Jazz live
Publié le 29 Mar 2014

La Maison du Duke en visite à Toulouse

Qui donc prétendait que la décentralisation est un vain mot ? La Maison du Duke, dont les activités parisiennes sont bien connues, vient de démontrer l’inanité de cette assertion en dépêchant à Toulouse une ambassadrice de charme.


Dance To The Duke. Conférence d’Isabelle Marquis

Université de Toulouse 2 Le Mirail, jeudi 27 mars.


Isabelle Marquis était donc invitée le 27, à l’initiative de Ludovic Florin, à prononcer devant les étudiants  toulousains la conférence qu’elle a donnée dernièrement à Paris. Le sujet, Duke Ellington et la danse, avait de quoi séduire. Singulièrement des jeunes gens venus de la danse, peu familiarisés, pour la plupart avec l’histoire du jazz et pour qui Duke demeure une figure certes mythique, un « grand ancêtre », sans qu’ils soient pour autant connaisseurs de son œuvre. S’y ajoutaient également des étudiants de la filière jazz de l’université qui, eux, connaissaient bien sûr le Duke. Il est juste d’ajouter que des musiciens de la région, que je ne citerai pas, crainte d’en oublier, s’étaient aussi donné rendez-vous dans l’amphi et que l’auditoire, attentif, captivé ou surpris, fut d’une sagesse exemplaire.


D’entrée, la conférencière rappelle les rapports étroits que la danse a, de tout temps, entretenus avec le jazz. Elle en est, en quelque sorte, et depuis les origines africaines, consubstantielle. Occasion de noter les différences fondamentales que la danse jazz entretient avec la danse classique, celle-ci  tendue vers le ciel, corps droit, bras levés, pieds se haussant sur la pointe, quand l’autre reste solidement ancrée sur la terre, pieds à plat, corps volontiers courbé vers le sol. Elan ouranien contre forces chtoniennes, Apollon et Dionysos. Une perspective qui mériterait, mieux qu’une ébauche, une analyse fouillée.


Mais tel n’est pas, ici, le propos. Il est de montrer combien la danse reste prégnante dans toute la musique ellingtonienne, depuis les premiers enregistrements jusqu’aux grandes suites de la dernière période, jusqu’aux pièces de musique sacrée. Une démonstration que viennent étayer de nombreux documents, de Dancers in Love à  David Danced Before The Lord, interprété par Benny Briggs, du Cotton Club des Nicholas Brothers au Hamlet extrait de la suite shakespearienne Such Sweet Thunder dansé en 1961 par Maurice Béjart.  Une promenade jalonnée d’extraits de films, parfois fort rares, de tableaux précisant les points d’ancrage chronologiques, d’anecdotes, de citations. – dont celle-ci, d’Ellington lui-même, et qui pourrait servir d’exergue à cet après-midi : « La danse donne du bonheur ».


Ainsi apparaissent toutes les grandes figures qui, au fil des ans, ont transcendé les danses populaires, black bottom ou jitterbug, cake walk, charleston ou lindy hop, précurseurs du hip hop  des années 70, pour les hisser à la dimension d’un art à part entière.  Les vedettes du Cotton Club ou du Savoy Ballroom, Florence Mills, Bill « Bojangles » Robinson à qui Duke dédia une de ses compositions, Richard Pryor Dodge ou Earl « Snake Hips » Tucker, entre bien d’autres, défilent ainsi sur l’écran.


Et aussi les musiciens emblématiques du Duke Ellington Orchestra à ses diverses époques, les Sonny Greer, Bubber Miley, Harry Carney, Barney Bigard, Johnny Hodges, d’autant plus émouvants qu’ils émergent de films portant les stigmates du temps, défraîchis, mal sonorisés. Témoignages trop brefs, instantanés qu’Isabelle Marquis a exhumés des archives. Mieux qu’une simple illustration visuelle et sonore, Ils confèrent à son propos un parfum d’authenticité. Sans parler de la nostalgie d’un temps où le jazz, qui n’avait rien renié de ses racines, conservait une incomparable saveur.


Jacques Aboucaya

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Qui donc prétendait que la décentralisation est un vain mot ? La Maison du Duke, dont les activités parisiennes sont bien connues, vient de démontrer l’inanité de cette assertion en dépêchant à Toulouse une ambassadrice de charme.


Dance To The Duke. Conférence d’Isabelle Marquis

Université de Toulouse 2 Le Mirail, jeudi 27 mars.


Isabelle Marquis était donc invitée le 27, à l’initiative de Ludovic Florin, à prononcer devant les étudiants  toulousains la conférence qu’elle a donnée dernièrement à Paris. Le sujet, Duke Ellington et la danse, avait de quoi séduire. Singulièrement des jeunes gens venus de la danse, peu familiarisés, pour la plupart avec l’histoire du jazz et pour qui Duke demeure une figure certes mythique, un « grand ancêtre », sans qu’ils soient pour autant connaisseurs de son œuvre. S’y ajoutaient également des étudiants de la filière jazz de l’université qui, eux, connaissaient bien sûr le Duke. Il est juste d’ajouter que des musiciens de la région, que je ne citerai pas, crainte d’en oublier, s’étaient aussi donné rendez-vous dans l’amphi et que l’auditoire, attentif, captivé ou surpris, fut d’une sagesse exemplaire.


D’entrée, la conférencière rappelle les rapports étroits que la danse a, de tout temps, entretenus avec le jazz. Elle en est, en quelque sorte, et depuis les origines africaines, consubstantielle. Occasion de noter les différences fondamentales que la danse jazz entretient avec la danse classique, celle-ci  tendue vers le ciel, corps droit, bras levés, pieds se haussant sur la pointe, quand l’autre reste solidement ancrée sur la terre, pieds à plat, corps volontiers courbé vers le sol. Elan ouranien contre forces chtoniennes, Apollon et Dionysos. Une perspective qui mériterait, mieux qu’une ébauche, une analyse fouillée.


Mais tel n’est pas, ici, le propos. Il est de montrer combien la danse reste prégnante dans toute la musique ellingtonienne, depuis les premiers enregistrements jusqu’aux grandes suites de la dernière période, jusqu’aux pièces de musique sacrée. Une démonstration que viennent étayer de nombreux documents, de Dancers in Love à  David Danced Before The Lord, interprété par Benny Briggs, du Cotton Club des Nicholas Brothers au Hamlet extrait de la suite shakespearienne Such Sweet Thunder dansé en 1961 par Maurice Béjart.  Une promenade jalonnée d’extraits de films, parfois fort rares, de tableaux précisant les points d’ancrage chronologiques, d’anecdotes, de citations. – dont celle-ci, d’Ellington lui-même, et qui pourrait servir d’exergue à cet après-midi : « La danse donne du bonheur ».


Ainsi apparaissent toutes les grandes figures qui, au fil des ans, ont transcendé les danses populaires, black bottom ou jitterbug, cake walk, charleston ou lindy hop, précurseurs du hip hop  des années 70, pour les hisser à la dimension d’un art à part entière.  Les vedettes du Cotton Club ou du Savoy Ballroom, Florence Mills, Bill « Bojangles » Robinson à qui Duke dédia une de ses compositions, Richard Pryor Dodge ou Earl « Snake Hips » Tucker, entre bien d’autres, défilent ainsi sur l’écran.


Et aussi les musiciens emblématiques du Duke Ellington Orchestra à ses diverses époques, les Sonny Greer, Bubber Miley, Harry Carney, Barney Bigard, Johnny Hodges, d’autant plus émouvants qu’ils émergent de films portant les stigmates du temps, défraîchis, mal sonorisés. Témoignages trop brefs, instantanés qu’Isabelle Marquis a exhumés des archives. Mieux qu’une simple illustration visuelle et sonore, Ils confèrent à son propos un parfum d’authenticité. Sans parler de la nostalgie d’un temps où le jazz, qui n’avait rien renié de ses racines, conservait une incomparable saveur.


Jacques Aboucaya

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Qui donc prétendait que la décentralisation est un vain mot ? La Maison du Duke, dont les activités parisiennes sont bien connues, vient de démontrer l’inanité de cette assertion en dépêchant à Toulouse une ambassadrice de charme.


Dance To The Duke. Conférence d’Isabelle Marquis

Université de Toulouse 2 Le Mirail, jeudi 27 mars.


Isabelle Marquis était donc invitée le 27, à l’initiative de Ludovic Florin, à prononcer devant les étudiants  toulousains la conférence qu’elle a donnée dernièrement à Paris. Le sujet, Duke Ellington et la danse, avait de quoi séduire. Singulièrement des jeunes gens venus de la danse, peu familiarisés, pour la plupart avec l’histoire du jazz et pour qui Duke demeure une figure certes mythique, un « grand ancêtre », sans qu’ils soient pour autant connaisseurs de son œuvre. S’y ajoutaient également des étudiants de la filière jazz de l’université qui, eux, connaissaient bien sûr le Duke. Il est juste d’ajouter que des musiciens de la région, que je ne citerai pas, crainte d’en oublier, s’étaient aussi donné rendez-vous dans l’amphi et que l’auditoire, attentif, captivé ou surpris, fut d’une sagesse exemplaire.


D’entrée, la conférencière rappelle les rapports étroits que la danse a, de tout temps, entretenus avec le jazz. Elle en est, en quelque sorte, et depuis les origines africaines, consubstantielle. Occasion de noter les différences fondamentales que la danse jazz entretient avec la danse classique, celle-ci  tendue vers le ciel, corps droit, bras levés, pieds se haussant sur la pointe, quand l’autre reste solidement ancrée sur la terre, pieds à plat, corps volontiers courbé vers le sol. Elan ouranien contre forces chtoniennes, Apollon et Dionysos. Une perspective qui mériterait, mieux qu’une ébauche, une analyse fouillée.


Mais tel n’est pas, ici, le propos. Il est de montrer combien la danse reste prégnante dans toute la musique ellingtonienne, depuis les premiers enregistrements jusqu’aux grandes suites de la dernière période, jusqu’aux pièces de musique sacrée. Une démonstration que viennent étayer de nombreux documents, de Dancers in Love à  David Danced Before The Lord, interprété par Benny Briggs, du Cotton Club des Nicholas Brothers au Hamlet extrait de la suite shakespearienne Such Sweet Thunder dansé en 1961 par Maurice Béjart.  Une promenade jalonnée d’extraits de films, parfois fort rares, de tableaux précisant les points d’ancrage chronologiques, d’anecdotes, de citations. – dont celle-ci, d’Ellington lui-même, et qui pourrait servir d’exergue à cet après-midi : « La danse donne du bonheur ».


Ainsi apparaissent toutes les grandes figures qui, au fil des ans, ont transcendé les danses populaires, black bottom ou jitterbug, cake walk, charleston ou lindy hop, précurseurs du hip hop  des années 70, pour les hisser à la dimension d’un art à part entière.  Les vedettes du Cotton Club ou du Savoy Ballroom, Florence Mills, Bill « Bojangles » Robinson à qui Duke dédia une de ses compositions, Richard Pryor Dodge ou Earl « Snake Hips » Tucker, entre bien d’autres, défilent ainsi sur l’écran.


Et aussi les musiciens emblématiques du Duke Ellington Orchestra à ses diverses époques, les Sonny Greer, Bubber Miley, Harry Carney, Barney Bigard, Johnny Hodges, d’autant plus émouvants qu’ils émergent de films portant les stigmates du temps, défraîchis, mal sonorisés. Témoignages trop brefs, instantanés qu’Isabelle Marquis a exhumés des archives. Mieux qu’une simple illustration visuelle et sonore, Ils confèrent à son propos un parfum d’authenticité. Sans parler de la nostalgie d’un temps où le jazz, qui n’avait rien renié de ses racines, conservait une incomparable saveur.


Jacques Aboucaya

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Qui donc prétendait que la décentralisation est un vain mot ? La Maison du Duke, dont les activités parisiennes sont bien connues, vient de démontrer l’inanité de cette assertion en dépêchant à Toulouse une ambassadrice de charme.


Dance To The Duke. Conférence d’Isabelle Marquis

Université de Toulouse 2 Le Mirail, jeudi 27 mars.


Isabelle Marquis était donc invitée le 27, à l’initiative de Ludovic Florin, à prononcer devant les étudiants  toulousains la conférence qu’elle a donnée dernièrement à Paris. Le sujet, Duke Ellington et la danse, avait de quoi séduire. Singulièrement des jeunes gens venus de la danse, peu familiarisés, pour la plupart avec l’histoire du jazz et pour qui Duke demeure une figure certes mythique, un « grand ancêtre », sans qu’ils soient pour autant connaisseurs de son œuvre. S’y ajoutaient également des étudiants de la filière jazz de l’université qui, eux, connaissaient bien sûr le Duke. Il est juste d’ajouter que des musiciens de la région, que je ne citerai pas, crainte d’en oublier, s’étaient aussi donné rendez-vous dans l’amphi et que l’auditoire, attentif, captivé ou surpris, fut d’une sagesse exemplaire.


D’entrée, la conférencière rappelle les rapports étroits que la danse a, de tout temps, entretenus avec le jazz. Elle en est, en quelque sorte, et depuis les origines africaines, consubstantielle. Occasion de noter les différences fondamentales que la danse jazz entretient avec la danse classique, celle-ci  tendue vers le ciel, corps droit, bras levés, pieds se haussant sur la pointe, quand l’autre reste solidement ancrée sur la terre, pieds à plat, corps volontiers courbé vers le sol. Elan ouranien contre forces chtoniennes, Apollon et Dionysos. Une perspective qui mériterait, mieux qu’une ébauche, une analyse fouillée.


Mais tel n’est pas, ici, le propos. Il est de montrer combien la danse reste prégnante dans toute la musique ellingtonienne, depuis les premiers enregistrements jusqu’aux grandes suites de la dernière période, jusqu’aux pièces de musique sacrée. Une démonstration que viennent étayer de nombreux documents, de Dancers in Love à  David Danced Before The Lord, interprété par Benny Briggs, du Cotton Club des Nicholas Brothers au Hamlet extrait de la suite shakespearienne Such Sweet Thunder dansé en 1961 par Maurice Béjart.  Une promenade jalonnée d’extraits de films, parfois fort rares, de tableaux précisant les points d’ancrage chronologiques, d’anecdotes, de citations. – dont celle-ci, d’Ellington lui-même, et qui pourrait servir d’exergue à cet après-midi : « La danse donne du bonheur ».


Ainsi apparaissent toutes les grandes figures qui, au fil des ans, ont transcendé les danses populaires, black bottom ou jitterbug, cake walk, charleston ou lindy hop, précurseurs du hip hop  des années 70, pour les hisser à la dimension d’un art à part entière.  Les vedettes du Cotton Club ou du Savoy Ballroom, Florence Mills, Bill « Bojangles » Robinson à qui Duke dédia une de ses compositions, Richard Pryor Dodge ou Earl « Snake Hips » Tucker, entre bien d’autres, défilent ainsi sur l’écran.


Et aussi les musiciens emblématiques du Duke Ellington Orchestra à ses diverses époques, les Sonny Greer, Bubber Miley, Harry Carney, Barney Bigard, Johnny Hodges, d’autant plus émouvants qu’ils émergent de films portant les stigmates du temps, défraîchis, mal sonorisés. Témoignages trop brefs, instantanés qu’Isabelle Marquis a exhumés des archives. Mieux qu’une simple illustration visuelle et sonore, Ils confèrent à son propos un parfum d’authenticité. Sans parler de la nostalgie d’un temps où le jazz, qui n’avait rien renié de ses racines, conservait une incomparable saveur.


Jacques Aboucaya