stars italo-américain constitué pour la circonstance, dont les membres se sont souvent croisés, ont eu l’occasion de jouer ensemble – même si, çà et là, quelques réglages restent à parfaire. Dado Moroni a, du piano, une conception que l’on pourrait dire « holistique », celle d’Art Tatum ou d’Oscar Peterson, celle de Bud Powell dont l’influence est tangible dans le phrasé et le traitement harmonique. Brillant en solo, inventif (Wheel Within A Wheel d’Art Blakey, Moanin’). Avec cela, accompagnateur exemplaire dont l’entente avec Marco Panascia s’affirme au fil du concert. Ce dernier, très sollicité, se fait remarquer notamment lors de dialogues toujours pertinents avec le pianiste ou avec son leader.

 

 Alvin Queen, technique impressionnante, écoute active, démontre qu’il n’est pas seulement le virtuose tonnant (et étonnant) que l’on connaît bien à Marciac, mais que l’art des nuances ne lui est pas étranger. A preuve sa délicatesse dans les ballades, dont In A Sentimental Mood détaillé sans pathos par Watson. Lequel, improvisateur accompli, combine le punch de Jackie McLean et la fougue de Cannonball Adderley. En prime, un lyrisme chaleureux qui lui est propre. Il se promène avec aisance de Parker à Coltrane, de Confirmation, qu’il persille de citations de Borodine, à Cousin Mary, parachève Sentimental Mood d’une somptueuse coda. Virtuose, lui aussi, adepte du souffle continu, mais sans jamais verser dans la démonstration. Capable de soutenir sans faillir l’intérêt, voire, par instants, de susciter l’enthousiasme d’une assemblée réactive qui réclame et obtient plusieurs rappels.

 

 Bref, la confirmation que, pour réussir un concert, nul besoin de « concepts » ambitieux. Il suffit de bons musiciens et de quelques ingrédients simples, l’enthousiasme, le plaisir du partage et cet élément fédérateur qu’on appelle le swing. Elementary, my dear Watson !

 

 Jacques Aboucaya

 

|

Bobby Watson foulait samedi dernier la scène de l’Astrada, à Marciac, avec un quartette inédit. Qu’il s’inscrive dans une tradition toujours vivace, son aspect en témoigne d’emblée, avant même qu’il ait soufflé la moindre note.

 

Bobby Watson (as), Dado Morioni (p), Marco Panascia (b), Alvin Queen (dm). Marciac, l’Astrada, 13 avril.

 

 D’abord par son couvre-chef. Un chapeau plat à larges bords qu’il conservera tout du long, réplique de celui qu’arborait en son temps Lester Young. Good evening, Pork Pie Hat ! Ensuite parce qu’il lui arrive, plantigrade toujours alerte, de se dandiner tout autour du piano. Comme le faisait Monk, tel que l’ont immortalisé les images de Charlotte Zwering. Lester, Monk, il est des références moins parlantes.

 

 Et puis il y a, avant tout, le parcours personnel de celui qui resta quatre ans dans la phalange d’Art Blakey, dont il fut, à la fin des années 70, le directeur musical. Son imprégnation par les maîtres du bop et du hard bop, Parker, Coltrane, Bobby Timmons, Gigi Gryce, au répertoire desquels il puise pour bâtir un concert des plus équilibrés. Echafaudé de façon que chacun y trouve l’occasion de briller. Ainsi laisse-t-il à ses accompagnateurs le soin de détailler en trio You And The Night And The Music, mission dont ils s’acquittent au mieux, sous son regard attentif.

 

 Accompagnateurs ? Bien plutôt partenaires à part entière. Un All Stars italo-américain constitué pour la circonstance, dont les membres se sont souvent croisés, ont eu l’occasion de jouer ensemble – même si, çà et là, quelques réglages restent à parfaire. Dado Moroni a, du piano, une conception que l’on pourrait dire « holistique », celle d’Art Tatum ou d’Oscar Peterson, celle de Bud Powell dont l’influence est tangible dans le phrasé et le traitement harmonique. Brillant en solo, inventif (Wheel Within A Wheel d’Art Blakey, Moanin’). Avec cela, accompagnateur exemplaire dont l’entente avec Marco Panascia s’affirme au fil du concert. Ce dernier, très sollicité, se fait remarquer notamment lors de dialogues toujours pertinents avec le pianiste ou avec son leader.

 

 Alvin Queen, technique impressionnante, écoute active, démontre qu’il n’est pas seulement le virtuose tonnant (et étonnant) que l’on connaît bien à Marciac, mais que l’art des nuances ne lui est pas étranger. A preuve sa délicatesse dans les ballades, dont In A Sentimental Mood détaillé sans pathos par Watson. Lequel, improvisateur accompli, combine le punch de Jackie McLean et la fougue de Cannonball Adderley. En prime, un lyrisme chaleureux qui lui est propre. Il se promène avec aisance de Parker à Coltrane, de Confirmation, qu’il persille de citations de Borodine, à Cousin Mary, parachève Sentimental Mood d’une somptueuse coda. Virtuose, lui aussi, adepte du souffle continu, mais sans jamais verser dans la démonstration. Capable de soutenir sans faillir l’intérêt, voire, par instants, de susciter l’enthousiasme d’une assemblée réactive qui réclame et obtient plusieurs rappels.

 

 Bref, la confirmation que, pour réussir un concert, nul besoin de « concepts » ambitieux. Il suffit de bons musiciens et de quelques ingrédients simples, l’enthousiasme, le plaisir du partage et cet élément fédérateur qu’on appelle le swing. Elementary, my dear Watson !

 

 Jacques Aboucaya

 

|

Bobby Watson foulait samedi dernier la scène de l’Astrada, à Marciac, avec un quartette inédit. Qu’il s’inscrive dans une tradition toujours vivace, son aspect en témoigne d’emblée, avant même qu’il ait soufflé la moindre note.

 

Bobby Watson (as), Dado Morioni (p), Marco Panascia (b), Alvin Queen (dm). Marciac, l’Astrada, 13 avril.

 

 D’abord par son couvre-chef. Un chapeau plat à larges bords qu’il conservera tout du long, réplique de celui qu’arborait en son temps Lester Young. Good evening, Pork Pie Hat ! Ensuite parce qu’il lui arrive, plantigrade toujours alerte, de se dandiner tout autour du piano. Comme le faisait Monk, tel que l’ont immortalisé les images de Charlotte Zwering. Lester, Monk, il est des références moins parlantes.

 

 Et puis il y a, avant tout, le parcours personnel de celui qui resta quatre ans dans la phalange d’Art Blakey, dont il fut, à la fin des années 70, le directeur musical. Son imprégnation par les maîtres du bop et du hard bop, Parker, Coltrane, Bobby Timmons, Gigi Gryce, au répertoire desquels il puise pour bâtir un concert des plus équilibrés. Echafaudé de façon que chacun y trouve l’occasion de briller. Ainsi laisse-t-il à ses accompagnateurs le soin de détailler en trio You And The Night And The Music, mission dont ils s’acquittent au mieux, sous son regard attentif.

 

 Accompagnateurs ? Bien plutôt partenaires à part entière. Un All Stars italo-américain constitué pour la circonstance, dont les membres se sont souvent croisés, ont eu l’occasion de jouer ensemble – même si, çà et là, quelques réglages restent à parfaire. Dado Moroni a, du piano, une conception que l’on pourrait dire « holistique », celle d’Art Tatum ou d’Oscar Peterson, celle de Bud Powell dont l’influence est tangible dans le phrasé et le traitement harmonique. Brillant en solo, inventif (Wheel Within A Wheel d’Art Blakey, Moanin’). Avec cela, accompagnateur exemplaire dont l’entente avec Marco Panascia s’affirme au fil du concert. Ce dernier, très sollicité, se fait remarquer notamment lors de dialogues toujours pertinents avec le pianiste ou avec son leader.

 

 Alvin Queen, technique impressionnante, écoute active, démontre qu’il n’est pas seulement le virtuose tonnant (et étonnant) que l’on connaît bien à Marciac, mais que l’art des nuances ne lui est pas étranger. A preuve sa délicatesse dans les ballades, dont In A Sentimental Mood détaillé sans pathos par Watson. Lequel, improvisateur accompli, combine le punch de Jackie McLean et la fougue de Cannonball Adderley. En prime, un lyrisme chaleureux qui lui est propre. Il se promène avec aisance de Parker à Coltrane, de Confirmation, qu’il persille de citations de Borodine, à Cousin Mary, parachève Sentimental Mood d’une somptueuse coda. Virtuose, lui aussi, adepte du souffle continu, mais sans jamais verser dans la démonstration. Capable de soutenir sans faillir l’intérêt, voire, par instants, de susciter l’enthousiasme d’une assemblée réactive qui réclame et obtient plusieurs rappels.

 

 Bref, la confirmation que, pour réussir un concert, nul besoin de « concepts » ambitieux. Il suffit de bons musiciens et de quelques ingrédients simples, l’enthousiasme, le plaisir du partage et cet élément fédérateur qu’on appelle le swing. Elementary, my dear Watson !

 

 Jacques Aboucaya