Jazz live
Publié le 7 Mai 2015

Europa Jazz : Petite Vengeance, Peter Evans, Marc Ducret "Tower Bridge". Et Paulette…

 

On commencera par Paulette. Qui a quitté les siens, ses proches, le festival, le 27 février dernier. Elle était bénévole depuis quasiment les débuts, accueillante derrière son comptoir. On venait y boire un verre ou une tasse, grignoter des tartines, toutes les conversations d’après concert avaient lieu autour de cet endroit. Paulette (Louis Sclavis lui a dédié un morceau) figure désormais à gauche de ce même comptoir, en photo avec Han Bennink (photo Méphisto). Elle était à la fois une mascotte, et un emblème. Rien ne la prédestinait à aimer le jazz, ce n’était pas dans sa culture. Sa culture était d’amour, et elle a écouté ces musiques sans a priori. Du coup, très vite, elle a aimé ça. Tout le projet de l’Europa est résumé dans ce parcours : faire aimer le jazz à des personnes qui ne savent pas que cette musique, d’une part n’a rien  de compliqué ou d’élitiste, et d’autre part les attend.

 

Petite Vengeance : Raphaël Quenehen (saxes), Jérémie Piazza (dm, g)

 

Peter Evans Zebulon Trio : Peter Evans (pocket tp, tp), John Hebert (b), Kassa Overhall (dm)

 

Marc Ducret Tower Bridge : Marc Ducret (g, comp), Dominique Pifarély (vln), Matthieu Metzger (as, ss), Mathias Mahler (tb), Fidel Fourneyron (tb), Alexis Persigan (tb), Frédéric Gastard (bass s), Antonin Rayon (p), Sylvain Lemetre (perc), Tom Rainey, Peter Bruun (dm)

 

« Petite Vengeance » – on aimerait bien savoir de quoi, ou de qui – est un duo sélectionné dans le cadre de « Jazz Migration ». Une formule originale (duo batterie/saxophones), beaucoup de fraîcheur, quelques risques, un batteur qui a écouté Gene Krupa et Cosy Cole (ce n’est pas si fréquent), un saxophoniste qui sait à la fois jouer des codes du free et du lyrisme à la Gato Barbieri, de la musique et des sourires, on passe un excellent moment en leur compagnie.

 

Avec Peter Evans, les choses s’intensifient. On sait que ce jeune trompettiste (qui fut membre du groupe « Mostly Other People Do The Killing ») est un phénomène de brillance et de virtuosité sur son instrument, on sait moins (parce qu’on ne l’invite pas assez souvent chez nous) qu’il écrit une musique d’une logique imparable, complexe mais susceptible de monter en puissance jusqu’à des extrêmes magnifiques. Triturant le(s) son(s), variant les angles, les effets de micro, ou de pistons, il semble aller un peu dans toutes les directions quand soudain sa rythmique se met en marche (impressionnant John Hebert), et le ton monte jusqu’à l’éclat. Peu de choses écrites, mais une capacité d’improviser à trois assez exceptionnelle.

 

IMG 0656

                            Peter Evans

 

Il y a une certaine communauté de musique entre les cheminements du trio de Peter Evans et les constructions à la fois horizontales et verticales de Marc Ducret avec son « onzetet ». Ce pourquoi on peut regretter que les uns ne puissent pas écouter les autres quand ils jouent dans la même soirée. 

 

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La joie, et en même temps le sérieux dans l’écoute, voilà (entre autres) ce qui relie ces musiciens, avec l’envie de bien jouer la musique de Marc, et lui donner cette satisfaction de l’entendre. Il n’est qu’à voir l’attitide des trois trombonistes quand ils ne jouent pas, ou celle de Mathieu Metzger, admiratif et souriant, ou encore la dépense incroyable de Frédéric Gastard sur son instrument. Quand Real Thing n°3 s’achève, dans une douceur quasi ellingtonnienne, on reste suspendu à tout ce qui a précédé, unissons des deux saxophones, déboulés de trombones rivalisant de puissance contrôlée, et autres figures d’une écriture qui sait que le plaisir du texte est le seul qui vaille, et que les auditeurs feront le reste, s’ils veulent. Et ils veulent. Ils en redemandent même. Je ne sais pas comment s’est passé le « Tower Bridge » d’avant-hier à la Dynamo (peut-être que quelqu’un y était et nous le dira), mais hier soir au Mans c’était joyeusement grandiose.

 

Philippe Méziat

 

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On commencera par Paulette. Qui a quitté les siens, ses proches, le festival, le 27 février dernier. Elle était bénévole depuis quasiment les débuts, accueillante derrière son comptoir. On venait y boire un verre ou une tasse, grignoter des tartines, toutes les conversations d’après concert avaient lieu autour de cet endroit. Paulette (Louis Sclavis lui a dédié un morceau) figure désormais à gauche de ce même comptoir, en photo avec Han Bennink (photo Méphisto). Elle était à la fois une mascotte, et un emblème. Rien ne la prédestinait à aimer le jazz, ce n’était pas dans sa culture. Sa culture était d’amour, et elle a écouté ces musiques sans a priori. Du coup, très vite, elle a aimé ça. Tout le projet de l’Europa est résumé dans ce parcours : faire aimer le jazz à des personnes qui ne savent pas que cette musique, d’une part n’a rien  de compliqué ou d’élitiste, et d’autre part les attend.

 

Petite Vengeance : Raphaël Quenehen (saxes), Jérémie Piazza (dm, g)

 

Peter Evans Zebulon Trio : Peter Evans (pocket tp, tp), John Hebert (b), Kassa Overhall (dm)

 

Marc Ducret Tower Bridge : Marc Ducret (g, comp), Dominique Pifarély (vln), Matthieu Metzger (as, ss), Mathias Mahler (tb), Fidel Fourneyron (tb), Alexis Persigan (tb), Frédéric Gastard (bass s), Antonin Rayon (p), Sylvain Lemetre (perc), Tom Rainey, Peter Bruun (dm)

 

« Petite Vengeance » – on aimerait bien savoir de quoi, ou de qui – est un duo sélectionné dans le cadre de « Jazz Migration ». Une formule originale (duo batterie/saxophones), beaucoup de fraîcheur, quelques risques, un batteur qui a écouté Gene Krupa et Cosy Cole (ce n’est pas si fréquent), un saxophoniste qui sait à la fois jouer des codes du free et du lyrisme à la Gato Barbieri, de la musique et des sourires, on passe un excellent moment en leur compagnie.

 

Avec Peter Evans, les choses s’intensifient. On sait que ce jeune trompettiste (qui fut membre du groupe « Mostly Other People Do The Killing ») est un phénomène de brillance et de virtuosité sur son instrument, on sait moins (parce qu’on ne l’invite pas assez souvent chez nous) qu’il écrit une musique d’une logique imparable, complexe mais susceptible de monter en puissance jusqu’à des extrêmes magnifiques. Triturant le(s) son(s), variant les angles, les effets de micro, ou de pistons, il semble aller un peu dans toutes les directions quand soudain sa rythmique se met en marche (impressionnant John Hebert), et le ton monte jusqu’à l’éclat. Peu de choses écrites, mais une capacité d’improviser à trois assez exceptionnelle.

 

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                            Peter Evans

 

Il y a une certaine communauté de musique entre les cheminements du trio de Peter Evans et les constructions à la fois horizontales et verticales de Marc Ducret avec son « onzetet ». Ce pourquoi on peut regretter que les uns ne puissent pas écouter les autres quand ils jouent dans la même soirée. 

 

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La joie, et en même temps le sérieux dans l’écoute, voilà (entre autres) ce qui relie ces musiciens, avec l’envie de bien jouer la musique de Marc, et lui donner cette satisfaction de l’entendre. Il n’est qu’à voir l’attitide des trois trombonistes quand ils ne jouent pas, ou celle de Mathieu Metzger, admiratif et souriant, ou encore la dépense incroyable de Frédéric Gastard sur son instrument. Quand Real Thing n°3 s’achève, dans une douceur quasi ellingtonnienne, on reste suspendu à tout ce qui a précédé, unissons des deux saxophones, déboulés de trombones rivalisant de puissance contrôlée, et autres figures d’une écriture qui sait que le plaisir du texte est le seul qui vaille, et que les auditeurs feront le reste, s’ils veulent. Et ils veulent. Ils en redemandent même. Je ne sais pas comment s’est passé le « Tower Bridge » d’avant-hier à la Dynamo (peut-être que quelqu’un y était et nous le dira), mais hier soir au Mans c’était joyeusement grandiose.

 

Philippe Méziat

 

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On commencera par Paulette. Qui a quitté les siens, ses proches, le festival, le 27 février dernier. Elle était bénévole depuis quasiment les débuts, accueillante derrière son comptoir. On venait y boire un verre ou une tasse, grignoter des tartines, toutes les conversations d’après concert avaient lieu autour de cet endroit. Paulette (Louis Sclavis lui a dédié un morceau) figure désormais à gauche de ce même comptoir, en photo avec Han Bennink (photo Méphisto). Elle était à la fois une mascotte, et un emblème. Rien ne la prédestinait à aimer le jazz, ce n’était pas dans sa culture. Sa culture était d’amour, et elle a écouté ces musiques sans a priori. Du coup, très vite, elle a aimé ça. Tout le projet de l’Europa est résumé dans ce parcours : faire aimer le jazz à des personnes qui ne savent pas que cette musique, d’une part n’a rien  de compliqué ou d’élitiste, et d’autre part les attend.

 

Petite Vengeance : Raphaël Quenehen (saxes), Jérémie Piazza (dm, g)

 

Peter Evans Zebulon Trio : Peter Evans (pocket tp, tp), John Hebert (b), Kassa Overhall (dm)

 

Marc Ducret Tower Bridge : Marc Ducret (g, comp), Dominique Pifarély (vln), Matthieu Metzger (as, ss), Mathias Mahler (tb), Fidel Fourneyron (tb), Alexis Persigan (tb), Frédéric Gastard (bass s), Antonin Rayon (p), Sylvain Lemetre (perc), Tom Rainey, Peter Bruun (dm)

 

« Petite Vengeance » – on aimerait bien savoir de quoi, ou de qui – est un duo sélectionné dans le cadre de « Jazz Migration ». Une formule originale (duo batterie/saxophones), beaucoup de fraîcheur, quelques risques, un batteur qui a écouté Gene Krupa et Cosy Cole (ce n’est pas si fréquent), un saxophoniste qui sait à la fois jouer des codes du free et du lyrisme à la Gato Barbieri, de la musique et des sourires, on passe un excellent moment en leur compagnie.

 

Avec Peter Evans, les choses s’intensifient. On sait que ce jeune trompettiste (qui fut membre du groupe « Mostly Other People Do The Killing ») est un phénomène de brillance et de virtuosité sur son instrument, on sait moins (parce qu’on ne l’invite pas assez souvent chez nous) qu’il écrit une musique d’une logique imparable, complexe mais susceptible de monter en puissance jusqu’à des extrêmes magnifiques. Triturant le(s) son(s), variant les angles, les effets de micro, ou de pistons, il semble aller un peu dans toutes les directions quand soudain sa rythmique se met en marche (impressionnant John Hebert), et le ton monte jusqu’à l’éclat. Peu de choses écrites, mais une capacité d’improviser à trois assez exceptionnelle.

 

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                            Peter Evans

 

Il y a une certaine communauté de musique entre les cheminements du trio de Peter Evans et les constructions à la fois horizontales et verticales de Marc Ducret avec son « onzetet ». Ce pourquoi on peut regretter que les uns ne puissent pas écouter les autres quand ils jouent dans la même soirée. 

 

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La joie, et en même temps le sérieux dans l’écoute, voilà (entre autres) ce qui relie ces musiciens, avec l’envie de bien jouer la musique de Marc, et lui donner cette satisfaction de l’entendre. Il n’est qu’à voir l’attitide des trois trombonistes quand ils ne jouent pas, ou celle de Mathieu Metzger, admiratif et souriant, ou encore la dépense incroyable de Frédéric Gastard sur son instrument. Quand Real Thing n°3 s’achève, dans une douceur quasi ellingtonnienne, on reste suspendu à tout ce qui a précédé, unissons des deux saxophones, déboulés de trombones rivalisant de puissance contrôlée, et autres figures d’une écriture qui sait que le plaisir du texte est le seul qui vaille, et que les auditeurs feront le reste, s’ils veulent. Et ils veulent. Ils en redemandent même. Je ne sais pas comment s’est passé le « Tower Bridge » d’avant-hier à la Dynamo (peut-être que quelqu’un y était et nous le dira), mais hier soir au Mans c’était joyeusement grandiose.

 

Philippe Méziat

 

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On commencera par Paulette. Qui a quitté les siens, ses proches, le festival, le 27 février dernier. Elle était bénévole depuis quasiment les débuts, accueillante derrière son comptoir. On venait y boire un verre ou une tasse, grignoter des tartines, toutes les conversations d’après concert avaient lieu autour de cet endroit. Paulette (Louis Sclavis lui a dédié un morceau) figure désormais à gauche de ce même comptoir, en photo avec Han Bennink (photo Méphisto). Elle était à la fois une mascotte, et un emblème. Rien ne la prédestinait à aimer le jazz, ce n’était pas dans sa culture. Sa culture était d’amour, et elle a écouté ces musiques sans a priori. Du coup, très vite, elle a aimé ça. Tout le projet de l’Europa est résumé dans ce parcours : faire aimer le jazz à des personnes qui ne savent pas que cette musique, d’une part n’a rien  de compliqué ou d’élitiste, et d’autre part les attend.

 

Petite Vengeance : Raphaël Quenehen (saxes), Jérémie Piazza (dm, g)

 

Peter Evans Zebulon Trio : Peter Evans (pocket tp, tp), John Hebert (b), Kassa Overhall (dm)

 

Marc Ducret Tower Bridge : Marc Ducret (g, comp), Dominique Pifarély (vln), Matthieu Metzger (as, ss), Mathias Mahler (tb), Fidel Fourneyron (tb), Alexis Persigan (tb), Frédéric Gastard (bass s), Antonin Rayon (p), Sylvain Lemetre (perc), Tom Rainey, Peter Bruun (dm)

 

« Petite Vengeance » – on aimerait bien savoir de quoi, ou de qui – est un duo sélectionné dans le cadre de « Jazz Migration ». Une formule originale (duo batterie/saxophones), beaucoup de fraîcheur, quelques risques, un batteur qui a écouté Gene Krupa et Cosy Cole (ce n’est pas si fréquent), un saxophoniste qui sait à la fois jouer des codes du free et du lyrisme à la Gato Barbieri, de la musique et des sourires, on passe un excellent moment en leur compagnie.

 

Avec Peter Evans, les choses s’intensifient. On sait que ce jeune trompettiste (qui fut membre du groupe « Mostly Other People Do The Killing ») est un phénomène de brillance et de virtuosité sur son instrument, on sait moins (parce qu’on ne l’invite pas assez souvent chez nous) qu’il écrit une musique d’une logique imparable, complexe mais susceptible de monter en puissance jusqu’à des extrêmes magnifiques. Triturant le(s) son(s), variant les angles, les effets de micro, ou de pistons, il semble aller un peu dans toutes les directions quand soudain sa rythmique se met en marche (impressionnant John Hebert), et le ton monte jusqu’à l’éclat. Peu de choses écrites, mais une capacité d’improviser à trois assez exceptionnelle.

 

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                            Peter Evans

 

Il y a une certaine communauté de musique entre les cheminements du trio de Peter Evans et les constructions à la fois horizontales et verticales de Marc Ducret avec son « onzetet ». Ce pourquoi on peut regretter que les uns ne puissent pas écouter les autres quand ils jouent dans la même soirée. 

 

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La joie, et en même temps le sérieux dans l’écoute, voilà (entre autres) ce qui relie ces musiciens, avec l’envie de bien jouer la musique de Marc, et lui donner cette satisfaction de l’entendre. Il n’est qu’à voir l’attitide des trois trombonistes quand ils ne jouent pas, ou celle de Mathieu Metzger, admiratif et souriant, ou encore la dépense incroyable de Frédéric Gastard sur son instrument. Quand Real Thing n°3 s’achève, dans une douceur quasi ellingtonnienne, on reste suspendu à tout ce qui a précédé, unissons des deux saxophones, déboulés de trombones rivalisant de puissance contrôlée, et autres figures d’une écriture qui sait que le plaisir du texte est le seul qui vaille, et que les auditeurs feront le reste, s’ils veulent. Et ils veulent. Ils en redemandent même. Je ne sais pas comment s’est passé le « Tower Bridge » d’avant-hier à la Dynamo (peut-être que quelqu’un y était et nous le dira), mais hier soir au Mans c’était joyeusement grandiose.

 

Philippe Méziat