Jazz live
Publié le 2 Juil 2012

JazzAscona 5. La Cité des femmes

Durant la décade qui s’est achevée dimanche 1er juillet, Ascona aurait pu, au risque d’une légère hyperbole, adopter le titre du film de Fellini. La gent féminine y était en effet à l’honneur. Non que la parité y ait été atteinte (il y a encore du chemin à parcourir et, Dieu merci, en matière d’art, ce genre de calcul n’a pas cours !). Toutefois, le « fil rouge », en l’occurrence le rôle des femmes dans le jazz, était fort judicieusement illustré, chanteuses et instrumentistes diverses figurant à leur avantage dans de nombreuses formations.

Jon Faddis (tp) avec le Stanfdord University Jazz Orchestra. Stage Elvezia, 28 juin.

 

 A commencer par le Lady Quartet de Rhoda Scott, évoqué ici même il y a quelques jours, et qui perdure depuis 2004, date de sa création pour Jazz à Vienne. Interrogées par notre consoeur Anne Legrand, l’organiste et ses jeunes partenaires ont livré des réflexions pertinentes sur leur condition de musiciennes dans un milieu qui reste marqué par l’élément masculin. De leurs propos, il appert que les choses sont toutefois en train d’évoluer. A l’époque où Rhoda faisait ses premières armes, le rôle de la femme dans l’orchestre était surtout ornemental. On lui demandait d’être bien vêtue, bien maquillée, de porter des bijoux, bref, d’attirer les hommes « pour faire marcher les affaires ». Elle rappelle que les orchestres féminins ont fleuri pendant la Seconde guerre mondiale pour pallier l’absence des hommes envoyés au front, mais qu’elles ont été évincées dès le retour des GI’s.

Rien de tel à l’heure actuelle. Sophie Alour note que certains préjugés persistent (le saxophone moins féminin que la clarinette…) mais que la musique, elle, n’est pas sexuée et que les différences s’estompent. Un avis que partage Julie Saury qui a pourtant dû se battre et prouver sa valeur pour s’imposer sur un instrument qui compte peu de pratiquantes. Quant à Lisa Cat-Berro, elle souligne le double danger qui consisterait à nier sa féminité ou à en jouer à l’excès, même si la voie médiane (et juste) est difficile à trouver.

Leur parcours respectif, leur expérience leur permettent des échanges fructueux au sein d’un groupe en constante évolution. Rhoda reste, sur le plan musical et humain, leur référence commune. Et celle-ci souligne la stimulation qu’elle reçoit de ses jeunes partenaires qui, toutes trois, sont capables de composer et d’arranger. N’est-elle pas elle-même restée une éternelle étudiante, préparant à l’heure actuelle une thèse à la Rutgers University de Newark (New Jersey) sur la réception en Europe de l’orgue Hammond à travers le cas de Lou Bennett, arrivé en France en 1960, huit ans avant elle ?

 

Un enthousiasme que partageraient à coup sûr maintes intervenantes de cette vingt-huitième édition, fertile en moments intenses. On en retiendra un, en guise de conclusion : le concert de Jon Faddis avec le Stanford University Jazz Orchestra, le 28 juin. Un Faddis en grande forme, plus stratosphérique que jamais, dans un hommage aux grands trompettistes de l’histoire du jazz (Portrait Of Louis Armstrong, Tin Tin Deo, Manteca, The Sidewinder, Someday My Prince Will Come). Quant au big band, il surprend très agréablement. Echappant à la raideur souvent inhérente à ce genre de formation, il se coule avec souplesse dans des arrangements élaborés, faisant montre d’un sens des nuances que nombre d’orchestres chevronnés pourraient lui envier. Deux solistes émergent du lot dont le nom mérite d’être noté car on en entendra sûrement parler : le sax alto Alex Eckstein et le ténor Scott Takahashi. Sans oublier le chef d’orchestre Fredrick Berry. Et, fil rouge oblige, le seul élément féminin de l’ensemble, Sophie Miller, qui officie au baryton.

 

Jacques Aboucaya

|

Durant la décade qui s’est achevée dimanche 1er juillet, Ascona aurait pu, au risque d’une légère hyperbole, adopter le titre du film de Fellini. La gent féminine y était en effet à l’honneur. Non que la parité y ait été atteinte (il y a encore du chemin à parcourir et, Dieu merci, en matière d’art, ce genre de calcul n’a pas cours !). Toutefois, le « fil rouge », en l’occurrence le rôle des femmes dans le jazz, était fort judicieusement illustré, chanteuses et instrumentistes diverses figurant à leur avantage dans de nombreuses formations.

Jon Faddis (tp) avec le Stanfdord University Jazz Orchestra. Stage Elvezia, 28 juin.

 

 A commencer par le Lady Quartet de Rhoda Scott, évoqué ici même il y a quelques jours, et qui perdure depuis 2004, date de sa création pour Jazz à Vienne. Interrogées par notre consoeur Anne Legrand, l’organiste et ses jeunes partenaires ont livré des réflexions pertinentes sur leur condition de musiciennes dans un milieu qui reste marqué par l’élément masculin. De leurs propos, il appert que les choses sont toutefois en train d’évoluer. A l’époque où Rhoda faisait ses premières armes, le rôle de la femme dans l’orchestre était surtout ornemental. On lui demandait d’être bien vêtue, bien maquillée, de porter des bijoux, bref, d’attirer les hommes « pour faire marcher les affaires ». Elle rappelle que les orchestres féminins ont fleuri pendant la Seconde guerre mondiale pour pallier l’absence des hommes envoyés au front, mais qu’elles ont été évincées dès le retour des GI’s.

Rien de tel à l’heure actuelle. Sophie Alour note que certains préjugés persistent (le saxophone moins féminin que la clarinette…) mais que la musique, elle, n’est pas sexuée et que les différences s’estompent. Un avis que partage Julie Saury qui a pourtant dû se battre et prouver sa valeur pour s’imposer sur un instrument qui compte peu de pratiquantes. Quant à Lisa Cat-Berro, elle souligne le double danger qui consisterait à nier sa féminité ou à en jouer à l’excès, même si la voie médiane (et juste) est difficile à trouver.

Leur parcours respectif, leur expérience leur permettent des échanges fructueux au sein d’un groupe en constante évolution. Rhoda reste, sur le plan musical et humain, leur référence commune. Et celle-ci souligne la stimulation qu’elle reçoit de ses jeunes partenaires qui, toutes trois, sont capables de composer et d’arranger. N’est-elle pas elle-même restée une éternelle étudiante, préparant à l’heure actuelle une thèse à la Rutgers University de Newark (New Jersey) sur la réception en Europe de l’orgue Hammond à travers le cas de Lou Bennett, arrivé en France en 1960, huit ans avant elle ?

 

Un enthousiasme que partageraient à coup sûr maintes intervenantes de cette vingt-huitième édition, fertile en moments intenses. On en retiendra un, en guise de conclusion : le concert de Jon Faddis avec le Stanford University Jazz Orchestra, le 28 juin. Un Faddis en grande forme, plus stratosphérique que jamais, dans un hommage aux grands trompettistes de l’histoire du jazz (Portrait Of Louis Armstrong, Tin Tin Deo, Manteca, The Sidewinder, Someday My Prince Will Come). Quant au big band, il surprend très agréablement. Echappant à la raideur souvent inhérente à ce genre de formation, il se coule avec souplesse dans des arrangements élaborés, faisant montre d’un sens des nuances que nombre d’orchestres chevronnés pourraient lui envier. Deux solistes émergent du lot dont le nom mérite d’être noté car on en entendra sûrement parler : le sax alto Alex Eckstein et le ténor Scott Takahashi. Sans oublier le chef d’orchestre Fredrick Berry. Et, fil rouge oblige, le seul élément féminin de l’ensemble, Sophie Miller, qui officie au baryton.

 

Jacques Aboucaya

|

Durant la décade qui s’est achevée dimanche 1er juillet, Ascona aurait pu, au risque d’une légère hyperbole, adopter le titre du film de Fellini. La gent féminine y était en effet à l’honneur. Non que la parité y ait été atteinte (il y a encore du chemin à parcourir et, Dieu merci, en matière d’art, ce genre de calcul n’a pas cours !). Toutefois, le « fil rouge », en l’occurrence le rôle des femmes dans le jazz, était fort judicieusement illustré, chanteuses et instrumentistes diverses figurant à leur avantage dans de nombreuses formations.

Jon Faddis (tp) avec le Stanfdord University Jazz Orchestra. Stage Elvezia, 28 juin.

 

 A commencer par le Lady Quartet de Rhoda Scott, évoqué ici même il y a quelques jours, et qui perdure depuis 2004, date de sa création pour Jazz à Vienne. Interrogées par notre consoeur Anne Legrand, l’organiste et ses jeunes partenaires ont livré des réflexions pertinentes sur leur condition de musiciennes dans un milieu qui reste marqué par l’élément masculin. De leurs propos, il appert que les choses sont toutefois en train d’évoluer. A l’époque où Rhoda faisait ses premières armes, le rôle de la femme dans l’orchestre était surtout ornemental. On lui demandait d’être bien vêtue, bien maquillée, de porter des bijoux, bref, d’attirer les hommes « pour faire marcher les affaires ». Elle rappelle que les orchestres féminins ont fleuri pendant la Seconde guerre mondiale pour pallier l’absence des hommes envoyés au front, mais qu’elles ont été évincées dès le retour des GI’s.

Rien de tel à l’heure actuelle. Sophie Alour note que certains préjugés persistent (le saxophone moins féminin que la clarinette…) mais que la musique, elle, n’est pas sexuée et que les différences s’estompent. Un avis que partage Julie Saury qui a pourtant dû se battre et prouver sa valeur pour s’imposer sur un instrument qui compte peu de pratiquantes. Quant à Lisa Cat-Berro, elle souligne le double danger qui consisterait à nier sa féminité ou à en jouer à l’excès, même si la voie médiane (et juste) est difficile à trouver.

Leur parcours respectif, leur expérience leur permettent des échanges fructueux au sein d’un groupe en constante évolution. Rhoda reste, sur le plan musical et humain, leur référence commune. Et celle-ci souligne la stimulation qu’elle reçoit de ses jeunes partenaires qui, toutes trois, sont capables de composer et d’arranger. N’est-elle pas elle-même restée une éternelle étudiante, préparant à l’heure actuelle une thèse à la Rutgers University de Newark (New Jersey) sur la réception en Europe de l’orgue Hammond à travers le cas de Lou Bennett, arrivé en France en 1960, huit ans avant elle ?

 

Un enthousiasme que partageraient à coup sûr maintes intervenantes de cette vingt-huitième édition, fertile en moments intenses. On en retiendra un, en guise de conclusion : le concert de Jon Faddis avec le Stanford University Jazz Orchestra, le 28 juin. Un Faddis en grande forme, plus stratosphérique que jamais, dans un hommage aux grands trompettistes de l’histoire du jazz (Portrait Of Louis Armstrong, Tin Tin Deo, Manteca, The Sidewinder, Someday My Prince Will Come). Quant au big band, il surprend très agréablement. Echappant à la raideur souvent inhérente à ce genre de formation, il se coule avec souplesse dans des arrangements élaborés, faisant montre d’un sens des nuances que nombre d’orchestres chevronnés pourraient lui envier. Deux solistes émergent du lot dont le nom mérite d’être noté car on en entendra sûrement parler : le sax alto Alex Eckstein et le ténor Scott Takahashi. Sans oublier le chef d’orchestre Fredrick Berry. Et, fil rouge oblige, le seul élément féminin de l’ensemble, Sophie Miller, qui officie au baryton.

 

Jacques Aboucaya

|

Durant la décade qui s’est achevée dimanche 1er juillet, Ascona aurait pu, au risque d’une légère hyperbole, adopter le titre du film de Fellini. La gent féminine y était en effet à l’honneur. Non que la parité y ait été atteinte (il y a encore du chemin à parcourir et, Dieu merci, en matière d’art, ce genre de calcul n’a pas cours !). Toutefois, le « fil rouge », en l’occurrence le rôle des femmes dans le jazz, était fort judicieusement illustré, chanteuses et instrumentistes diverses figurant à leur avantage dans de nombreuses formations.

Jon Faddis (tp) avec le Stanfdord University Jazz Orchestra. Stage Elvezia, 28 juin.

 

 A commencer par le Lady Quartet de Rhoda Scott, évoqué ici même il y a quelques jours, et qui perdure depuis 2004, date de sa création pour Jazz à Vienne. Interrogées par notre consoeur Anne Legrand, l’organiste et ses jeunes partenaires ont livré des réflexions pertinentes sur leur condition de musiciennes dans un milieu qui reste marqué par l’élément masculin. De leurs propos, il appert que les choses sont toutefois en train d’évoluer. A l’époque où Rhoda faisait ses premières armes, le rôle de la femme dans l’orchestre était surtout ornemental. On lui demandait d’être bien vêtue, bien maquillée, de porter des bijoux, bref, d’attirer les hommes « pour faire marcher les affaires ». Elle rappelle que les orchestres féminins ont fleuri pendant la Seconde guerre mondiale pour pallier l’absence des hommes envoyés au front, mais qu’elles ont été évincées dès le retour des GI’s.

Rien de tel à l’heure actuelle. Sophie Alour note que certains préjugés persistent (le saxophone moins féminin que la clarinette…) mais que la musique, elle, n’est pas sexuée et que les différences s’estompent. Un avis que partage Julie Saury qui a pourtant dû se battre et prouver sa valeur pour s’imposer sur un instrument qui compte peu de pratiquantes. Quant à Lisa Cat-Berro, elle souligne le double danger qui consisterait à nier sa féminité ou à en jouer à l’excès, même si la voie médiane (et juste) est difficile à trouver.

Leur parcours respectif, leur expérience leur permettent des échanges fructueux au sein d’un groupe en constante évolution. Rhoda reste, sur le plan musical et humain, leur référence commune. Et celle-ci souligne la stimulation qu’elle reçoit de ses jeunes partenaires qui, toutes trois, sont capables de composer et d’arranger. N’est-elle pas elle-même restée une éternelle étudiante, préparant à l’heure actuelle une thèse à la Rutgers University de Newark (New Jersey) sur la réception en Europe de l’orgue Hammond à travers le cas de Lou Bennett, arrivé en France en 1960, huit ans avant elle ?

 

Un enthousiasme que partageraient à coup sûr maintes intervenantes de cette vingt-huitième édition, fertile en moments intenses. On en retiendra un, en guise de conclusion : le concert de Jon Faddis avec le Stanford University Jazz Orchestra, le 28 juin. Un Faddis en grande forme, plus stratosphérique que jamais, dans un hommage aux grands trompettistes de l’histoire du jazz (Portrait Of Louis Armstrong, Tin Tin Deo, Manteca, The Sidewinder, Someday My Prince Will Come). Quant au big band, il surprend très agréablement. Echappant à la raideur souvent inhérente à ce genre de formation, il se coule avec souplesse dans des arrangements élaborés, faisant montre d’un sens des nuances que nombre d’orchestres chevronnés pourraient lui envier. Deux solistes émergent du lot dont le nom mérite d’être noté car on en entendra sûrement parler : le sax alto Alex Eckstein et le ténor Scott Takahashi. Sans oublier le chef d’orchestre Fredrick Berry. Et, fil rouge oblige, le seul élément féminin de l’ensemble, Sophie Miller, qui officie au baryton.

 

Jacques Aboucaya