Jazz live
Publié le 23 Mar 2024

John Scofield et Miguel Zenon au Bergamo Jazz 2024

Soirée phare hier au Teatro Donizetti : deux têtes d’affiches de l’édition 2024 du festival se succédaient sur les planches, non une surprise de taille…par Yazid Kouloughli

D’abord John Scofield et son groupe Yankee Go Home, dont le nom ne les empêche pas de tourner régulièrement en Europe. Ils sont présentés, comme chaque concert, par le special guest-directeur artistique Joe Lovano, dont les discours d’avant-concert sont des œuvres à elle seules, avec ce mélange de classe solaire et de timidité.

Sco monte sur scène devant un public à peu près déjà conquis, casquette sur la tête et avec l’entrain (et les idées, et le phrasé) de ses trente ans. Chez ses Yankees, on retrouve le Vicente Archer, grande référence de la contrebasse ouverte d’esprit (de Wynton Marsalis à Robert Glasper), le pianiste et clavieriste John Cowherd et le puissant batteur Josh Dion Dont l’investissement corps et âme à chaque instant lui permet parfois presque de voler la vedette à un John Scofield des grands soirs. Cerise sur le gâteau : Joe Lovano fait irruption sur scène pour choruser avec son pote John sur The Creator Has Master Plan de Pharoah Sanders, et voilà qu’on vient déjà d’assister à l’un des moments les plus forts du festival.

Miguel Zenon, comme un ouragan

Avec Miguel Zenon, Luis Pedromo, piano, Hans Glawischnig, contrebasse et Henry Cole, l’ambiance n’est plus aux succès du rock et de la pop américaine grand style qu’affectionne John Scofield, et si le quartette démarre sur un air de fête, le ciel s’assombrit tout à coup tandis qu’une tension palpable jaillit des tréfonds du piano. Aux riches plages d’improvisation façon jam-band du groupe des Yankees, celui de Miguel Zenon donne l’impression de pouvoir se projeter très loin dans leurs thèmes et le style très riche de notes, sur une intensité souvent extreme tout en donnant une impression de maîtrise tranquille, procure une sensation grisante de voyage à grande vitesse au dessus d’une étendue déchirée par les éléments. C’est la soirée des batteurs : impossible de ne pas rester scotché devant le jeu d’un Henry Cole inarrêtable, toujours pertinent et à l’écoute mais qui fait montre d’une énergie qui semble sans limite.

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