Jazz live
Publié le 8 Juil 2016

Jazz à vienne : une journée en quatre dimensions

Pierre de Bethmann en solo au Musée Gallo-romain, le même en trio au jardin de Cybèle, Kevin Seddiki et Bijan Chemirani au Club de minuit, Scofield / Mehldau / Guiliana puis John McLaughlin & the 4th Dimension au Théâtre antique… et encore, on n’a pas tout vu.

16h00, Musée Gallo-romain

Pierre de Bethmann (piano).

19h00, jardin de Cybèle

Pierre de Bethmann (piano), Sylvain Romano (contrebasse), Tony Rabeson (batterie).

Bien sûr, dans ce bâtiment pas très engageant vu de la N7 de l’autre côté du Rhône, mais dont, à l’intérieur, on apprécie l’espace et la luminosité, on aimerait flâner parmi les poteries, les monnaies, les mosaïques, les restes de toutes sortes, les plans les reconstitutions qui témoignent de l’activité de cette importante métropole que fut Vienne sur la route du nord. Pierre de Bethmann y songe-t-il, que j’aperçois au loin, marchant seul entre les vitrines, un peu tendu, cherchant peut-être à se concentrer sur ce qu’il va jouer, comment il va commencer, comment il va s’adresser au public, comment il va entrer et s’asseoir au tabouret, ou cherchant peut-être à tout oublier, y compris la salle où il est attendu et où l’on commence à s’installer face au piano… Et probablement ne parvient-il à faire ni l’un ni l’autre, s’étirant, se tordant les mains, cherchant à rester attentif à l’accueil que lui font les officiels…

Il arrive au piano, après quelques mots au public, le considère avec une espèce de curiosité où se mêle l’appétit et l’appréhension et pose enfin les mains sur le piano avec une contrastante assurance. Et je retrouve, à nu, les qualités animant son trio que j’écoutais quelques jours auparavant à Respire Jazz. Je parlais à ce sujet d’abstraction, ce qui pourrait paraître paradoxal chez ce musicien qui se réclame d’un relatif classicisme et d’un attachement certain au standards : c’est que la priorité de Pierre de Bethmann, qu’il interprète (son concert en trio est dominé par les standards) ou qu’il compose (l’objet du concert solo), c’est la forme, avec une capacité à structurer le temps d’un morceau, à en organiser le récit, à dérouler une dramaturgie. Et s’il nous donne souvent le sentiment de nous perdre, et si on l’accepte avec ravissement, c’est qu’il ne nous lâche jamais la main, avec un regard très analytique sur les standards comme sur les originaux dont il sait extraire certains motifs pour s’en jouer, les transposant, les déformant, les retournant, isolant l’un d’eux en ostinato, en motif à variations, l’insérant en une espèce de kalédioscope où “le même” s’agence à d’autred “mêmes” en une multitude de figures constamment réinventées. Le solo lui laissant les coudées franches au bord de l’abîme, la complicité du trio lui fournissant une forme de sécurité, ou en tout cas de partage des risques et donc de décontraction, plus cet élan et cette plasticité propre à la rythmique basse-batterie, plasticité d’autant plus efficiente qu’on la doit ici à la complicité de Sylvain Romano et Tony Rabeson.

Et ce n’est pas un hasard si j’écoute le solo dans l’atmosphère recueillie d’un musée, et le trio, un verre de Saint-Joseph à la main, une barquette de salade dans l’autre, au jardin de Cybèle où l’écoute est plus décontractée, voire bonne enfant et plus distraite, apéritive au concert du soir qui nous attend au Théâtre antique. Contraste avec la prestation au Respire Jazz Festival, où le trio de Pierre de Bethmann partageait la “grande scène” devant un public venu pour lui.

20h30, Théâtre Antique

John Scofield (guitare et basse électrique), Brad Mehldau (Fender Rhodes, synthétiseurs, piano), Mark Guiliana (batterie, électronique).

Les photographes ont disparu du pied de la scène (ils reviendront pour McLau). Trois d’entre eux auront l’autorisation de cliquer de derrière les dix premières rangées de spectateurs, pendant les premières minutes du concert. Pas d’accès non plus à la balance de l’après-midi. Lorsque l’on feuillette l’iconographie merveilleuse du jazz des origines aux années 1980, décennies pendant lesquelles les artistes ont commencé à contrôler leur image comme de quelconques top models ou hommes politiques et, souvent, les agents à se donner de l’importance en posant des exigences qu’ils inventent à l’artiste, on peut se demander ce qu’il restera du jazz des années 90 à aujourd’hui, à part les séances de pose et les photos d’amateurs volées sur des téléphones portables. Le jazz serait-il une musique morte ?

C’est la question que je me posais en écoutant le début de cette première partie, répétitive, redondante, ponctuée des sonorités synthétiques assez ridicules, surtout entre les mains d’un aussi prodigieux pianiste aussi prodigieusement cultivé, et qui semblait là frappé d’un désespérant jeunisme. Un batteur fascinant par cette façon de décomposer le temps avec une logique d’ordinateur, mais figé dans une espèce de pose artistique. Restaient les solos de Fender, pas très inattendus, surtout des lignes de basse jouées au clavier heureusement beaucoup plus excitantes. Restaient surtout Sco. De ses petits à ses grands moments, on ne se lasse guère de l’écouter jouer le blues, le blues, le blues… quittant régulièrement la guitare pour accompagner Mehldau avec une guitare basse posée sur un pied et s’y montrant très pertimment groovy.

Et puis les choses se sont mises à décoller sur un motif à sept temps joué en ostinato sur le piano, apportant un contraste bienvenu, suivi d’une bouleversante ballade de John Scofield entre beatlemania et americana, mais gorgée de cette patine émotionnelle qui ne s’acquière qu’avec l’âge et les blessures de l’existence. Final grandiose, dans un morceau destiné à mettre Guiliana en valeur, mais porté vers la stratosphère par le guitariste, comme dynamisé par l’aveu qu’il vient de nous faire dans le précédent morceau. Où l’on retrouve le grand Sco, la façon qu’il a de nous balancer au bout de la fronde de sa guitare, menaçant à tout moment de nous lâcher, petite pierre, définitivement vers l’infini. Triomphe d’un public de tout façon gagné d’avance. Rappel. Retour brutal de la régie qui vient déménager la scène. Les artistes ne reviendront même pas saluer.

John McLaughlin & the 4th Dimension : John McLaughlin (guitare électrique), Gary Husband (claviers, deuxième batterie), Etienne Mbappé (basse électrique), Ranjit Barot (percussions).

J’évoquais hier, à propos d’Angelo Debarre, la réflexion de Miles Davis découvrant Cannonball Adderley en 1955 au Café Bohemia : «… But he doesn’t peck. » On pourrait dire de même du jeu de John McLaughlin, foudroyant de précision, mais dépourvu de respiration et sans nuances. Vite et fort, constamment et tout son orchestre à l’avenant, Etienne Mbappé, le bassiste aux milles doigts, Ranjit Barot renchérissant à l’excès autour du puissant backbeat. Seul Gary Husband apporte un peu de respiration et de construction dans ses solos. C’est lui qui sauve la reprise du Django de John Lewis, avec un son de piano hélas un peu bling bling, où passé l’exposé, le leader semble incapable d’improviser autre chose qu’une succesion des traits rapides sans destination, la virtuosité en guise d’inspiration et de discours, l’ensemble du programme ressemblant comme au cirque à une successions de numéros, avec le blues de Chicago en arrière-plan constant, mais j’échangerais mille notes de McLauglin pour une seule de B.B. King ou Buddy Guy, la référence à l’Inde ne se faisant également qu’à travers quelques exercices de virtuosité. Ah ! Elle est loin la respiration du solo de Sunjong sur le “Making Music” de Zakir Hussain. Et tout aussi loin le McLaughlin de Right Off et Yesternow sur “Jack Johnson” de Miles. He used to peck…

Club de minuit au théâtre de Vienne

Kevin Seddiki (guitare nylon, zarb), Bijan Chemirani (percussions diverses, saz).

Pour se remettre, il fallait bien ce merveilleux duo dans l’écrin (métaphore offerte par le programme et tellement juste…) la petite salle à l’italienne du théâtre de Vienne Kevin Seddiki (origines combines d’Italie, France et Algérie) vient de la guitare classique sur laquelle il s’est imaginé un langage d’improvisateur et c’est en improvisateur pur qu’il ouvre le concert, avec la complicité ancienne de Bijan Chemirani (de la célèbre famille spécialiste du zarb iranien). Voici une dizaine d’années qu’ils échangent, comme ils racontaient à la petite conférence de presse animée en soirée par Robert Lapassade. A tel point que pour mieux interagir avec son comparse, Kevin Seddiki s’est lui-même initié au zarb dont il maîtrise désormais la technique et le langage. De son côté, afin d’ouvrir son oreille et son vocabulaire du côté mélodique, Chemirani s’est mis au luth à manche long appelé saz, un instrument turc, ce qui lui valut quelques remontrances dans sa famille en Iran. Les deux hommes tracent une route renouvelée de morceaux en morceaux, transversale mais pas très loin de celle du jazz qu’elle recoupe souvent par cet art de la conversation musicale improvisée et de l’arrangement… Et, pour le dire vite, c’est un régal des oreilles et de l’âme.

Mais déjà, le devoir m’appelle pour une dernière étape avant une intense semaine de bouclage de notre numéro d’août. Ce soir, je serai à Jazz à Couches (Bourgogne chalonnaise), dont le fondateur Frank Tortiller célèbrera les 30 ans avec un all stars de vieux amis, avant de céder la scène à François Corneloup. • Franck Bergerot|Pierre de Bethmann en solo au Musée Gallo-romain, le même en trio au jardin de Cybèle, Kevin Seddiki et Bijan Chemirani au Club de minuit, Scofield / Mehldau / Guiliana puis John McLaughlin & the 4th Dimension au Théâtre antique… et encore, on n’a pas tout vu.

16h00, Musée Gallo-romain

Pierre de Bethmann (piano).

19h00, jardin de Cybèle

Pierre de Bethmann (piano), Sylvain Romano (contrebasse), Tony Rabeson (batterie).

Bien sûr, dans ce bâtiment pas très engageant vu de la N7 de l’autre côté du Rhône, mais dont, à l’intérieur, on apprécie l’espace et la luminosité, on aimerait flâner parmi les poteries, les monnaies, les mosaïques, les restes de toutes sortes, les plans les reconstitutions qui témoignent de l’activité de cette importante métropole que fut Vienne sur la route du nord. Pierre de Bethmann y songe-t-il, que j’aperçois au loin, marchant seul entre les vitrines, un peu tendu, cherchant peut-être à se concentrer sur ce qu’il va jouer, comment il va commencer, comment il va s’adresser au public, comment il va entrer et s’asseoir au tabouret, ou cherchant peut-être à tout oublier, y compris la salle où il est attendu et où l’on commence à s’installer face au piano… Et probablement ne parvient-il à faire ni l’un ni l’autre, s’étirant, se tordant les mains, cherchant à rester attentif à l’accueil que lui font les officiels…

Il arrive au piano, après quelques mots au public, le considère avec une espèce de curiosité où se mêle l’appétit et l’appréhension et pose enfin les mains sur le piano avec une contrastante assurance. Et je retrouve, à nu, les qualités animant son trio que j’écoutais quelques jours auparavant à Respire Jazz. Je parlais à ce sujet d’abstraction, ce qui pourrait paraître paradoxal chez ce musicien qui se réclame d’un relatif classicisme et d’un attachement certain au standards : c’est que la priorité de Pierre de Bethmann, qu’il interprète (son concert en trio est dominé par les standards) ou qu’il compose (l’objet du concert solo), c’est la forme, avec une capacité à structurer le temps d’un morceau, à en organiser le récit, à dérouler une dramaturgie. Et s’il nous donne souvent le sentiment de nous perdre, et si on l’accepte avec ravissement, c’est qu’il ne nous lâche jamais la main, avec un regard très analytique sur les standards comme sur les originaux dont il sait extraire certains motifs pour s’en jouer, les transposant, les déformant, les retournant, isolant l’un d’eux en ostinato, en motif à variations, l’insérant en une espèce de kalédioscope où “le même” s’agence à d’autred “mêmes” en une multitude de figures constamment réinventées. Le solo lui laissant les coudées franches au bord de l’abîme, la complicité du trio lui fournissant une forme de sécurité, ou en tout cas de partage des risques et donc de décontraction, plus cet élan et cette plasticité propre à la rythmique basse-batterie, plasticité d’autant plus efficiente qu’on la doit ici à la complicité de Sylvain Romano et Tony Rabeson.

Et ce n’est pas un hasard si j’écoute le solo dans l’atmosphère recueillie d’un musée, et le trio, un verre de Saint-Joseph à la main, une barquette de salade dans l’autre, au jardin de Cybèle où l’écoute est plus décontractée, voire bonne enfant et plus distraite, apéritive au concert du soir qui nous attend au Théâtre antique. Contraste avec la prestation au Respire Jazz Festival, où le trio de Pierre de Bethmann partageait la “grande scène” devant un public venu pour lui.

20h30, Théâtre Antique

John Scofield (guitare et basse électrique), Brad Mehldau (Fender Rhodes, synthétiseurs, piano), Mark Guiliana (batterie, électronique).

Les photographes ont disparu du pied de la scène (ils reviendront pour McLau). Trois d’entre eux auront l’autorisation de cliquer de derrière les dix premières rangées de spectateurs, pendant les premières minutes du concert. Pas d’accès non plus à la balance de l’après-midi. Lorsque l’on feuillette l’iconographie merveilleuse du jazz des origines aux années 1980, décennies pendant lesquelles les artistes ont commencé à contrôler leur image comme de quelconques top models ou hommes politiques et, souvent, les agents à se donner de l’importance en posant des exigences qu’ils inventent à l’artiste, on peut se demander ce qu’il restera du jazz des années 90 à aujourd’hui, à part les séances de pose et les photos d’amateurs volées sur des téléphones portables. Le jazz serait-il une musique morte ?

C’est la question que je me posais en écoutant le début de cette première partie, répétitive, redondante, ponctuée des sonorités synthétiques assez ridicules, surtout entre les mains d’un aussi prodigieux pianiste aussi prodigieusement cultivé, et qui semblait là frappé d’un désespérant jeunisme. Un batteur fascinant par cette façon de décomposer le temps avec une logique d’ordinateur, mais figé dans une espèce de pose artistique. Restaient les solos de Fender, pas très inattendus, surtout des lignes de basse jouées au clavier heureusement beaucoup plus excitantes. Restaient surtout Sco. De ses petits à ses grands moments, on ne se lasse guère de l’écouter jouer le blues, le blues, le blues… quittant régulièrement la guitare pour accompagner Mehldau avec une guitare basse posée sur un pied et s’y montrant très pertimment groovy.

Et puis les choses se sont mises à décoller sur un motif à sept temps joué en ostinato sur le piano, apportant un contraste bienvenu, suivi d’une bouleversante ballade de John Scofield entre beatlemania et americana, mais gorgée de cette patine émotionnelle qui ne s’acquière qu’avec l’âge et les blessures de l’existence. Final grandiose, dans un morceau destiné à mettre Guiliana en valeur, mais porté vers la stratosphère par le guitariste, comme dynamisé par l’aveu qu’il vient de nous faire dans le précédent morceau. Où l’on retrouve le grand Sco, la façon qu’il a de nous balancer au bout de la fronde de sa guitare, menaçant à tout moment de nous lâcher, petite pierre, définitivement vers l’infini. Triomphe d’un public de tout façon gagné d’avance. Rappel. Retour brutal de la régie qui vient déménager la scène. Les artistes ne reviendront même pas saluer.

John McLaughlin & the 4th Dimension : John McLaughlin (guitare électrique), Gary Husband (claviers, deuxième batterie), Etienne Mbappé (basse électrique), Ranjit Barot (percussions).

J’évoquais hier, à propos d’Angelo Debarre, la réflexion de Miles Davis découvrant Cannonball Adderley en 1955 au Café Bohemia : «… But he doesn’t peck. » On pourrait dire de même du jeu de John McLaughlin, foudroyant de précision, mais dépourvu de respiration et sans nuances. Vite et fort, constamment et tout son orchestre à l’avenant, Etienne Mbappé, le bassiste aux milles doigts, Ranjit Barot renchérissant à l’excès autour du puissant backbeat. Seul Gary Husband apporte un peu de respiration et de construction dans ses solos. C’est lui qui sauve la reprise du Django de John Lewis, avec un son de piano hélas un peu bling bling, où passé l’exposé, le leader semble incapable d’improviser autre chose qu’une succesion des traits rapides sans destination, la virtuosité en guise d’inspiration et de discours, l’ensemble du programme ressemblant comme au cirque à une successions de numéros, avec le blues de Chicago en arrière-plan constant, mais j’échangerais mille notes de McLauglin pour une seule de B.B. King ou Buddy Guy, la référence à l’Inde ne se faisant également qu’à travers quelques exercices de virtuosité. Ah ! Elle est loin la respiration du solo de Sunjong sur le “Making Music” de Zakir Hussain. Et tout aussi loin le McLaughlin de Right Off et Yesternow sur “Jack Johnson” de Miles. He used to peck…

Club de minuit au théâtre de Vienne

Kevin Seddiki (guitare nylon, zarb), Bijan Chemirani (percussions diverses, saz).

Pour se remettre, il fallait bien ce merveilleux duo dans l’écrin (métaphore offerte par le programme et tellement juste…) la petite salle à l’italienne du théâtre de Vienne Kevin Seddiki (origines combines d’Italie, France et Algérie) vient de la guitare classique sur laquelle il s’est imaginé un langage d’improvisateur et c’est en improvisateur pur qu’il ouvre le concert, avec la complicité ancienne de Bijan Chemirani (de la célèbre famille spécialiste du zarb iranien). Voici une dizaine d’années qu’ils échangent, comme ils racontaient à la petite conférence de presse animée en soirée par Robert Lapassade. A tel point que pour mieux interagir avec son comparse, Kevin Seddiki s’est lui-même initié au zarb dont il maîtrise désormais la technique et le langage. De son côté, afin d’ouvrir son oreille et son vocabulaire du côté mélodique, Chemirani s’est mis au luth à manche long appelé saz, un instrument turc, ce qui lui valut quelques remontrances dans sa famille en Iran. Les deux hommes tracent une route renouvelée de morceaux en morceaux, transversale mais pas très loin de celle du jazz qu’elle recoupe souvent par cet art de la conversation musicale improvisée et de l’arrangement… Et, pour le dire vite, c’est un régal des oreilles et de l’âme.

Mais déjà, le devoir m’appelle pour une dernière étape avant une intense semaine de bouclage de notre numéro d’août. Ce soir, je serai à Jazz à Couches (Bourgogne chalonnaise), dont le fondateur Frank Tortiller célèbrera les 30 ans avec un all stars de vieux amis, avant de céder la scène à François Corneloup. • Franck Bergerot|Pierre de Bethmann en solo au Musée Gallo-romain, le même en trio au jardin de Cybèle, Kevin Seddiki et Bijan Chemirani au Club de minuit, Scofield / Mehldau / Guiliana puis John McLaughlin & the 4th Dimension au Théâtre antique… et encore, on n’a pas tout vu.

16h00, Musée Gallo-romain

Pierre de Bethmann (piano).

19h00, jardin de Cybèle

Pierre de Bethmann (piano), Sylvain Romano (contrebasse), Tony Rabeson (batterie).

Bien sûr, dans ce bâtiment pas très engageant vu de la N7 de l’autre côté du Rhône, mais dont, à l’intérieur, on apprécie l’espace et la luminosité, on aimerait flâner parmi les poteries, les monnaies, les mosaïques, les restes de toutes sortes, les plans les reconstitutions qui témoignent de l’activité de cette importante métropole que fut Vienne sur la route du nord. Pierre de Bethmann y songe-t-il, que j’aperçois au loin, marchant seul entre les vitrines, un peu tendu, cherchant peut-être à se concentrer sur ce qu’il va jouer, comment il va commencer, comment il va s’adresser au public, comment il va entrer et s’asseoir au tabouret, ou cherchant peut-être à tout oublier, y compris la salle où il est attendu et où l’on commence à s’installer face au piano… Et probablement ne parvient-il à faire ni l’un ni l’autre, s’étirant, se tordant les mains, cherchant à rester attentif à l’accueil que lui font les officiels…

Il arrive au piano, après quelques mots au public, le considère avec une espèce de curiosité où se mêle l’appétit et l’appréhension et pose enfin les mains sur le piano avec une contrastante assurance. Et je retrouve, à nu, les qualités animant son trio que j’écoutais quelques jours auparavant à Respire Jazz. Je parlais à ce sujet d’abstraction, ce qui pourrait paraître paradoxal chez ce musicien qui se réclame d’un relatif classicisme et d’un attachement certain au standards : c’est que la priorité de Pierre de Bethmann, qu’il interprète (son concert en trio est dominé par les standards) ou qu’il compose (l’objet du concert solo), c’est la forme, avec une capacité à structurer le temps d’un morceau, à en organiser le récit, à dérouler une dramaturgie. Et s’il nous donne souvent le sentiment de nous perdre, et si on l’accepte avec ravissement, c’est qu’il ne nous lâche jamais la main, avec un regard très analytique sur les standards comme sur les originaux dont il sait extraire certains motifs pour s’en jouer, les transposant, les déformant, les retournant, isolant l’un d’eux en ostinato, en motif à variations, l’insérant en une espèce de kalédioscope où “le même” s’agence à d’autred “mêmes” en une multitude de figures constamment réinventées. Le solo lui laissant les coudées franches au bord de l’abîme, la complicité du trio lui fournissant une forme de sécurité, ou en tout cas de partage des risques et donc de décontraction, plus cet élan et cette plasticité propre à la rythmique basse-batterie, plasticité d’autant plus efficiente qu’on la doit ici à la complicité de Sylvain Romano et Tony Rabeson.

Et ce n’est pas un hasard si j’écoute le solo dans l’atmosphère recueillie d’un musée, et le trio, un verre de Saint-Joseph à la main, une barquette de salade dans l’autre, au jardin de Cybèle où l’écoute est plus décontractée, voire bonne enfant et plus distraite, apéritive au concert du soir qui nous attend au Théâtre antique. Contraste avec la prestation au Respire Jazz Festival, où le trio de Pierre de Bethmann partageait la “grande scène” devant un public venu pour lui.

20h30, Théâtre Antique

John Scofield (guitare et basse électrique), Brad Mehldau (Fender Rhodes, synthétiseurs, piano), Mark Guiliana (batterie, électronique).

Les photographes ont disparu du pied de la scène (ils reviendront pour McLau). Trois d’entre eux auront l’autorisation de cliquer de derrière les dix premières rangées de spectateurs, pendant les premières minutes du concert. Pas d’accès non plus à la balance de l’après-midi. Lorsque l’on feuillette l’iconographie merveilleuse du jazz des origines aux années 1980, décennies pendant lesquelles les artistes ont commencé à contrôler leur image comme de quelconques top models ou hommes politiques et, souvent, les agents à se donner de l’importance en posant des exigences qu’ils inventent à l’artiste, on peut se demander ce qu’il restera du jazz des années 90 à aujourd’hui, à part les séances de pose et les photos d’amateurs volées sur des téléphones portables. Le jazz serait-il une musique morte ?

C’est la question que je me posais en écoutant le début de cette première partie, répétitive, redondante, ponctuée des sonorités synthétiques assez ridicules, surtout entre les mains d’un aussi prodigieux pianiste aussi prodigieusement cultivé, et qui semblait là frappé d’un désespérant jeunisme. Un batteur fascinant par cette façon de décomposer le temps avec une logique d’ordinateur, mais figé dans une espèce de pose artistique. Restaient les solos de Fender, pas très inattendus, surtout des lignes de basse jouées au clavier heureusement beaucoup plus excitantes. Restaient surtout Sco. De ses petits à ses grands moments, on ne se lasse guère de l’écouter jouer le blues, le blues, le blues… quittant régulièrement la guitare pour accompagner Mehldau avec une guitare basse posée sur un pied et s’y montrant très pertimment groovy.

Et puis les choses se sont mises à décoller sur un motif à sept temps joué en ostinato sur le piano, apportant un contraste bienvenu, suivi d’une bouleversante ballade de John Scofield entre beatlemania et americana, mais gorgée de cette patine émotionnelle qui ne s’acquière qu’avec l’âge et les blessures de l’existence. Final grandiose, dans un morceau destiné à mettre Guiliana en valeur, mais porté vers la stratosphère par le guitariste, comme dynamisé par l’aveu qu’il vient de nous faire dans le précédent morceau. Où l’on retrouve le grand Sco, la façon qu’il a de nous balancer au bout de la fronde de sa guitare, menaçant à tout moment de nous lâcher, petite pierre, définitivement vers l’infini. Triomphe d’un public de tout façon gagné d’avance. Rappel. Retour brutal de la régie qui vient déménager la scène. Les artistes ne reviendront même pas saluer.

John McLaughlin & the 4th Dimension : John McLaughlin (guitare électrique), Gary Husband (claviers, deuxième batterie), Etienne Mbappé (basse électrique), Ranjit Barot (percussions).

J’évoquais hier, à propos d’Angelo Debarre, la réflexion de Miles Davis découvrant Cannonball Adderley en 1955 au Café Bohemia : «… But he doesn’t peck. » On pourrait dire de même du jeu de John McLaughlin, foudroyant de précision, mais dépourvu de respiration et sans nuances. Vite et fort, constamment et tout son orchestre à l’avenant, Etienne Mbappé, le bassiste aux milles doigts, Ranjit Barot renchérissant à l’excès autour du puissant backbeat. Seul Gary Husband apporte un peu de respiration et de construction dans ses solos. C’est lui qui sauve la reprise du Django de John Lewis, avec un son de piano hélas un peu bling bling, où passé l’exposé, le leader semble incapable d’improviser autre chose qu’une succesion des traits rapides sans destination, la virtuosité en guise d’inspiration et de discours, l’ensemble du programme ressemblant comme au cirque à une successions de numéros, avec le blues de Chicago en arrière-plan constant, mais j’échangerais mille notes de McLauglin pour une seule de B.B. King ou Buddy Guy, la référence à l’Inde ne se faisant également qu’à travers quelques exercices de virtuosité. Ah ! Elle est loin la respiration du solo de Sunjong sur le “Making Music” de Zakir Hussain. Et tout aussi loin le McLaughlin de Right Off et Yesternow sur “Jack Johnson” de Miles. He used to peck…

Club de minuit au théâtre de Vienne

Kevin Seddiki (guitare nylon, zarb), Bijan Chemirani (percussions diverses, saz).

Pour se remettre, il fallait bien ce merveilleux duo dans l’écrin (métaphore offerte par le programme et tellement juste…) la petite salle à l’italienne du théâtre de Vienne Kevin Seddiki (origines combines d’Italie, France et Algérie) vient de la guitare classique sur laquelle il s’est imaginé un langage d’improvisateur et c’est en improvisateur pur qu’il ouvre le concert, avec la complicité ancienne de Bijan Chemirani (de la célèbre famille spécialiste du zarb iranien). Voici une dizaine d’années qu’ils échangent, comme ils racontaient à la petite conférence de presse animée en soirée par Robert Lapassade. A tel point que pour mieux interagir avec son comparse, Kevin Seddiki s’est lui-même initié au zarb dont il maîtrise désormais la technique et le langage. De son côté, afin d’ouvrir son oreille et son vocabulaire du côté mélodique, Chemirani s’est mis au luth à manche long appelé saz, un instrument turc, ce qui lui valut quelques remontrances dans sa famille en Iran. Les deux hommes tracent une route renouvelée de morceaux en morceaux, transversale mais pas très loin de celle du jazz qu’elle recoupe souvent par cet art de la conversation musicale improvisée et de l’arrangement… Et, pour le dire vite, c’est un régal des oreilles et de l’âme.

Mais déjà, le devoir m’appelle pour une dernière étape avant une intense semaine de bouclage de notre numéro d’août. Ce soir, je serai à Jazz à Couches (Bourgogne chalonnaise), dont le fondateur Frank Tortiller célèbrera les 30 ans avec un all stars de vieux amis, avant de céder la scène à François Corneloup. • Franck Bergerot|Pierre de Bethmann en solo au Musée Gallo-romain, le même en trio au jardin de Cybèle, Kevin Seddiki et Bijan Chemirani au Club de minuit, Scofield / Mehldau / Guiliana puis John McLaughlin & the 4th Dimension au Théâtre antique… et encore, on n’a pas tout vu.

16h00, Musée Gallo-romain

Pierre de Bethmann (piano).

19h00, jardin de Cybèle

Pierre de Bethmann (piano), Sylvain Romano (contrebasse), Tony Rabeson (batterie).

Bien sûr, dans ce bâtiment pas très engageant vu de la N7 de l’autre côté du Rhône, mais dont, à l’intérieur, on apprécie l’espace et la luminosité, on aimerait flâner parmi les poteries, les monnaies, les mosaïques, les restes de toutes sortes, les plans les reconstitutions qui témoignent de l’activité de cette importante métropole que fut Vienne sur la route du nord. Pierre de Bethmann y songe-t-il, que j’aperçois au loin, marchant seul entre les vitrines, un peu tendu, cherchant peut-être à se concentrer sur ce qu’il va jouer, comment il va commencer, comment il va s’adresser au public, comment il va entrer et s’asseoir au tabouret, ou cherchant peut-être à tout oublier, y compris la salle où il est attendu et où l’on commence à s’installer face au piano… Et probablement ne parvient-il à faire ni l’un ni l’autre, s’étirant, se tordant les mains, cherchant à rester attentif à l’accueil que lui font les officiels…

Il arrive au piano, après quelques mots au public, le considère avec une espèce de curiosité où se mêle l’appétit et l’appréhension et pose enfin les mains sur le piano avec une contrastante assurance. Et je retrouve, à nu, les qualités animant son trio que j’écoutais quelques jours auparavant à Respire Jazz. Je parlais à ce sujet d’abstraction, ce qui pourrait paraître paradoxal chez ce musicien qui se réclame d’un relatif classicisme et d’un attachement certain au standards : c’est que la priorité de Pierre de Bethmann, qu’il interprète (son concert en trio est dominé par les standards) ou qu’il compose (l’objet du concert solo), c’est la forme, avec une capacité à structurer le temps d’un morceau, à en organiser le récit, à dérouler une dramaturgie. Et s’il nous donne souvent le sentiment de nous perdre, et si on l’accepte avec ravissement, c’est qu’il ne nous lâche jamais la main, avec un regard très analytique sur les standards comme sur les originaux dont il sait extraire certains motifs pour s’en jouer, les transposant, les déformant, les retournant, isolant l’un d’eux en ostinato, en motif à variations, l’insérant en une espèce de kalédioscope où “le même” s’agence à d’autred “mêmes” en une multitude de figures constamment réinventées. Le solo lui laissant les coudées franches au bord de l’abîme, la complicité du trio lui fournissant une forme de sécurité, ou en tout cas de partage des risques et donc de décontraction, plus cet élan et cette plasticité propre à la rythmique basse-batterie, plasticité d’autant plus efficiente qu’on la doit ici à la complicité de Sylvain Romano et Tony Rabeson.

Et ce n’est pas un hasard si j’écoute le solo dans l’atmosphère recueillie d’un musée, et le trio, un verre de Saint-Joseph à la main, une barquette de salade dans l’autre, au jardin de Cybèle où l’écoute est plus décontractée, voire bonne enfant et plus distraite, apéritive au concert du soir qui nous attend au Théâtre antique. Contraste avec la prestation au Respire Jazz Festival, où le trio de Pierre de Bethmann partageait la “grande scène” devant un public venu pour lui.

20h30, Théâtre Antique

John Scofield (guitare et basse électrique), Brad Mehldau (Fender Rhodes, synthétiseurs, piano), Mark Guiliana (batterie, électronique).

Les photographes ont disparu du pied de la scène (ils reviendront pour McLau). Trois d’entre eux auront l’autorisation de cliquer de derrière les dix premières rangées de spectateurs, pendant les premières minutes du concert. Pas d’accès non plus à la balance de l’après-midi. Lorsque l’on feuillette l’iconographie merveilleuse du jazz des origines aux années 1980, décennies pendant lesquelles les artistes ont commencé à contrôler leur image comme de quelconques top models ou hommes politiques et, souvent, les agents à se donner de l’importance en posant des exigences qu’ils inventent à l’artiste, on peut se demander ce qu’il restera du jazz des années 90 à aujourd’hui, à part les séances de pose et les photos d’amateurs volées sur des téléphones portables. Le jazz serait-il une musique morte ?

C’est la question que je me posais en écoutant le début de cette première partie, répétitive, redondante, ponctuée des sonorités synthétiques assez ridicules, surtout entre les mains d’un aussi prodigieux pianiste aussi prodigieusement cultivé, et qui semblait là frappé d’un désespérant jeunisme. Un batteur fascinant par cette façon de décomposer le temps avec une logique d’ordinateur, mais figé dans une espèce de pose artistique. Restaient les solos de Fender, pas très inattendus, surtout des lignes de basse jouées au clavier heureusement beaucoup plus excitantes. Restaient surtout Sco. De ses petits à ses grands moments, on ne se lasse guère de l’écouter jouer le blues, le blues, le blues… quittant régulièrement la guitare pour accompagner Mehldau avec une guitare basse posée sur un pied et s’y montrant très pertimment groovy.

Et puis les choses se sont mises à décoller sur un motif à sept temps joué en ostinato sur le piano, apportant un contraste bienvenu, suivi d’une bouleversante ballade de John Scofield entre beatlemania et americana, mais gorgée de cette patine émotionnelle qui ne s’acquière qu’avec l’âge et les blessures de l’existence. Final grandiose, dans un morceau destiné à mettre Guiliana en valeur, mais porté vers la stratosphère par le guitariste, comme dynamisé par l’aveu qu’il vient de nous faire dans le précédent morceau. Où l’on retrouve le grand Sco, la façon qu’il a de nous balancer au bout de la fronde de sa guitare, menaçant à tout moment de nous lâcher, petite pierre, définitivement vers l’infini. Triomphe d’un public de tout façon gagné d’avance. Rappel. Retour brutal de la régie qui vient déménager la scène. Les artistes ne reviendront même pas saluer.

John McLaughlin & the 4th Dimension : John McLaughlin (guitare électrique), Gary Husband (claviers, deuxième batterie), Etienne Mbappé (basse électrique), Ranjit Barot (percussions).

J’évoquais hier, à propos d’Angelo Debarre, la réflexion de Miles Davis découvrant Cannonball Adderley en 1955 au Café Bohemia : «… But he doesn’t peck. » On pourrait dire de même du jeu de John McLaughlin, foudroyant de précision, mais dépourvu de respiration et sans nuances. Vite et fort, constamment et tout son orchestre à l’avenant, Etienne Mbappé, le bassiste aux milles doigts, Ranjit Barot renchérissant à l’excès autour du puissant backbeat. Seul Gary Husband apporte un peu de respiration et de construction dans ses solos. C’est lui qui sauve la reprise du Django de John Lewis, avec un son de piano hélas un peu bling bling, où passé l’exposé, le leader semble incapable d’improviser autre chose qu’une succesion des traits rapides sans destination, la virtuosité en guise d’inspiration et de discours, l’ensemble du programme ressemblant comme au cirque à une successions de numéros, avec le blues de Chicago en arrière-plan constant, mais j’échangerais mille notes de McLauglin pour une seule de B.B. King ou Buddy Guy, la référence à l’Inde ne se faisant également qu’à travers quelques exercices de virtuosité. Ah ! Elle est loin la respiration du solo de Sunjong sur le “Making Music” de Zakir Hussain. Et tout aussi loin le McLaughlin de Right Off et Yesternow sur “Jack Johnson” de Miles. He used to peck…

Club de minuit au théâtre de Vienne

Kevin Seddiki (guitare nylon, zarb), Bijan Chemirani (percussions diverses, saz).

Pour se remettre, il fallait bien ce merveilleux duo dans l’écrin (métaphore offerte par le programme et tellement juste…) la petite salle à l’italienne du théâtre de Vienne Kevin Seddiki (origines combines d’Italie, France et Algérie) vient de la guitare classique sur laquelle il s’est imaginé un langage d’improvisateur et c’est en improvisateur pur qu’il ouvre le concert, avec la complicité ancienne de Bijan Chemirani (de la célèbre famille spécialiste du zarb iranien). Voici une dizaine d’années qu’ils échangent, comme ils racontaient à la petite conférence de presse animée en soirée par Robert Lapassade. A tel point que pour mieux interagir avec son comparse, Kevin Seddiki s’est lui-même initié au zarb dont il maîtrise désormais la technique et le langage. De son côté, afin d’ouvrir son oreille et son vocabulaire du côté mélodique, Chemirani s’est mis au luth à manche long appelé saz, un instrument turc, ce qui lui valut quelques remontrances dans sa famille en Iran. Les deux hommes tracent une route renouvelée de morceaux en morceaux, transversale mais pas très loin de celle du jazz qu’elle recoupe souvent par cet art de la conversation musicale improvisée et de l’arrangement… Et, pour le dire vite, c’est un régal des oreilles et de l’âme.

Mais déjà, le devoir m’appelle pour une dernière étape avant une intense semaine de bouclage de notre numéro d’août. Ce soir, je serai à Jazz à Couches (Bourgogne chalonnaise), dont le fondateur Frank Tortiller célèbrera les 30 ans avec un all stars de vieux amis, avant de céder la scène à François Corneloup. • Franck Bergerot