Jazz live
Publié le 18 Août 2025

Malguénac, 1er soir ce jeudi 21 août

Le festival de Malguénac ouvre ses portes. Moins un festival de “jazz mais pas que” qu’un festival “avec aussi de jazz”.

Il fut imaginé en 1998 par de jeunes gens fans de rock, de jazz et de musiques du Monde, dans un petit village du Kreiz Breizh (Centre Bretagne), au nord du Morbihan, dans une région tout à la fois fière de son enracinement et de son ouverture. Loin du gigantisme des Vieilles Charrues et du Festival interceltique de Lorient, loin des conventions traditionnalistes et de la grande variété, loin des “Jazz festival” qui usurpent ce label, leur Association Polyculture imagine chaque année, selon un équilibre oscillant, une programmation qui s’est d’abord intitulée “Arts des villes, Arts des champs”, puis sous-titrée “Jazz et alentours”, l’un et l’autre de ces labels se disputant la meilleure visibilité sur l’affiche d’une année sur l’autre, l’exercice d’équilibre se jouant aussi entre scène locale (richissime et peu ou mal exportée au-delà de la région bretonne), scènes nationale et internationale. Le jazz y a toujours eu sa place, plus ou moins grande d’une années sur l’autre, et j’ai souvenir d’y avoir entendu de grands moments de jazz contemporain, du quartette d’Hélène Labarrière au duo Chris Potter / Air Hoenig, du groupe de Brian Blade au duo Sophia Domancich / Simon Goubert, du Wayne Krantz Trio au Killing Popes d’Oli Steidle, avec quelques-uns de ces métissages que les Bretons savent tirer du jazz pour faire vivre leurs musiques de terroir (Jacky Molard, Jacques Pellen, Charka, etc.)

Cette année, ce jeudi 21 août à 19h30, on se décrassera les oreilles avec [Na], dans le cadre d’un partenariat avec Jazz Migrations (dispositif d’aide aux formations émergentes), un trio guitare baryton (Raphaël Szöllösy) / saxophone (Rémi Psaume) / batterie (Selma Namata Doyen), une énergie qui renvoie à la no-wave new-yorkaise du tournant des années 1980 et à la poétique free de l’AACM telle qu’elle a évolué en se perpétuant dans le 21e siècle.
À 20h30, une chanteuse de jazz, une vraie, interprète, improvisatrice (scat), ancrée dans la tradition qu’elle actualise par son engagement, Christie Dashiell que Malguénac sait saisir en pleine ascension (à ma connaissance seule date française de l’été après sa prestation au North Sea Jazz Festival) : Choc du numéro de Jazz Magazine actuellement en kiosque pour son album cosigné avec Terri Lyne Carrington “We Insist, 2025” (référence au “protest album” de Max Roach de 1960). À ses côtés pour Malguénac, une très belle équipe : Tony Tixier (piano), Reggie Washington (contrebasse) et Yoran Vroom (batterie).
À 22h15, prix Django Reinhardt 2023 de l’Académie du jazz et meilleur pianiste de l’année 2024 pour les journaux Jazz Magazine et Jazz News : la pianiste antillais Grégory Privat avec une rythmique en or, c’est-à-dire Chris Jennings (contrebasse) et Tilo Bertholo (batterie, électronique).
Et pour finir la nuit, à 23h45 : après le trio [Na] nous aurons le quartette Ni : du gros son bien méchant, mais avec des propositions rythmiques qui devraient me convaincre de mettre ces bouchons d’oreille que j’exècre. Soit : Anthony Béard, François Mignot (guitare) Benoît Lecomte (basse), Nicolas Bernollin (batterie). Entre Wayne Krantz et Meshuggah peut-être ?
Franck Bergerot (À suivre)