Jazz live
Publié le 13 Nov 2015

INQUIÉTANTES ÉTRANGETÉS RÉMINISCENTES ET FAMILIERES À NEVERS, AVEC SUSANNE ABBUEHL & OTHERS

Un brouillard très dense au matin, puis des lumières vers midi, rien que de très normal. Mais quand cela se prolonge en soirée, et qu’une Susanne en est la cause…

La Loire a d’abord joué à cache cache avec les arbres, les oiseaux et le soleil. Peut-être même le béton. Puis, au Pac des Ouches, ce sont Jean-Luc Cappozzo (tp, bugle, fl), Didier Lasserre (dm) et Daunik Lazro (ts, bs) qui ont joué avec nos sensibilités. Peu de temps avant, Daunik me confiait que le ténor était épuisant, bien davantage que le baryton, mais qu’il était maintenant attaché à le maîtriser. En tous cas, le son qu’il en tire, ou qu’il en pousse, aujourd’hui, est splendide. Et à propos de baryton, Jacques Di Donato, rencontré sur le chemin qui conduit au Pac des Ouches, me rappelait qu’il était souvent dans la section des saxophones et sur cet instrument dans les années 60 et les orchestres d’Ivan Jullien (Porgy And Bess avec Eddy Louiss), ou Jean-Claude Naude (Enfin !), et même – souvenez-vous – le big band de Sonny Grey. Et de se remémorer le magnifique son de trompette de Sonny Grey. Qui se souvient encore de Sonny Grey ?

Lazro/Cappozzo/Lasserre c’était de l’inédit. Quant à la formation s’entend, mais aussi bien sûr à la musique, puisqu’on est là dans le champ de l’improvisation. Une improvisation attentive, non seulement les uns aux autres, mais à la musique qui se construit, se cherche, s’élabore, se perd, se retrouve. Un moment passionnant, où l’on est nous aussi très attentif. On me dit qu’au rappel – que je n’ai pas pu écouter – ils ont joué un hymne qui pouvait rappeler « Alabama »…

L’ombre de Lasserre

Le Workshop de Lyon (collectif ARFI) : Jean Aussanaire (as, ss), Jean-Paul Autin (as, sopranino, b-cl), Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm)

Entendus à Nantes récemment, ils adressent avec émotion, amitié et discrétion quelques Lettres à des amis lointains, Colette Magny, Myriam Makeba, Ornette Coleman, un berger ici, un paysan là, les ouvriers de l’arsenal de Brest. Ce sont des chansons bien tournées, captivantes, dansantes et drôles. À cent lieues de toute prétention, avec humilité et simplicité. Pour les réminiscences, là encore, nous sommes gâtés.

Mais voici l’étrange, l‘Étranger, ce livre de Camus, dans une adaptation de Pierre-Jean Peters (comédien, écrivain), avec Adrien Dennefeld (g, cello), Guillaume Séguron (b, el-b, comp), Jean-Pierre Jullian (dm), et Pierre Vandewaeter (son, régie), Éric Bellevègue (lumière) et Olivier Malrieu (adaptation). Réminiscences, parce que tout le monde se souvient, Meursault bien sûr, mais aussi son avocat qui se gratte la tête, le procureur qui la veut, le curé qui songe à l’éternité, le gardien de la morgue qui fait des courbettes. Pierre-Jean Peters joue tous les rôles, avec juste ce qu’il faut de caractérisation pour qu’on s’y retrouve. Et puis le texte est là, direct, lumineux, trop lumineux même. Tuer l’Arabe ? À cause du soleil, dit Meursault.

J’avais vu cette adaptation dans sa version princeps pendant les « Têtes de Jazz » de l’AJMI en juillet 2014. C’était en gestation, et le texte ripait encore beaucoup avec la musique. Rien de tel aujourd’hui, et sur la grande scène de la Maison de la Culture de Nevers, le texte passe, entraine et soutient l’intérêt, la musique est là, présente, mais jamais décalée. Un beau moment, juste, dense, tendu.

Cadeau (Gift) de fin de soirée, et retour du soleil même dans le sourire de Susanne Abbuehl (voix), avec Matthieu Michel (bugle), Wolfert Brederode (p, harmonium), Øyvind Hegg-Lunde (dm). Et si elle a quitté la Hollande pour la Suisse, son pays d’origine, elle est toujours aussi attentive au choix de ses textes, à la couleur de ses chansons, à la précision de son « dire », la justesse de son « chanter ». Elle se permet même de renouveler de fond en comble un ‘Round Midnight qui évolue vers des mélismes orientaux, d’où le jeu de mot qui me vient : ‘Round Midnight In Tunisia… Et puis cette façon de sublimer le corps, la danse, le mouvement même de la vie, quelle beauté ! On la croit lointaine, éthérée, elle est juste dans le tempo, le corps est tout entier engagé d’une manière discrète, et néanmoins entière. Chanteuse « rare » comme non dit, et qu’elle le reste surtout !

Aujourd’hui vendredi 13, une performance danse et musique pour commencer à 12.15 (avec Pascal Contet, accordéon et Marlène Rostaing, danse), puis Pascal Schumacher en quartet, François Couturier et Anja Lechner  et le quartet d’Enrico Rava qui invite Stefano Di Battista.

Philippe Méziat

 |Un brouillard très dense au matin, puis des lumières vers midi, rien que de très normal. Mais quand cela se prolonge en soirée, et qu’une Susanne en est la cause…

La Loire a d’abord joué à cache cache avec les arbres, les oiseaux et le soleil. Peut-être même le béton. Puis, au Pac des Ouches, ce sont Jean-Luc Cappozzo (tp, bugle, fl), Didier Lasserre (dm) et Daunik Lazro (ts, bs) qui ont joué avec nos sensibilités. Peu de temps avant, Daunik me confiait que le ténor était épuisant, bien davantage que le baryton, mais qu’il était maintenant attaché à le maîtriser. En tous cas, le son qu’il en tire, ou qu’il en pousse, aujourd’hui, est splendide. Et à propos de baryton, Jacques Di Donato, rencontré sur le chemin qui conduit au Pac des Ouches, me rappelait qu’il était souvent dans la section des saxophones et sur cet instrument dans les années 60 et les orchestres d’Ivan Jullien (Porgy And Bess avec Eddy Louiss), ou Jean-Claude Naude (Enfin !), et même – souvenez-vous – le big band de Sonny Grey. Et de se remémorer le magnifique son de trompette de Sonny Grey. Qui se souvient encore de Sonny Grey ?

Lazro/Cappozzo/Lasserre c’était de l’inédit. Quant à la formation s’entend, mais aussi bien sûr à la musique, puisqu’on est là dans le champ de l’improvisation. Une improvisation attentive, non seulement les uns aux autres, mais à la musique qui se construit, se cherche, s’élabore, se perd, se retrouve. Un moment passionnant, où l’on est nous aussi très attentif. On me dit qu’au rappel – que je n’ai pas pu écouter – ils ont joué un hymne qui pouvait rappeler « Alabama »…

L’ombre de Lasserre

Le Workshop de Lyon (collectif ARFI) : Jean Aussanaire (as, ss), Jean-Paul Autin (as, sopranino, b-cl), Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm)

Entendus à Nantes récemment, ils adressent avec émotion, amitié et discrétion quelques Lettres à des amis lointains, Colette Magny, Myriam Makeba, Ornette Coleman, un berger ici, un paysan là, les ouvriers de l’arsenal de Brest. Ce sont des chansons bien tournées, captivantes, dansantes et drôles. À cent lieues de toute prétention, avec humilité et simplicité. Pour les réminiscences, là encore, nous sommes gâtés.

Mais voici l’étrange, l‘Étranger, ce livre de Camus, dans une adaptation de Pierre-Jean Peters (comédien, écrivain), avec Adrien Dennefeld (g, cello), Guillaume Séguron (b, el-b, comp), Jean-Pierre Jullian (dm), et Pierre Vandewaeter (son, régie), Éric Bellevègue (lumière) et Olivier Malrieu (adaptation). Réminiscences, parce que tout le monde se souvient, Meursault bien sûr, mais aussi son avocat qui se gratte la tête, le procureur qui la veut, le curé qui songe à l’éternité, le gardien de la morgue qui fait des courbettes. Pierre-Jean Peters joue tous les rôles, avec juste ce qu’il faut de caractérisation pour qu’on s’y retrouve. Et puis le texte est là, direct, lumineux, trop lumineux même. Tuer l’Arabe ? À cause du soleil, dit Meursault.

J’avais vu cette adaptation dans sa version princeps pendant les « Têtes de Jazz » de l’AJMI en juillet 2014. C’était en gestation, et le texte ripait encore beaucoup avec la musique. Rien de tel aujourd’hui, et sur la grande scène de la Maison de la Culture de Nevers, le texte passe, entraine et soutient l’intérêt, la musique est là, présente, mais jamais décalée. Un beau moment, juste, dense, tendu.

Cadeau (Gift) de fin de soirée, et retour du soleil même dans le sourire de Susanne Abbuehl (voix), avec Matthieu Michel (bugle), Wolfert Brederode (p, harmonium), Øyvind Hegg-Lunde (dm). Et si elle a quitté la Hollande pour la Suisse, son pays d’origine, elle est toujours aussi attentive au choix de ses textes, à la couleur de ses chansons, à la précision de son « dire », la justesse de son « chanter ». Elle se permet même de renouveler de fond en comble un ‘Round Midnight qui évolue vers des mélismes orientaux, d’où le jeu de mot qui me vient : ‘Round Midnight In Tunisia… Et puis cette façon de sublimer le corps, la danse, le mouvement même de la vie, quelle beauté ! On la croit lointaine, éthérée, elle est juste dans le tempo, le corps est tout entier engagé d’une manière discrète, et néanmoins entière. Chanteuse « rare » comme non dit, et qu’elle le reste surtout !

Aujourd’hui vendredi 13, une performance danse et musique pour commencer à 12.15 (avec Pascal Contet, accordéon et Marlène Rostaing, danse), puis Pascal Schumacher en quartet, François Couturier et Anja Lechner  et le quartet d’Enrico Rava qui invite Stefano Di Battista.

Philippe Méziat

 |Un brouillard très dense au matin, puis des lumières vers midi, rien que de très normal. Mais quand cela se prolonge en soirée, et qu’une Susanne en est la cause…

La Loire a d’abord joué à cache cache avec les arbres, les oiseaux et le soleil. Peut-être même le béton. Puis, au Pac des Ouches, ce sont Jean-Luc Cappozzo (tp, bugle, fl), Didier Lasserre (dm) et Daunik Lazro (ts, bs) qui ont joué avec nos sensibilités. Peu de temps avant, Daunik me confiait que le ténor était épuisant, bien davantage que le baryton, mais qu’il était maintenant attaché à le maîtriser. En tous cas, le son qu’il en tire, ou qu’il en pousse, aujourd’hui, est splendide. Et à propos de baryton, Jacques Di Donato, rencontré sur le chemin qui conduit au Pac des Ouches, me rappelait qu’il était souvent dans la section des saxophones et sur cet instrument dans les années 60 et les orchestres d’Ivan Jullien (Porgy And Bess avec Eddy Louiss), ou Jean-Claude Naude (Enfin !), et même – souvenez-vous – le big band de Sonny Grey. Et de se remémorer le magnifique son de trompette de Sonny Grey. Qui se souvient encore de Sonny Grey ?

Lazro/Cappozzo/Lasserre c’était de l’inédit. Quant à la formation s’entend, mais aussi bien sûr à la musique, puisqu’on est là dans le champ de l’improvisation. Une improvisation attentive, non seulement les uns aux autres, mais à la musique qui se construit, se cherche, s’élabore, se perd, se retrouve. Un moment passionnant, où l’on est nous aussi très attentif. On me dit qu’au rappel – que je n’ai pas pu écouter – ils ont joué un hymne qui pouvait rappeler « Alabama »…

L’ombre de Lasserre

Le Workshop de Lyon (collectif ARFI) : Jean Aussanaire (as, ss), Jean-Paul Autin (as, sopranino, b-cl), Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm)

Entendus à Nantes récemment, ils adressent avec émotion, amitié et discrétion quelques Lettres à des amis lointains, Colette Magny, Myriam Makeba, Ornette Coleman, un berger ici, un paysan là, les ouvriers de l’arsenal de Brest. Ce sont des chansons bien tournées, captivantes, dansantes et drôles. À cent lieues de toute prétention, avec humilité et simplicité. Pour les réminiscences, là encore, nous sommes gâtés.

Mais voici l’étrange, l‘Étranger, ce livre de Camus, dans une adaptation de Pierre-Jean Peters (comédien, écrivain), avec Adrien Dennefeld (g, cello), Guillaume Séguron (b, el-b, comp), Jean-Pierre Jullian (dm), et Pierre Vandewaeter (son, régie), Éric Bellevègue (lumière) et Olivier Malrieu (adaptation). Réminiscences, parce que tout le monde se souvient, Meursault bien sûr, mais aussi son avocat qui se gratte la tête, le procureur qui la veut, le curé qui songe à l’éternité, le gardien de la morgue qui fait des courbettes. Pierre-Jean Peters joue tous les rôles, avec juste ce qu’il faut de caractérisation pour qu’on s’y retrouve. Et puis le texte est là, direct, lumineux, trop lumineux même. Tuer l’Arabe ? À cause du soleil, dit Meursault.

J’avais vu cette adaptation dans sa version princeps pendant les « Têtes de Jazz » de l’AJMI en juillet 2014. C’était en gestation, et le texte ripait encore beaucoup avec la musique. Rien de tel aujourd’hui, et sur la grande scène de la Maison de la Culture de Nevers, le texte passe, entraine et soutient l’intérêt, la musique est là, présente, mais jamais décalée. Un beau moment, juste, dense, tendu.

Cadeau (Gift) de fin de soirée, et retour du soleil même dans le sourire de Susanne Abbuehl (voix), avec Matthieu Michel (bugle), Wolfert Brederode (p, harmonium), Øyvind Hegg-Lunde (dm). Et si elle a quitté la Hollande pour la Suisse, son pays d’origine, elle est toujours aussi attentive au choix de ses textes, à la couleur de ses chansons, à la précision de son « dire », la justesse de son « chanter ». Elle se permet même de renouveler de fond en comble un ‘Round Midnight qui évolue vers des mélismes orientaux, d’où le jeu de mot qui me vient : ‘Round Midnight In Tunisia… Et puis cette façon de sublimer le corps, la danse, le mouvement même de la vie, quelle beauté ! On la croit lointaine, éthérée, elle est juste dans le tempo, le corps est tout entier engagé d’une manière discrète, et néanmoins entière. Chanteuse « rare » comme non dit, et qu’elle le reste surtout !

Aujourd’hui vendredi 13, une performance danse et musique pour commencer à 12.15 (avec Pascal Contet, accordéon et Marlène Rostaing, danse), puis Pascal Schumacher en quartet, François Couturier et Anja Lechner  et le quartet d’Enrico Rava qui invite Stefano Di Battista.

Philippe Méziat

 |Un brouillard très dense au matin, puis des lumières vers midi, rien que de très normal. Mais quand cela se prolonge en soirée, et qu’une Susanne en est la cause…

La Loire a d’abord joué à cache cache avec les arbres, les oiseaux et le soleil. Peut-être même le béton. Puis, au Pac des Ouches, ce sont Jean-Luc Cappozzo (tp, bugle, fl), Didier Lasserre (dm) et Daunik Lazro (ts, bs) qui ont joué avec nos sensibilités. Peu de temps avant, Daunik me confiait que le ténor était épuisant, bien davantage que le baryton, mais qu’il était maintenant attaché à le maîtriser. En tous cas, le son qu’il en tire, ou qu’il en pousse, aujourd’hui, est splendide. Et à propos de baryton, Jacques Di Donato, rencontré sur le chemin qui conduit au Pac des Ouches, me rappelait qu’il était souvent dans la section des saxophones et sur cet instrument dans les années 60 et les orchestres d’Ivan Jullien (Porgy And Bess avec Eddy Louiss), ou Jean-Claude Naude (Enfin !), et même – souvenez-vous – le big band de Sonny Grey. Et de se remémorer le magnifique son de trompette de Sonny Grey. Qui se souvient encore de Sonny Grey ?

Lazro/Cappozzo/Lasserre c’était de l’inédit. Quant à la formation s’entend, mais aussi bien sûr à la musique, puisqu’on est là dans le champ de l’improvisation. Une improvisation attentive, non seulement les uns aux autres, mais à la musique qui se construit, se cherche, s’élabore, se perd, se retrouve. Un moment passionnant, où l’on est nous aussi très attentif. On me dit qu’au rappel – que je n’ai pas pu écouter – ils ont joué un hymne qui pouvait rappeler « Alabama »…

L’ombre de Lasserre

Le Workshop de Lyon (collectif ARFI) : Jean Aussanaire (as, ss), Jean-Paul Autin (as, sopranino, b-cl), Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm)

Entendus à Nantes récemment, ils adressent avec émotion, amitié et discrétion quelques Lettres à des amis lointains, Colette Magny, Myriam Makeba, Ornette Coleman, un berger ici, un paysan là, les ouvriers de l’arsenal de Brest. Ce sont des chansons bien tournées, captivantes, dansantes et drôles. À cent lieues de toute prétention, avec humilité et simplicité. Pour les réminiscences, là encore, nous sommes gâtés.

Mais voici l’étrange, l‘Étranger, ce livre de Camus, dans une adaptation de Pierre-Jean Peters (comédien, écrivain), avec Adrien Dennefeld (g, cello), Guillaume Séguron (b, el-b, comp), Jean-Pierre Jullian (dm), et Pierre Vandewaeter (son, régie), Éric Bellevègue (lumière) et Olivier Malrieu (adaptation). Réminiscences, parce que tout le monde se souvient, Meursault bien sûr, mais aussi son avocat qui se gratte la tête, le procureur qui la veut, le curé qui songe à l’éternité, le gardien de la morgue qui fait des courbettes. Pierre-Jean Peters joue tous les rôles, avec juste ce qu’il faut de caractérisation pour qu’on s’y retrouve. Et puis le texte est là, direct, lumineux, trop lumineux même. Tuer l’Arabe ? À cause du soleil, dit Meursault.

J’avais vu cette adaptation dans sa version princeps pendant les « Têtes de Jazz » de l’AJMI en juillet 2014. C’était en gestation, et le texte ripait encore beaucoup avec la musique. Rien de tel aujourd’hui, et sur la grande scène de la Maison de la Culture de Nevers, le texte passe, entraine et soutient l’intérêt, la musique est là, présente, mais jamais décalée. Un beau moment, juste, dense, tendu.

Cadeau (Gift) de fin de soirée, et retour du soleil même dans le sourire de Susanne Abbuehl (voix), avec Matthieu Michel (bugle), Wolfert Brederode (p, harmonium), Øyvind Hegg-Lunde (dm). Et si elle a quitté la Hollande pour la Suisse, son pays d’origine, elle est toujours aussi attentive au choix de ses textes, à la couleur de ses chansons, à la précision de son « dire », la justesse de son « chanter ». Elle se permet même de renouveler de fond en comble un ‘Round Midnight qui évolue vers des mélismes orientaux, d’où le jeu de mot qui me vient : ‘Round Midnight In Tunisia… Et puis cette façon de sublimer le corps, la danse, le mouvement même de la vie, quelle beauté ! On la croit lointaine, éthérée, elle est juste dans le tempo, le corps est tout entier engagé d’une manière discrète, et néanmoins entière. Chanteuse « rare » comme non dit, et qu’elle le reste surtout !

Aujourd’hui vendredi 13, une performance danse et musique pour commencer à 12.15 (avec Pascal Contet, accordéon et Marlène Rostaing, danse), puis Pascal Schumacher en quartet, François Couturier et Anja Lechner  et le quartet d’Enrico Rava qui invite Stefano Di Battista.

Philippe Méziat