Jazz live
Publié le 8 Sep 2023

L’Arbre Rouge & Hughes Mayot à l’Atelier du Plateau

Un nouveau répertoire du quintette, qui a évolué depuis le disque enregistré en 2017 en Bourgogne, et publié en 2019 en Hongrie par BMC. Autre changement : exeunt les frères Ceccaldi, introeunt Clément Janinet et Bruno Ducret. Je suis allé écouter le groupe à l’Atelier du Plateau, dans le cadre des concerts ‘Under The Radar’ de ‘Jazz à la Villette’. Cela fait plusieurs années que mes pas dans ce festival me conduisent exclusivement vers cette programmation qui présente des ‘artistes-explorateurs’ selon la formule du programme. Serais-je devenu sectaire? Allez savoir….

La raison en est que, peut-être, les concerts des grandes salles me motivent surtout par leurs premières parties. Voir dans une colonne voisine (ici) le compte-rendu enthousiaste de l’Ami Bergerot qui délaissa une seconde partie pour aller surveiller le gigot de sept heures d’un dîner amical.

L’ARBRE ROUGE

Hugues Mayot (saxophone ténor, clarinette, composition), Sophie Bernado (basson, voix), Clément Janinet (violon, voix), Bruno Ducret (violoncelle, voix), Joachim Florent (contrebasse, voix)

Paris, Atelier du Plateau, 7 septembre 2023, 20h

Cette nouvelle mouture du groupe a déjà quelques concerts au compteur : à Marciac fin 2022 en résidence, puis au festival 2023, et tout récemment au festival Jazz Campus de Cluny. D’ailleurs la chaleureuse évocation par l’Amie Sophie Chambon, dans ces colonnes, fut un nouvel aiguillon à ma curiosité d’amateur. L’intention de ce nouveau programme est d’évoquer le rituel. Au sens pluriel, manifestement. Rituel de nature culturelle, qui ne se confine dans aucune religiosité. Rituel d’une humanité qui se décline en de multiples traditions, sans qu’il soit question d’enfermement dans la spiritualité d’une quelconque obédience. Quand le concert commence, Hugues Mayot est au sax ténor, et l’atmosphère intense et recueillie me transporte dans des souvenirs d’amateur chenu (bientôt cacochyme?). La lente procession chorale me fait vibrer comme naguère le Coltrane de Love Supreme, ou le Pharoah Sanders de la même époque. Mais la libre intensité qui se dégage du groupe, et ses incartades assumées, me dissuadent de toute nostalgie. C’est ici et maintenant, une musique qui traverse tous les horizons, du trio à cordes aux complots d’anches qui prennent le pouvoir avant de remettre la balle en jeu. Et nous allons naviguer une bonne heure durant entre les continents, les traditions, les esthétiques. De la musique de chambre aux répétitifs en passant par un souffle celtique ou un désir d’Afrique. Et de ces parties amoureusement écrites surgissent des pépites d’improvisation, des trésors d’éloquence, individuelle ou collective. Le dernier morceau du programme va nous conduire vers une sorte de prière profane. Le sax ténor s’affirme et s’embrasse tandis que les autres membres du groupe tissent un écrin vocal. L’esprit du gospel plane sur cet instant privilégié. Le public est aussi enthousiaste que le chroniqueur, et malgré la chaleur presque insoutenable, le groupe nous offre en rappel une musique qui, une fois encore, va conjuguer de multiples traditions avec une effervescence et une liberté paroxystiques. Quelle soirée mes Ami.e.s. : l’Arbre Rouge est chauffé à blanc

texte et photos de Xavier Prévost