Jazz live
Publié le 30 Mai 2014

Jazz en Comminges. Terri Lyne Carrington / Chucho Valdes

Une soirée placée sous le signe du rythme. Ou plutôt des rythmes. Assez attractive pour drainer la grande foule au Parc des Expositions de Saint-Gaudens dont la salle de concerts et ses annexes, buvette, restaurant, salle d’exposition et autres lieux accueillants, sont copieusement garnis bien avant l’heure. Il est vrai que le jour est férié et le beau temps (éphémère…) enfin de retour  sur la région.

 

Terri Lyne Carrington « Money Jungle »

Terri Lyne Carrington (dm), Antonio Hart (as, ss, fl), Aaron Parks (p, elp), , Zoch Brown (b).

Chucho Valdes & Afro-cuban Messengers

Chucho Valdes (p), Gaston Joya (b), Rodney Barreto (dm), Yaroldy Abreu (perc), Dreiser Durruthy (batas, voc),

Saint-Gaudens, Parc des Expositions, 29 mai.

 

Le dernier disque de Terri Lyne Carrrington, « Money Jungle : Provocative In Blue », célèbre le cinquantenaire d’un enregistrement  de Duke Ellington resté fameux. Le pianiste y était entouré de Charles Mingus et Max Roach, deux musiciens plutôt considérés comme des dynamiteurs de la tradition, et d’aucuns, non sans raison, virent dans cette insolite association un manifeste pour l’unité du jazz, par-delà les différences de style. L’événement valait donc d’être commémoré et la « batteuse » (le terme est affreux, mais en existe-t-il un autre ?) s’y est employée avec succès : son album, engagé à tous les niveaux, perpétuant une manière de révolte, comme le suggère son titre, a été récompensé à sa sortie par un  Grammy Award.

 

Dans le quartette, Aaron Parks et Zoch Brown occupent respectivement la place de Gerald Clayton et de Christian McBride, le seul rescapé du groupe originel, du reste plus copieux, étant Antonio Hart.  Lequel se multiplie, aux saxophones et à la flûte, avec un bonheur inégal. A l’alto, l’instrument sur lequel il a débuté, notamment avec Roy Hargrove, il développe un discours parfois intéressant, encore que ses montées vers des paroxysmes libérateurs  soient quelque peu systématiques. Moins convaincant, en l’espèce, qu’un Kenny Garrett, moins lyrique qu’un Joshua Redman, il donne, en revanche, sa pleine mesure à la flûte. Joli son « feutré », paraphrases  inspirées des thèmes ellingtoniens repris de l’album.

 

Tout tourne, ici, autour de Terri Lyne Carrington. Elle domine – que dis-je, elle écrase – ses partenaires. Son drumming, puissant, foisonnant, intense, reste d’un bout à l’autre le pôle d’attraction d’un concert qui offre de rares moments de quiétude, à l’exception d’un Come Sunday aussi apaisant que bienvenu. Une technique impressionnante, certes. Un art subtil des nuances sonores, surtout dans l’utilisation des cymbales. Une présence incontestable. Et, malgré tout, une impression générale de froideur, un manque d’empathie avec un public pourtant tout prêt à vibrer – la suite le démontrera.

 

Pas de surprise avec Chucho Valdes. Il reste, à soixante-treize ans, le pianiste virtuose qu’il était déjà au temps d’Irakere, ce groupe de légende auquel son nom demeure attaché. Une imagination inépuisable qui lui permet de se livrer, avec une implacable logique, aux associations les plus improbables, celle d’un concerto de Jean-Sébastien Bach avec But Not For Me ou du Yesterdays de Jerome Kern avec la Waltz For Debbie de Bill Evans. Un toucher perlé, à la fois subtil et puissant. Le goût des fioritures à la Tatum. En outre, une réjouissante capacité à swinguer avec naturel. Et à susciter ses jeunes partenaires, à leur laisser la bride sur le cou, les observant d’un œil à la fois attentif et brillant de goguenardise.

 

La rythmique est à la hauteur. Ses membres possèdent tous une technique irréprochable et leur complémentarité, la stimulation réciproque qui en découle  font que l’ensemble tourne rond, comme une mécanique bien huilée. Une mention spéciale pour le joueur de tambours batas et vocaliste Dreiser Durruthy. Il se dépense sans compter, descend dans le public pour faire danser des jeunes filles gagnées par la transe. C’est lui qui est chargé, par ses invocations, de créer le contact avec les divinités yorubas, de convoquer tout le panthéon de la Santeria pour la réussite du concert. Mission réussie, à coup sûr !  

 

Jacques Aboucaya

 

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Une soirée placée sous le signe du rythme. Ou plutôt des rythmes. Assez attractive pour drainer la grande foule au Parc des Expositions de Saint-Gaudens dont la salle de concerts et ses annexes, buvette, restaurant, salle d’exposition et autres lieux accueillants, sont copieusement garnis bien avant l’heure. Il est vrai que le jour est férié et le beau temps (éphémère…) enfin de retour  sur la région.

 

Terri Lyne Carrington « Money Jungle »

Terri Lyne Carrington (dm), Antonio Hart (as, ss, fl), Aaron Parks (p, elp), , Zoch Brown (b).

Chucho Valdes & Afro-cuban Messengers

Chucho Valdes (p), Gaston Joya (b), Rodney Barreto (dm), Yaroldy Abreu (perc), Dreiser Durruthy (batas, voc),

Saint-Gaudens, Parc des Expositions, 29 mai.

 

Le dernier disque de Terri Lyne Carrrington, « Money Jungle : Provocative In Blue », célèbre le cinquantenaire d’un enregistrement  de Duke Ellington resté fameux. Le pianiste y était entouré de Charles Mingus et Max Roach, deux musiciens plutôt considérés comme des dynamiteurs de la tradition, et d’aucuns, non sans raison, virent dans cette insolite association un manifeste pour l’unité du jazz, par-delà les différences de style. L’événement valait donc d’être commémoré et la « batteuse » (le terme est affreux, mais en existe-t-il un autre ?) s’y est employée avec succès : son album, engagé à tous les niveaux, perpétuant une manière de révolte, comme le suggère son titre, a été récompensé à sa sortie par un  Grammy Award.

 

Dans le quartette, Aaron Parks et Zoch Brown occupent respectivement la place de Gerald Clayton et de Christian McBride, le seul rescapé du groupe originel, du reste plus copieux, étant Antonio Hart.  Lequel se multiplie, aux saxophones et à la flûte, avec un bonheur inégal. A l’alto, l’instrument sur lequel il a débuté, notamment avec Roy Hargrove, il développe un discours parfois intéressant, encore que ses montées vers des paroxysmes libérateurs  soient quelque peu systématiques. Moins convaincant, en l’espèce, qu’un Kenny Garrett, moins lyrique qu’un Joshua Redman, il donne, en revanche, sa pleine mesure à la flûte. Joli son « feutré », paraphrases  inspirées des thèmes ellingtoniens repris de l’album.

 

Tout tourne, ici, autour de Terri Lyne Carrington. Elle domine – que dis-je, elle écrase – ses partenaires. Son drumming, puissant, foisonnant, intense, reste d’un bout à l’autre le pôle d’attraction d’un concert qui offre de rares moments de quiétude, à l’exception d’un Come Sunday aussi apaisant que bienvenu. Une technique impressionnante, certes. Un art subtil des nuances sonores, surtout dans l’utilisation des cymbales. Une présence incontestable. Et, malgré tout, une impression générale de froideur, un manque d’empathie avec un public pourtant tout prêt à vibrer – la suite le démontrera.

 

Pas de surprise avec Chucho Valdes. Il reste, à soixante-treize ans, le pianiste virtuose qu’il était déjà au temps d’Irakere, ce groupe de légende auquel son nom demeure attaché. Une imagination inépuisable qui lui permet de se livrer, avec une implacable logique, aux associations les plus improbables, celle d’un concerto de Jean-Sébastien Bach avec But Not For Me ou du Yesterdays de Jerome Kern avec la Waltz For Debbie de Bill Evans. Un toucher perlé, à la fois subtil et puissant. Le goût des fioritures à la Tatum. En outre, une réjouissante capacité à swinguer avec naturel. Et à susciter ses jeunes partenaires, à leur laisser la bride sur le cou, les observant d’un œil à la fois attentif et brillant de goguenardise.

 

La rythmique est à la hauteur. Ses membres possèdent tous une technique irréprochable et leur complémentarité, la stimulation réciproque qui en découle  font que l’ensemble tourne rond, comme une mécanique bien huilée. Une mention spéciale pour le joueur de tambours batas et vocaliste Dreiser Durruthy. Il se dépense sans compter, descend dans le public pour faire danser des jeunes filles gagnées par la transe. C’est lui qui est chargé, par ses invocations, de créer le contact avec les divinités yorubas, de convoquer tout le panthéon de la Santeria pour la réussite du concert. Mission réussie, à coup sûr !  

 

Jacques Aboucaya

 

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Une soirée placée sous le signe du rythme. Ou plutôt des rythmes. Assez attractive pour drainer la grande foule au Parc des Expositions de Saint-Gaudens dont la salle de concerts et ses annexes, buvette, restaurant, salle d’exposition et autres lieux accueillants, sont copieusement garnis bien avant l’heure. Il est vrai que le jour est férié et le beau temps (éphémère…) enfin de retour  sur la région.

 

Terri Lyne Carrington « Money Jungle »

Terri Lyne Carrington (dm), Antonio Hart (as, ss, fl), Aaron Parks (p, elp), , Zoch Brown (b).

Chucho Valdes & Afro-cuban Messengers

Chucho Valdes (p), Gaston Joya (b), Rodney Barreto (dm), Yaroldy Abreu (perc), Dreiser Durruthy (batas, voc),

Saint-Gaudens, Parc des Expositions, 29 mai.

 

Le dernier disque de Terri Lyne Carrrington, « Money Jungle : Provocative In Blue », célèbre le cinquantenaire d’un enregistrement  de Duke Ellington resté fameux. Le pianiste y était entouré de Charles Mingus et Max Roach, deux musiciens plutôt considérés comme des dynamiteurs de la tradition, et d’aucuns, non sans raison, virent dans cette insolite association un manifeste pour l’unité du jazz, par-delà les différences de style. L’événement valait donc d’être commémoré et la « batteuse » (le terme est affreux, mais en existe-t-il un autre ?) s’y est employée avec succès : son album, engagé à tous les niveaux, perpétuant une manière de révolte, comme le suggère son titre, a été récompensé à sa sortie par un  Grammy Award.

 

Dans le quartette, Aaron Parks et Zoch Brown occupent respectivement la place de Gerald Clayton et de Christian McBride, le seul rescapé du groupe originel, du reste plus copieux, étant Antonio Hart.  Lequel se multiplie, aux saxophones et à la flûte, avec un bonheur inégal. A l’alto, l’instrument sur lequel il a débuté, notamment avec Roy Hargrove, il développe un discours parfois intéressant, encore que ses montées vers des paroxysmes libérateurs  soient quelque peu systématiques. Moins convaincant, en l’espèce, qu’un Kenny Garrett, moins lyrique qu’un Joshua Redman, il donne, en revanche, sa pleine mesure à la flûte. Joli son « feutré », paraphrases  inspirées des thèmes ellingtoniens repris de l’album.

 

Tout tourne, ici, autour de Terri Lyne Carrington. Elle domine – que dis-je, elle écrase – ses partenaires. Son drumming, puissant, foisonnant, intense, reste d’un bout à l’autre le pôle d’attraction d’un concert qui offre de rares moments de quiétude, à l’exception d’un Come Sunday aussi apaisant que bienvenu. Une technique impressionnante, certes. Un art subtil des nuances sonores, surtout dans l’utilisation des cymbales. Une présence incontestable. Et, malgré tout, une impression générale de froideur, un manque d’empathie avec un public pourtant tout prêt à vibrer – la suite le démontrera.

 

Pas de surprise avec Chucho Valdes. Il reste, à soixante-treize ans, le pianiste virtuose qu’il était déjà au temps d’Irakere, ce groupe de légende auquel son nom demeure attaché. Une imagination inépuisable qui lui permet de se livrer, avec une implacable logique, aux associations les plus improbables, celle d’un concerto de Jean-Sébastien Bach avec But Not For Me ou du Yesterdays de Jerome Kern avec la Waltz For Debbie de Bill Evans. Un toucher perlé, à la fois subtil et puissant. Le goût des fioritures à la Tatum. En outre, une réjouissante capacité à swinguer avec naturel. Et à susciter ses jeunes partenaires, à leur laisser la bride sur le cou, les observant d’un œil à la fois attentif et brillant de goguenardise.

 

La rythmique est à la hauteur. Ses membres possèdent tous une technique irréprochable et leur complémentarité, la stimulation réciproque qui en découle  font que l’ensemble tourne rond, comme une mécanique bien huilée. Une mention spéciale pour le joueur de tambours batas et vocaliste Dreiser Durruthy. Il se dépense sans compter, descend dans le public pour faire danser des jeunes filles gagnées par la transe. C’est lui qui est chargé, par ses invocations, de créer le contact avec les divinités yorubas, de convoquer tout le panthéon de la Santeria pour la réussite du concert. Mission réussie, à coup sûr !  

 

Jacques Aboucaya

 

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Une soirée placée sous le signe du rythme. Ou plutôt des rythmes. Assez attractive pour drainer la grande foule au Parc des Expositions de Saint-Gaudens dont la salle de concerts et ses annexes, buvette, restaurant, salle d’exposition et autres lieux accueillants, sont copieusement garnis bien avant l’heure. Il est vrai que le jour est férié et le beau temps (éphémère…) enfin de retour  sur la région.

 

Terri Lyne Carrington « Money Jungle »

Terri Lyne Carrington (dm), Antonio Hart (as, ss, fl), Aaron Parks (p, elp), , Zoch Brown (b).

Chucho Valdes & Afro-cuban Messengers

Chucho Valdes (p), Gaston Joya (b), Rodney Barreto (dm), Yaroldy Abreu (perc), Dreiser Durruthy (batas, voc),

Saint-Gaudens, Parc des Expositions, 29 mai.

 

Le dernier disque de Terri Lyne Carrrington, « Money Jungle : Provocative In Blue », célèbre le cinquantenaire d’un enregistrement  de Duke Ellington resté fameux. Le pianiste y était entouré de Charles Mingus et Max Roach, deux musiciens plutôt considérés comme des dynamiteurs de la tradition, et d’aucuns, non sans raison, virent dans cette insolite association un manifeste pour l’unité du jazz, par-delà les différences de style. L’événement valait donc d’être commémoré et la « batteuse » (le terme est affreux, mais en existe-t-il un autre ?) s’y est employée avec succès : son album, engagé à tous les niveaux, perpétuant une manière de révolte, comme le suggère son titre, a été récompensé à sa sortie par un  Grammy Award.

 

Dans le quartette, Aaron Parks et Zoch Brown occupent respectivement la place de Gerald Clayton et de Christian McBride, le seul rescapé du groupe originel, du reste plus copieux, étant Antonio Hart.  Lequel se multiplie, aux saxophones et à la flûte, avec un bonheur inégal. A l’alto, l’instrument sur lequel il a débuté, notamment avec Roy Hargrove, il développe un discours parfois intéressant, encore que ses montées vers des paroxysmes libérateurs  soient quelque peu systématiques. Moins convaincant, en l’espèce, qu’un Kenny Garrett, moins lyrique qu’un Joshua Redman, il donne, en revanche, sa pleine mesure à la flûte. Joli son « feutré », paraphrases  inspirées des thèmes ellingtoniens repris de l’album.

 

Tout tourne, ici, autour de Terri Lyne Carrington. Elle domine – que dis-je, elle écrase – ses partenaires. Son drumming, puissant, foisonnant, intense, reste d’un bout à l’autre le pôle d’attraction d’un concert qui offre de rares moments de quiétude, à l’exception d’un Come Sunday aussi apaisant que bienvenu. Une technique impressionnante, certes. Un art subtil des nuances sonores, surtout dans l’utilisation des cymbales. Une présence incontestable. Et, malgré tout, une impression générale de froideur, un manque d’empathie avec un public pourtant tout prêt à vibrer – la suite le démontrera.

 

Pas de surprise avec Chucho Valdes. Il reste, à soixante-treize ans, le pianiste virtuose qu’il était déjà au temps d’Irakere, ce groupe de légende auquel son nom demeure attaché. Une imagination inépuisable qui lui permet de se livrer, avec une implacable logique, aux associations les plus improbables, celle d’un concerto de Jean-Sébastien Bach avec But Not For Me ou du Yesterdays de Jerome Kern avec la Waltz For Debbie de Bill Evans. Un toucher perlé, à la fois subtil et puissant. Le goût des fioritures à la Tatum. En outre, une réjouissante capacité à swinguer avec naturel. Et à susciter ses jeunes partenaires, à leur laisser la bride sur le cou, les observant d’un œil à la fois attentif et brillant de goguenardise.

 

La rythmique est à la hauteur. Ses membres possèdent tous une technique irréprochable et leur complémentarité, la stimulation réciproque qui en découle  font que l’ensemble tourne rond, comme une mécanique bien huilée. Une mention spéciale pour le joueur de tambours batas et vocaliste Dreiser Durruthy. Il se dépense sans compter, descend dans le public pour faire danser des jeunes filles gagnées par la transe. C’est lui qui est chargé, par ses invocations, de créer le contact avec les divinités yorubas, de convoquer tout le panthéon de la Santeria pour la réussite du concert. Mission réussie, à coup sûr !  

 

Jacques Aboucaya