Jazz live
Publié le 4 Juil 2017

Jazz à Vienne : les hommages à John Coltrane de Pharoah Sanders, Archie Shepp et Emile Parisien en tandem avec Jeff Mills.

Un compte rendu en pointillé, son auteur ayant été requis à plusieurs reprises au cours de la soirée dans le studio mobile de France Inter. Mais tout de même, on pourra encore dire : « Jazz Magazine y était ».

Du concert du quartette de Pharaoh Sanders que j’ai vu sur un écran disposé “backstage”, avec le son de la façade entendu à travers et par dessus le “mur de fond de scène”, je ne pourrai évoquer que le sentiment d’effusion d’une public bien disposé à admirer un légende dont, pour la très grande majorité du public, les disques historiques “Tauhid”, “Karma”, “Jewels of Thought” et les collaborations avec Coltrane sont inconnus.

Quant au duo Emile Parisien / Jeff Mills aperçu du coin de l’œil sur un autre écran tout en répondant à André Manoukian dans le studio de France Inter, je ne pourrai en rapporter que ce que m’en a dit Parisien il y a trois jours à Respire Jazz. Une première rencontre en privé entre le saxophoniste et le DJ de Detroit a donné lieu après quelques essais convenus à une longue et constructive conversation d’une heure en guise de répétition, puis en septembre un premier concert de 30 minutes donné au Cabaret sauvage visible sur YouTube . Pour Parisien, ce second concert face à gigantisme de Jazz à Vienne, consistait un pari stressant dont il est sorti ravi et détendu, dans la perspective de leur prochaine rencontre à la Grande Halle de la Villette le 1er septembre dans le cadre du La Villette Jazz Festival.

Retour à la nostalgie, si l’on veut, avec Archie Shepp. La nostalgie puisque, comme pour Pharoah Sanders, on vient voir l’Ancien, le Grand Témoin. Mais avec une rythmique qui, si elle n’est ni techno, ni hip hop, ni ethnic, totalement centrée dans la grande généalogie de la rythmique swing qui passe par Jo Jones, Kenny Clarke et Elvin Jones, n’en est pas pour autant figée dans un rôle de gardien du temple. Jason Moran, Darryl Hall et Nasheet Waits (le trompettiste Amir ElSaffar donnant une vivifiante réplique) ont donné un coup de fouet au saxophoniste, lui faisant renouer avec la furia de la seconde moitié des années 1960 : les trois reprises de “Giant Steps” Syeeda’s Song Flute, Cousin Mary (“Four for Trane”, 1964), l’architecture sophistiquée de Hambone en souvenir des traditions corporelles du Sud des Etats-Unis (“Fire Music”, 1965), Blasé avec Marion Rampal sur les pas de Jeanne Lee (“Blasé”, Byg 1969). Ce qui fit que l’exercice de la nostalgie porté cinquante ans plus tard par une rythmique dans la force de l’âge a donné lieu à un véritable bain de jouvence. Certes, on ne fait pas ressusciter le passé, on n’efface pas les traces de l’âge et le concert a eu ses longueurs que d’autres préféreront cependant lorsqu’il chante Ellington de sa voix de vieux conteur ou lorsqu’il reprend Blues Brother George Jackson resté emblématique de son positionnement politique, notamment à travers les différentes réincarnation d’“Attica Blues” depuis sa création en 1972. Car “chacun voit Archie à sa porte”. Mais vu de la mienne, Syeeda’s Song et Hambone dans leurs arrangements d’époque me firent lever les poils sur la peau.

À Vienne, la tradition veut que l’on file, sitôt le dernier morceau du théâtre antique, vers le petit théâtre de la ville pour le Club de minuit, ce que fit le ténor Shabaka Hutchings, après avoir été invité le temps d’un morceau par Archie Shepp, pour rejoindre ses Ancestors : Siyabonga Mthembu (chant), Mthunzi Mbubu (sax alto), Ariel Zomonsky (contrebasse), Tom Skinner (batteur des Sons of Kemet du même Shabaka Hutchings venu remplacer Tumi Mogorosi) et Gontze Makhene (percussions). Voilà-t-il donc le géant tant annoncé ? Sur le plan du saxophone, on apprécie ce phrasé tout détaché, presque sautillant, les doigts se levant très haut en quittant les plateaux dans une étrange économie du geste, qui parfois dérive vers une abstraction explosive soudaine, sans autre transition que la longue transe qui autorise cette brutale irruption comme se rompt un élastique au terme d’une lente et croissante tension. Ce qui, dans cette mouvance-fourre-tout mêlant le “cosmic” et le “spritual”, en fait moins le saxophoniste du moment, qu’un chef d’orchestre remarqué pour ses Sons of Kemet, sa Comet Is Coming et ces Ancestors. Ce dernier groupe qui réunit autour de lui des musiciens sud-africains fait tourner les grooves, comme de puissantes et paisibles locomotives, en un bel engrenage contrebasse-batterie-percussions, la voix même et les deux saxophones participant à la motricité rythmique de l’ensemble par leurs incantations répétées qui génèrent chez les uns et les autres de longues envolées solistes.

Ce soir, Emile Parisien, Vincent Parisien et leurs amis revisiteront l’héritage du Zawinul Syndicate, à la même affiche “French Touch” que le trio de Yaron Herman et la chanteuse Sila entourée du Magnetic Orchestra, avec au Club de minuit l’hommage en octette à Woody Allen de Laurent Couthaliac. • Franck Bergerot|Un compte rendu en pointillé, son auteur ayant été requis à plusieurs reprises au cours de la soirée dans le studio mobile de France Inter. Mais tout de même, on pourra encore dire : « Jazz Magazine y était ».

Du concert du quartette de Pharaoh Sanders que j’ai vu sur un écran disposé “backstage”, avec le son de la façade entendu à travers et par dessus le “mur de fond de scène”, je ne pourrai évoquer que le sentiment d’effusion d’une public bien disposé à admirer un légende dont, pour la très grande majorité du public, les disques historiques “Tauhid”, “Karma”, “Jewels of Thought” et les collaborations avec Coltrane sont inconnus.

Quant au duo Emile Parisien / Jeff Mills aperçu du coin de l’œil sur un autre écran tout en répondant à André Manoukian dans le studio de France Inter, je ne pourrai en rapporter que ce que m’en a dit Parisien il y a trois jours à Respire Jazz. Une première rencontre en privé entre le saxophoniste et le DJ de Detroit a donné lieu après quelques essais convenus à une longue et constructive conversation d’une heure en guise de répétition, puis en septembre un premier concert de 30 minutes donné au Cabaret sauvage visible sur YouTube . Pour Parisien, ce second concert face à gigantisme de Jazz à Vienne, consistait un pari stressant dont il est sorti ravi et détendu, dans la perspective de leur prochaine rencontre à la Grande Halle de la Villette le 1er septembre dans le cadre du La Villette Jazz Festival.

Retour à la nostalgie, si l’on veut, avec Archie Shepp. La nostalgie puisque, comme pour Pharoah Sanders, on vient voir l’Ancien, le Grand Témoin. Mais avec une rythmique qui, si elle n’est ni techno, ni hip hop, ni ethnic, totalement centrée dans la grande généalogie de la rythmique swing qui passe par Jo Jones, Kenny Clarke et Elvin Jones, n’en est pas pour autant figée dans un rôle de gardien du temple. Jason Moran, Darryl Hall et Nasheet Waits (le trompettiste Amir ElSaffar donnant une vivifiante réplique) ont donné un coup de fouet au saxophoniste, lui faisant renouer avec la furia de la seconde moitié des années 1960 : les trois reprises de “Giant Steps” Syeeda’s Song Flute, Cousin Mary (“Four for Trane”, 1964), l’architecture sophistiquée de Hambone en souvenir des traditions corporelles du Sud des Etats-Unis (“Fire Music”, 1965), Blasé avec Marion Rampal sur les pas de Jeanne Lee (“Blasé”, Byg 1969). Ce qui fit que l’exercice de la nostalgie porté cinquante ans plus tard par une rythmique dans la force de l’âge a donné lieu à un véritable bain de jouvence. Certes, on ne fait pas ressusciter le passé, on n’efface pas les traces de l’âge et le concert a eu ses longueurs que d’autres préféreront cependant lorsqu’il chante Ellington de sa voix de vieux conteur ou lorsqu’il reprend Blues Brother George Jackson resté emblématique de son positionnement politique, notamment à travers les différentes réincarnation d’“Attica Blues” depuis sa création en 1972. Car “chacun voit Archie à sa porte”. Mais vu de la mienne, Syeeda’s Song et Hambone dans leurs arrangements d’époque me firent lever les poils sur la peau.

À Vienne, la tradition veut que l’on file, sitôt le dernier morceau du théâtre antique, vers le petit théâtre de la ville pour le Club de minuit, ce que fit le ténor Shabaka Hutchings, après avoir été invité le temps d’un morceau par Archie Shepp, pour rejoindre ses Ancestors : Siyabonga Mthembu (chant), Mthunzi Mbubu (sax alto), Ariel Zomonsky (contrebasse), Tom Skinner (batteur des Sons of Kemet du même Shabaka Hutchings venu remplacer Tumi Mogorosi) et Gontze Makhene (percussions). Voilà-t-il donc le géant tant annoncé ? Sur le plan du saxophone, on apprécie ce phrasé tout détaché, presque sautillant, les doigts se levant très haut en quittant les plateaux dans une étrange économie du geste, qui parfois dérive vers une abstraction explosive soudaine, sans autre transition que la longue transe qui autorise cette brutale irruption comme se rompt un élastique au terme d’une lente et croissante tension. Ce qui, dans cette mouvance-fourre-tout mêlant le “cosmic” et le “spritual”, en fait moins le saxophoniste du moment, qu’un chef d’orchestre remarqué pour ses Sons of Kemet, sa Comet Is Coming et ces Ancestors. Ce dernier groupe qui réunit autour de lui des musiciens sud-africains fait tourner les grooves, comme de puissantes et paisibles locomotives, en un bel engrenage contrebasse-batterie-percussions, la voix même et les deux saxophones participant à la motricité rythmique de l’ensemble par leurs incantations répétées qui génèrent chez les uns et les autres de longues envolées solistes.

Ce soir, Emile Parisien, Vincent Parisien et leurs amis revisiteront l’héritage du Zawinul Syndicate, à la même affiche “French Touch” que le trio de Yaron Herman et la chanteuse Sila entourée du Magnetic Orchestra, avec au Club de minuit l’hommage en octette à Woody Allen de Laurent Couthaliac. • Franck Bergerot|Un compte rendu en pointillé, son auteur ayant été requis à plusieurs reprises au cours de la soirée dans le studio mobile de France Inter. Mais tout de même, on pourra encore dire : « Jazz Magazine y était ».

Du concert du quartette de Pharaoh Sanders que j’ai vu sur un écran disposé “backstage”, avec le son de la façade entendu à travers et par dessus le “mur de fond de scène”, je ne pourrai évoquer que le sentiment d’effusion d’une public bien disposé à admirer un légende dont, pour la très grande majorité du public, les disques historiques “Tauhid”, “Karma”, “Jewels of Thought” et les collaborations avec Coltrane sont inconnus.

Quant au duo Emile Parisien / Jeff Mills aperçu du coin de l’œil sur un autre écran tout en répondant à André Manoukian dans le studio de France Inter, je ne pourrai en rapporter que ce que m’en a dit Parisien il y a trois jours à Respire Jazz. Une première rencontre en privé entre le saxophoniste et le DJ de Detroit a donné lieu après quelques essais convenus à une longue et constructive conversation d’une heure en guise de répétition, puis en septembre un premier concert de 30 minutes donné au Cabaret sauvage visible sur YouTube . Pour Parisien, ce second concert face à gigantisme de Jazz à Vienne, consistait un pari stressant dont il est sorti ravi et détendu, dans la perspective de leur prochaine rencontre à la Grande Halle de la Villette le 1er septembre dans le cadre du La Villette Jazz Festival.

Retour à la nostalgie, si l’on veut, avec Archie Shepp. La nostalgie puisque, comme pour Pharoah Sanders, on vient voir l’Ancien, le Grand Témoin. Mais avec une rythmique qui, si elle n’est ni techno, ni hip hop, ni ethnic, totalement centrée dans la grande généalogie de la rythmique swing qui passe par Jo Jones, Kenny Clarke et Elvin Jones, n’en est pas pour autant figée dans un rôle de gardien du temple. Jason Moran, Darryl Hall et Nasheet Waits (le trompettiste Amir ElSaffar donnant une vivifiante réplique) ont donné un coup de fouet au saxophoniste, lui faisant renouer avec la furia de la seconde moitié des années 1960 : les trois reprises de “Giant Steps” Syeeda’s Song Flute, Cousin Mary (“Four for Trane”, 1964), l’architecture sophistiquée de Hambone en souvenir des traditions corporelles du Sud des Etats-Unis (“Fire Music”, 1965), Blasé avec Marion Rampal sur les pas de Jeanne Lee (“Blasé”, Byg 1969). Ce qui fit que l’exercice de la nostalgie porté cinquante ans plus tard par une rythmique dans la force de l’âge a donné lieu à un véritable bain de jouvence. Certes, on ne fait pas ressusciter le passé, on n’efface pas les traces de l’âge et le concert a eu ses longueurs que d’autres préféreront cependant lorsqu’il chante Ellington de sa voix de vieux conteur ou lorsqu’il reprend Blues Brother George Jackson resté emblématique de son positionnement politique, notamment à travers les différentes réincarnation d’“Attica Blues” depuis sa création en 1972. Car “chacun voit Archie à sa porte”. Mais vu de la mienne, Syeeda’s Song et Hambone dans leurs arrangements d’époque me firent lever les poils sur la peau.

À Vienne, la tradition veut que l’on file, sitôt le dernier morceau du théâtre antique, vers le petit théâtre de la ville pour le Club de minuit, ce que fit le ténor Shabaka Hutchings, après avoir été invité le temps d’un morceau par Archie Shepp, pour rejoindre ses Ancestors : Siyabonga Mthembu (chant), Mthunzi Mbubu (sax alto), Ariel Zomonsky (contrebasse), Tom Skinner (batteur des Sons of Kemet du même Shabaka Hutchings venu remplacer Tumi Mogorosi) et Gontze Makhene (percussions). Voilà-t-il donc le géant tant annoncé ? Sur le plan du saxophone, on apprécie ce phrasé tout détaché, presque sautillant, les doigts se levant très haut en quittant les plateaux dans une étrange économie du geste, qui parfois dérive vers une abstraction explosive soudaine, sans autre transition que la longue transe qui autorise cette brutale irruption comme se rompt un élastique au terme d’une lente et croissante tension. Ce qui, dans cette mouvance-fourre-tout mêlant le “cosmic” et le “spritual”, en fait moins le saxophoniste du moment, qu’un chef d’orchestre remarqué pour ses Sons of Kemet, sa Comet Is Coming et ces Ancestors. Ce dernier groupe qui réunit autour de lui des musiciens sud-africains fait tourner les grooves, comme de puissantes et paisibles locomotives, en un bel engrenage contrebasse-batterie-percussions, la voix même et les deux saxophones participant à la motricité rythmique de l’ensemble par leurs incantations répétées qui génèrent chez les uns et les autres de longues envolées solistes.

Ce soir, Emile Parisien, Vincent Parisien et leurs amis revisiteront l’héritage du Zawinul Syndicate, à la même affiche “French Touch” que le trio de Yaron Herman et la chanteuse Sila entourée du Magnetic Orchestra, avec au Club de minuit l’hommage en octette à Woody Allen de Laurent Couthaliac. • Franck Bergerot|Un compte rendu en pointillé, son auteur ayant été requis à plusieurs reprises au cours de la soirée dans le studio mobile de France Inter. Mais tout de même, on pourra encore dire : « Jazz Magazine y était ».

Du concert du quartette de Pharaoh Sanders que j’ai vu sur un écran disposé “backstage”, avec le son de la façade entendu à travers et par dessus le “mur de fond de scène”, je ne pourrai évoquer que le sentiment d’effusion d’une public bien disposé à admirer un légende dont, pour la très grande majorité du public, les disques historiques “Tauhid”, “Karma”, “Jewels of Thought” et les collaborations avec Coltrane sont inconnus.

Quant au duo Emile Parisien / Jeff Mills aperçu du coin de l’œil sur un autre écran tout en répondant à André Manoukian dans le studio de France Inter, je ne pourrai en rapporter que ce que m’en a dit Parisien il y a trois jours à Respire Jazz. Une première rencontre en privé entre le saxophoniste et le DJ de Detroit a donné lieu après quelques essais convenus à une longue et constructive conversation d’une heure en guise de répétition, puis en septembre un premier concert de 30 minutes donné au Cabaret sauvage visible sur YouTube . Pour Parisien, ce second concert face à gigantisme de Jazz à Vienne, consistait un pari stressant dont il est sorti ravi et détendu, dans la perspective de leur prochaine rencontre à la Grande Halle de la Villette le 1er septembre dans le cadre du La Villette Jazz Festival.

Retour à la nostalgie, si l’on veut, avec Archie Shepp. La nostalgie puisque, comme pour Pharoah Sanders, on vient voir l’Ancien, le Grand Témoin. Mais avec une rythmique qui, si elle n’est ni techno, ni hip hop, ni ethnic, totalement centrée dans la grande généalogie de la rythmique swing qui passe par Jo Jones, Kenny Clarke et Elvin Jones, n’en est pas pour autant figée dans un rôle de gardien du temple. Jason Moran, Darryl Hall et Nasheet Waits (le trompettiste Amir ElSaffar donnant une vivifiante réplique) ont donné un coup de fouet au saxophoniste, lui faisant renouer avec la furia de la seconde moitié des années 1960 : les trois reprises de “Giant Steps” Syeeda’s Song Flute, Cousin Mary (“Four for Trane”, 1964), l’architecture sophistiquée de Hambone en souvenir des traditions corporelles du Sud des Etats-Unis (“Fire Music”, 1965), Blasé avec Marion Rampal sur les pas de Jeanne Lee (“Blasé”, Byg 1969). Ce qui fit que l’exercice de la nostalgie porté cinquante ans plus tard par une rythmique dans la force de l’âge a donné lieu à un véritable bain de jouvence. Certes, on ne fait pas ressusciter le passé, on n’efface pas les traces de l’âge et le concert a eu ses longueurs que d’autres préféreront cependant lorsqu’il chante Ellington de sa voix de vieux conteur ou lorsqu’il reprend Blues Brother George Jackson resté emblématique de son positionnement politique, notamment à travers les différentes réincarnation d’“Attica Blues” depuis sa création en 1972. Car “chacun voit Archie à sa porte”. Mais vu de la mienne, Syeeda’s Song et Hambone dans leurs arrangements d’époque me firent lever les poils sur la peau.

À Vienne, la tradition veut que l’on file, sitôt le dernier morceau du théâtre antique, vers le petit théâtre de la ville pour le Club de minuit, ce que fit le ténor Shabaka Hutchings, après avoir été invité le temps d’un morceau par Archie Shepp, pour rejoindre ses Ancestors : Siyabonga Mthembu (chant), Mthunzi Mbubu (sax alto), Ariel Zomonsky (contrebasse), Tom Skinner (batteur des Sons of Kemet du même Shabaka Hutchings venu remplacer Tumi Mogorosi) et Gontze Makhene (percussions). Voilà-t-il donc le géant tant annoncé ? Sur le plan du saxophone, on apprécie ce phrasé tout détaché, presque sautillant, les doigts se levant très haut en quittant les plateaux dans une étrange économie du geste, qui parfois dérive vers une abstraction explosive soudaine, sans autre transition que la longue transe qui autorise cette brutale irruption comme se rompt un élastique au terme d’une lente et croissante tension. Ce qui, dans cette mouvance-fourre-tout mêlant le “cosmic” et le “spritual”, en fait moins le saxophoniste du moment, qu’un chef d’orchestre remarqué pour ses Sons of Kemet, sa Comet Is Coming et ces Ancestors. Ce dernier groupe qui réunit autour de lui des musiciens sud-africains fait tourner les grooves, comme de puissantes et paisibles locomotives, en un bel engrenage contrebasse-batterie-percussions, la voix même et les deux saxophones participant à la motricité rythmique de l’ensemble par leurs incantations répétées qui génèrent chez les uns et les autres de longues envolées solistes.

Ce soir, Emile Parisien, Vincent Parisien et leurs amis revisiteront l’héritage du Zawinul Syndicate, à la même affiche “French Touch” que le trio de Yaron Herman et la chanteuse Sila entourée du Magnetic Orchestra, avec au Club de minuit l’hommage en octette à Woody Allen de Laurent Couthaliac. • Franck Bergerot