Jazz live
Publié le 6 Juin 2013

Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

 

Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (violon), Sébastien Boisseau (contrebasse).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badault se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badault qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

 

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (vln), Sébastien Boisseau (b).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badaut se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badaut qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (violon), Sébastien Boisseau (contrebasse).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badault se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badault qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

 

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (vln), Sébastien Boisseau (b).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badaut se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badaut qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (violon), Sébastien Boisseau (contrebasse).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badault se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badault qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

 

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (vln), Sébastien Boisseau (b).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badaut se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badaut qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (violon), Sébastien Boisseau (contrebasse).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badault se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badault qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum

 

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Jazzdor Strasbourg/Berlin, 1° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 05/06.

Vincent Peirani (acc, voc), Michel Portal (cl, bcl) ; Samuel Blaser (tb), Marc Ducret (g), Peter Bruun (dm) ; Denis Badault H3B: Denis Badault (p), Tom Arthurs (tp), Régis Huby (vln), Sébastien Boisseau (b).

Pour l’ouverture de Jazzdor Strasbourg/Berlin, je pose quatre et je retiens deux. Ou de façon moins arithmétique je ne garde du groupe de Vincent Peirani que le duo accordéon-voix/clarinettes, le souffleur étant évidemment Michel Portal. Si le but (et c’est le but) est de présenter des projets français et franco-allemands dans la capitale fédérale, on ne peut guère rêver entrée en matière plus fulgurante et intimiste à la fois.

Car ces deux-là suintent la musique comme d’autres exsudent la joie, la franchise, la générosité, l’aisance. Dire qu’ils symbolisent et incarnent une virtuosité parfaitement à l’aise dans ses baskets (s’cuzez la formule un brin populiste) sans être jamais … populiste ou racoleuse, c’est ne rien dire d’eux. Il faut à tout prix écouter, toutes oreilles ouvertes, leur duo grooveux, lyrique, ouvert… Le public de la Kesselhaus (la maison des barriques) de la Kulturbrauerei (brasserie culturelle : une ancienne brasserie réhabilitée, dans l’ancien Berlin-Est) bondée leur fit un accueil délirant, et — le pauvre — il était, de fait, pris en otage par ces airs dansants, imprégnés de folklore, qu’à part eux seuls en Europe (à mon humble connaissance) les Italiens Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia sont capables d’exhumer ou de composer et de faire vivre sans passéisme ni nostalgie. Peirani/Portal — avec deux « p » comme sensibilité PalPable, imProvisation Passionnée et Performance Pugnace — c’est le doublé gagnant qu’on attendait depuis longtemps. En fait, voyez-vous, les choses sont assez simples : il suffit qu’un jeune musicien inspiré rencontre un aîné en quête d’aventure et la musique se met à caracoler comme un ruisseau de montagne libéré du carcan de roches qui nous le cachait. Alors pourquoi chercher plus compliqué ? Pourquoi, dites ?

Le trio du tromboniste suisse Samuel Blaser avec Marc Ducret et le batteur danois Peter Bruun est, lui, dans une optique de recherche sonore plus radicale mais non moins intéressante. Il est toujours à la fois périlleux et potentiellement enrichissant de former un petit ensemble sans basse. Ici les graves du trombone et la capacité de la guitare à fouiller dans les profondeurs de la masse sonore compensent et contournent cette absence. Et si l’on peut par moment avoir l’impression que l’inventivité tous azimut du guitariste (qui a l’avantage d’être amplifié et de posséder une maîtrise ahurissante de l’électrification) prend le dessus sur le jeu de ses comparses, on est vite mis en situation de prêter une attention minutieuse au tromboniste ou au batteur, et de se rendre compte que les nuances mélodiques et rythmiques qu’ils tirent de leurs instruments respectifs sont loin d’être négligeables. Leur contribution à l’élaboration de la pâte sonore collective et interactive gagne donc à être découverte au fil du déploiement des richesses de ce trio fureteur, auquel l’expérience et la personnalité de Marc Ducret donne une envergure et une couleur incomparable.

A propos de pâte sonore, le quartet H3B de Denis Badaut se pose là, ne serait-ce que par la présence du trompettiste britannique Tom Arthurs, dont la magnifique sonorité vient d’emblée investir l’espace scénique, bientôt relayée par le timbre prenant de Régis Huby. Il y a, dans les courtes « chansons » que propose ce groupe en alternance avec des « no songs » improvisés et généralement plus longs, un côté indéniablement « musique de chambre » très français mais qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans l’évanescence d’une musique de salon. Si on admet le principe que le swing n’est pas nécessairement le souci principal de ce groupe, on découvre avec ravissement une imbrication de timbres, de rythmes et de textures particulièrement original. Le jeu des voix, l’importance des métriques impaires, le rôle pivot du piano de Denis Badaut qui — avec la contrebasse de Sébastien Boisseau — sert de soubassement à l’ensemble, la variété des compositions… tout cela constitue un paysage sonore d’une variété infinie dans lequel nous promènent ces quatre musiciens à l’aisance souveraine et qu’anime le goût du voyage poétique et du plaisir partagé.

Thierry Quénum