Jazz live
Publié le 28 Juil 2017

Jazzaldía San Sebastian : Decrescendo de l'ex Dollar Brand en point d'orgue

Par la fenêtre ouverte d’un appartement dominant la place claque le bruit sec caractéristique d’ouverture d’une canette de bière. Sur les gradins à proximité marqués par un silence, ici peu habituel, tous les regards se lèvent illico vers le fauteur de trouble sonore. Moue gênée sur les lèvres le consommateur invité fait un pas en arrière. Surpris et troublé.

Workshop de Lyon: Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm), Jean Paul Autin (as, ss, bcl), Jean Aussanaire (as, ss) + incité Carlos Zingaro (vln)

Victoria Eugenia Club

Abdullah Ibrahim (p), Terence Blanchard (tp), Jonas Gwangwa, Andrae Murchinson (tb), Cleave Guyton (as, fl, cl), Lance Bryant (ts), Noah Jackson (b), Will Terrill (dm)

Plaza de la Trinidad

Marco Mezquida (p), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Paco de Mode (perc)

Teatro Victoria Eugenia

Jazzaldia, San Sebastian/ Donosti (España-Euskadi), 26 juillet

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia (photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia
(photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Un club plutôt confortable au décor kitsch, niché au sou-sol du Théâtre Victoria Eugenia, en bord du Río Urumea, la rivière qui coupe la ville en deux parties. Les lyonnais de l ’ARFI y avaient fait l’an passé un vrai tabac avec leur big band notamment, la Marmite Infernale. Du coup le festival a reprogrammé le Workshop de Lyon avec un invité en bonus, le violoniste portugais Carlos Zingaro. Dans l’intimité plus sombra que sol du club les lignes mélodiques injectées au naturel (unissons contrebasse/clarinette/sax/violon) posent des bases évidentes. La suite, les développements, les échappées solo, les sautes d’humeurs instrumentales incontrôlables font partie du creuset de l’orchestre, de son parcours écrit désormais depuis un demi siècle sur la scène jazz hexagonale ou européenne (cf le super coffret de 5CD, Workshop 50 / @arfi, chroniqué dans Jazz Mag) « Lors de chaque concert nous jouons des morceaux de notre répertoire qui nous ont donné du plaisir » Des éclats de notes et de voix mêlés ( Jean Bolcato), des solos (Jean Aussaire, beau son de soprano), une longue suite en hommage à Maurice Merle, saxophoniste et fondateur du groupe, disparu depuis quelques années. L’histoire, la démarche, l’originalité dans les formes exposées: telles apparaissent les raisons pour lesquelles Jazzaldia a fait appel deux années de suite à l’ARFI. Ils ne sont pas si nombreux (dommage !) les musiciens français à être conviés au festival « donostiarra » (de San Sebastian)

Abdullah Ibrahim, en contemplation…

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette)

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette) photo Lolo Vasco_52 Heineken Jazzaldia)

Abdullah Ibrahim lui y a déjà participé voici bien des années. Le retour était d’autant plus attendu (le lleno, le plein de spectateurs présents sur la place pour le concert de clôture en ce lieu.  Du coup la « Trini » (petit nom affectueux donné à cette place, habituellement fronton de pelote basque, plantée au coeur de la vielle ville, véritable scène coeur battant du festival) se drape dans un silence total qui contraste avec l’habituel brouhaha de spectateurs et consommateurs dans les innombrables bars environnants. Faut-il y voir l’influence majeure du pianiste sud africain et de son septet dont la musique, très écrite, mise très en à plat résonne tel un orchestre de chambre. Résultat: une écoute attentionnée, totale, quasi recueillie  de la part du public. Soit une singularité à l’échelle des festivals ibériques. Musique jouée en finesse, cool, mais à la longue un peu trop contemplative. Plus un effet répétitif dans l’ordre des solistes concernés (exception faite peut-être de Terence Blanchard dont les traits de trompette hauts perchés déchirent le consensus (trop) sage sinon (très) mou). Il aura fallu aborder le final du concert pour entendre l’écho trop bref des errances magiques du pianiste sur les chemins et dans les mélopées africaines. Seul au piano, apte à perdre la notion de temps. Nostalgie superfétatoire sans doute. Mais bon…

Flamenco ? Jazz  ? Flamenco jazz ? Chicuelo ou Marco Mezquida comme d’autres musiciens espagnols trans-genre (Chano Dominguez, Davis Dorantes, Jorge Pardo) ne se posent plus trop la question. Marco Mezquida, jeune pianiste majorquin joue simplement, improvise avec les codes du jazz en s’imprégnant pour l’occasion de l’esprit, les effluves harmoniques de la musique arabo-andalouse. Marqué par une grande sensibilité, un toucher chaud sur le clavier, des idées personnelles également (repérées déjà en solo, trio ou avec Raynald Colom et le jeune vibraphoniste américain David Cross à Jazz a Vitoria) Ainsi va-t-il chercher le guitariste sur son terrain situé plus strictement dans les canons flamencos (Chicuelo se produit auprès de figuras telles Enrique Morente, Miguel Poveda, Carmen Linares). Lequel, ainsi projeté vers l’avant se plait à improviser à son tour sur des schémas nouveaux (mano à mano piano-guitare au long d’une suite en trois mouvements composés par Mezquida)

Une conclusion idéale pour Jazzaldía, bien marquée dans l’espace musical ibérique pluriel tel qu’il s’affiche aujourd’hui.

Robert Latxague

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Par la fenêtre ouverte d’un appartement dominant la place claque le bruit sec caractéristique d’ouverture d’une canette de bière. Sur les gradins à proximité marqués par un silence, ici peu habituel, tous les regards se lèvent illico vers le fauteur de trouble sonore. Moue gênée sur les lèvres le consommateur invité fait un pas en arrière. Surpris et troublé.

Workshop de Lyon: Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm), Jean Paul Autin (as, ss, bcl), Jean Aussanaire (as, ss) + incité Carlos Zingaro (vln)

Victoria Eugenia Club

Abdullah Ibrahim (p), Terence Blanchard (tp), Jonas Gwangwa, Andrae Murchinson (tb), Cleave Guyton (as, fl, cl), Lance Bryant (ts), Noah Jackson (b), Will Terrill (dm)

Plaza de la Trinidad

Marco Mezquida (p), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Paco de Mode (perc)

Teatro Victoria Eugenia

Jazzaldia, San Sebastian/ Donosti (España-Euskadi), 26 juillet

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia (photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia
(photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Un club plutôt confortable au décor kitsch, niché au sou-sol du Théâtre Victoria Eugenia, en bord du Río Urumea, la rivière qui coupe la ville en deux parties. Les lyonnais de l ’ARFI y avaient fait l’an passé un vrai tabac avec leur big band notamment, la Marmite Infernale. Du coup le festival a reprogrammé le Workshop de Lyon avec un invité en bonus, le violoniste portugais Carlos Zingaro. Dans l’intimité plus sombra que sol du club les lignes mélodiques injectées au naturel (unissons contrebasse/clarinette/sax/violon) posent des bases évidentes. La suite, les développements, les échappées solo, les sautes d’humeurs instrumentales incontrôlables font partie du creuset de l’orchestre, de son parcours écrit désormais depuis un demi siècle sur la scène jazz hexagonale ou européenne (cf le super coffret de 5CD, Workshop 50 / @arfi, chroniqué dans Jazz Mag) « Lors de chaque concert nous jouons des morceaux de notre répertoire qui nous ont donné du plaisir » Des éclats de notes et de voix mêlés ( Jean Bolcato), des solos (Jean Aussaire, beau son de soprano), une longue suite en hommage à Maurice Merle, saxophoniste et fondateur du groupe, disparu depuis quelques années. L’histoire, la démarche, l’originalité dans les formes exposées: telles apparaissent les raisons pour lesquelles Jazzaldia a fait appel deux années de suite à l’ARFI. Ils ne sont pas si nombreux (dommage !) les musiciens français à être conviés au festival « donostiarra » (de San Sebastian)

Abdullah Ibrahim, en contemplation…

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette)

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette) photo Lolo Vasco_52 Heineken Jazzaldia)

Abdullah Ibrahim lui y a déjà participé voici bien des années. Le retour était d’autant plus attendu (le lleno, le plein de spectateurs présents sur la place pour le concert de clôture en ce lieu.  Du coup la « Trini » (petit nom affectueux donné à cette place, habituellement fronton de pelote basque, plantée au coeur de la vielle ville, véritable scène coeur battant du festival) se drape dans un silence total qui contraste avec l’habituel brouhaha de spectateurs et consommateurs dans les innombrables bars environnants. Faut-il y voir l’influence majeure du pianiste sud africain et de son septet dont la musique, très écrite, mise très en à plat résonne tel un orchestre de chambre. Résultat: une écoute attentionnée, totale, quasi recueillie  de la part du public. Soit une singularité à l’échelle des festivals ibériques. Musique jouée en finesse, cool, mais à la longue un peu trop contemplative. Plus un effet répétitif dans l’ordre des solistes concernés (exception faite peut-être de Terence Blanchard dont les traits de trompette hauts perchés déchirent le consensus (trop) sage sinon (très) mou). Il aura fallu aborder le final du concert pour entendre l’écho trop bref des errances magiques du pianiste sur les chemins et dans les mélopées africaines. Seul au piano, apte à perdre la notion de temps. Nostalgie superfétatoire sans doute. Mais bon…

Flamenco ? Jazz  ? Flamenco jazz ? Chicuelo ou Marco Mezquida comme d’autres musiciens espagnols trans-genre (Chano Dominguez, Davis Dorantes, Jorge Pardo) ne se posent plus trop la question. Marco Mezquida, jeune pianiste majorquin joue simplement, improvise avec les codes du jazz en s’imprégnant pour l’occasion de l’esprit, les effluves harmoniques de la musique arabo-andalouse. Marqué par une grande sensibilité, un toucher chaud sur le clavier, des idées personnelles également (repérées déjà en solo, trio ou avec Raynald Colom et le jeune vibraphoniste américain David Cross à Jazz a Vitoria) Ainsi va-t-il chercher le guitariste sur son terrain situé plus strictement dans les canons flamencos (Chicuelo se produit auprès de figuras telles Enrique Morente, Miguel Poveda, Carmen Linares). Lequel, ainsi projeté vers l’avant se plait à improviser à son tour sur des schémas nouveaux (mano à mano piano-guitare au long d’une suite en trois mouvements composés par Mezquida)

Une conclusion idéale pour Jazzaldía, bien marquée dans l’espace musical ibérique pluriel tel qu’il s’affiche aujourd’hui.

Robert Latxague

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Par la fenêtre ouverte d’un appartement dominant la place claque le bruit sec caractéristique d’ouverture d’une canette de bière. Sur les gradins à proximité marqués par un silence, ici peu habituel, tous les regards se lèvent illico vers le fauteur de trouble sonore. Moue gênée sur les lèvres le consommateur invité fait un pas en arrière. Surpris et troublé.

Workshop de Lyon: Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm), Jean Paul Autin (as, ss, bcl), Jean Aussanaire (as, ss) + incité Carlos Zingaro (vln)

Victoria Eugenia Club

Abdullah Ibrahim (p), Terence Blanchard (tp), Jonas Gwangwa, Andrae Murchinson (tb), Cleave Guyton (as, fl, cl), Lance Bryant (ts), Noah Jackson (b), Will Terrill (dm)

Plaza de la Trinidad

Marco Mezquida (p), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Paco de Mode (perc)

Teatro Victoria Eugenia

Jazzaldia, San Sebastian/ Donosti (España-Euskadi), 26 juillet

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia (photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia
(photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Un club plutôt confortable au décor kitsch, niché au sou-sol du Théâtre Victoria Eugenia, en bord du Río Urumea, la rivière qui coupe la ville en deux parties. Les lyonnais de l ’ARFI y avaient fait l’an passé un vrai tabac avec leur big band notamment, la Marmite Infernale. Du coup le festival a reprogrammé le Workshop de Lyon avec un invité en bonus, le violoniste portugais Carlos Zingaro. Dans l’intimité plus sombra que sol du club les lignes mélodiques injectées au naturel (unissons contrebasse/clarinette/sax/violon) posent des bases évidentes. La suite, les développements, les échappées solo, les sautes d’humeurs instrumentales incontrôlables font partie du creuset de l’orchestre, de son parcours écrit désormais depuis un demi siècle sur la scène jazz hexagonale ou européenne (cf le super coffret de 5CD, Workshop 50 / @arfi, chroniqué dans Jazz Mag) « Lors de chaque concert nous jouons des morceaux de notre répertoire qui nous ont donné du plaisir » Des éclats de notes et de voix mêlés ( Jean Bolcato), des solos (Jean Aussaire, beau son de soprano), une longue suite en hommage à Maurice Merle, saxophoniste et fondateur du groupe, disparu depuis quelques années. L’histoire, la démarche, l’originalité dans les formes exposées: telles apparaissent les raisons pour lesquelles Jazzaldia a fait appel deux années de suite à l’ARFI. Ils ne sont pas si nombreux (dommage !) les musiciens français à être conviés au festival « donostiarra » (de San Sebastian)

Abdullah Ibrahim, en contemplation…

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette)

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette) photo Lolo Vasco_52 Heineken Jazzaldia)

Abdullah Ibrahim lui y a déjà participé voici bien des années. Le retour était d’autant plus attendu (le lleno, le plein de spectateurs présents sur la place pour le concert de clôture en ce lieu.  Du coup la « Trini » (petit nom affectueux donné à cette place, habituellement fronton de pelote basque, plantée au coeur de la vielle ville, véritable scène coeur battant du festival) se drape dans un silence total qui contraste avec l’habituel brouhaha de spectateurs et consommateurs dans les innombrables bars environnants. Faut-il y voir l’influence majeure du pianiste sud africain et de son septet dont la musique, très écrite, mise très en à plat résonne tel un orchestre de chambre. Résultat: une écoute attentionnée, totale, quasi recueillie  de la part du public. Soit une singularité à l’échelle des festivals ibériques. Musique jouée en finesse, cool, mais à la longue un peu trop contemplative. Plus un effet répétitif dans l’ordre des solistes concernés (exception faite peut-être de Terence Blanchard dont les traits de trompette hauts perchés déchirent le consensus (trop) sage sinon (très) mou). Il aura fallu aborder le final du concert pour entendre l’écho trop bref des errances magiques du pianiste sur les chemins et dans les mélopées africaines. Seul au piano, apte à perdre la notion de temps. Nostalgie superfétatoire sans doute. Mais bon…

Flamenco ? Jazz  ? Flamenco jazz ? Chicuelo ou Marco Mezquida comme d’autres musiciens espagnols trans-genre (Chano Dominguez, Davis Dorantes, Jorge Pardo) ne se posent plus trop la question. Marco Mezquida, jeune pianiste majorquin joue simplement, improvise avec les codes du jazz en s’imprégnant pour l’occasion de l’esprit, les effluves harmoniques de la musique arabo-andalouse. Marqué par une grande sensibilité, un toucher chaud sur le clavier, des idées personnelles également (repérées déjà en solo, trio ou avec Raynald Colom et le jeune vibraphoniste américain David Cross à Jazz a Vitoria) Ainsi va-t-il chercher le guitariste sur son terrain situé plus strictement dans les canons flamencos (Chicuelo se produit auprès de figuras telles Enrique Morente, Miguel Poveda, Carmen Linares). Lequel, ainsi projeté vers l’avant se plait à improviser à son tour sur des schémas nouveaux (mano à mano piano-guitare au long d’une suite en trois mouvements composés par Mezquida)

Une conclusion idéale pour Jazzaldía, bien marquée dans l’espace musical ibérique pluriel tel qu’il s’affiche aujourd’hui.

Robert Latxague

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Par la fenêtre ouverte d’un appartement dominant la place claque le bruit sec caractéristique d’ouverture d’une canette de bière. Sur les gradins à proximité marqués par un silence, ici peu habituel, tous les regards se lèvent illico vers le fauteur de trouble sonore. Moue gênée sur les lèvres le consommateur invité fait un pas en arrière. Surpris et troublé.

Workshop de Lyon: Jean Bolcato (b), Christian Rollet (dm), Jean Paul Autin (as, ss, bcl), Jean Aussanaire (as, ss) + incité Carlos Zingaro (vln)

Victoria Eugenia Club

Abdullah Ibrahim (p), Terence Blanchard (tp), Jonas Gwangwa, Andrae Murchinson (tb), Cleave Guyton (as, fl, cl), Lance Bryant (ts), Noah Jackson (b), Will Terrill (dm)

Plaza de la Trinidad

Marco Mezquida (p), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Paco de Mode (perc)

Teatro Victoria Eugenia

Jazzaldia, San Sebastian/ Donosti (España-Euskadi), 26 juillet

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia (photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Le Workshop de Lyon au Club Teatro Victoria Eugenia
(photo Lolo Vasco_52 heineken Jazzaldia)

Un club plutôt confortable au décor kitsch, niché au sou-sol du Théâtre Victoria Eugenia, en bord du Río Urumea, la rivière qui coupe la ville en deux parties. Les lyonnais de l ’ARFI y avaient fait l’an passé un vrai tabac avec leur big band notamment, la Marmite Infernale. Du coup le festival a reprogrammé le Workshop de Lyon avec un invité en bonus, le violoniste portugais Carlos Zingaro. Dans l’intimité plus sombra que sol du club les lignes mélodiques injectées au naturel (unissons contrebasse/clarinette/sax/violon) posent des bases évidentes. La suite, les développements, les échappées solo, les sautes d’humeurs instrumentales incontrôlables font partie du creuset de l’orchestre, de son parcours écrit désormais depuis un demi siècle sur la scène jazz hexagonale ou européenne (cf le super coffret de 5CD, Workshop 50 / @arfi, chroniqué dans Jazz Mag) « Lors de chaque concert nous jouons des morceaux de notre répertoire qui nous ont donné du plaisir » Des éclats de notes et de voix mêlés ( Jean Bolcato), des solos (Jean Aussaire, beau son de soprano), une longue suite en hommage à Maurice Merle, saxophoniste et fondateur du groupe, disparu depuis quelques années. L’histoire, la démarche, l’originalité dans les formes exposées: telles apparaissent les raisons pour lesquelles Jazzaldia a fait appel deux années de suite à l’ARFI. Ils ne sont pas si nombreux (dommage !) les musiciens français à être conviés au festival « donostiarra » (de San Sebastian)

Abdullah Ibrahim, en contemplation…

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette)

Abdullah Ibrahim & Ekya, Terence avec Blanchard, invité (trompette) photo Lolo Vasco_52 Heineken Jazzaldia)

Abdullah Ibrahim lui y a déjà participé voici bien des années. Le retour était d’autant plus attendu (le lleno, le plein de spectateurs présents sur la place pour le concert de clôture en ce lieu.  Du coup la « Trini » (petit nom affectueux donné à cette place, habituellement fronton de pelote basque, plantée au coeur de la vielle ville, véritable scène coeur battant du festival) se drape dans un silence total qui contraste avec l’habituel brouhaha de spectateurs et consommateurs dans les innombrables bars environnants. Faut-il y voir l’influence majeure du pianiste sud africain et de son septet dont la musique, très écrite, mise très en à plat résonne tel un orchestre de chambre. Résultat: une écoute attentionnée, totale, quasi recueillie  de la part du public. Soit une singularité à l’échelle des festivals ibériques. Musique jouée en finesse, cool, mais à la longue un peu trop contemplative. Plus un effet répétitif dans l’ordre des solistes concernés (exception faite peut-être de Terence Blanchard dont les traits de trompette hauts perchés déchirent le consensus (trop) sage sinon (très) mou). Il aura fallu aborder le final du concert pour entendre l’écho trop bref des errances magiques du pianiste sur les chemins et dans les mélopées africaines. Seul au piano, apte à perdre la notion de temps. Nostalgie superfétatoire sans doute. Mais bon…

Flamenco ? Jazz  ? Flamenco jazz ? Chicuelo ou Marco Mezquida comme d’autres musiciens espagnols trans-genre (Chano Dominguez, Davis Dorantes, Jorge Pardo) ne se posent plus trop la question. Marco Mezquida, jeune pianiste majorquin joue simplement, improvise avec les codes du jazz en s’imprégnant pour l’occasion de l’esprit, les effluves harmoniques de la musique arabo-andalouse. Marqué par une grande sensibilité, un toucher chaud sur le clavier, des idées personnelles également (repérées déjà en solo, trio ou avec Raynald Colom et le jeune vibraphoniste américain David Cross à Jazz a Vitoria) Ainsi va-t-il chercher le guitariste sur son terrain situé plus strictement dans les canons flamencos (Chicuelo se produit auprès de figuras telles Enrique Morente, Miguel Poveda, Carmen Linares). Lequel, ainsi projeté vers l’avant se plait à improviser à son tour sur des schémas nouveaux (mano à mano piano-guitare au long d’une suite en trois mouvements composés par Mezquida)

Une conclusion idéale pour Jazzaldía, bien marquée dans l’espace musical ibérique pluriel tel qu’il s’affiche aujourd’hui.

Robert Latxague