Jazz live
Publié le 24 Août 2013

Jazz Campus en Clunisois (II) : le bonheur de Didier Levallet

On parlera bien sûr de son bonheur de directeur artistique du festival, du bonheur de ses choix, du bonheur de ce qui se passe dans le stage. Témoins les deux concerts en plein air d’hier : nous avons rendu compte de celui de Sylvaine Hélary et Noémi Boutin, mais Michel Mandel et Yves Gerbelot n’ont pas été en reste, dans le cadre admirable du Cloître de l’Abbaye. On parlera surtout du bonheur qui s’est dégagé du concert d’hier soir, avec son quintet : un moment très fort, très intense, qui réjouit tous ceux qui connaissent et aiment Didier Levallet.

 

Tuyaux : Michel Mandel (cl, b-cl), Yves Gerbelot (as, bs, ss, perc)

 

Didier Levallet Quintet, « Voix Croisées » : Didier Levallet (b), Airelle Besson (tp), Céline Bonacina (bs, as), Sylvaine Hélary (fl, alto-fl), François Laizeau (dm).

 

IMG 4686

 

 

Dans le cloître de l’Abbaye (entrée au milieu, au fond) Michel Mandel et Yves Gerbelot ont fait apprécier ce qui peut se passer en terme de dialogue subtil, d’échanges virevoltants, entre deux instrumentistes rompus à l’écriture et à l’improvisation. On s’allonge dans l’herbe ou on prend place sur les quelques sièges réservés à ceux qui préfèrent une situation bien assise, et on se laisse porter par le toucher doux et caressant de Mandel sur ses clarinettes, ou encore par les emportements de Gerbelot au saxophone baryton. Ces moments de musique, ces « jardins de musique » sont totalement délicieux.

 

On avait raté le quintet de Didier Levallet au Mans (l’Europa Jazz et Djazz à Nevers sont co-producteurs), on l’attendait donc avec impatience, on a été vite rassuré. Mieux : conquis. D’emblée la musique sonne, emporte, rebondit, elle est dansante, elle chante, elle swingue, c’est un bonheur de voir Didier Levallet lancer tout ça d’une main à la fois ferme et décontractée. Le bonheur est dans le théâtre, des pièces comme Adélie et La Jetée, avec leur côté diablement bop, sonnent et même résonnent, mais les compositions (récentes ou anciennes) du contrebassiste sont aussi marquées du tango, d’ambiances cubaines (mais oui !), au final c’est un hymne très ancien (OAC, pour Ornette, Ayler et Charles, avec l’équivoque possible sur « Charles », c’est Charles Tyler mais ça pourrait être Dennis Charles). Un rappel bien venu des temps de l’illusion, car nous sommes aux temps du réel, mais l’utopie reste vivante. Elle fait partie du bonheur, et Levallet illustre à sa manière quelques aphorismes de Lacan, Le dur désir de durer (repris à Eluard) et surtout selon moi l’idée que « le sujet est heureux », le bonheur ici étant avant tout musical. Et c’est cela qui compte.

 

Vous voulez des exemples ? Didier n’est pas avare d’en donner : « Quand nous avons commencé à répéter, les filles (saxophone, trompette, flûte) ont trouvé tout de suite leur son. François (Laizeau) m’a dit qu’il fallait enregistrer le disque tout de suite, et qu’on en disposerait pour les concerts« . Joli calcul, bien vu François !!! A la sortie, tout le monde (il y avait beaucoup de monde hier soir au théâtre de Cluny) s’est précipité pour acheter le CD tout neuf, moi le premier, et de le faire signer par tous. Oui la section de soufflantes a un son magnifique (un peu « west coast » en fait), oui quand elle prend un solo Céline Bonacina colore son baryton ou son alto de façon différente, oui Sylvaine Hélary séduit par son phrasé avec intelligence à la flûte alto et aux autres flûtes, oui Airelle Besson timbre admirablement. 

 

On n’était pas habitué à ça, il faut bien le dire, et c’est donc un signe très intéressant que ce « nouveau » bonheur d’écrire, de jouer, de rassembler, chez Didier Levallet. Ceux qui connaissent son oeuvre savent que ce n’est pas si nouveau en fait, mais qu’il parvienne à l’exprimer avec tant de simplicité fait plaisir. A suivre.

 

En tous cas ce soir « Une Petite Histoire de l’Opéra », par Laurent Dehors. A suivre donc.

 

Philippe Méziat

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On parlera bien sûr de son bonheur de directeur artistique du festival, du bonheur de ses choix, du bonheur de ce qui se passe dans le stage. Témoins les deux concerts en plein air d’hier : nous avons rendu compte de celui de Sylvaine Hélary et Noémi Boutin, mais Michel Mandel et Yves Gerbelot n’ont pas été en reste, dans le cadre admirable du Cloître de l’Abbaye. On parlera surtout du bonheur qui s’est dégagé du concert d’hier soir, avec son quintet : un moment très fort, très intense, qui réjouit tous ceux qui connaissent et aiment Didier Levallet.

 

Tuyaux : Michel Mandel (cl, b-cl), Yves Gerbelot (as, bs, ss, perc)

 

Didier Levallet Quintet, « Voix Croisées » : Didier Levallet (b), Airelle Besson (tp), Céline Bonacina (bs, as), Sylvaine Hélary (fl, alto-fl), François Laizeau (dm).

 

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Dans le cloître de l’Abbaye (entrée au milieu, au fond) Michel Mandel et Yves Gerbelot ont fait apprécier ce qui peut se passer en terme de dialogue subtil, d’échanges virevoltants, entre deux instrumentistes rompus à l’écriture et à l’improvisation. On s’allonge dans l’herbe ou on prend place sur les quelques sièges réservés à ceux qui préfèrent une situation bien assise, et on se laisse porter par le toucher doux et caressant de Mandel sur ses clarinettes, ou encore par les emportements de Gerbelot au saxophone baryton. Ces moments de musique, ces « jardins de musique » sont totalement délicieux.

 

On avait raté le quintet de Didier Levallet au Mans (l’Europa Jazz et Djazz à Nevers sont co-producteurs), on l’attendait donc avec impatience, on a été vite rassuré. Mieux : conquis. D’emblée la musique sonne, emporte, rebondit, elle est dansante, elle chante, elle swingue, c’est un bonheur de voir Didier Levallet lancer tout ça d’une main à la fois ferme et décontractée. Le bonheur est dans le théâtre, des pièces comme Adélie et La Jetée, avec leur côté diablement bop, sonnent et même résonnent, mais les compositions (récentes ou anciennes) du contrebassiste sont aussi marquées du tango, d’ambiances cubaines (mais oui !), au final c’est un hymne très ancien (OAC, pour Ornette, Ayler et Charles, avec l’équivoque possible sur « Charles », c’est Charles Tyler mais ça pourrait être Dennis Charles). Un rappel bien venu des temps de l’illusion, car nous sommes aux temps du réel, mais l’utopie reste vivante. Elle fait partie du bonheur, et Levallet illustre à sa manière quelques aphorismes de Lacan, Le dur désir de durer (repris à Eluard) et surtout selon moi l’idée que « le sujet est heureux », le bonheur ici étant avant tout musical. Et c’est cela qui compte.

 

Vous voulez des exemples ? Didier n’est pas avare d’en donner : « Quand nous avons commencé à répéter, les filles (saxophone, trompette, flûte) ont trouvé tout de suite leur son. François (Laizeau) m’a dit qu’il fallait enregistrer le disque tout de suite, et qu’on en disposerait pour les concerts« . Joli calcul, bien vu François !!! A la sortie, tout le monde (il y avait beaucoup de monde hier soir au théâtre de Cluny) s’est précipité pour acheter le CD tout neuf, moi le premier, et de le faire signer par tous. Oui la section de soufflantes a un son magnifique (un peu « west coast » en fait), oui quand elle prend un solo Céline Bonacina colore son baryton ou son alto de façon différente, oui Sylvaine Hélary séduit par son phrasé avec intelligence à la flûte alto et aux autres flûtes, oui Airelle Besson timbre admirablement. 

 

On n’était pas habitué à ça, il faut bien le dire, et c’est donc un signe très intéressant que ce « nouveau » bonheur d’écrire, de jouer, de rassembler, chez Didier Levallet. Ceux qui connaissent son oeuvre savent que ce n’est pas si nouveau en fait, mais qu’il parvienne à l’exprimer avec tant de simplicité fait plaisir. A suivre.

 

En tous cas ce soir « Une Petite Histoire de l’Opéra », par Laurent Dehors. A suivre donc.

 

Philippe Méziat

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On parlera bien sûr de son bonheur de directeur artistique du festival, du bonheur de ses choix, du bonheur de ce qui se passe dans le stage. Témoins les deux concerts en plein air d’hier : nous avons rendu compte de celui de Sylvaine Hélary et Noémi Boutin, mais Michel Mandel et Yves Gerbelot n’ont pas été en reste, dans le cadre admirable du Cloître de l’Abbaye. On parlera surtout du bonheur qui s’est dégagé du concert d’hier soir, avec son quintet : un moment très fort, très intense, qui réjouit tous ceux qui connaissent et aiment Didier Levallet.

 

Tuyaux : Michel Mandel (cl, b-cl), Yves Gerbelot (as, bs, ss, perc)

 

Didier Levallet Quintet, « Voix Croisées » : Didier Levallet (b), Airelle Besson (tp), Céline Bonacina (bs, as), Sylvaine Hélary (fl, alto-fl), François Laizeau (dm).

 

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Dans le cloître de l’Abbaye (entrée au milieu, au fond) Michel Mandel et Yves Gerbelot ont fait apprécier ce qui peut se passer en terme de dialogue subtil, d’échanges virevoltants, entre deux instrumentistes rompus à l’écriture et à l’improvisation. On s’allonge dans l’herbe ou on prend place sur les quelques sièges réservés à ceux qui préfèrent une situation bien assise, et on se laisse porter par le toucher doux et caressant de Mandel sur ses clarinettes, ou encore par les emportements de Gerbelot au saxophone baryton. Ces moments de musique, ces « jardins de musique » sont totalement délicieux.

 

On avait raté le quintet de Didier Levallet au Mans (l’Europa Jazz et Djazz à Nevers sont co-producteurs), on l’attendait donc avec impatience, on a été vite rassuré. Mieux : conquis. D’emblée la musique sonne, emporte, rebondit, elle est dansante, elle chante, elle swingue, c’est un bonheur de voir Didier Levallet lancer tout ça d’une main à la fois ferme et décontractée. Le bonheur est dans le théâtre, des pièces comme Adélie et La Jetée, avec leur côté diablement bop, sonnent et même résonnent, mais les compositions (récentes ou anciennes) du contrebassiste sont aussi marquées du tango, d’ambiances cubaines (mais oui !), au final c’est un hymne très ancien (OAC, pour Ornette, Ayler et Charles, avec l’équivoque possible sur « Charles », c’est Charles Tyler mais ça pourrait être Dennis Charles). Un rappel bien venu des temps de l’illusion, car nous sommes aux temps du réel, mais l’utopie reste vivante. Elle fait partie du bonheur, et Levallet illustre à sa manière quelques aphorismes de Lacan, Le dur désir de durer (repris à Eluard) et surtout selon moi l’idée que « le sujet est heureux », le bonheur ici étant avant tout musical. Et c’est cela qui compte.

 

Vous voulez des exemples ? Didier n’est pas avare d’en donner : « Quand nous avons commencé à répéter, les filles (saxophone, trompette, flûte) ont trouvé tout de suite leur son. François (Laizeau) m’a dit qu’il fallait enregistrer le disque tout de suite, et qu’on en disposerait pour les concerts« . Joli calcul, bien vu François !!! A la sortie, tout le monde (il y avait beaucoup de monde hier soir au théâtre de Cluny) s’est précipité pour acheter le CD tout neuf, moi le premier, et de le faire signer par tous. Oui la section de soufflantes a un son magnifique (un peu « west coast » en fait), oui quand elle prend un solo Céline Bonacina colore son baryton ou son alto de façon différente, oui Sylvaine Hélary séduit par son phrasé avec intelligence à la flûte alto et aux autres flûtes, oui Airelle Besson timbre admirablement. 

 

On n’était pas habitué à ça, il faut bien le dire, et c’est donc un signe très intéressant que ce « nouveau » bonheur d’écrire, de jouer, de rassembler, chez Didier Levallet. Ceux qui connaissent son oeuvre savent que ce n’est pas si nouveau en fait, mais qu’il parvienne à l’exprimer avec tant de simplicité fait plaisir. A suivre.

 

En tous cas ce soir « Une Petite Histoire de l’Opéra », par Laurent Dehors. A suivre donc.

 

Philippe Méziat

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On parlera bien sûr de son bonheur de directeur artistique du festival, du bonheur de ses choix, du bonheur de ce qui se passe dans le stage. Témoins les deux concerts en plein air d’hier : nous avons rendu compte de celui de Sylvaine Hélary et Noémi Boutin, mais Michel Mandel et Yves Gerbelot n’ont pas été en reste, dans le cadre admirable du Cloître de l’Abbaye. On parlera surtout du bonheur qui s’est dégagé du concert d’hier soir, avec son quintet : un moment très fort, très intense, qui réjouit tous ceux qui connaissent et aiment Didier Levallet.

 

Tuyaux : Michel Mandel (cl, b-cl), Yves Gerbelot (as, bs, ss, perc)

 

Didier Levallet Quintet, « Voix Croisées » : Didier Levallet (b), Airelle Besson (tp), Céline Bonacina (bs, as), Sylvaine Hélary (fl, alto-fl), François Laizeau (dm).

 

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Dans le cloître de l’Abbaye (entrée au milieu, au fond) Michel Mandel et Yves Gerbelot ont fait apprécier ce qui peut se passer en terme de dialogue subtil, d’échanges virevoltants, entre deux instrumentistes rompus à l’écriture et à l’improvisation. On s’allonge dans l’herbe ou on prend place sur les quelques sièges réservés à ceux qui préfèrent une situation bien assise, et on se laisse porter par le toucher doux et caressant de Mandel sur ses clarinettes, ou encore par les emportements de Gerbelot au saxophone baryton. Ces moments de musique, ces « jardins de musique » sont totalement délicieux.

 

On avait raté le quintet de Didier Levallet au Mans (l’Europa Jazz et Djazz à Nevers sont co-producteurs), on l’attendait donc avec impatience, on a été vite rassuré. Mieux : conquis. D’emblée la musique sonne, emporte, rebondit, elle est dansante, elle chante, elle swingue, c’est un bonheur de voir Didier Levallet lancer tout ça d’une main à la fois ferme et décontractée. Le bonheur est dans le théâtre, des pièces comme Adélie et La Jetée, avec leur côté diablement bop, sonnent et même résonnent, mais les compositions (récentes ou anciennes) du contrebassiste sont aussi marquées du tango, d’ambiances cubaines (mais oui !), au final c’est un hymne très ancien (OAC, pour Ornette, Ayler et Charles, avec l’équivoque possible sur « Charles », c’est Charles Tyler mais ça pourrait être Dennis Charles). Un rappel bien venu des temps de l’illusion, car nous sommes aux temps du réel, mais l’utopie reste vivante. Elle fait partie du bonheur, et Levallet illustre à sa manière quelques aphorismes de Lacan, Le dur désir de durer (repris à Eluard) et surtout selon moi l’idée que « le sujet est heureux », le bonheur ici étant avant tout musical. Et c’est cela qui compte.

 

Vous voulez des exemples ? Didier n’est pas avare d’en donner : « Quand nous avons commencé à répéter, les filles (saxophone, trompette, flûte) ont trouvé tout de suite leur son. François (Laizeau) m’a dit qu’il fallait enregistrer le disque tout de suite, et qu’on en disposerait pour les concerts« . Joli calcul, bien vu François !!! A la sortie, tout le monde (il y avait beaucoup de monde hier soir au théâtre de Cluny) s’est précipité pour acheter le CD tout neuf, moi le premier, et de le faire signer par tous. Oui la section de soufflantes a un son magnifique (un peu « west coast » en fait), oui quand elle prend un solo Céline Bonacina colore son baryton ou son alto de façon différente, oui Sylvaine Hélary séduit par son phrasé avec intelligence à la flûte alto et aux autres flûtes, oui Airelle Besson timbre admirablement. 

 

On n’était pas habitué à ça, il faut bien le dire, et c’est donc un signe très intéressant que ce « nouveau » bonheur d’écrire, de jouer, de rassembler, chez Didier Levallet. Ceux qui connaissent son oeuvre savent que ce n’est pas si nouveau en fait, mais qu’il parvienne à l’exprimer avec tant de simplicité fait plaisir. A suivre.

 

En tous cas ce soir « Une Petite Histoire de l’Opéra », par Laurent Dehors. A suivre donc.

 

Philippe Méziat