Malguénac 3ème soir, place à la voix

Ouvert demain soir, 21 août à 19h30, le festival de Malguénac se concluera ce samedi 23 août avec un programmation chantée polyculturelle, poly-énergétique, de la Bretagne contemporaine de Kaolila au vaudou haïtien de Moonlight Benjamin, en passant par le poète-guitariste Dick Annegarn qui avait dû annulé l’an dernier.
À 19h30 : découvert à Malguénac en 2023, Kaolila revient avec le programme de son disque « Pilhoù » (chiffons), trois chanteuses-percussionnistes bretonnantes (Marion Guenn, Katell Kloareg et, également bassiste, Faustine Audebert), une violoneuse dont on ne sait trop dire si elle a grandi en Irlande, dans les Appalaches ou en pays cajun (Nicola Hayes) et un guitariste à l’occasion chanteur, clairement “americana” (Doniphan Laporte). Pas vraiment jazz, mais d’une joie, d’une violence et d’une tendresse suffisamment puissantes pour que je m’y attarde dans mon compte rendu d’août 2023.
À 20h30 : Dick Annegarn, on ne le présente plus… j’espère. Je me souviens d’un beau soir de 1972 ou 1973, sur la scène de la Salle des fêtes du Pecq. Dans une de ces folk sessions ou hootenanies qui fleurissaient tout au long d’une voie imaginaire coupant les méandres de la Seine entre Chatou et Verneuil. On y accueillait les “stars” de l’American Center, du TMS (Traditional Mountain Sound) et du Bourdon, du blues avec Bill Deraime, de l’Old Time Music et de l’irlandais avec René Werner et Gabriel Yacoub, du bluegrass avec le Fifteen String Band, du cajun avec Roger Mason… et nos stars locales: les frères Vercambre (François et Laurent), Denis Gasser, Henri Tournier et j’en oublie. Ce soir-là, j’en étais, au violon d’un quartette “irlando-appalachien”, le Réveil harmonique catovien. Puis est apparue la vedette destinée à conclure la soirée, un guitariste, chanteur et compositeur encore inconnu. Presque un intrus! Coiffé d’une brassée de paille, à la voix boudeuse et renfrognée, à l’accent étrange dont les paroles françaises avaient quelque chose de Lewis Carroll, chantées d’un accent non identifiable, guitare progressivefolkbluesyjazz hors norme. Il nous avait littéralement estomaqué. Lorsque son premier disque parut, chroniqué dans Télérama, il fit l’objet d’une lettre de protestation dans le courrier des lecteurs, qui dénonçait le n’importe quoi et l’inélégance. Mon sang n’avait fait qu’un tour et j’avais répliqué par un courrier surement très bavard, comme toujours, mais dont un extrait fut publié en avril 1974. Très vite, Télérama me fit suivre une lettre du rédacteur en chef d’une nouvelle et éphémère revue intitulée Chanson. Je m’en veux d’avoir oublié son nom, car il s’en est suivi mon premier voyage en Bretagne pour un compte-rendu du folk-festival de Kertalg 1974 où je m’étais rendu avec quelques amis pour entendre le grand Martin Carthy. C’est ainsi que je dois à Dick Annegarn mes débuts de journaliste musical. Ce premier album s’intitulait “Sacré Géranium”. Pour Malguénac, concert solo mais participatif de l’ancien étudiant en agronomie : le public est invité à amener des plantes et des fleurs sur scène.
À 22h15 : une grande dame venue d’Haiti et de l’univers du vaudou, Moonlight Benjamin, que j’avais entendue pour la première fois au nord de Rennes dans un festival intitulé Jazz aux Écluses, alors l’hôte de Jacques Schwarz-Bart et entourée de… Gregory Privat, Reggie Washington et Arnaud Dolmen. Changement de décor, plus rock, avec Matthis Pascaud, guitariste que l’on a découvert au sud d’Angoulême au festival Respire Jazz, désormais associé à Matthieu Viat-Collet (guitare), Quentin Rochas (basse), Bertrand Noel (batterie).
À 23h30 : retour d’un habitué du festival, le guitariste-banjoïste-chanteur polyculturel Jack Titley, breton d’adoption ancré dans l’Americana, des premiers jug bands à Doctor John, du blues du Mississippi aux Bayous francophones, avec une curiosité qui l’entraine souvent là où l’on ne l’attendrait pas. À suivre avec ses Wacky Jugs : Gurvan Leray (harmonica), Pascal Cuff (accordéon), Jonathan Caserta (contrebasse, basse électrique), Rwenn Berrou (batterie, percussions) et tous choristes.
À 00H30, grand final façon Malguénac, tout le monde debout avec Lolomis. Tout commentaire de ma part et dans ces pages serait vain, mais ça a l’air dingue, hors du commun dans le genre polyculture. Avec Romane Claudel-Ferragui (chant), Élodie Messmer (harpe, synthétiseur), Stélios Lazarou (synthétiseur), Samuel Klein (batterie, électronique).