Jazz live
Publié le 23 Mai 2012

JAZZ IN ARLES (1), VincentPeirani, Youn Sun Nah & Stephan Oliva

Les superlatifs vont manquer, pour désigner la hauteur musicale et émotionnelle à laquelle se sont tenus – et nous ont amené –  les protagonistes de la soirée d’hier, en Arles. On va donc essayer de faire autrement. Par exemple on rappellera la chronique, publiée ici même, d’un solo de Vincent Peirani (accordéon) lors du dernier Europa Jazz, et on soulignera simplement que « bis repetita placent ». Qu’il déplie I Mean You (Monk), avec une intelligence de la déconstruction fascinante, qu’il se lance dans une improvisation radicale dans sa source mais pas trop dans son déploiement, qu’il aille même chercher Indifférence pour le rappel, histoire précisément de rappeler qu’il y eût de bons accordéonistes en France en dehors de ceux qui occupent le devant de la scène, bref quoi qu’il fasse ou qu’il touche, c’est parfait, c’est juste, c’est en place, c’est remuant, c’est accessible, c’est raffiné. D’avoir quand même un peu fréquenté les accordéonistes dits « de jazz », de Tony Murena à Gus Viseur en passant par Art Van Damme ou Dom Frontiere (et toc !) permet d’ajouter que des musiciens comme Vincent Peirani, sur l’instrument, il n’y en a pas un. Ce garçon est étonnant. Ce qui ne gâte rien il est élégant, puisqu’il a laissé Shenandoah à Youn Sun Nah, qui a commencé son concert avec cette sublime chanson, qu’il sait fort bien jouer. Mais c’est normal, il la tient d’elle…


Quant à elle (Youn Sun Nah, on y vient), elle la tient de son père, qui était chef de chœur à Séoul et qui en avait fait un arrangement pour chœur d’hommes. Shenandoah a bercé son enfance. Elle nous la restitue avec la manière, la façon de prononcer « Missouri » comme il faut, le texte intact, l’émotion parfaite. Passer après Vincent Peirani pouvait sembler délicat, en tous cas pour des oreilles aussi averties que les nôtres (…) On n’allait pas nous avoir comme ça, et nous séduire seulement par une ligne de chant idéale et quelques reprises de chansons françaises à faire pleurer les plus rassis. Et puis la chapelle du Méjean était pleine comme un œuf, preuve que l’artiste fait son chemin, l’autre preuve étant d’ailleurs la remise par Harmonia Mundi (sis à trois pas) d’un disque d’or (50.000 exemplaires vendus) pour « Same Girl ». Ce Same Girl de Randy Newman qu’elle distille à merveille en faisant bien ressortir son côté impayable et comico-tragique. Mais bon, comme souvent dans ces cas là, nous étions dans l’attente. Mais Youn Sun Nah (je le sais depuis qu’elle est venue dans mon festival au milieu des années 2000) c’est toujours exceptionnel à la scène, bien plus encore qu’au disque. L’incarnation de la voix, sensible certes dans les enregistrements, est en concert plus éclatante encore, et elle vous porte quand bien même vous auriez décidé de rester sur place. Youn Sun Nah réussit à nous emmener là où d’autres nous laissent en plan, elle conduit son chant, ses textes, ses mélodies d’une façon telle que vous écoutez les paroles de Avec le temps quand bien même vous croyez les connaître par cœur, ce qui est évidemment erroné. Et puis au-delà de ça (et je craignais un peu que l’actuelle perfection un peu lisse de la voix et du chant ne nous en ait éloigné), Youn Sun Nah donne ce que peu de chanteuses acceptent de donner : la jouissance de sa propre voix. Elle ose donner l’amour qu’elle porte à sa voix, et donc nous renvoyer une image de complétude rare. Et que cette jouissance soit feinte ou véritable ne touche pas à la question. L’essentiel c’est qu’on y croit, et pour ça elle sait faire.

 

C’est la deuxième fois qu’elle se présentait en duo avec Stéphan Oliva : ils avaient joués ensemble à Séoul, où elle lui avait demandé de venir. Bis repetita encore une fois, grâce à la programmation éclairée de Jean-Paul Ricard. Stéphan sait à merveille introduire un standard (My Favorite Things) de façon inventive, il est constamment juste, précis, économique (oui, pas d’excès, juste une note), il est un partenaire parfait, et je regrette d’autant plus d’avoir manqué le concert d’Eysines (33) il y a quelques jours, puisqu’elle y était avec Ulf Wakenius et que j’aurais pu me livrer à d’intenses comparaisons.

 

Ce soir, le trio de Paul Lay. On y sera.

 

Philippe Méziat

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Les superlatifs vont manquer, pour désigner la hauteur musicale et émotionnelle à laquelle se sont tenus – et nous ont amené –  les protagonistes de la soirée d’hier, en Arles. On va donc essayer de faire autrement. Par exemple on rappellera la chronique, publiée ici même, d’un solo de Vincent Peirani (accordéon) lors du dernier Europa Jazz, et on soulignera simplement que « bis repetita placent ». Qu’il déplie I Mean You (Monk), avec une intelligence de la déconstruction fascinante, qu’il se lance dans une improvisation radicale dans sa source mais pas trop dans son déploiement, qu’il aille même chercher Indifférence pour le rappel, histoire précisément de rappeler qu’il y eût de bons accordéonistes en France en dehors de ceux qui occupent le devant de la scène, bref quoi qu’il fasse ou qu’il touche, c’est parfait, c’est juste, c’est en place, c’est remuant, c’est accessible, c’est raffiné. D’avoir quand même un peu fréquenté les accordéonistes dits « de jazz », de Tony Murena à Gus Viseur en passant par Art Van Damme ou Dom Frontiere (et toc !) permet d’ajouter que des musiciens comme Vincent Peirani, sur l’instrument, il n’y en a pas un. Ce garçon est étonnant. Ce qui ne gâte rien il est élégant, puisqu’il a laissé Shenandoah à Youn Sun Nah, qui a commencé son concert avec cette sublime chanson, qu’il sait fort bien jouer. Mais c’est normal, il la tient d’elle…


Quant à elle (Youn Sun Nah, on y vient), elle la tient de son père, qui était chef de chœur à Séoul et qui en avait fait un arrangement pour chœur d’hommes. Shenandoah a bercé son enfance. Elle nous la restitue avec la manière, la façon de prononcer « Missouri » comme il faut, le texte intact, l’émotion parfaite. Passer après Vincent Peirani pouvait sembler délicat, en tous cas pour des oreilles aussi averties que les nôtres (…) On n’allait pas nous avoir comme ça, et nous séduire seulement par une ligne de chant idéale et quelques reprises de chansons françaises à faire pleurer les plus rassis. Et puis la chapelle du Méjean était pleine comme un œuf, preuve que l’artiste fait son chemin, l’autre preuve étant d’ailleurs la remise par Harmonia Mundi (sis à trois pas) d’un disque d’or (50.000 exemplaires vendus) pour « Same Girl ». Ce Same Girl de Randy Newman qu’elle distille à merveille en faisant bien ressortir son côté impayable et comico-tragique. Mais bon, comme souvent dans ces cas là, nous étions dans l’attente. Mais Youn Sun Nah (je le sais depuis qu’elle est venue dans mon festival au milieu des années 2000) c’est toujours exceptionnel à la scène, bien plus encore qu’au disque. L’incarnation de la voix, sensible certes dans les enregistrements, est en concert plus éclatante encore, et elle vous porte quand bien même vous auriez décidé de rester sur place. Youn Sun Nah réussit à nous emmener là où d’autres nous laissent en plan, elle conduit son chant, ses textes, ses mélodies d’une façon telle que vous écoutez les paroles de Avec le temps quand bien même vous croyez les connaître par cœur, ce qui est évidemment erroné. Et puis au-delà de ça (et je craignais un peu que l’actuelle perfection un peu lisse de la voix et du chant ne nous en ait éloigné), Youn Sun Nah donne ce que peu de chanteuses acceptent de donner : la jouissance de sa propre voix. Elle ose donner l’amour qu’elle porte à sa voix, et donc nous renvoyer une image de complétude rare. Et que cette jouissance soit feinte ou véritable ne touche pas à la question. L’essentiel c’est qu’on y croit, et pour ça elle sait faire.

 

C’est la deuxième fois qu’elle se présentait en duo avec Stéphan Oliva : ils avaient joués ensemble à Séoul, où elle lui avait demandé de venir. Bis repetita encore une fois, grâce à la programmation éclairée de Jean-Paul Ricard. Stéphan sait à merveille introduire un standard (My Favorite Things) de façon inventive, il est constamment juste, précis, économique (oui, pas d’excès, juste une note), il est un partenaire parfait, et je regrette d’autant plus d’avoir manqué le concert d’Eysines (33) il y a quelques jours, puisqu’elle y était avec Ulf Wakenius et que j’aurais pu me livrer à d’intenses comparaisons.

 

Ce soir, le trio de Paul Lay. On y sera.

 

Philippe Méziat

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Les superlatifs vont manquer, pour désigner la hauteur musicale et émotionnelle à laquelle se sont tenus – et nous ont amené –  les protagonistes de la soirée d’hier, en Arles. On va donc essayer de faire autrement. Par exemple on rappellera la chronique, publiée ici même, d’un solo de Vincent Peirani (accordéon) lors du dernier Europa Jazz, et on soulignera simplement que « bis repetita placent ». Qu’il déplie I Mean You (Monk), avec une intelligence de la déconstruction fascinante, qu’il se lance dans une improvisation radicale dans sa source mais pas trop dans son déploiement, qu’il aille même chercher Indifférence pour le rappel, histoire précisément de rappeler qu’il y eût de bons accordéonistes en France en dehors de ceux qui occupent le devant de la scène, bref quoi qu’il fasse ou qu’il touche, c’est parfait, c’est juste, c’est en place, c’est remuant, c’est accessible, c’est raffiné. D’avoir quand même un peu fréquenté les accordéonistes dits « de jazz », de Tony Murena à Gus Viseur en passant par Art Van Damme ou Dom Frontiere (et toc !) permet d’ajouter que des musiciens comme Vincent Peirani, sur l’instrument, il n’y en a pas un. Ce garçon est étonnant. Ce qui ne gâte rien il est élégant, puisqu’il a laissé Shenandoah à Youn Sun Nah, qui a commencé son concert avec cette sublime chanson, qu’il sait fort bien jouer. Mais c’est normal, il la tient d’elle…


Quant à elle (Youn Sun Nah, on y vient), elle la tient de son père, qui était chef de chœur à Séoul et qui en avait fait un arrangement pour chœur d’hommes. Shenandoah a bercé son enfance. Elle nous la restitue avec la manière, la façon de prononcer « Missouri » comme il faut, le texte intact, l’émotion parfaite. Passer après Vincent Peirani pouvait sembler délicat, en tous cas pour des oreilles aussi averties que les nôtres (…) On n’allait pas nous avoir comme ça, et nous séduire seulement par une ligne de chant idéale et quelques reprises de chansons françaises à faire pleurer les plus rassis. Et puis la chapelle du Méjean était pleine comme un œuf, preuve que l’artiste fait son chemin, l’autre preuve étant d’ailleurs la remise par Harmonia Mundi (sis à trois pas) d’un disque d’or (50.000 exemplaires vendus) pour « Same Girl ». Ce Same Girl de Randy Newman qu’elle distille à merveille en faisant bien ressortir son côté impayable et comico-tragique. Mais bon, comme souvent dans ces cas là, nous étions dans l’attente. Mais Youn Sun Nah (je le sais depuis qu’elle est venue dans mon festival au milieu des années 2000) c’est toujours exceptionnel à la scène, bien plus encore qu’au disque. L’incarnation de la voix, sensible certes dans les enregistrements, est en concert plus éclatante encore, et elle vous porte quand bien même vous auriez décidé de rester sur place. Youn Sun Nah réussit à nous emmener là où d’autres nous laissent en plan, elle conduit son chant, ses textes, ses mélodies d’une façon telle que vous écoutez les paroles de Avec le temps quand bien même vous croyez les connaître par cœur, ce qui est évidemment erroné. Et puis au-delà de ça (et je craignais un peu que l’actuelle perfection un peu lisse de la voix et du chant ne nous en ait éloigné), Youn Sun Nah donne ce que peu de chanteuses acceptent de donner : la jouissance de sa propre voix. Elle ose donner l’amour qu’elle porte à sa voix, et donc nous renvoyer une image de complétude rare. Et que cette jouissance soit feinte ou véritable ne touche pas à la question. L’essentiel c’est qu’on y croit, et pour ça elle sait faire.

 

C’est la deuxième fois qu’elle se présentait en duo avec Stéphan Oliva : ils avaient joués ensemble à Séoul, où elle lui avait demandé de venir. Bis repetita encore une fois, grâce à la programmation éclairée de Jean-Paul Ricard. Stéphan sait à merveille introduire un standard (My Favorite Things) de façon inventive, il est constamment juste, précis, économique (oui, pas d’excès, juste une note), il est un partenaire parfait, et je regrette d’autant plus d’avoir manqué le concert d’Eysines (33) il y a quelques jours, puisqu’elle y était avec Ulf Wakenius et que j’aurais pu me livrer à d’intenses comparaisons.

 

Ce soir, le trio de Paul Lay. On y sera.

 

Philippe Méziat

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Les superlatifs vont manquer, pour désigner la hauteur musicale et émotionnelle à laquelle se sont tenus – et nous ont amené –  les protagonistes de la soirée d’hier, en Arles. On va donc essayer de faire autrement. Par exemple on rappellera la chronique, publiée ici même, d’un solo de Vincent Peirani (accordéon) lors du dernier Europa Jazz, et on soulignera simplement que « bis repetita placent ». Qu’il déplie I Mean You (Monk), avec une intelligence de la déconstruction fascinante, qu’il se lance dans une improvisation radicale dans sa source mais pas trop dans son déploiement, qu’il aille même chercher Indifférence pour le rappel, histoire précisément de rappeler qu’il y eût de bons accordéonistes en France en dehors de ceux qui occupent le devant de la scène, bref quoi qu’il fasse ou qu’il touche, c’est parfait, c’est juste, c’est en place, c’est remuant, c’est accessible, c’est raffiné. D’avoir quand même un peu fréquenté les accordéonistes dits « de jazz », de Tony Murena à Gus Viseur en passant par Art Van Damme ou Dom Frontiere (et toc !) permet d’ajouter que des musiciens comme Vincent Peirani, sur l’instrument, il n’y en a pas un. Ce garçon est étonnant. Ce qui ne gâte rien il est élégant, puisqu’il a laissé Shenandoah à Youn Sun Nah, qui a commencé son concert avec cette sublime chanson, qu’il sait fort bien jouer. Mais c’est normal, il la tient d’elle…


Quant à elle (Youn Sun Nah, on y vient), elle la tient de son père, qui était chef de chœur à Séoul et qui en avait fait un arrangement pour chœur d’hommes. Shenandoah a bercé son enfance. Elle nous la restitue avec la manière, la façon de prononcer « Missouri » comme il faut, le texte intact, l’émotion parfaite. Passer après Vincent Peirani pouvait sembler délicat, en tous cas pour des oreilles aussi averties que les nôtres (…) On n’allait pas nous avoir comme ça, et nous séduire seulement par une ligne de chant idéale et quelques reprises de chansons françaises à faire pleurer les plus rassis. Et puis la chapelle du Méjean était pleine comme un œuf, preuve que l’artiste fait son chemin, l’autre preuve étant d’ailleurs la remise par Harmonia Mundi (sis à trois pas) d’un disque d’or (50.000 exemplaires vendus) pour « Same Girl ». Ce Same Girl de Randy Newman qu’elle distille à merveille en faisant bien ressortir son côté impayable et comico-tragique. Mais bon, comme souvent dans ces cas là, nous étions dans l’attente. Mais Youn Sun Nah (je le sais depuis qu’elle est venue dans mon festival au milieu des années 2000) c’est toujours exceptionnel à la scène, bien plus encore qu’au disque. L’incarnation de la voix, sensible certes dans les enregistrements, est en concert plus éclatante encore, et elle vous porte quand bien même vous auriez décidé de rester sur place. Youn Sun Nah réussit à nous emmener là où d’autres nous laissent en plan, elle conduit son chant, ses textes, ses mélodies d’une façon telle que vous écoutez les paroles de Avec le temps quand bien même vous croyez les connaître par cœur, ce qui est évidemment erroné. Et puis au-delà de ça (et je craignais un peu que l’actuelle perfection un peu lisse de la voix et du chant ne nous en ait éloigné), Youn Sun Nah donne ce que peu de chanteuses acceptent de donner : la jouissance de sa propre voix. Elle ose donner l’amour qu’elle porte à sa voix, et donc nous renvoyer une image de complétude rare. Et que cette jouissance soit feinte ou véritable ne touche pas à la question. L’essentiel c’est qu’on y croit, et pour ça elle sait faire.

 

C’est la deuxième fois qu’elle se présentait en duo avec Stéphan Oliva : ils avaient joués ensemble à Séoul, où elle lui avait demandé de venir. Bis repetita encore une fois, grâce à la programmation éclairée de Jean-Paul Ricard. Stéphan sait à merveille introduire un standard (My Favorite Things) de façon inventive, il est constamment juste, précis, économique (oui, pas d’excès, juste une note), il est un partenaire parfait, et je regrette d’autant plus d’avoir manqué le concert d’Eysines (33) il y a quelques jours, puisqu’elle y était avec Ulf Wakenius et que j’aurais pu me livrer à d’intenses comparaisons.

 

Ce soir, le trio de Paul Lay. On y sera.

 

Philippe Méziat