Jazz live
Publié le 5 Août 2023

Jazz à Vialas : Vincent Strazzieri Trio & Olivier Chaussade

Plaisir de revenir une fois encore au festival de Vialas, au Nord de la Lozère, à la faveur d’une escale dans le Sud de l’Ardèche chez mes amis de jeunesse Dorothée et Jean Louis. Et comme toujours joie de voir comment ce festival, grâce à des bénévoles de plusieurs générations, porte haut les couleurs d’une vraie passion pour cette musique. Une passion ancienne, inaugurée en 2008, avec notamment le pianiste de ce soir, alors au saxophone

VINCENT STRAZZIERI Trio & OLIVIER CHAUSSADE

Vincent Strazzieri (piano, saxophone alto), Sylvain Romano (contrebasse), Jean-Pierre Arnaud (batterie), Olivier Chaussade (saxophone ténor)

Vialas, 3 août 2023, 21h30

Le festival a dû quitter la Maison du Temps Libre, plus vaste, située un peu plus bas : elle est en travaux. C’est devant le collège, sur une place en léger contrebas de la rue principale, que se tiennent cette années les agapes. Car agapes il y a : les concerts sont gratuits, et le nombreux public vient pendant l’avant-concert (une jam session rebaptisée JAV session) goûter la cuisine, simple et très bonne, concoctée par les bénévoles. L’espace est plus petit, le vent souffle, on aura aussi quelques gouttes de pluie, mais la soirée n’est pas compromise. Le piano souffrira un peu de l’humidité persistante en se désaccordant légèrement au fil du concert, mais restera beaucoup plus juste que le piano du Five Spot de New York, entre 1958 et 1961, pour des disques de Thelonious Monk, Randy Weston & Eric Dolphy….

Le répertoire est en partie celui du disque «One Time» de Vincent Strazzieri, enregistré en 2017, et en sextette. Ce trio + 1 est tout un symbole de ce qu’est, depuis des décennies dans notre pays, le jazz de stricte obédience : le pianiste écoutait dans sa jeunesse le batteur, sur les CD de la discothèque paternelle. Le bassiste est depuis des lustres un pilier du groupe des frères Belmondo. Et c’est le père de Lionel et Stéphane, Yvan Belmondo, qui fut dans le Var le premier professeur du saxophoniste. Bref c’est comme une histoire de famille. Un bel esprit soul jazz pour le piano dans Two Blues : cela réveille chez le chroniqueur, incurable nostalgique, l’atmosphère des Jazz Messengers, période Bobby Timmons, qu’il écoutait dès l’âge de 10 ans. Et pour faire bonne mesure le sax ténor ravive le souvenir des Coltrane d’avant Atlantic, dans les années 50. Mais la musique ne se limité évidemment pas à ce qui flatte les réflexes pavloviens du chroniqueur hors d’âge…. C’est vivant et emporté par un vrai souffle. Des standards, des ballades, mais aussi des compositions du pianiste. Pour l’une d’elle il quitte le piano, se saisit du sax alto, et annonce une toute nouvelle composition qu’ils ont peu répétée, requérant notre indulgence. Il ne sera pas nécessaire d’être indulgent : bel arrangement pour les deux saxophones, soutenus par le basse et la batterie, et belle impro du sax alto : la musique est là ! Quelques autres thèmes, dont un très beau For All We Know : le sax ténor est décidément très inspiré. Une fois encore j’aurai été heureux de passer une soirée de Jazz à Vialas.

texte et photos de Xavier Prévost