Jazz live
Publié le 10 Oct 2023

Magma

Salle Pleyel –  8 octobre 2023

« Une Histoire de Mëkanïk »

Pleyel en Eruption

Afin de célébrer dignement les 50 ans de la création du colossal « Mekanïk Destruktïw Kömmandöh », Magma a investi pendant deux soirs la Salle Pleyel dans une version en cinémascope : Un Magma XXL composé de 16 musiciens !

L’ossature du groupe est composée de cinq instrumentistes : Christian Vander à la batterie, Simon Goubert au piano, Thierry Eliez au Fender Rhodes (et aussi vocaliste), Jimmy Top (fils de Jannick Top) à la basse et Rudy Blas à la guitare. Sur cette solide base, viennent se greffer six vocalistes, les deux leaders : Hervé Aknin et Stella Vander et quatre choristes femmes : Isabelle Feuillebois, Caroline Indjein, Sylvie Fisichella et Laura Garatto. Enfin pour créer une nouvelle lecture sonore et extra large de « Mekanïk », Christian Vander a ajouté une section de cinq cuivres : deux trompettes : Quentin Ghomari et Sylvain Bardiau, deux trombones : Mathias Malher et Didier Havet et un saxophoniste : Rémi Dumoulin.

(Photo : Lionel Eskenazi)

La première partie du concert, totalement acoustique, revenait aux prémices de « Mekanïk » avec la présence de deux pianos à queues, joués par Simon Goubert et Christian Vander et les mêmes six vocalistes augmenté de Thierry Eliez. Une version très épurée du chef d’œuvre de Christian Vander et proche dans l’esprit, des fameuses « Noces » d’Igor Stravinsky. On espère que cette version inédite, époustouflante et parfaitement maitrisée fût enregistrée, car Magma y était à  un sommet de perfection tout à fait impressionnant. Ce « Mekanïk » acoustique mérite d’être immortalisé à jamais, afin de pouvoir le réécouter à l’infini. Cette version singulière et réjouissante justifiait déjà à elle seule le déplacement, comme quoi le minimalisme peut se transformer en maximalisme !

Mais Magma ne finira jamais de nous étonner en nous proposant en deuxième partie le groupe complet et électrifié, afin d’enchaîner les trois mouvements de « Theusz Hamttaahk », soit « Theusz Hamttaahk », « Wurdah Ïtah » (écrit à l’origine pour le film « Tristan & Iseult ») et bien sûr « Mekanïk Destruktïw Kömmandöh ».

(Photo : Lionel Eskenazi)

Depuis 1975, j’ai dû voir Magma sur scène une bonne vingtaine de fois et jamais ils n’ont été aussi bons, aussi efficaces et aussi inspirés que lors de ce concert ! La formation – qui a beaucoup tourné ces dernières années- est exemplaire, parfaitement au point et produit une musique d’un très haut niveau autour d’une énergie particulièrement explosive. Les vocalistes sont stupéfiants et nous sommes très admiratifs devant la voix intacte et toujours aussi cristalline et puissante de Stella Vander. Le jeu du guitariste Rudy Blas est particulièrement excitant et quand il joue à l’unisson avec la voix de Stella Vander, ça fonctionne admirablement bien. Le bassiste, Jimmy Top est le digne héritier de son père et il n’a franchement rien à lui envier. Simon Goubert et Thierry Eliez mélangent leur sonorité de clavier dans une parfaite harmonie et Christian Vander en tant que batteur est toujours aussi impressionnant.

Pour les deux premiers mouvements de « Theusz Hamttaahk », le groupe jouait à 11 (cinq musiciens et six vocalistes) et pour le troisième mouvement « Mekanïk », l’ajout des cinq soufflants fût déterminant avec des arrangements fort pertinents écrits pour eux. Le public de la Salle Pleyel, composé en grande partie de fans de la première heure, était conquis et sidéré de voir son groupe préféré au sommet après 54 ans d’existence. Décidément Magma n’est vraiment pas un groupe comme les autres, il se bonifie avec le temps et le volcan n’est pas près de s’éteindre !

Lionel Eskenazi.