Monophonics au New Morning
 
                                            Monophonics au New Morning le 22 octobre
Absents des scènes françaises depuis plus de trois ans, Monophonics n’a pas pour autant été oublié par son public, et c’est un New Morning complet et motivé qui attend le sextet venu de San Francisco. Avant leur arrivée cependant, c’est Ladell McLin, un guitariste de Chicago actif à Paris depuis quelques années, qui vient chauffer la scène en solo avec un set sympathique mais prévisible de standards blues joués dans un registre inspiré de Jimi Hendrix bien accueilli à défaut d’être très original.
Le temps d’un court entracte, et Kelly Finnigan et ses partenaires ouvrent leur prestation avec un instrumental percutant – il m’a semblé reconnaître le You’ve Made Me So Very Happy de Brenda Holloway tel qu’il a été repris par Blood, Sweat & Tears – qui permet d’admirer la cohésion de l’ensemble et la qualité des arrangements qui font un bon usage du duo de cuivres. Le dernier album des Monophonics, ”Sage Motel”, date déjà de 2022 et, à défaut de nouveau répertoire, c’est une sélection plongeant dans une bonne partie de leur discographie qui constitue le programme de la soirée, de Love You Better, issu de ce disque, à Say You Love Me, en provenance de ”In Your Brain”, l’album de 2012 qui avait permis au groupe de se faire remarquer plus largement. Les classiques – The Shape of My Teardrops, Promises, Warpaint… – sont accueillis avec enthousiasme par le public, qui ne demande qu’à chanter en chœur avec Finnigan.
Reste que, si le résultat est d’une incontestable efficacité, l’ensemble donne aussi une certaine impression de routine, et évoque plus ces vieux groupes des années 1960 et 1970 qui arpentent le circuit de la nostalgie que l’un des groupes soul les plus inspirés de la dernière décennie, bien loin de l’enthousiasme communicatif qui animait Finnigan lors de sa tournée solo du début de l’année. En l’absence d’annonce d’un nouveau disque à venir, difficile d’imaginer l’avenir du groupe dans sa forme actuelle…
Frédéric Adrian