Jazz live
Publié le 7 Mai 2012

Europa Jazz Festival 2012, le final (4)

Ludovic Florin ayant déjà, sur ce même site, rendu compte avec enthousiasme et précision de la prestation du double trio Delbecq/Hersch, qui se produisait hier au Mans en tout début d’après-midi, je n’ai qu’une chose à ajouter : au Mans, en rappel, ils n’ont pas joué Mood Indigo, mais Lonely Woman. Pour le reste, avis conforme.

 

 

Le « Tribute To Tony Levin » qui suivait, assuré par Keith Tippett (p), Julie Tippetts (voc, perc), Paul Dunmall (ts, ss) et Paul Rogers (contrebasse baroque à 6 cordes) nous a fait voyager de l’ombre à la lumière, comme ces quatre vieux complices improvisateurs savent si bien le faire. Pas une note, pas une proposition sonore qui ne soit envisagée d’entrée comme une forme possible à développer. Qu’elle soit reprise ou non, qu’elle trouve un écho ou reste inemployée, de toutes façons elle est adressée avec l’intention de la faire exister non seulement comme un son, mais comme intention de sens. Et si parfois cela patine, ou attend sa résolution, le plus souvent cela conduit au surgissement de la musique, avant l’amuïssement final.

 

Restait à Paolo Damiani (cello, compositions) le soin de faire résonner les dernières notes, avec un ensemble augmenté par Francesco Bearzatti (ts, cl). Sans atteindre à la déferlante rugueuse et enjouée du « Sol 12 » de l’année dernière, ce fut quand même un retour à des climats plus explicitement chantants. Paolo Damiani est avant tout un compositeur, sa musique a besoin de trouver son sens et son éclat auprès d’arrangeurs qui la soutiennent, et de soliste qui la transcendent. Avec Francesco Bearzatti, capable de faire monter la tension en toute occasion, ce fut un vrai régal.

 

Au chapitre « bilans et perspectives », et sans qu’il soit possible d’identifier de façon sûre les causes d’un tel succès, ce final de l’Europa 2012 s’est caractérisé par une affluence très nombreuse, en particulier dans les deux lieux de concerts de la journée. La collégiale était pleine à craquer en chaque occasion, de même que la Fonderie, et ce quel que soit le programme proposé. De toutes façons, cela fait longtemps que la notion de « tête d’affiche » est ici subvertie et détournée, et les spectateurs, qui parfois n’hésitent pas à dire qu’ils n’ont pas été sensibles à tel ou tel concert, continuent d’accueillir les propositions musicales qui leur sont faites avec un esprit d’ouverture et une très agréable fraîcheur d’écoute. L’idée même qu’il faudrait être initié (soit : musicologue) a été suffisamment battue en brèche pour disparaître des esprits. L’année prochaine, nous devrions avoir le plaisir d’écouter Henri Threadgill lors du final de l’Europa. C’est vraiment une très bonne nouvelle.


Philippe Méziat

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Ludovic Florin ayant déjà, sur ce même site, rendu compte avec enthousiasme et précision de la prestation du double trio Delbecq/Hersch, qui se produisait hier au Mans en tout début d’après-midi, je n’ai qu’une chose à ajouter : au Mans, en rappel, ils n’ont pas joué Mood Indigo, mais Lonely Woman. Pour le reste, avis conforme.

 

 

Le « Tribute To Tony Levin » qui suivait, assuré par Keith Tippett (p), Julie Tippetts (voc, perc), Paul Dunmall (ts, ss) et Paul Rogers (contrebasse baroque à 6 cordes) nous a fait voyager de l’ombre à la lumière, comme ces quatre vieux complices improvisateurs savent si bien le faire. Pas une note, pas une proposition sonore qui ne soit envisagée d’entrée comme une forme possible à développer. Qu’elle soit reprise ou non, qu’elle trouve un écho ou reste inemployée, de toutes façons elle est adressée avec l’intention de la faire exister non seulement comme un son, mais comme intention de sens. Et si parfois cela patine, ou attend sa résolution, le plus souvent cela conduit au surgissement de la musique, avant l’amuïssement final.

 

Restait à Paolo Damiani (cello, compositions) le soin de faire résonner les dernières notes, avec un ensemble augmenté par Francesco Bearzatti (ts, cl). Sans atteindre à la déferlante rugueuse et enjouée du « Sol 12 » de l’année dernière, ce fut quand même un retour à des climats plus explicitement chantants. Paolo Damiani est avant tout un compositeur, sa musique a besoin de trouver son sens et son éclat auprès d’arrangeurs qui la soutiennent, et de soliste qui la transcendent. Avec Francesco Bearzatti, capable de faire monter la tension en toute occasion, ce fut un vrai régal.

 

Au chapitre « bilans et perspectives », et sans qu’il soit possible d’identifier de façon sûre les causes d’un tel succès, ce final de l’Europa 2012 s’est caractérisé par une affluence très nombreuse, en particulier dans les deux lieux de concerts de la journée. La collégiale était pleine à craquer en chaque occasion, de même que la Fonderie, et ce quel que soit le programme proposé. De toutes façons, cela fait longtemps que la notion de « tête d’affiche » est ici subvertie et détournée, et les spectateurs, qui parfois n’hésitent pas à dire qu’ils n’ont pas été sensibles à tel ou tel concert, continuent d’accueillir les propositions musicales qui leur sont faites avec un esprit d’ouverture et une très agréable fraîcheur d’écoute. L’idée même qu’il faudrait être initié (soit : musicologue) a été suffisamment battue en brèche pour disparaître des esprits. L’année prochaine, nous devrions avoir le plaisir d’écouter Henri Threadgill lors du final de l’Europa. C’est vraiment une très bonne nouvelle.


Philippe Méziat

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Ludovic Florin ayant déjà, sur ce même site, rendu compte avec enthousiasme et précision de la prestation du double trio Delbecq/Hersch, qui se produisait hier au Mans en tout début d’après-midi, je n’ai qu’une chose à ajouter : au Mans, en rappel, ils n’ont pas joué Mood Indigo, mais Lonely Woman. Pour le reste, avis conforme.

 

 

Le « Tribute To Tony Levin » qui suivait, assuré par Keith Tippett (p), Julie Tippetts (voc, perc), Paul Dunmall (ts, ss) et Paul Rogers (contrebasse baroque à 6 cordes) nous a fait voyager de l’ombre à la lumière, comme ces quatre vieux complices improvisateurs savent si bien le faire. Pas une note, pas une proposition sonore qui ne soit envisagée d’entrée comme une forme possible à développer. Qu’elle soit reprise ou non, qu’elle trouve un écho ou reste inemployée, de toutes façons elle est adressée avec l’intention de la faire exister non seulement comme un son, mais comme intention de sens. Et si parfois cela patine, ou attend sa résolution, le plus souvent cela conduit au surgissement de la musique, avant l’amuïssement final.

 

Restait à Paolo Damiani (cello, compositions) le soin de faire résonner les dernières notes, avec un ensemble augmenté par Francesco Bearzatti (ts, cl). Sans atteindre à la déferlante rugueuse et enjouée du « Sol 12 » de l’année dernière, ce fut quand même un retour à des climats plus explicitement chantants. Paolo Damiani est avant tout un compositeur, sa musique a besoin de trouver son sens et son éclat auprès d’arrangeurs qui la soutiennent, et de soliste qui la transcendent. Avec Francesco Bearzatti, capable de faire monter la tension en toute occasion, ce fut un vrai régal.

 

Au chapitre « bilans et perspectives », et sans qu’il soit possible d’identifier de façon sûre les causes d’un tel succès, ce final de l’Europa 2012 s’est caractérisé par une affluence très nombreuse, en particulier dans les deux lieux de concerts de la journée. La collégiale était pleine à craquer en chaque occasion, de même que la Fonderie, et ce quel que soit le programme proposé. De toutes façons, cela fait longtemps que la notion de « tête d’affiche » est ici subvertie et détournée, et les spectateurs, qui parfois n’hésitent pas à dire qu’ils n’ont pas été sensibles à tel ou tel concert, continuent d’accueillir les propositions musicales qui leur sont faites avec un esprit d’ouverture et une très agréable fraîcheur d’écoute. L’idée même qu’il faudrait être initié (soit : musicologue) a été suffisamment battue en brèche pour disparaître des esprits. L’année prochaine, nous devrions avoir le plaisir d’écouter Henri Threadgill lors du final de l’Europa. C’est vraiment une très bonne nouvelle.


Philippe Méziat

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Ludovic Florin ayant déjà, sur ce même site, rendu compte avec enthousiasme et précision de la prestation du double trio Delbecq/Hersch, qui se produisait hier au Mans en tout début d’après-midi, je n’ai qu’une chose à ajouter : au Mans, en rappel, ils n’ont pas joué Mood Indigo, mais Lonely Woman. Pour le reste, avis conforme.

 

 

Le « Tribute To Tony Levin » qui suivait, assuré par Keith Tippett (p), Julie Tippetts (voc, perc), Paul Dunmall (ts, ss) et Paul Rogers (contrebasse baroque à 6 cordes) nous a fait voyager de l’ombre à la lumière, comme ces quatre vieux complices improvisateurs savent si bien le faire. Pas une note, pas une proposition sonore qui ne soit envisagée d’entrée comme une forme possible à développer. Qu’elle soit reprise ou non, qu’elle trouve un écho ou reste inemployée, de toutes façons elle est adressée avec l’intention de la faire exister non seulement comme un son, mais comme intention de sens. Et si parfois cela patine, ou attend sa résolution, le plus souvent cela conduit au surgissement de la musique, avant l’amuïssement final.

 

Restait à Paolo Damiani (cello, compositions) le soin de faire résonner les dernières notes, avec un ensemble augmenté par Francesco Bearzatti (ts, cl). Sans atteindre à la déferlante rugueuse et enjouée du « Sol 12 » de l’année dernière, ce fut quand même un retour à des climats plus explicitement chantants. Paolo Damiani est avant tout un compositeur, sa musique a besoin de trouver son sens et son éclat auprès d’arrangeurs qui la soutiennent, et de soliste qui la transcendent. Avec Francesco Bearzatti, capable de faire monter la tension en toute occasion, ce fut un vrai régal.

 

Au chapitre « bilans et perspectives », et sans qu’il soit possible d’identifier de façon sûre les causes d’un tel succès, ce final de l’Europa 2012 s’est caractérisé par une affluence très nombreuse, en particulier dans les deux lieux de concerts de la journée. La collégiale était pleine à craquer en chaque occasion, de même que la Fonderie, et ce quel que soit le programme proposé. De toutes façons, cela fait longtemps que la notion de « tête d’affiche » est ici subvertie et détournée, et les spectateurs, qui parfois n’hésitent pas à dire qu’ils n’ont pas été sensibles à tel ou tel concert, continuent d’accueillir les propositions musicales qui leur sont faites avec un esprit d’ouverture et une très agréable fraîcheur d’écoute. L’idée même qu’il faudrait être initié (soit : musicologue) a été suffisamment battue en brèche pour disparaître des esprits. L’année prochaine, nous devrions avoir le plaisir d’écouter Henri Threadgill lors du final de l’Europa. C’est vraiment une très bonne nouvelle.


Philippe Méziat