Jazz live
Publié le 19 Mar 2013

Lubat-Luc, le grand truc improvisé à Uzeste

« Est-ce que Lubat va venir me rejoindre sur scène ou dois-je continuer seul ? » Sylvain Luc a débuté le concert par des thèmes abordés en solo. Et puisqu’il n’obtient pas de réponse immédiate, le guitariste embraye sur un morceau de plus traité en solo. Pas n’importe lequel d’ailleurs : à la première mesure le public de l’Estaminet a reconnu la mélodie de Jeux Interdits égrenée note à note comme de juste. Sauf qu’à la fin de son exposition arpégée, Sylvain Luc laisse déraper la tonalité, bouscule la métrique et glisse successivement vers un mode funk, puis guitare gipsy voire enfin dans un un subtil soulignement atonal. On garde bien sur à l’oreille la mélodie la plus connue du monde (guitaristique) tous horizons confondus. Mais dans son défi mi-je mi-jeu, le guitariste bayonnais en a fait sa chose. Qui s’étonnera qu’en terre lubatienne l’original s’impose à l’originel ?

Bernard Lubat (p, dm), Sylvain Luc (g, guitares préparées)

Théâtre Amusicien’Estaminet, Uzeste (33), 17 mars

 

Etonnant ce duo, à tous les sens du terme. Par le parcours connu des deux protagonistes ? Certes. Par la différence générationnelle ? Peut-être. Par le seul ressort explicitement exposé et assumé dans ce défi, l’improvisation ? Sans doute. Par le résultat en terme de contenu musical ? Oui, bien sur. Mais bon, le vrai sujet d’étonnement se situe dans le commentaire de chacun d’ente eux, livré in petto à la descente de l‘estrade. Tels deux boxeurs ayant quitté le ring après en avoir enjambé les cordes. Encore pris dans l’enjeu, toujours soumis à une certaine tension post opératoire. Et pas si sur du résultat finalement. Bernard Lubat: « Sylvain lui, à l’inverse de beaucoup d’autres, au bout d’une longue séquence de passes croisées et prises d’intervalles rythmiques, il est toujours là à tes côtés. Jamais largué. Mieux, il te relance s’il faut le diable !» Sylvain Luc: « Avec Bernard tu n’as pas besoin de te poser la question habituelle dans le face à face d’un duo : quand faut-il que je prenne le pouvoir  pour m’en sortir vraiment.? C’est simple : il joue, tu joues, point » Piano-guitare tel est l’affichage lors de la première séquence. Lubat la joue rythmique dès le départ, enchainant accords, clusters, plutôt livrés en ruptures comme pour poser des balises rythmiques « Notre échange, je le sais maintenant se joue sur ce terrain du rythme. C’est bien dans ce domaine qu’entre nous se fait le partage, que se noue l’échange » Sylvain Luc ne se catonne pas pour autant sur ce seul territoire. Il place des notes, construit un fonds mélodique, argumente par l’harmonie. A Uzeste, Bernard Lubat avait inscrit cette maxime au fronton de la basilique du village « Jouissons du territoire des soli sauvages » Le guitariste, son invité du jour (de la veille aussi, en duo dans ce même lieu, et même de l’avant-veille à l’occasion d’un concert donné en trio avec Michel Portal, à Bordeaux, à l’occasion de la mise en service du nouveau pont « à tablier levant », baptisé Chaban-Delmas, construit sur la Garonne et inauguré par le Président de la République him self ) applique son credo « Tu peux jouer free, enfin libre plutôt sur quelque chose de consonnant, d’abouti. C’est le vrai bon pari à la différence d’un free lâché désincarné » A vrai dire, au-delà d’un simple télescopage, les lignes instrumentales se rejoignent, se croisent, se titillent mais s’épaulent in fine dans le cadre du duo. En ce dimanche après midi froid et pluvieux la musique se cherche, se trouve, développe ses formes et ses couleurs.Lubat, pianiste se régale aussi de phrases sources de mélodie. Luc le guitariste renverse les rôles et les accords. A Uzeste  l’on peut alors à ce moment précis parler de construction aboutie lorsque se matérialise le pont élaboré naturellement  entre les deux musiciens. Et quelque soit leur pratique, puisqu’aussi bien dans la séquence finale, guitare-batterie, Bernard Lubat multiplie, densifie les formules rythmiques. Pourtant dans son bal de baguettes dansantes, d’accélérations soudaines ou décélérations calculées il n’oublie pas pour autant de flatter les notes faites à partir de peaux et de cuivre. D’une partition de frappes et roulements, le batteur du crû en fait un chant. Sur ses cordes, le guitariste abreuvé à la même source -« Sylvain comme moi avons été nourris à la mamelle du bal, nous nous inscrivons donc bien tous deux dans la danse des fidèles du faire danser… »- lui fait le coup des graves égrenées en mode basse puis d’accords grattés fort, vite et clair dans le registre medium-aigu. Au titre de ces phrases conjuguées par deux fortes personnalités à grand renfort de complément d’objet musical direct, on attend avec impatience de pouvoir écouter l’enregistrement réalisé en cette occasion pour le compte des productions estampillées Uzeste Musical. Et qui devrait se compléter d’une expérience du même type à venir, toujours en duo, avec Portal 

A noter également un autre opus à paraître un jour ou l’autre sur un support CD : le travail très singulier exposé parSylvain Luc en première partie de ce concert donné dans la salle « familiale » transmise de père en fils chez les Lubat. Sur une guitare, en solo ou en appui de guitares « préparées » par es soins le guitariste bayonnais construit live un univers de trames harmoniques et rythmiques assez complexes. Il les panache d’effets sonores ajoutant couleurs et relief à plus ou moins haute dose. Résultat une musique ni jazz, ni rock, ni world, ni folk, pas forcément écrite ni tout à fait improvisée,… mais un peu tout ça à la fois. Dans tous les cas ce nouveau projet a visiblement été pensé à l’avance. Et, question risque, elle s’affiche plutôt bien maîtrisée. A découvrir.

 

Robert Latxague

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« Est-ce que Lubat va venir me rejoindre sur scène ou dois-je continuer seul ? » Sylvain Luc a débuté le concert par des thèmes abordés en solo. Et puisqu’il n’obtient pas de réponse immédiate, le guitariste embraye sur un morceau de plus traité en solo. Pas n’importe lequel d’ailleurs : à la première mesure le public de l’Estaminet a reconnu la mélodie de Jeux Interdits égrenée note à note comme de juste. Sauf qu’à la fin de son exposition arpégée, Sylvain Luc laisse déraper la tonalité, bouscule la métrique et glisse successivement vers un mode funk, puis guitare gipsy voire enfin dans un un subtil soulignement atonal. On garde bien sur à l’oreille la mélodie la plus connue du monde (guitaristique) tous horizons confondus. Mais dans son défi mi-je mi-jeu, le guitariste bayonnais en a fait sa chose. Qui s’étonnera qu’en terre lubatienne l’original s’impose à l’originel ?

Bernard Lubat (p, dm), Sylvain Luc (g, guitares préparées)

Théâtre Amusicien’Estaminet, Uzeste (33), 17 mars

 

Etonnant ce duo, à tous les sens du terme. Par le parcours connu des deux protagonistes ? Certes. Par la différence générationnelle ? Peut-être. Par le seul ressort explicitement exposé et assumé dans ce défi, l’improvisation ? Sans doute. Par le résultat en terme de contenu musical ? Oui, bien sur. Mais bon, le vrai sujet d’étonnement se situe dans le commentaire de chacun d’ente eux, livré in petto à la descente de l‘estrade. Tels deux boxeurs ayant quitté le ring après en avoir enjambé les cordes. Encore pris dans l’enjeu, toujours soumis à une certaine tension post opératoire. Et pas si sur du résultat finalement. Bernard Lubat: « Sylvain lui, à l’inverse de beaucoup d’autres, au bout d’une longue séquence de passes croisées et prises d’intervalles rythmiques, il est toujours là à tes côtés. Jamais largué. Mieux, il te relance s’il faut le diable !» Sylvain Luc: « Avec Bernard tu n’as pas besoin de te poser la question habituelle dans le face à face d’un duo : quand faut-il que je prenne le pouvoir  pour m’en sortir vraiment.? C’est simple : il joue, tu joues, point » Piano-guitare tel est l’affichage lors de la première séquence. Lubat la joue rythmique dès le départ, enchainant accords, clusters, plutôt livrés en ruptures comme pour poser des balises rythmiques « Notre échange, je le sais maintenant se joue sur ce terrain du rythme. C’est bien dans ce domaine qu’entre nous se fait le partage, que se noue l’échange » Sylvain Luc ne se catonne pas pour autant sur ce seul territoire. Il place des notes, construit un fonds mélodique, argumente par l’harmonie. A Uzeste, Bernard Lubat avait inscrit cette maxime au fronton de la basilique du village « Jouissons du territoire des soli sauvages » Le guitariste, son invité du jour (de la veille aussi, en duo dans ce même lieu, et même de l’avant-veille à l’occasion d’un concert donné en trio avec Michel Portal, à Bordeaux, à l’occasion de la mise en service du nouveau pont « à tablier levant », baptisé Chaban-Delmas, construit sur la Garonne et inauguré par le Président de la République him self ) applique son credo « Tu peux jouer free, enfin libre plutôt sur quelque chose de consonnant, d’abouti. C’est le vrai bon pari à la différence d’un free lâché désincarné » A vrai dire, au-delà d’un simple télescopage, les lignes instrumentales se rejoignent, se croisent, se titillent mais s’épaulent in fine dans le cadre du duo. En ce dimanche après midi froid et pluvieux la musique se cherche, se trouve, développe ses formes et ses couleurs.Lubat, pianiste se régale aussi de phrases sources de mélodie. Luc le guitariste renverse les rôles et les accords. A Uzeste  l’on peut alors à ce moment précis parler de construction aboutie lorsque se matérialise le pont élaboré naturellement  entre les deux musiciens. Et quelque soit leur pratique, puisqu’aussi bien dans la séquence finale, guitare-batterie, Bernard Lubat multiplie, densifie les formules rythmiques. Pourtant dans son bal de baguettes dansantes, d’accélérations soudaines ou décélérations calculées il n’oublie pas pour autant de flatter les notes faites à partir de peaux et de cuivre. D’une partition de frappes et roulements, le batteur du crû en fait un chant. Sur ses cordes, le guitariste abreuvé à la même source -« Sylvain comme moi avons été nourris à la mamelle du bal, nous nous inscrivons donc bien tous deux dans la danse des fidèles du faire danser… »- lui fait le coup des graves égrenées en mode basse puis d’accords grattés fort, vite et clair dans le registre medium-aigu. Au titre de ces phrases conjuguées par deux fortes personnalités à grand renfort de complément d’objet musical direct, on attend avec impatience de pouvoir écouter l’enregistrement réalisé en cette occasion pour le compte des productions estampillées Uzeste Musical. Et qui devrait se compléter d’une expérience du même type à venir, toujours en duo, avec Portal 

A noter également un autre opus à paraître un jour ou l’autre sur un support CD : le travail très singulier exposé parSylvain Luc en première partie de ce concert donné dans la salle « familiale » transmise de père en fils chez les Lubat. Sur une guitare, en solo ou en appui de guitares « préparées » par es soins le guitariste bayonnais construit live un univers de trames harmoniques et rythmiques assez complexes. Il les panache d’effets sonores ajoutant couleurs et relief à plus ou moins haute dose. Résultat une musique ni jazz, ni rock, ni world, ni folk, pas forcément écrite ni tout à fait improvisée,… mais un peu tout ça à la fois. Dans tous les cas ce nouveau projet a visiblement été pensé à l’avance. Et, question risque, elle s’affiche plutôt bien maîtrisée. A découvrir.

 

Robert Latxague

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« Est-ce que Lubat va venir me rejoindre sur scène ou dois-je continuer seul ? » Sylvain Luc a débuté le concert par des thèmes abordés en solo. Et puisqu’il n’obtient pas de réponse immédiate, le guitariste embraye sur un morceau de plus traité en solo. Pas n’importe lequel d’ailleurs : à la première mesure le public de l’Estaminet a reconnu la mélodie de Jeux Interdits égrenée note à note comme de juste. Sauf qu’à la fin de son exposition arpégée, Sylvain Luc laisse déraper la tonalité, bouscule la métrique et glisse successivement vers un mode funk, puis guitare gipsy voire enfin dans un un subtil soulignement atonal. On garde bien sur à l’oreille la mélodie la plus connue du monde (guitaristique) tous horizons confondus. Mais dans son défi mi-je mi-jeu, le guitariste bayonnais en a fait sa chose. Qui s’étonnera qu’en terre lubatienne l’original s’impose à l’originel ?

Bernard Lubat (p, dm), Sylvain Luc (g, guitares préparées)

Théâtre Amusicien’Estaminet, Uzeste (33), 17 mars

 

Etonnant ce duo, à tous les sens du terme. Par le parcours connu des deux protagonistes ? Certes. Par la différence générationnelle ? Peut-être. Par le seul ressort explicitement exposé et assumé dans ce défi, l’improvisation ? Sans doute. Par le résultat en terme de contenu musical ? Oui, bien sur. Mais bon, le vrai sujet d’étonnement se situe dans le commentaire de chacun d’ente eux, livré in petto à la descente de l‘estrade. Tels deux boxeurs ayant quitté le ring après en avoir enjambé les cordes. Encore pris dans l’enjeu, toujours soumis à une certaine tension post opératoire. Et pas si sur du résultat finalement. Bernard Lubat: « Sylvain lui, à l’inverse de beaucoup d’autres, au bout d’une longue séquence de passes croisées et prises d’intervalles rythmiques, il est toujours là à tes côtés. Jamais largué. Mieux, il te relance s’il faut le diable !» Sylvain Luc: « Avec Bernard tu n’as pas besoin de te poser la question habituelle dans le face à face d’un duo : quand faut-il que je prenne le pouvoir  pour m’en sortir vraiment.? C’est simple : il joue, tu joues, point » Piano-guitare tel est l’affichage lors de la première séquence. Lubat la joue rythmique dès le départ, enchainant accords, clusters, plutôt livrés en ruptures comme pour poser des balises rythmiques « Notre échange, je le sais maintenant se joue sur ce terrain du rythme. C’est bien dans ce domaine qu’entre nous se fait le partage, que se noue l’échange » Sylvain Luc ne se catonne pas pour autant sur ce seul territoire. Il place des notes, construit un fonds mélodique, argumente par l’harmonie. A Uzeste, Bernard Lubat avait inscrit cette maxime au fronton de la basilique du village « Jouissons du territoire des soli sauvages » Le guitariste, son invité du jour (de la veille aussi, en duo dans ce même lieu, et même de l’avant-veille à l’occasion d’un concert donné en trio avec Michel Portal, à Bordeaux, à l’occasion de la mise en service du nouveau pont « à tablier levant », baptisé Chaban-Delmas, construit sur la Garonne et inauguré par le Président de la République him self ) applique son credo « Tu peux jouer free, enfin libre plutôt sur quelque chose de consonnant, d’abouti. C’est le vrai bon pari à la différence d’un free lâché désincarné » A vrai dire, au-delà d’un simple télescopage, les lignes instrumentales se rejoignent, se croisent, se titillent mais s’épaulent in fine dans le cadre du duo. En ce dimanche après midi froid et pluvieux la musique se cherche, se trouve, développe ses formes et ses couleurs.Lubat, pianiste se régale aussi de phrases sources de mélodie. Luc le guitariste renverse les rôles et les accords. A Uzeste  l’on peut alors à ce moment précis parler de construction aboutie lorsque se matérialise le pont élaboré naturellement  entre les deux musiciens. Et quelque soit leur pratique, puisqu’aussi bien dans la séquence finale, guitare-batterie, Bernard Lubat multiplie, densifie les formules rythmiques. Pourtant dans son bal de baguettes dansantes, d’accélérations soudaines ou décélérations calculées il n’oublie pas pour autant de flatter les notes faites à partir de peaux et de cuivre. D’une partition de frappes et roulements, le batteur du crû en fait un chant. Sur ses cordes, le guitariste abreuvé à la même source -« Sylvain comme moi avons été nourris à la mamelle du bal, nous nous inscrivons donc bien tous deux dans la danse des fidèles du faire danser… »- lui fait le coup des graves égrenées en mode basse puis d’accords grattés fort, vite et clair dans le registre medium-aigu. Au titre de ces phrases conjuguées par deux fortes personnalités à grand renfort de complément d’objet musical direct, on attend avec impatience de pouvoir écouter l’enregistrement réalisé en cette occasion pour le compte des productions estampillées Uzeste Musical. Et qui devrait se compléter d’une expérience du même type à venir, toujours en duo, avec Portal 

A noter également un autre opus à paraître un jour ou l’autre sur un support CD : le travail très singulier exposé parSylvain Luc en première partie de ce concert donné dans la salle « familiale » transmise de père en fils chez les Lubat. Sur une guitare, en solo ou en appui de guitares « préparées » par es soins le guitariste bayonnais construit live un univers de trames harmoniques et rythmiques assez complexes. Il les panache d’effets sonores ajoutant couleurs et relief à plus ou moins haute dose. Résultat une musique ni jazz, ni rock, ni world, ni folk, pas forcément écrite ni tout à fait improvisée,… mais un peu tout ça à la fois. Dans tous les cas ce nouveau projet a visiblement été pensé à l’avance. Et, question risque, elle s’affiche plutôt bien maîtrisée. A découvrir.

 

Robert Latxague

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« Est-ce que Lubat va venir me rejoindre sur scène ou dois-je continuer seul ? » Sylvain Luc a débuté le concert par des thèmes abordés en solo. Et puisqu’il n’obtient pas de réponse immédiate, le guitariste embraye sur un morceau de plus traité en solo. Pas n’importe lequel d’ailleurs : à la première mesure le public de l’Estaminet a reconnu la mélodie de Jeux Interdits égrenée note à note comme de juste. Sauf qu’à la fin de son exposition arpégée, Sylvain Luc laisse déraper la tonalité, bouscule la métrique et glisse successivement vers un mode funk, puis guitare gipsy voire enfin dans un un subtil soulignement atonal. On garde bien sur à l’oreille la mélodie la plus connue du monde (guitaristique) tous horizons confondus. Mais dans son défi mi-je mi-jeu, le guitariste bayonnais en a fait sa chose. Qui s’étonnera qu’en terre lubatienne l’original s’impose à l’originel ?

Bernard Lubat (p, dm), Sylvain Luc (g, guitares préparées)

Théâtre Amusicien’Estaminet, Uzeste (33), 17 mars

 

Etonnant ce duo, à tous les sens du terme. Par le parcours connu des deux protagonistes ? Certes. Par la différence générationnelle ? Peut-être. Par le seul ressort explicitement exposé et assumé dans ce défi, l’improvisation ? Sans doute. Par le résultat en terme de contenu musical ? Oui, bien sur. Mais bon, le vrai sujet d’étonnement se situe dans le commentaire de chacun d’ente eux, livré in petto à la descente de l‘estrade. Tels deux boxeurs ayant quitté le ring après en avoir enjambé les cordes. Encore pris dans l’enjeu, toujours soumis à une certaine tension post opératoire. Et pas si sur du résultat finalement. Bernard Lubat: « Sylvain lui, à l’inverse de beaucoup d’autres, au bout d’une longue séquence de passes croisées et prises d’intervalles rythmiques, il est toujours là à tes côtés. Jamais largué. Mieux, il te relance s’il faut le diable !» Sylvain Luc: « Avec Bernard tu n’as pas besoin de te poser la question habituelle dans le face à face d’un duo : quand faut-il que je prenne le pouvoir  pour m’en sortir vraiment.? C’est simple : il joue, tu joues, point » Piano-guitare tel est l’affichage lors de la première séquence. Lubat la joue rythmique dès le départ, enchainant accords, clusters, plutôt livrés en ruptures comme pour poser des balises rythmiques « Notre échange, je le sais maintenant se joue sur ce terrain du rythme. C’est bien dans ce domaine qu’entre nous se fait le partage, que se noue l’échange » Sylvain Luc ne se catonne pas pour autant sur ce seul territoire. Il place des notes, construit un fonds mélodique, argumente par l’harmonie. A Uzeste, Bernard Lubat avait inscrit cette maxime au fronton de la basilique du village « Jouissons du territoire des soli sauvages » Le guitariste, son invité du jour (de la veille aussi, en duo dans ce même lieu, et même de l’avant-veille à l’occasion d’un concert donné en trio avec Michel Portal, à Bordeaux, à l’occasion de la mise en service du nouveau pont « à tablier levant », baptisé Chaban-Delmas, construit sur la Garonne et inauguré par le Président de la République him self ) applique son credo « Tu peux jouer free, enfin libre plutôt sur quelque chose de consonnant, d’abouti. C’est le vrai bon pari à la différence d’un free lâché désincarné » A vrai dire, au-delà d’un simple télescopage, les lignes instrumentales se rejoignent, se croisent, se titillent mais s’épaulent in fine dans le cadre du duo. En ce dimanche après midi froid et pluvieux la musique se cherche, se trouve, développe ses formes et ses couleurs.Lubat, pianiste se régale aussi de phrases sources de mélodie. Luc le guitariste renverse les rôles et les accords. A Uzeste  l’on peut alors à ce moment précis parler de construction aboutie lorsque se matérialise le pont élaboré naturellement  entre les deux musiciens. Et quelque soit leur pratique, puisqu’aussi bien dans la séquence finale, guitare-batterie, Bernard Lubat multiplie, densifie les formules rythmiques. Pourtant dans son bal de baguettes dansantes, d’accélérations soudaines ou décélérations calculées il n’oublie pas pour autant de flatter les notes faites à partir de peaux et de cuivre. D’une partition de frappes et roulements, le batteur du crû en fait un chant. Sur ses cordes, le guitariste abreuvé à la même source -« Sylvain comme moi avons été nourris à la mamelle du bal, nous nous inscrivons donc bien tous deux dans la danse des fidèles du faire danser… »- lui fait le coup des graves égrenées en mode basse puis d’accords grattés fort, vite et clair dans le registre medium-aigu. Au titre de ces phrases conjuguées par deux fortes personnalités à grand renfort de complément d’objet musical direct, on attend avec impatience de pouvoir écouter l’enregistrement réalisé en cette occasion pour le compte des productions estampillées Uzeste Musical. Et qui devrait se compléter d’une expérience du même type à venir, toujours en duo, avec Portal 

A noter également un autre opus à paraître un jour ou l’autre sur un support CD : le travail très singulier exposé parSylvain Luc en première partie de ce concert donné dans la salle « familiale » transmise de père en fils chez les Lubat. Sur une guitare, en solo ou en appui de guitares « préparées » par es soins le guitariste bayonnais construit live un univers de trames harmoniques et rythmiques assez complexes. Il les panache d’effets sonores ajoutant couleurs et relief à plus ou moins haute dose. Résultat une musique ni jazz, ni rock, ni world, ni folk, pas forcément écrite ni tout à fait improvisée,… mais un peu tout ça à la fois. Dans tous les cas ce nouveau projet a visiblement été pensé à l’avance. Et, question risque, elle s’affiche plutôt bien maîtrisée. A découvrir.

 

Robert Latxague