Jazz live
Publié le 31 Juil 2014

Jazz in Marciac. Archie Shepp, pataphysicien

Les déferlantes sonores semblent désormais le lot quotidien des soirées sous le chapiteau. J’en excepte, évidemment, celle du 29, les duos Wayne Shorter-Herbie Hancock et Chick Corea-Stanley Clarke. Une trêve bienfaisante avant la reprise des hostilités. Je veux dire l’orgie de décibels déclenchée hier soir par Ibrahim Maalouf après une prestation réussie de Christian Scott.


« Don Quishepp ». Texte de Franck Hercent mis en scène par Rosemonde Cathala, avec David Sahesz, Rosemonde Cathala et Hervé Rousseux (ts).

Salle des fêtes, du 30 juillet au 5 août.

 

C’est dire combien furent bienvenues,  dans l’après-midi du 30, la fraîcheur et l’ambiance ouatée de la salle des fêtes. Rosemonde Cathala, qui a déjà produit en ces lieux sa pièce « L’Esprit du jazz », y donnait la première de la « lecture-spectacle » qu’elle à tirée d’un texte de Franck Hercent relatif à Archie Shepp. Une première contrariée par des circonstances particulières, la réalisatrice de ce spectacle ayant dû remplacer au pied levé la comédienne Corinne Ferré, prévue pour donner la réplique à David Sanhes. Prétexte de cette création, le bicentenaire de la naissance d’Adolphe Sax. Occasion, surtout, de présenter un texte fraîchement publié aux éditions Folio et qui tourne, en circonvolutions spiroïdales (gidouille du Père Ubu oblige), autour de ce personnage singulier de l’histoire du jazz qu’est Archie Shepp.

 

Un texte indéfinissable dans sa forme. Alliant prose rythmée et poésie, à-peu-près, assonances et calembours. Des alexandrins classiques en émergent çà et là, sortes de repère au milieu d’un océan de fantaisie et d’invention verbale. On aura compris qu’il ne s’agit pas d’une biographie stricto sensu du saxophoniste. Plutôt d’un délire dont il serait la référence et l’inspirateur. Un pivot autour duquel s’articulent fatrasies et élucubrations sans souci de cohérence ni d’une quelconque rationalité, à l’image du free jazz. La recherche de solutions imaginaires et la démonstration de l’identité des contraires, deux des axiomes de la science pataphysique, y sont mis en œuvre avec une constance réjouissante. Burlesque et farfelu s’y présentent sous les espèces du sérieux le plus solennel. On y croise même fugitivement l’Archéopteryx cher à Alfred Jarry. Pas d’intrigue, donc, mais une évocation libre d’Arcjie Shepp et de son œuvre. Une épopée bouffonne, le titre le suggère. Comme le Chevalier à la triste figure, l’apôtre du free y guerroie contre les moulins. Un utopiste, à l’instar du héros de Cervantès«. Tout nu, le sax à l’air », comme l’écrit son zélateur biographe.

 

Point de départ, deux conférenciers, côte à côte sur une chaire, entreprennent de narrer la vie d’Archie Shepp, à partir de sa naissance. Voire de sa conception. Très vite, l’exposé, fondé sur quelques références exactes, dérape pour donner lieu à des scènes extravagantes jouées par des acteurs dont la componction des débuts vole vite en éclats. Une rencontre au Five Spot de New York avec John Coltrane, la passion pour le blues et le jazz, l’invention du free, l’engagement politique, les débats entre psys de tout poil pour expliquer le génie du musicien poète (une savoureuse satire de Lacan), tout cela est présent, mais fantasmé, revécu ou imaginé sur le mode burlesque. Le saxophone d’Hervé Rousseaux ponctue et commente l’action. Bribes de standards, Work Song, Greenleaves, Harlem Nocturne, My Favorite Things pour évoquer Coltrane. Jusqu’à quelques mesures de l’Internationale. Hervé Rousseaux ne cherche à aucun moment à imiter tel ou tel. Il reste lui-même, se garde de toute parodie et c’est très bien ainsi.

 

Quant aux comédiens, ils sont l’un et l’autre excellents. David Sanhes a une présence et une densité de jeu étonnantes de bout en bout. Rosemonde Cathala accomplit une double performance, à la fois comédienne et metteur en scène. Comédienne, elle a de la finesse, de l’humour et une grâce qui transcendent littéralement son personnage. On retrouve dans la mise en scène sa marque propre : goût pour un décor épuré, un espace qui se déploie sur plusieurs plans, suggérant à la fois la complexité de l’action et celle des personnages dont elle sonde souvent l’inconscient et ses tréfonds. Elle a volontiers recours aux diaporamas, conférence oblige, et aux ombres chinoises qui s’intègrent aux scènes de flash back. Comme dans L’esprit du jazz, elle pimente sa chorégraphie d’une sensualité et même d’un érotisme réjouissants. Qui s’en plaindrait ?

 

Une seule réserve, légère : vers la fin, le rythme s’essouffle. Non celui de la musique, mais celui du texte qui gagnerait à être resserré. Son efficacité en serait accrue. C’était, ne l’oublions pas, une première, dans des circonstances difficiles. Les prochaines représentations permettront, à n’en pas douter, de gommer les quelques imperfections d’un spectacle à l’indéniable originalité.

 

Jacques Aboucaya

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Les déferlantes sonores semblent désormais le lot quotidien des soirées sous le chapiteau. J’en excepte, évidemment, celle du 29, les duos Wayne Shorter-Herbie Hancock et Chick Corea-Stanley Clarke. Une trêve bienfaisante avant la reprise des hostilités. Je veux dire l’orgie de décibels déclenchée hier soir par Ibrahim Maalouf après une prestation réussie de Christian Scott.


« Don Quishepp ». Texte de Franck Hercent mis en scène par Rosemonde Cathala, avec David Sahesz, Rosemonde Cathala et Hervé Rousseux (ts).

Salle des fêtes, du 30 juillet au 5 août.

 

C’est dire combien furent bienvenues,  dans l’après-midi du 30, la fraîcheur et l’ambiance ouatée de la salle des fêtes. Rosemonde Cathala, qui a déjà produit en ces lieux sa pièce « L’Esprit du jazz », y donnait la première de la « lecture-spectacle » qu’elle à tirée d’un texte de Franck Hercent relatif à Archie Shepp. Une première contrariée par des circonstances particulières, la réalisatrice de ce spectacle ayant dû remplacer au pied levé la comédienne Corinne Ferré, prévue pour donner la réplique à David Sanhes. Prétexte de cette création, le bicentenaire de la naissance d’Adolphe Sax. Occasion, surtout, de présenter un texte fraîchement publié aux éditions Folio et qui tourne, en circonvolutions spiroïdales (gidouille du Père Ubu oblige), autour de ce personnage singulier de l’histoire du jazz qu’est Archie Shepp.

 

Un texte indéfinissable dans sa forme. Alliant prose rythmée et poésie, à-peu-près, assonances et calembours. Des alexandrins classiques en émergent çà et là, sortes de repère au milieu d’un océan de fantaisie et d’invention verbale. On aura compris qu’il ne s’agit pas d’une biographie stricto sensu du saxophoniste. Plutôt d’un délire dont il serait la référence et l’inspirateur. Un pivot autour duquel s’articulent fatrasies et élucubrations sans souci de cohérence ni d’une quelconque rationalité, à l’image du free jazz. La recherche de solutions imaginaires et la démonstration de l’identité des contraires, deux des axiomes de la science pataphysique, y sont mis en œuvre avec une constance réjouissante. Burlesque et farfelu s’y présentent sous les espèces du sérieux le plus solennel. On y croise même fugitivement l’Archéopteryx cher à Alfred Jarry. Pas d’intrigue, donc, mais une évocation libre d’Arcjie Shepp et de son œuvre. Une épopée bouffonne, le titre le suggère. Comme le Chevalier à la triste figure, l’apôtre du free y guerroie contre les moulins. Un utopiste, à l’instar du héros de Cervantès«. Tout nu, le sax à l’air », comme l’écrit son zélateur biographe.

 

Point de départ, deux conférenciers, côte à côte sur une chaire, entreprennent de narrer la vie d’Archie Shepp, à partir de sa naissance. Voire de sa conception. Très vite, l’exposé, fondé sur quelques références exactes, dérape pour donner lieu à des scènes extravagantes jouées par des acteurs dont la componction des débuts vole vite en éclats. Une rencontre au Five Spot de New York avec John Coltrane, la passion pour le blues et le jazz, l’invention du free, l’engagement politique, les débats entre psys de tout poil pour expliquer le génie du musicien poète (une savoureuse satire de Lacan), tout cela est présent, mais fantasmé, revécu ou imaginé sur le mode burlesque. Le saxophone d’Hervé Rousseaux ponctue et commente l’action. Bribes de standards, Work Song, Greenleaves, Harlem Nocturne, My Favorite Things pour évoquer Coltrane. Jusqu’à quelques mesures de l’Internationale. Hervé Rousseaux ne cherche à aucun moment à imiter tel ou tel. Il reste lui-même, se garde de toute parodie et c’est très bien ainsi.

 

Quant aux comédiens, ils sont l’un et l’autre excellents. David Sanhes a une présence et une densité de jeu étonnantes de bout en bout. Rosemonde Cathala accomplit une double performance, à la fois comédienne et metteur en scène. Comédienne, elle a de la finesse, de l’humour et une grâce qui transcendent littéralement son personnage. On retrouve dans la mise en scène sa marque propre : goût pour un décor épuré, un espace qui se déploie sur plusieurs plans, suggérant à la fois la complexité de l’action et celle des personnages dont elle sonde souvent l’inconscient et ses tréfonds. Elle a volontiers recours aux diaporamas, conférence oblige, et aux ombres chinoises qui s’intègrent aux scènes de flash back. Comme dans L’esprit du jazz, elle pimente sa chorégraphie d’une sensualité et même d’un érotisme réjouissants. Qui s’en plaindrait ?

 

Une seule réserve, légère : vers la fin, le rythme s’essouffle. Non celui de la musique, mais celui du texte qui gagnerait à être resserré. Son efficacité en serait accrue. C’était, ne l’oublions pas, une première, dans des circonstances difficiles. Les prochaines représentations permettront, à n’en pas douter, de gommer les quelques imperfections d’un spectacle à l’indéniable originalité.

 

Jacques Aboucaya

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Les déferlantes sonores semblent désormais le lot quotidien des soirées sous le chapiteau. J’en excepte, évidemment, celle du 29, les duos Wayne Shorter-Herbie Hancock et Chick Corea-Stanley Clarke. Une trêve bienfaisante avant la reprise des hostilités. Je veux dire l’orgie de décibels déclenchée hier soir par Ibrahim Maalouf après une prestation réussie de Christian Scott.


« Don Quishepp ». Texte de Franck Hercent mis en scène par Rosemonde Cathala, avec David Sahesz, Rosemonde Cathala et Hervé Rousseux (ts).

Salle des fêtes, du 30 juillet au 5 août.

 

C’est dire combien furent bienvenues,  dans l’après-midi du 30, la fraîcheur et l’ambiance ouatée de la salle des fêtes. Rosemonde Cathala, qui a déjà produit en ces lieux sa pièce « L’Esprit du jazz », y donnait la première de la « lecture-spectacle » qu’elle à tirée d’un texte de Franck Hercent relatif à Archie Shepp. Une première contrariée par des circonstances particulières, la réalisatrice de ce spectacle ayant dû remplacer au pied levé la comédienne Corinne Ferré, prévue pour donner la réplique à David Sanhes. Prétexte de cette création, le bicentenaire de la naissance d’Adolphe Sax. Occasion, surtout, de présenter un texte fraîchement publié aux éditions Folio et qui tourne, en circonvolutions spiroïdales (gidouille du Père Ubu oblige), autour de ce personnage singulier de l’histoire du jazz qu’est Archie Shepp.

 

Un texte indéfinissable dans sa forme. Alliant prose rythmée et poésie, à-peu-près, assonances et calembours. Des alexandrins classiques en émergent çà et là, sortes de repère au milieu d’un océan de fantaisie et d’invention verbale. On aura compris qu’il ne s’agit pas d’une biographie stricto sensu du saxophoniste. Plutôt d’un délire dont il serait la référence et l’inspirateur. Un pivot autour duquel s’articulent fatrasies et élucubrations sans souci de cohérence ni d’une quelconque rationalité, à l’image du free jazz. La recherche de solutions imaginaires et la démonstration de l’identité des contraires, deux des axiomes de la science pataphysique, y sont mis en œuvre avec une constance réjouissante. Burlesque et farfelu s’y présentent sous les espèces du sérieux le plus solennel. On y croise même fugitivement l’Archéopteryx cher à Alfred Jarry. Pas d’intrigue, donc, mais une évocation libre d’Arcjie Shepp et de son œuvre. Une épopée bouffonne, le titre le suggère. Comme le Chevalier à la triste figure, l’apôtre du free y guerroie contre les moulins. Un utopiste, à l’instar du héros de Cervantès«. Tout nu, le sax à l’air », comme l’écrit son zélateur biographe.

 

Point de départ, deux conférenciers, côte à côte sur une chaire, entreprennent de narrer la vie d’Archie Shepp, à partir de sa naissance. Voire de sa conception. Très vite, l’exposé, fondé sur quelques références exactes, dérape pour donner lieu à des scènes extravagantes jouées par des acteurs dont la componction des débuts vole vite en éclats. Une rencontre au Five Spot de New York avec John Coltrane, la passion pour le blues et le jazz, l’invention du free, l’engagement politique, les débats entre psys de tout poil pour expliquer le génie du musicien poète (une savoureuse satire de Lacan), tout cela est présent, mais fantasmé, revécu ou imaginé sur le mode burlesque. Le saxophone d’Hervé Rousseaux ponctue et commente l’action. Bribes de standards, Work Song, Greenleaves, Harlem Nocturne, My Favorite Things pour évoquer Coltrane. Jusqu’à quelques mesures de l’Internationale. Hervé Rousseaux ne cherche à aucun moment à imiter tel ou tel. Il reste lui-même, se garde de toute parodie et c’est très bien ainsi.

 

Quant aux comédiens, ils sont l’un et l’autre excellents. David Sanhes a une présence et une densité de jeu étonnantes de bout en bout. Rosemonde Cathala accomplit une double performance, à la fois comédienne et metteur en scène. Comédienne, elle a de la finesse, de l’humour et une grâce qui transcendent littéralement son personnage. On retrouve dans la mise en scène sa marque propre : goût pour un décor épuré, un espace qui se déploie sur plusieurs plans, suggérant à la fois la complexité de l’action et celle des personnages dont elle sonde souvent l’inconscient et ses tréfonds. Elle a volontiers recours aux diaporamas, conférence oblige, et aux ombres chinoises qui s’intègrent aux scènes de flash back. Comme dans L’esprit du jazz, elle pimente sa chorégraphie d’une sensualité et même d’un érotisme réjouissants. Qui s’en plaindrait ?

 

Une seule réserve, légère : vers la fin, le rythme s’essouffle. Non celui de la musique, mais celui du texte qui gagnerait à être resserré. Son efficacité en serait accrue. C’était, ne l’oublions pas, une première, dans des circonstances difficiles. Les prochaines représentations permettront, à n’en pas douter, de gommer les quelques imperfections d’un spectacle à l’indéniable originalité.

 

Jacques Aboucaya

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Les déferlantes sonores semblent désormais le lot quotidien des soirées sous le chapiteau. J’en excepte, évidemment, celle du 29, les duos Wayne Shorter-Herbie Hancock et Chick Corea-Stanley Clarke. Une trêve bienfaisante avant la reprise des hostilités. Je veux dire l’orgie de décibels déclenchée hier soir par Ibrahim Maalouf après une prestation réussie de Christian Scott.


« Don Quishepp ». Texte de Franck Hercent mis en scène par Rosemonde Cathala, avec David Sahesz, Rosemonde Cathala et Hervé Rousseux (ts).

Salle des fêtes, du 30 juillet au 5 août.

 

C’est dire combien furent bienvenues,  dans l’après-midi du 30, la fraîcheur et l’ambiance ouatée de la salle des fêtes. Rosemonde Cathala, qui a déjà produit en ces lieux sa pièce « L’Esprit du jazz », y donnait la première de la « lecture-spectacle » qu’elle à tirée d’un texte de Franck Hercent relatif à Archie Shepp. Une première contrariée par des circonstances particulières, la réalisatrice de ce spectacle ayant dû remplacer au pied levé la comédienne Corinne Ferré, prévue pour donner la réplique à David Sanhes. Prétexte de cette création, le bicentenaire de la naissance d’Adolphe Sax. Occasion, surtout, de présenter un texte fraîchement publié aux éditions Folio et qui tourne, en circonvolutions spiroïdales (gidouille du Père Ubu oblige), autour de ce personnage singulier de l’histoire du jazz qu’est Archie Shepp.

 

Un texte indéfinissable dans sa forme. Alliant prose rythmée et poésie, à-peu-près, assonances et calembours. Des alexandrins classiques en émergent çà et là, sortes de repère au milieu d’un océan de fantaisie et d’invention verbale. On aura compris qu’il ne s’agit pas d’une biographie stricto sensu du saxophoniste. Plutôt d’un délire dont il serait la référence et l’inspirateur. Un pivot autour duquel s’articulent fatrasies et élucubrations sans souci de cohérence ni d’une quelconque rationalité, à l’image du free jazz. La recherche de solutions imaginaires et la démonstration de l’identité des contraires, deux des axiomes de la science pataphysique, y sont mis en œuvre avec une constance réjouissante. Burlesque et farfelu s’y présentent sous les espèces du sérieux le plus solennel. On y croise même fugitivement l’Archéopteryx cher à Alfred Jarry. Pas d’intrigue, donc, mais une évocation libre d’Arcjie Shepp et de son œuvre. Une épopée bouffonne, le titre le suggère. Comme le Chevalier à la triste figure, l’apôtre du free y guerroie contre les moulins. Un utopiste, à l’instar du héros de Cervantès«. Tout nu, le sax à l’air », comme l’écrit son zélateur biographe.

 

Point de départ, deux conférenciers, côte à côte sur une chaire, entreprennent de narrer la vie d’Archie Shepp, à partir de sa naissance. Voire de sa conception. Très vite, l’exposé, fondé sur quelques références exactes, dérape pour donner lieu à des scènes extravagantes jouées par des acteurs dont la componction des débuts vole vite en éclats. Une rencontre au Five Spot de New York avec John Coltrane, la passion pour le blues et le jazz, l’invention du free, l’engagement politique, les débats entre psys de tout poil pour expliquer le génie du musicien poète (une savoureuse satire de Lacan), tout cela est présent, mais fantasmé, revécu ou imaginé sur le mode burlesque. Le saxophone d’Hervé Rousseaux ponctue et commente l’action. Bribes de standards, Work Song, Greenleaves, Harlem Nocturne, My Favorite Things pour évoquer Coltrane. Jusqu’à quelques mesures de l’Internationale. Hervé Rousseaux ne cherche à aucun moment à imiter tel ou tel. Il reste lui-même, se garde de toute parodie et c’est très bien ainsi.

 

Quant aux comédiens, ils sont l’un et l’autre excellents. David Sanhes a une présence et une densité de jeu étonnantes de bout en bout. Rosemonde Cathala accomplit une double performance, à la fois comédienne et metteur en scène. Comédienne, elle a de la finesse, de l’humour et une grâce qui transcendent littéralement son personnage. On retrouve dans la mise en scène sa marque propre : goût pour un décor épuré, un espace qui se déploie sur plusieurs plans, suggérant à la fois la complexité de l’action et celle des personnages dont elle sonde souvent l’inconscient et ses tréfonds. Elle a volontiers recours aux diaporamas, conférence oblige, et aux ombres chinoises qui s’intègrent aux scènes de flash back. Comme dans L’esprit du jazz, elle pimente sa chorégraphie d’une sensualité et même d’un érotisme réjouissants. Qui s’en plaindrait ?

 

Une seule réserve, légère : vers la fin, le rythme s’essouffle. Non celui de la musique, mais celui du texte qui gagnerait à être resserré. Son efficacité en serait accrue. C’était, ne l’oublions pas, une première, dans des circonstances difficiles. Les prochaines représentations permettront, à n’en pas douter, de gommer les quelques imperfections d’un spectacle à l’indéniable originalité.

 

Jacques Aboucaya