Jazz live
Publié le 17 Juil 2016

JAZZ à JUNAS, mais à VAUVERT

   Pour ses trois premières soirées « Jazz à Junas » s’est installé à Vauvert. Le 16 juillet la soirée conclusive de ce premier épisode décentralisé accueillait trois groupes dans les Arènes de cette cité gardoise férue de tauromachie. C’était la soirée Spedidam, organisée avec le concours de cette société de perception et de redistribution de droits voisins, et une affiche hexagonale de trois groupes : Émile Parisien, Éric Séva et Richard Galliano, qui avait convié le guitariste Philip Catherine et d’autres complices d’Outre-Lys (pour oublier le Quiévrain trop sollicité comme marqueur frontalier de la chère Belgique….).

ArènesLes Arènes se préparent à la joute pacifique du concert….

PARISIEN QUARTET SANS ÉMILE

Juilien Touéry (piano), Ivan Gélugne (contrebasse), Julien Loutelier (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 21h

Trio sans Emile    Émile Parisien, comme d’autres consœurs et confrères programmés au festival de jazz d’Istanbul, où il y avait cette année une forte représentation française, s’est trouvé bloqué à l’aéroport par les suites du coup d’état avorté en Turquie. Le quartette est donc devenu trio par force majeure, et les trois compères nous ont régalé d’un beau moment de musique. Introduction bruitiste, entre les cordes du piano mises en vibration (par un excitateur électro-magnétique ? puis par effets percussifs), les cymbales mystérieuses, et la basse à l’archet dans des sonorités oniriques. Puis le pianiste utilise son clavier, et la musique s’organise avec une liberté sinueuse qui rappelle le trio de Paul Bley dans les années soixante. Vient une pulsation vive et tendue, pas le groove ostentatoire et fédérateur qui électrise le foules complaisantes, mais une mouvement tellurique, et une jubilation du corps. Le répertoire est celui du quartette, et de ses membres. Le thème suivant, sur tempo vif, est segmenté, ose le discontinu, puis s’abandonne au tempo régulier avant de nouvelles ruptures, de nouveaux éclats abrupts. Au fil du concert (assez court -45 minutes- car le programme de la soirée l’impose), c’est un slalom très libre entre les repères de tonalité, avec entre les musiciens une interaction et un jouage qui fait mouche. Pendant un solo de contrebasse le pianiste s’affaire avec des bandes de papiers pour une séquence de piano préparé, et un dialogue rythmique avec le batteur, sur quoi le bassiste, à l’archet et dans l’aigu, joue la musique d’entre chien et loup, quand les sunlights prennent le pouvoir sur la lumière du jour déclinant : c’est magique. Comme une cérémonie secrète à laquelle le public, surpris peut-être, participe sans réserves.

ÉRIC SÉVA « NOMADE SONORE QUARTET »

Éric Séva (saxophones baryton & soprano), Daniel Zimmermann (trombone), Bruno Schorp (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie).

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 22h

Eric Seva Quartet   Avec Éric Séva la donne musicale est un peu différente : belles mélodies mélancoliques, lisibles comme le sont les thèmes d’inspiration populaire, mais dont l’apparente simplicité évolue savamment dans des harmonies sinueuses, des contrechants subtils (magnifique commentaire musical de Daniel Zimmermman !), et une constante élaboration de la forme en mouvement. Le concert commence par une valse-jazz, Rue aux fromages, composée par le saxophoniste en souvenir d’une rue de Seine-et-Marne où se trouvait un dancing dans lequel le jeune Séva fit ses débuts de musiciens de bal, au côté de son père. Vient ensuite un thème de Khalil Chahine, compositeur très prisé du saxophoniste. Puis un thème plus ancien, enregistré d’abord avec un autre groupe sur un CD dont la pochette était signée par le dessinateur Cabu, voisin et ami d’Éric Séva. L’occasion d’un hommage, et en ces temps troublés d’un appel à la liberté d’expression, et à la liberté, tout simplement. Au soprano le saxophoniste fait montre d’un lyrisme torride, qui rappelle que Dave Liebman fut son professeur. Tout au long du concert le groupe, rôdé par une longue connivence, se donne sans réserves à la musique, et le public accueille avec grande chaleur cette généreuse offrande.

RICHARD GALLIANO « NEW MUSETTE » invite PHILIP CATHERINE

Richard Galliano (accordéon, accordina), Philip Catherine (guitare), Philippe Aerts (contrebasse), Hans Van Oosterhout (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 23h

Galliano-Catherine   Conclusion de la soirée par l’indispensable tête d’affiche, et plaisir de retrouver l’accordéoniste dans une configuration très jazz pour ceux, dont je fais partie, qui goûte modérément ses escapades chez Deutsche Grammophon. Le cadeau, c’est évidemment la présence de Philip Catherine, monument de musicalité, de finesse et de swing, qui peut faire chanter sa guitare comme le plus grand des manouches tout en évoquant la mémoire du jazz états-unien ou le lyrisme du meilleur jazz rock. Quant aux partenaires, le contrebassiste belge et la batteur batave, ils sont des complices réguliers de Philip Catherine comme de Richard Galliano : autant dire que l’on est en territoire d’effervescence complice. Beaucoup de valses, majoritairement de la plume de l’accordéoniste : le vieux Spleen, plus que trentenaire, et toujours gorgé de mélancolie ; puis d’autres, sur tempo plus vif. Valse encore, cette fois signée Philip Catherine : L’Éternel désir , magnifiquement développé par les deux solistes. Viendra pour l’accordéoniste le temps d’un solo, qui nous entraînera du côté de Piazzola, avant un retour du guitariste, sans accordéon mais en trio, sur Old Folks. Trio pour trio, le guitariste quitte la scène et Richard Galliano s’envole, avec le bassiste et le batteur, pour le très tropical Bebê  d’Hermeto Pascoal. Encore des valses ensuite, puis un hommage à Claude Nougaro dédié au facteur d’accordéons Claude Cavagnolo, présent dans le public. Public conquis, et rappel pour La Javanaise, commencée en impro avant l’exposé du thème, que le public chante en chœur. Fondu au noir. La soirée était belle, et festive, festival oblige.

Xavier Prévost

Le festival reprend, à Junas, le mardi 19 juillet. Toutes les infos sur www.jazzajunas.fr |   Pour ses trois premières soirées « Jazz à Junas » s’est installé à Vauvert. Le 16 juillet la soirée conclusive de ce premier épisode décentralisé accueillait trois groupes dans les Arènes de cette cité gardoise férue de tauromachie. C’était la soirée Spedidam, organisée avec le concours de cette société de perception et de redistribution de droits voisins, et une affiche hexagonale de trois groupes : Émile Parisien, Éric Séva et Richard Galliano, qui avait convié le guitariste Philip Catherine et d’autres complices d’Outre-Lys (pour oublier le Quiévrain trop sollicité comme marqueur frontalier de la chère Belgique….).

ArènesLes Arènes se préparent à la joute pacifique du concert….

PARISIEN QUARTET SANS ÉMILE

Juilien Touéry (piano), Ivan Gélugne (contrebasse), Julien Loutelier (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 21h

Trio sans Emile    Émile Parisien, comme d’autres consœurs et confrères programmés au festival de jazz d’Istanbul, où il y avait cette année une forte représentation française, s’est trouvé bloqué à l’aéroport par les suites du coup d’état avorté en Turquie. Le quartette est donc devenu trio par force majeure, et les trois compères nous ont régalé d’un beau moment de musique. Introduction bruitiste, entre les cordes du piano mises en vibration (par un excitateur électro-magnétique ? puis par effets percussifs), les cymbales mystérieuses, et la basse à l’archet dans des sonorités oniriques. Puis le pianiste utilise son clavier, et la musique s’organise avec une liberté sinueuse qui rappelle le trio de Paul Bley dans les années soixante. Vient une pulsation vive et tendue, pas le groove ostentatoire et fédérateur qui électrise le foules complaisantes, mais une mouvement tellurique, et une jubilation du corps. Le répertoire est celui du quartette, et de ses membres. Le thème suivant, sur tempo vif, est segmenté, ose le discontinu, puis s’abandonne au tempo régulier avant de nouvelles ruptures, de nouveaux éclats abrupts. Au fil du concert (assez court -45 minutes- car le programme de la soirée l’impose), c’est un slalom très libre entre les repères de tonalité, avec entre les musiciens une interaction et un jouage qui fait mouche. Pendant un solo de contrebasse le pianiste s’affaire avec des bandes de papiers pour une séquence de piano préparé, et un dialogue rythmique avec le batteur, sur quoi le bassiste, à l’archet et dans l’aigu, joue la musique d’entre chien et loup, quand les sunlights prennent le pouvoir sur la lumière du jour déclinant : c’est magique. Comme une cérémonie secrète à laquelle le public, surpris peut-être, participe sans réserves.

ÉRIC SÉVA « NOMADE SONORE QUARTET »

Éric Séva (saxophones baryton & soprano), Daniel Zimmermann (trombone), Bruno Schorp (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie).

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 22h

Eric Seva Quartet   Avec Éric Séva la donne musicale est un peu différente : belles mélodies mélancoliques, lisibles comme le sont les thèmes d’inspiration populaire, mais dont l’apparente simplicité évolue savamment dans des harmonies sinueuses, des contrechants subtils (magnifique commentaire musical de Daniel Zimmermman !), et une constante élaboration de la forme en mouvement. Le concert commence par une valse-jazz, Rue aux fromages, composée par le saxophoniste en souvenir d’une rue de Seine-et-Marne où se trouvait un dancing dans lequel le jeune Séva fit ses débuts de musiciens de bal, au côté de son père. Vient ensuite un thème de Khalil Chahine, compositeur très prisé du saxophoniste. Puis un thème plus ancien, enregistré d’abord avec un autre groupe sur un CD dont la pochette était signée par le dessinateur Cabu, voisin et ami d’Éric Séva. L’occasion d’un hommage, et en ces temps troublés d’un appel à la liberté d’expression, et à la liberté, tout simplement. Au soprano le saxophoniste fait montre d’un lyrisme torride, qui rappelle que Dave Liebman fut son professeur. Tout au long du concert le groupe, rôdé par une longue connivence, se donne sans réserves à la musique, et le public accueille avec grande chaleur cette généreuse offrande.

RICHARD GALLIANO « NEW MUSETTE » invite PHILIP CATHERINE

Richard Galliano (accordéon, accordina), Philip Catherine (guitare), Philippe Aerts (contrebasse), Hans Van Oosterhout (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 23h

Galliano-Catherine   Conclusion de la soirée par l’indispensable tête d’affiche, et plaisir de retrouver l’accordéoniste dans une configuration très jazz pour ceux, dont je fais partie, qui goûte modérément ses escapades chez Deutsche Grammophon. Le cadeau, c’est évidemment la présence de Philip Catherine, monument de musicalité, de finesse et de swing, qui peut faire chanter sa guitare comme le plus grand des manouches tout en évoquant la mémoire du jazz états-unien ou le lyrisme du meilleur jazz rock. Quant aux partenaires, le contrebassiste belge et la batteur batave, ils sont des complices réguliers de Philip Catherine comme de Richard Galliano : autant dire que l’on est en territoire d’effervescence complice. Beaucoup de valses, majoritairement de la plume de l’accordéoniste : le vieux Spleen, plus que trentenaire, et toujours gorgé de mélancolie ; puis d’autres, sur tempo plus vif. Valse encore, cette fois signée Philip Catherine : L’Éternel désir , magnifiquement développé par les deux solistes. Viendra pour l’accordéoniste le temps d’un solo, qui nous entraînera du côté de Piazzola, avant un retour du guitariste, sans accordéon mais en trio, sur Old Folks. Trio pour trio, le guitariste quitte la scène et Richard Galliano s’envole, avec le bassiste et le batteur, pour le très tropical Bebê  d’Hermeto Pascoal. Encore des valses ensuite, puis un hommage à Claude Nougaro dédié au facteur d’accordéons Claude Cavagnolo, présent dans le public. Public conquis, et rappel pour La Javanaise, commencée en impro avant l’exposé du thème, que le public chante en chœur. Fondu au noir. La soirée était belle, et festive, festival oblige.

Xavier Prévost

Le festival reprend, à Junas, le mardi 19 juillet. Toutes les infos sur www.jazzajunas.fr |   Pour ses trois premières soirées « Jazz à Junas » s’est installé à Vauvert. Le 16 juillet la soirée conclusive de ce premier épisode décentralisé accueillait trois groupes dans les Arènes de cette cité gardoise férue de tauromachie. C’était la soirée Spedidam, organisée avec le concours de cette société de perception et de redistribution de droits voisins, et une affiche hexagonale de trois groupes : Émile Parisien, Éric Séva et Richard Galliano, qui avait convié le guitariste Philip Catherine et d’autres complices d’Outre-Lys (pour oublier le Quiévrain trop sollicité comme marqueur frontalier de la chère Belgique….).

ArènesLes Arènes se préparent à la joute pacifique du concert….

PARISIEN QUARTET SANS ÉMILE

Juilien Touéry (piano), Ivan Gélugne (contrebasse), Julien Loutelier (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 21h

Trio sans Emile    Émile Parisien, comme d’autres consœurs et confrères programmés au festival de jazz d’Istanbul, où il y avait cette année une forte représentation française, s’est trouvé bloqué à l’aéroport par les suites du coup d’état avorté en Turquie. Le quartette est donc devenu trio par force majeure, et les trois compères nous ont régalé d’un beau moment de musique. Introduction bruitiste, entre les cordes du piano mises en vibration (par un excitateur électro-magnétique ? puis par effets percussifs), les cymbales mystérieuses, et la basse à l’archet dans des sonorités oniriques. Puis le pianiste utilise son clavier, et la musique s’organise avec une liberté sinueuse qui rappelle le trio de Paul Bley dans les années soixante. Vient une pulsation vive et tendue, pas le groove ostentatoire et fédérateur qui électrise le foules complaisantes, mais une mouvement tellurique, et une jubilation du corps. Le répertoire est celui du quartette, et de ses membres. Le thème suivant, sur tempo vif, est segmenté, ose le discontinu, puis s’abandonne au tempo régulier avant de nouvelles ruptures, de nouveaux éclats abrupts. Au fil du concert (assez court -45 minutes- car le programme de la soirée l’impose), c’est un slalom très libre entre les repères de tonalité, avec entre les musiciens une interaction et un jouage qui fait mouche. Pendant un solo de contrebasse le pianiste s’affaire avec des bandes de papiers pour une séquence de piano préparé, et un dialogue rythmique avec le batteur, sur quoi le bassiste, à l’archet et dans l’aigu, joue la musique d’entre chien et loup, quand les sunlights prennent le pouvoir sur la lumière du jour déclinant : c’est magique. Comme une cérémonie secrète à laquelle le public, surpris peut-être, participe sans réserves.

ÉRIC SÉVA « NOMADE SONORE QUARTET »

Éric Séva (saxophones baryton & soprano), Daniel Zimmermann (trombone), Bruno Schorp (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie).

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 22h

Eric Seva Quartet   Avec Éric Séva la donne musicale est un peu différente : belles mélodies mélancoliques, lisibles comme le sont les thèmes d’inspiration populaire, mais dont l’apparente simplicité évolue savamment dans des harmonies sinueuses, des contrechants subtils (magnifique commentaire musical de Daniel Zimmermman !), et une constante élaboration de la forme en mouvement. Le concert commence par une valse-jazz, Rue aux fromages, composée par le saxophoniste en souvenir d’une rue de Seine-et-Marne où se trouvait un dancing dans lequel le jeune Séva fit ses débuts de musiciens de bal, au côté de son père. Vient ensuite un thème de Khalil Chahine, compositeur très prisé du saxophoniste. Puis un thème plus ancien, enregistré d’abord avec un autre groupe sur un CD dont la pochette était signée par le dessinateur Cabu, voisin et ami d’Éric Séva. L’occasion d’un hommage, et en ces temps troublés d’un appel à la liberté d’expression, et à la liberté, tout simplement. Au soprano le saxophoniste fait montre d’un lyrisme torride, qui rappelle que Dave Liebman fut son professeur. Tout au long du concert le groupe, rôdé par une longue connivence, se donne sans réserves à la musique, et le public accueille avec grande chaleur cette généreuse offrande.

RICHARD GALLIANO « NEW MUSETTE » invite PHILIP CATHERINE

Richard Galliano (accordéon, accordina), Philip Catherine (guitare), Philippe Aerts (contrebasse), Hans Van Oosterhout (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 23h

Galliano-Catherine   Conclusion de la soirée par l’indispensable tête d’affiche, et plaisir de retrouver l’accordéoniste dans une configuration très jazz pour ceux, dont je fais partie, qui goûte modérément ses escapades chez Deutsche Grammophon. Le cadeau, c’est évidemment la présence de Philip Catherine, monument de musicalité, de finesse et de swing, qui peut faire chanter sa guitare comme le plus grand des manouches tout en évoquant la mémoire du jazz états-unien ou le lyrisme du meilleur jazz rock. Quant aux partenaires, le contrebassiste belge et la batteur batave, ils sont des complices réguliers de Philip Catherine comme de Richard Galliano : autant dire que l’on est en territoire d’effervescence complice. Beaucoup de valses, majoritairement de la plume de l’accordéoniste : le vieux Spleen, plus que trentenaire, et toujours gorgé de mélancolie ; puis d’autres, sur tempo plus vif. Valse encore, cette fois signée Philip Catherine : L’Éternel désir , magnifiquement développé par les deux solistes. Viendra pour l’accordéoniste le temps d’un solo, qui nous entraînera du côté de Piazzola, avant un retour du guitariste, sans accordéon mais en trio, sur Old Folks. Trio pour trio, le guitariste quitte la scène et Richard Galliano s’envole, avec le bassiste et le batteur, pour le très tropical Bebê  d’Hermeto Pascoal. Encore des valses ensuite, puis un hommage à Claude Nougaro dédié au facteur d’accordéons Claude Cavagnolo, présent dans le public. Public conquis, et rappel pour La Javanaise, commencée en impro avant l’exposé du thème, que le public chante en chœur. Fondu au noir. La soirée était belle, et festive, festival oblige.

Xavier Prévost

Le festival reprend, à Junas, le mardi 19 juillet. Toutes les infos sur www.jazzajunas.fr |   Pour ses trois premières soirées « Jazz à Junas » s’est installé à Vauvert. Le 16 juillet la soirée conclusive de ce premier épisode décentralisé accueillait trois groupes dans les Arènes de cette cité gardoise férue de tauromachie. C’était la soirée Spedidam, organisée avec le concours de cette société de perception et de redistribution de droits voisins, et une affiche hexagonale de trois groupes : Émile Parisien, Éric Séva et Richard Galliano, qui avait convié le guitariste Philip Catherine et d’autres complices d’Outre-Lys (pour oublier le Quiévrain trop sollicité comme marqueur frontalier de la chère Belgique….).

ArènesLes Arènes se préparent à la joute pacifique du concert….

PARISIEN QUARTET SANS ÉMILE

Juilien Touéry (piano), Ivan Gélugne (contrebasse), Julien Loutelier (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 21h

Trio sans Emile    Émile Parisien, comme d’autres consœurs et confrères programmés au festival de jazz d’Istanbul, où il y avait cette année une forte représentation française, s’est trouvé bloqué à l’aéroport par les suites du coup d’état avorté en Turquie. Le quartette est donc devenu trio par force majeure, et les trois compères nous ont régalé d’un beau moment de musique. Introduction bruitiste, entre les cordes du piano mises en vibration (par un excitateur électro-magnétique ? puis par effets percussifs), les cymbales mystérieuses, et la basse à l’archet dans des sonorités oniriques. Puis le pianiste utilise son clavier, et la musique s’organise avec une liberté sinueuse qui rappelle le trio de Paul Bley dans les années soixante. Vient une pulsation vive et tendue, pas le groove ostentatoire et fédérateur qui électrise le foules complaisantes, mais une mouvement tellurique, et une jubilation du corps. Le répertoire est celui du quartette, et de ses membres. Le thème suivant, sur tempo vif, est segmenté, ose le discontinu, puis s’abandonne au tempo régulier avant de nouvelles ruptures, de nouveaux éclats abrupts. Au fil du concert (assez court -45 minutes- car le programme de la soirée l’impose), c’est un slalom très libre entre les repères de tonalité, avec entre les musiciens une interaction et un jouage qui fait mouche. Pendant un solo de contrebasse le pianiste s’affaire avec des bandes de papiers pour une séquence de piano préparé, et un dialogue rythmique avec le batteur, sur quoi le bassiste, à l’archet et dans l’aigu, joue la musique d’entre chien et loup, quand les sunlights prennent le pouvoir sur la lumière du jour déclinant : c’est magique. Comme une cérémonie secrète à laquelle le public, surpris peut-être, participe sans réserves.

ÉRIC SÉVA « NOMADE SONORE QUARTET »

Éric Séva (saxophones baryton & soprano), Daniel Zimmermann (trombone), Bruno Schorp (contrebasse), Matthieu Chazarenc (batterie).

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 22h

Eric Seva Quartet   Avec Éric Séva la donne musicale est un peu différente : belles mélodies mélancoliques, lisibles comme le sont les thèmes d’inspiration populaire, mais dont l’apparente simplicité évolue savamment dans des harmonies sinueuses, des contrechants subtils (magnifique commentaire musical de Daniel Zimmermman !), et une constante élaboration de la forme en mouvement. Le concert commence par une valse-jazz, Rue aux fromages, composée par le saxophoniste en souvenir d’une rue de Seine-et-Marne où se trouvait un dancing dans lequel le jeune Séva fit ses débuts de musiciens de bal, au côté de son père. Vient ensuite un thème de Khalil Chahine, compositeur très prisé du saxophoniste. Puis un thème plus ancien, enregistré d’abord avec un autre groupe sur un CD dont la pochette était signée par le dessinateur Cabu, voisin et ami d’Éric Séva. L’occasion d’un hommage, et en ces temps troublés d’un appel à la liberté d’expression, et à la liberté, tout simplement. Au soprano le saxophoniste fait montre d’un lyrisme torride, qui rappelle que Dave Liebman fut son professeur. Tout au long du concert le groupe, rôdé par une longue connivence, se donne sans réserves à la musique, et le public accueille avec grande chaleur cette généreuse offrande.

RICHARD GALLIANO « NEW MUSETTE » invite PHILIP CATHERINE

Richard Galliano (accordéon, accordina), Philip Catherine (guitare), Philippe Aerts (contrebasse), Hans Van Oosterhout (batterie)

Festival Jazz à Junas, Arènes de Vauvert, 16 juillet 2016, 23h

Galliano-Catherine   Conclusion de la soirée par l’indispensable tête d’affiche, et plaisir de retrouver l’accordéoniste dans une configuration très jazz pour ceux, dont je fais partie, qui goûte modérément ses escapades chez Deutsche Grammophon. Le cadeau, c’est évidemment la présence de Philip Catherine, monument de musicalité, de finesse et de swing, qui peut faire chanter sa guitare comme le plus grand des manouches tout en évoquant la mémoire du jazz états-unien ou le lyrisme du meilleur jazz rock. Quant aux partenaires, le contrebassiste belge et la batteur batave, ils sont des complices réguliers de Philip Catherine comme de Richard Galliano : autant dire que l’on est en territoire d’effervescence complice. Beaucoup de valses, majoritairement de la plume de l’accordéoniste : le vieux Spleen, plus que trentenaire, et toujours gorgé de mélancolie ; puis d’autres, sur tempo plus vif. Valse encore, cette fois signée Philip Catherine : L’Éternel désir , magnifiquement développé par les deux solistes. Viendra pour l’accordéoniste le temps d’un solo, qui nous entraînera du côté de Piazzola, avant un retour du guitariste, sans accordéon mais en trio, sur Old Folks. Trio pour trio, le guitariste quitte la scène et Richard Galliano s’envole, avec le bassiste et le batteur, pour le très tropical Bebê  d’Hermeto Pascoal. Encore des valses ensuite, puis un hommage à Claude Nougaro dédié au facteur d’accordéons Claude Cavagnolo, présent dans le public. Public conquis, et rappel pour La Javanaise, commencée en impro avant l’exposé du thème, que le public chante en chœur. Fondu au noir. La soirée était belle, et festive, festival oblige.

Xavier Prévost

Le festival reprend, à Junas, le mardi 19 juillet. Toutes les infos sur www.jazzajunas.fr