Jazz live
Publié le 27 Juil 2013

Jazz in Marciac. Sous le signe du blues

Le marathon marciacais a débuté. Il en est à sa trente-sixième édition et sa durée a encore augmenté : seize soirées au programme bien garni, pour s’en tenir aux concerts sous chapiteau. A iceux, il convient d’ajouter les quinze de l’Astrada et les trois semaines du festival bis. De quoi donner le tournis. Impossible, bien entendu, de tout voir et de tout entendre. Encore moins d’en rendre compte – sauf à être un maniaque de la chronique. Un stakhanoviste du clavier (d’ordinateur). Un dispensateur auto-satisfait de logorrhée.

 

Robert Cray Band. Robert Cray (g, voc), James Pugh (claviers, org), Richard Cousins (b), Les Falconer (dm).

Marcus Miller (b, bcl), Sran Jones (tp), Alex Han (as, ss), Adam Agati (g), Brett Williams (p, claviers), Louis Cato (dm).

Chapiteau, 26 juillet

 

D’autant qu’un coup d’oeil sur la programmation permet de se rendre compte que nombre d’artistes se sont déjà produits ailleurs, cet été, et dans des configurations exactement semblables. Inutile, donc, d’ajouter de la glose à la glose. Voilà pourquoi la concision s’imposera souvent.


Pour ce qui est de cette première soirée, elle s’ouvre sous le signe du blues avec l’un des représentants les plus authentiques du genre, le chanteur et guitariste Robert Cray, auteur de quelques belles compositions, Poor Johnny, Don’t You Even Care ou I Can’t Fail. Authentique car, à l’inverse de beaucoup de ses collègues, il ne se croit pas obligé de se mettre au goût du jour en mêlant à sa musique des éléments exogènes, quitte à la dénaturer.


Du blues, donc, rien que du blues. S’il débouche parfois sur le funk, c’est avec un parfait naturel. Cray est un shouter de qualité et un guitariste capable de titiiller la note bleue avec une maestria qui en remontrerait à plus d’un. De surcroît, fort bien accompagné par James Pugh, qui s’inscrit lui aussi dans la grande tradition et s’y entend comme pas deux pour faire rouler son orgue Hammond. Comme le reste de la rythmique est à l’avenant, que le répertoire, ô miracle, accorde quelque place aux nuances, rien de surprenant si le public (beaucoup de jeunes, venus surtout, on peut le présumer, pour la seconde partie) réserve une ovation à un musicien adoubé en son temps par B B King et autres Albert Collins et Johnny Copeland.


Semblable ovation, dès son entrée en scène, pour Marcus Miller qui poursuit à Marciac une tournée européenne passée par Paris et par Vienne. Son concert, ici comme ailleurs, est fondé pour l’essentiel sur le matériau de son dernier album « Renaissance » dont il reprend plusieurs thèmes, Dr Jekyll & Mr Hyde, Redemption, Detroit, February, Gorée, que lui a inspiré sa visite de la Maison des esclaves. Il en détaille la genèse dans un français presque parfait et justifie ainsi la fonction d’ambassadeur de la Paix que lui a confiée l’UNESCO.


Pour ce qui est de la musique, il a été rarement aussi bien entouré que par les jeunes musiciens auxquels il lâche volontiers la bride, Alex Han, à l’invention inépuisable, Sean Jones, Brett Williams ou Louis Cato qui assure à l’ensemble un soutien sans faille. Il les stimule tour à tour, circulant sur scène à la manière de Miles, suscitant des duels entre connivence et affrontement, faisant monter la pression à grands coups de slap qui arrachent à la foule des rugissements de plaisir. Des montées fulgurantes, des paroxysmes culminant en délires rappelant les plus belles heures du free. Une puissance servie par une technique superlative à la basse. Miller reste constamment maître d’un jeu qu’il ordonne à sa guise. Avec cela, émouvant à la clarinette basse dont on eût aimé qu’il usât davantage. Rappels sans fin, dont My One And Only Love, en duo avec le pianiste. Et, bien sûr, Tutu. Espéré, acclamé. Sans surprise, mais toujours délectable.


Ce soir, Wayne Shorter et, en première partie, le trio ACS, dont la présence dans les festivals d’été est plus parcimonieuse et d’autant plus attendue.

 

Jacques Aboucaya

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Le marathon marciacais a débuté. Il en est à sa trente-sixième édition et sa durée a encore augmenté : seize soirées au programme bien garni, pour s’en tenir aux concerts sous chapiteau. A iceux, il convient d’ajouter les quinze de l’Astrada et les trois semaines du festival bis. De quoi donner le tournis. Impossible, bien entendu, de tout voir et de tout entendre. Encore moins d’en rendre compte – sauf à être un maniaque de la chronique. Un stakhanoviste du clavier (d’ordinateur). Un dispensateur auto-satisfait de logorrhée.

 

Robert Cray Band. Robert Cray (g, voc), James Pugh (claviers, org), Richard Cousins (b), Les Falconer (dm).

Marcus Miller (b, bcl), Sran Jones (tp), Alex Han (as, ss), Adam Agati (g), Brett Williams (p, claviers), Louis Cato (dm).

Chapiteau, 26 juillet

 

D’autant qu’un coup d’oeil sur la programmation permet de se rendre compte que nombre d’artistes se sont déjà produits ailleurs, cet été, et dans des configurations exactement semblables. Inutile, donc, d’ajouter de la glose à la glose. Voilà pourquoi la concision s’imposera souvent.


Pour ce qui est de cette première soirée, elle s’ouvre sous le signe du blues avec l’un des représentants les plus authentiques du genre, le chanteur et guitariste Robert Cray, auteur de quelques belles compositions, Poor Johnny, Don’t You Even Care ou I Can’t Fail. Authentique car, à l’inverse de beaucoup de ses collègues, il ne se croit pas obligé de se mettre au goût du jour en mêlant à sa musique des éléments exogènes, quitte à la dénaturer.


Du blues, donc, rien que du blues. S’il débouche parfois sur le funk, c’est avec un parfait naturel. Cray est un shouter de qualité et un guitariste capable de titiiller la note bleue avec une maestria qui en remontrerait à plus d’un. De surcroît, fort bien accompagné par James Pugh, qui s’inscrit lui aussi dans la grande tradition et s’y entend comme pas deux pour faire rouler son orgue Hammond. Comme le reste de la rythmique est à l’avenant, que le répertoire, ô miracle, accorde quelque place aux nuances, rien de surprenant si le public (beaucoup de jeunes, venus surtout, on peut le présumer, pour la seconde partie) réserve une ovation à un musicien adoubé en son temps par B B King et autres Albert Collins et Johnny Copeland.


Semblable ovation, dès son entrée en scène, pour Marcus Miller qui poursuit à Marciac une tournée européenne passée par Paris et par Vienne. Son concert, ici comme ailleurs, est fondé pour l’essentiel sur le matériau de son dernier album « Renaissance » dont il reprend plusieurs thèmes, Dr Jekyll & Mr Hyde, Redemption, Detroit, February, Gorée, que lui a inspiré sa visite de la Maison des esclaves. Il en détaille la genèse dans un français presque parfait et justifie ainsi la fonction d’ambassadeur de la Paix que lui a confiée l’UNESCO.


Pour ce qui est de la musique, il a été rarement aussi bien entouré que par les jeunes musiciens auxquels il lâche volontiers la bride, Alex Han, à l’invention inépuisable, Sean Jones, Brett Williams ou Louis Cato qui assure à l’ensemble un soutien sans faille. Il les stimule tour à tour, circulant sur scène à la manière de Miles, suscitant des duels entre connivence et affrontement, faisant monter la pression à grands coups de slap qui arrachent à la foule des rugissements de plaisir. Des montées fulgurantes, des paroxysmes culminant en délires rappelant les plus belles heures du free. Une puissance servie par une technique superlative à la basse. Miller reste constamment maître d’un jeu qu’il ordonne à sa guise. Avec cela, émouvant à la clarinette basse dont on eût aimé qu’il usât davantage. Rappels sans fin, dont My One And Only Love, en duo avec le pianiste. Et, bien sûr, Tutu. Espéré, acclamé. Sans surprise, mais toujours délectable.


Ce soir, Wayne Shorter et, en première partie, le trio ACS, dont la présence dans les festivals d’été est plus parcimonieuse et d’autant plus attendue.

 

Jacques Aboucaya

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Le marathon marciacais a débuté. Il en est à sa trente-sixième édition et sa durée a encore augmenté : seize soirées au programme bien garni, pour s’en tenir aux concerts sous chapiteau. A iceux, il convient d’ajouter les quinze de l’Astrada et les trois semaines du festival bis. De quoi donner le tournis. Impossible, bien entendu, de tout voir et de tout entendre. Encore moins d’en rendre compte – sauf à être un maniaque de la chronique. Un stakhanoviste du clavier (d’ordinateur). Un dispensateur auto-satisfait de logorrhée.

 

Robert Cray Band. Robert Cray (g, voc), James Pugh (claviers, org), Richard Cousins (b), Les Falconer (dm).

Marcus Miller (b, bcl), Sran Jones (tp), Alex Han (as, ss), Adam Agati (g), Brett Williams (p, claviers), Louis Cato (dm).

Chapiteau, 26 juillet

 

D’autant qu’un coup d’oeil sur la programmation permet de se rendre compte que nombre d’artistes se sont déjà produits ailleurs, cet été, et dans des configurations exactement semblables. Inutile, donc, d’ajouter de la glose à la glose. Voilà pourquoi la concision s’imposera souvent.


Pour ce qui est de cette première soirée, elle s’ouvre sous le signe du blues avec l’un des représentants les plus authentiques du genre, le chanteur et guitariste Robert Cray, auteur de quelques belles compositions, Poor Johnny, Don’t You Even Care ou I Can’t Fail. Authentique car, à l’inverse de beaucoup de ses collègues, il ne se croit pas obligé de se mettre au goût du jour en mêlant à sa musique des éléments exogènes, quitte à la dénaturer.


Du blues, donc, rien que du blues. S’il débouche parfois sur le funk, c’est avec un parfait naturel. Cray est un shouter de qualité et un guitariste capable de titiiller la note bleue avec une maestria qui en remontrerait à plus d’un. De surcroît, fort bien accompagné par James Pugh, qui s’inscrit lui aussi dans la grande tradition et s’y entend comme pas deux pour faire rouler son orgue Hammond. Comme le reste de la rythmique est à l’avenant, que le répertoire, ô miracle, accorde quelque place aux nuances, rien de surprenant si le public (beaucoup de jeunes, venus surtout, on peut le présumer, pour la seconde partie) réserve une ovation à un musicien adoubé en son temps par B B King et autres Albert Collins et Johnny Copeland.


Semblable ovation, dès son entrée en scène, pour Marcus Miller qui poursuit à Marciac une tournée européenne passée par Paris et par Vienne. Son concert, ici comme ailleurs, est fondé pour l’essentiel sur le matériau de son dernier album « Renaissance » dont il reprend plusieurs thèmes, Dr Jekyll & Mr Hyde, Redemption, Detroit, February, Gorée, que lui a inspiré sa visite de la Maison des esclaves. Il en détaille la genèse dans un français presque parfait et justifie ainsi la fonction d’ambassadeur de la Paix que lui a confiée l’UNESCO.


Pour ce qui est de la musique, il a été rarement aussi bien entouré que par les jeunes musiciens auxquels il lâche volontiers la bride, Alex Han, à l’invention inépuisable, Sean Jones, Brett Williams ou Louis Cato qui assure à l’ensemble un soutien sans faille. Il les stimule tour à tour, circulant sur scène à la manière de Miles, suscitant des duels entre connivence et affrontement, faisant monter la pression à grands coups de slap qui arrachent à la foule des rugissements de plaisir. Des montées fulgurantes, des paroxysmes culminant en délires rappelant les plus belles heures du free. Une puissance servie par une technique superlative à la basse. Miller reste constamment maître d’un jeu qu’il ordonne à sa guise. Avec cela, émouvant à la clarinette basse dont on eût aimé qu’il usât davantage. Rappels sans fin, dont My One And Only Love, en duo avec le pianiste. Et, bien sûr, Tutu. Espéré, acclamé. Sans surprise, mais toujours délectable.


Ce soir, Wayne Shorter et, en première partie, le trio ACS, dont la présence dans les festivals d’été est plus parcimonieuse et d’autant plus attendue.

 

Jacques Aboucaya

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Le marathon marciacais a débuté. Il en est à sa trente-sixième édition et sa durée a encore augmenté : seize soirées au programme bien garni, pour s’en tenir aux concerts sous chapiteau. A iceux, il convient d’ajouter les quinze de l’Astrada et les trois semaines du festival bis. De quoi donner le tournis. Impossible, bien entendu, de tout voir et de tout entendre. Encore moins d’en rendre compte – sauf à être un maniaque de la chronique. Un stakhanoviste du clavier (d’ordinateur). Un dispensateur auto-satisfait de logorrhée.

 

Robert Cray Band. Robert Cray (g, voc), James Pugh (claviers, org), Richard Cousins (b), Les Falconer (dm).

Marcus Miller (b, bcl), Sran Jones (tp), Alex Han (as, ss), Adam Agati (g), Brett Williams (p, claviers), Louis Cato (dm).

Chapiteau, 26 juillet

 

D’autant qu’un coup d’oeil sur la programmation permet de se rendre compte que nombre d’artistes se sont déjà produits ailleurs, cet été, et dans des configurations exactement semblables. Inutile, donc, d’ajouter de la glose à la glose. Voilà pourquoi la concision s’imposera souvent.


Pour ce qui est de cette première soirée, elle s’ouvre sous le signe du blues avec l’un des représentants les plus authentiques du genre, le chanteur et guitariste Robert Cray, auteur de quelques belles compositions, Poor Johnny, Don’t You Even Care ou I Can’t Fail. Authentique car, à l’inverse de beaucoup de ses collègues, il ne se croit pas obligé de se mettre au goût du jour en mêlant à sa musique des éléments exogènes, quitte à la dénaturer.


Du blues, donc, rien que du blues. S’il débouche parfois sur le funk, c’est avec un parfait naturel. Cray est un shouter de qualité et un guitariste capable de titiiller la note bleue avec une maestria qui en remontrerait à plus d’un. De surcroît, fort bien accompagné par James Pugh, qui s’inscrit lui aussi dans la grande tradition et s’y entend comme pas deux pour faire rouler son orgue Hammond. Comme le reste de la rythmique est à l’avenant, que le répertoire, ô miracle, accorde quelque place aux nuances, rien de surprenant si le public (beaucoup de jeunes, venus surtout, on peut le présumer, pour la seconde partie) réserve une ovation à un musicien adoubé en son temps par B B King et autres Albert Collins et Johnny Copeland.


Semblable ovation, dès son entrée en scène, pour Marcus Miller qui poursuit à Marciac une tournée européenne passée par Paris et par Vienne. Son concert, ici comme ailleurs, est fondé pour l’essentiel sur le matériau de son dernier album « Renaissance » dont il reprend plusieurs thèmes, Dr Jekyll & Mr Hyde, Redemption, Detroit, February, Gorée, que lui a inspiré sa visite de la Maison des esclaves. Il en détaille la genèse dans un français presque parfait et justifie ainsi la fonction d’ambassadeur de la Paix que lui a confiée l’UNESCO.


Pour ce qui est de la musique, il a été rarement aussi bien entouré que par les jeunes musiciens auxquels il lâche volontiers la bride, Alex Han, à l’invention inépuisable, Sean Jones, Brett Williams ou Louis Cato qui assure à l’ensemble un soutien sans faille. Il les stimule tour à tour, circulant sur scène à la manière de Miles, suscitant des duels entre connivence et affrontement, faisant monter la pression à grands coups de slap qui arrachent à la foule des rugissements de plaisir. Des montées fulgurantes, des paroxysmes culminant en délires rappelant les plus belles heures du free. Une puissance servie par une technique superlative à la basse. Miller reste constamment maître d’un jeu qu’il ordonne à sa guise. Avec cela, émouvant à la clarinette basse dont on eût aimé qu’il usât davantage. Rappels sans fin, dont My One And Only Love, en duo avec le pianiste. Et, bien sûr, Tutu. Espéré, acclamé. Sans surprise, mais toujours délectable.


Ce soir, Wayne Shorter et, en première partie, le trio ACS, dont la présence dans les festivals d’été est plus parcimonieuse et d’autant plus attendue.

 

Jacques Aboucaya